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Critiques de Austin Mitchelson (4)
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Menace sur Londres

Dans le cadre de mes recherches personnelles sur les antédiluviennes publications relatives aux Sherlock Holmes oubliés, voici l’épisode d’aujourd’hui : « Menace sur Londres » (et, non, il ne s’agit pas de la météo, comme on va le voir).

Vous ne trouverez les ouvrages holmésiens d’Austin Mitchelson et de Nicolas Utschin (qui ça ?) que dans les brocantes ou sur les sites d’occasions. Il n’existe à ce jour que deux ouvrages connus : Les oiseaux du meurtre et Menace sur Londres, publiés en langue française aux Editions Chantecler, Aartselaar (c’est-à-dire en Belgique néerlandophone) en 1979. Les versions originales américaines ont été publiées chez Belmont Tower, Inc. New-York, en 1976 et 1977, ce qui laisse penser que les auteurs sont américains, tout cela est élémentaire mon cher Watson !

Cette conclusion est rapidement corroborée à la lecture de Menace sur Londres, par le scénario conçu à la manière des « films catastrophes » hollywoodiens, l’antibolchevisme primaire, et par la banalisation très peu british de l’usage des armes à feu, que Watson dégaine sans état d’âme dès lors qu’il se met en situation de légitime défense.

Pour mémoire, en Angleterre, même les bobbies ne sont pas armés lorsqu’ils déambulent sur la voie publique. Dans le canon holmésien, Sherlock enjoint souvent Watson de « prendre son arme » lors des sorties qui s’annoncent périlleuses. Mais Watson en fait-il usage pour autant ? Je n’en ai aucun souvenir, à part sur le malheureux chien des Baskerville.

Ici, Holmes et Watson traquent un suspect dans un bois, et Watson raconte : « Un buisson s’agita devant moi et mon adversaire apparut. C’était un géant, il mesurait bien sept pieds minimum. Je le vis se dresser, un couteau à la main. Je ne disposai que de quelques centièmes de seconde avant qu’il ne le jette, mais cela suffit. Je tirai une seule fois et je vis le géant s’abattre sur le sol. Ma balle l’avait atteint à la tête. » Ajoutons que c’est la première fois que Watson et Holmes croisent la route de ce personnage, qu’ils ne lui ont pas parlé, que nous ne savons pas de quel crime il est accusé, qu’on ne prend même pas le temps de l’interroger, et qu’il est donc abattu sans sommation ! Bienvenue en Cornouailles of America !

Dans la toute dernière scène, Watson fera de même, piloté par Holmes, « pour sauver l’empire ». On ne pourra valider la théorie de Holmes et on ne découvrira l’identité de la victime qu’après le coup de feu. En résumé, on tire dans le tas, et on regarde ensuite si c’était justifié.

En dehors de ces petits travers peu « canoniques », et si on passe sur quelques petits problèmes de traduction, le roman se lit avec beaucoup de plaisir, car les fondamentaux sont respectés. L’action se situe en 1906, les descriptions de Londres sous la neige, les conversations au coin du feu dans le salon de Baker Street, les taquineries et les prouesses divinatoires de Holmes, tout cela est parfaitement respecté. Aucun des personnages secondaires du canon ne manque à l’appel : le frère Mycroft, Mrs Hudson, les Irréguliers, Irène Adler, Sébastian Moran, Moriarty ! Et, pour faire bonne mesure, ce casting est complété par les personnages réels de haut rang qui interviennent dans le récit : le roi Edouard VII, le tsar Nicolas II, Raspoutine, Winston Churchill ! Hé oui, il faut bien être à la hauteur de l’enjeu, de cette « menace sur Londres » qui viserait également tout l’empire britannique ! Mais on peut aussi reconnaître dans ce scénario « people » la fascination qu’ont les américains pour les têtes couronnées.

