Dehors, quelques éclairs blancs zébraient la nuit noire. Mais les yeux et le sourire de mon frère m'accompagnaient et je n'avais pas peur. Je sortais de la cabine et montait sur le pont. Il me fallut plusieurs minutes pour réussir à ouvrir la porte. Puis j'essayai de sortir. Il pleuvait à torrents, le vent avait une force incroyable. En me tenant au garde-corps, j'atteignis le mât. Mon sac avait disparu. Je me désolais à l'idée qu'il était tombé à la mer, lorsque je le vis glisser sur le pont avant. Cramponné au garde-corps, je rampai jusqu'à la proue et finis par l'atteindre. Je le mis sur mon dos et au moment j'essayais de revenir en arrière, d'énormes vagues me prirent à revers en m’entraînèrent vers tribord.
Mon père et ma mère font les plus beaux kilims de la région.Mon père est passé maître dans l'art d'extraire les couleurs de milliers de variétés de plantes et de racines et ma mère est une tisseuse hors pair. Elle s'est fait une juste réputation, sous le nom de Sare l’Émeraude, grâce à ses kilims dont les couleurs évoquent le temps changeant de nos montagnes et dont les motifs suggèrent le tissu complexe de notre cœur Nous nous aimons beaucoup et nous aimons nos montagnes. Comme l'amour et le soin que nous portons à nos kilims, tout ce qui naît du bien répand sa semence. Nous savons que nous sommes issus des mêmes branches et des même racines que nos kilims..
Dehors, quelques éclairs blancs zébraient la nuit noire. Mais les yeux et le sourire de mon frère m'accompagnaient et je n'avais pas peur. Je sortais de la cabine et montait sur le pont. Il me fallut plusieurs minutes pour réussir à ouvrir la porte. Puis j'essayai de sortir. Il pleuvait à torrents, le vent avait une force incroyable. En me tenant au garde-corps, j