Malgré un démarrage grandiloquent et un peu emphatique, il faut bien le dire, le scénario ne s’avère finalement pas aussi ridicule qu’on pourrait le croire. L’histoire bascule lorsque Holmes reprend la main sur Watson et relate l’épisode russe. Le lecteur découvre la nature du complot et la réalité de la menace. Celle-ci devient alors beaucoup plus terrifiante, plus concrète, et le récit se poursuit en mode thriller presque à la façon d’un Tom Clancy ou d’un Mark Frost. Les auteurs se moquent bien de la crédibilité historique en réalité (concernant les avancées technologiques et scientifiques par exemple, on se trompe d’une guerre, nous sommes bien là dans l’approximation hollywoodienne), mais l’important est de rester efficace dans l’élaboration de l’intrigue. Ce livre reste une vraie découverte holmésienne, il est dommage que la série se soit arrêtée à deux opus.
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Les oiseaux du meurtre

Austin Mitchelson et Nicolas Utschin (qui ça ? Ah oui, Nicholas Utechin, membre honoraire de la Société Sherlock Holmes de Londres ! Compte tenu du nombre impressionnant de coquilles de cette publication, on hésite entre une coquetterie de l’auteur et une erreur de l’éditeur pour expliquer ce curieux changement de patronyme), nos deux compères holmésiens, récidivent après Menace sur Londres avec ce deuxième et dernier épisode de la série.

Dans « Les oiseaux du meurtre », traduction de « The Hellbirds », il est beaucoup question d’armes secrètes qui s’avèrent être des prototypes d’avions de chasse de la première guerre mondiale. Ces « oiseaux de l’enfer » pourraient donc évoquer les biplans de la LVG (Luftverkehrsgesellschaft) utilisés à des fins militaires. Ces biplans furent les premiers à être dotés de mitrailleuses synchronisées à la vitesse de rotation des hélices, évoquées dans le livre (« hellbirds » sera par la suite le surnom donné aux bombardiers B-29 de la seconde guerre mondiale). Mais comme il est aussi question, dans une moindre mesure, de faucons apprivoisés dressés pour tuer, cette explication plus mystérieuse a été retenue par l’éditeur pour le choix de la couverture, occultant ainsi totalement le sujet du roman.

Nous sommes en décembre 1914, au tout début de la première guerre mondiale, Watson et Holmes atteignent la soixantaine (je parle de leur âge, pas du nombre d’aventures vécues en commun). En effet, nos deux héros sont nés aux alentours de 1854, et il est d’ailleurs expressément dit que Watson a soixante ans (page 8). Or, malgré cet aveu, et c’est là le parti pris le plus cocasse du scénario, les auteurs ne vont pas être gênés outre mesure par le vieillissement de nos deux héros.

Holmes et Watson arriveront encore à nous surprendre de bien des façons. Ils entament des sprints et défoncent des portes en bois massif à coups d’épaule (page 88). Ils défouraillent leurs armes plus vite que des tireurs d’élite du FBI. Ils poursuivent les malfrats à travers Paris au pas de course, en laissant sur place notre vaillante mais totalement inefficace police nationale. Ils crapahutent jusqu’au sommet de la Tour Eiffel sans être essoufflés, en empruntant les escaliers (les ascenseurs n’existant pas encore à cette époque). Ha si – je suis de mauvaise foi – une fois arrivé au deuxième étage, Watson « s’arrête un moment pour reprendre haleine » (page 98). Ils sautent comme des cabris pour sortir des tranchées et se mettent à galoper dans le no man’s land pour éviter les obus teutons. Ils traversent à pied et en plein hiver les forêts du Nord de la France sous la neige. En résumé, Holmes et Watson, malgré leur grand âge, tiennent une forme olympique ! Mais le plus désopilant reste à venir : poursuivis, ils parviennent à piquer deux avions de chasse à la barbe des soldats allemands après avoir appris les rudiments du pilotage la veille en trois mots d’explication. Arnold Schwarzenegger et Chuck Norris avaient été un moment pressentis pour jouer Holmes et Watson dans une adaptation (ce dernier point reste à confirmer).

Les références au canon ne sont pour autant pas totalement absentes. Le bon Mycroft, dont la longévité dans les sphères du pouvoir dépasserait presque la durée du règne de la reine Victoria, officie toujours de façon souterraine sous le fameux club Diogène, dont on connaît enfin la raison d’être. Le rôle féminin sexy est ici tenu par Nina, la fille d’Irène Adler, fougueuse espionne à la plastique irréprochable déjà rencontrée dans le premier roman.

Nous retrouvons l’espion allemand Von Bork, arrêté grâce à Holmes dans Son Dernier Coup d’Archet (son dernier exploit du canon), qui s’évade de la Tour de Londres et donne du fil à retordre à son rival.

Nous rencontrons aussi bien entendu quelques personnages réels, à peine moins prestigieux que ceux du premier volet : Herbert Henry Asquith, premier ministre du Royaume Uni, Manfred von Richthofen, aviateur allemand dit « le Baron Rouge » et le Kaiser Guillaume II, empereur d’Allemagne et roi de Prusse. Mais aussi, peu ont dû le remarquer, ils croisent la route du caporal allemand Schicklgruber (page 125), qui deviendra par la suite... Adolf Hitler !

Soulignons une petite astuce de scénario qui fait sourire : Von Bork, le génial espion allemand, est « vu par un gendarme » alors qu’il pénètre dans Paris par l’ouest, ce qui met aussitôt Holmes sur sa piste. Un vrai coup de pot, Paris intramuros compte 3 millions d’habitants en 1915.

Relevons pour finir une anecdote étonnante concernant le petit village de Fleurbaix, qui aurait été le théâtre de fraternisations dans les tranchées (en réalité, il s’agit de Frelinghien, situé non loin de là, mais les témoignages ont été souvent tardifs ou autocensurés). Bravo donc à nos deux scénaristes précurseurs qui évoquent une réalité de la guerre 14-18 connue surtout depuis le film Joyeux Noël de Christian Carion, sorti en 2005.

Pour certains, ce roman prend beaucoup trop de libertés avec le canon holmésien (sans parler des libertés prise avec la Grosse Bertha, qui ne fut pas une plantureuse femme canon, mais bien une monstrueuse pièce d’artillerie utilisée par les allemands à partir d’août 1914). Pour ma part, j’ai plutôt apprécié le côté « hollywoodien » du roman, et si le scénario s’écarte quelque peu du chemin tracé par Conan Doyle, il reste je pense compatible avec le canon en jouant les prolongations du Dernier Coup d’Archet, et en confirmant Holmes dans une nouvelle carrière patriotique à la solde du Secret Service Bureau, ancêtre du MI5.

Quant aux invraisemblances notables dues à la grande forme physique de nos deux héros, il est possible que tout ceci ait en effet pu être un tooooout petit peu enjolivé par Watson, ce fourbe, fréquemment accusé par Holmes dans les écrits de Conan Doyle (cf. Les Hêtres Pourpres) « d’embellir les récits de (leurs) aventures ».
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Menace sur Londres

Dans cet ouvrage, les auteurs montrent qu'ils ont une parfaite connaissance holmésienne : le duo Holmes-Watson est ainsi visité par l'agent littéraire, Arthur Conan Doyle, le revolver d'officier du médecin est de la partie, et d'autres allusions ciblées nous font bien sentir dans l’univers qui nous est cher. Les non initiés ne comprendront pas, seuls ceux qui ont lu le canon retrouveront ces petites allusions.



La structure de l'histoire suit la forme habituelle d’un récit holmésien, mis à part pour l'épisode Russe qui est narré par Holmes.



C'est déjà un intérêt du livre que cette alternance narrative entre Sherlock Holmes et John Watson. Parce que la narration du point de vue de Holmes, c'est assez rare que pour être souligné. Enfin dans la tête du Maître !!



L'écriture est efficace, sommaire, et l'action va vite. Trop peut-être, au point qu'il en ressort une frustration relative qui me fait classer ce pastiche comme « moyen mais honnête ».



La qualité s'améliore toutefois à partir de la moitié du livre, avec toujours quelques coquilles, qui me font penser davantage à un problème général de traduction que d'écriture originale.



L'ensemble reste pourtant agréable à lire.
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Les oiseaux du meurtre

Le titre et l’intrigue qu’il sous-entend sont bien trouvés et occupent, sur 190 pages, les 30 premières et les trente dernières du livre.



Là, l’holmésien trouvera son compte de déductions, il comblera son appétit d’un maître détective digne de ce nom. Pour le reste, c'est à oublier, et vite.



Nous aurions pu avoir ici une excellente nouvelle du héros de Conan Doyle...



Malheureusement, l’énorme majorité du bouquin est consacrée à une traditionnelle histoire d’espionnage (nous sommes au début de la guerre de 14-18), course poursuite avec Von Bork, l’espion allemand, guerre de tranchées, passage dans les lignes ennemie pour un duo Holmes – Watson pas à sa place dans de telles situations.



Non, vraiment pas leur place...
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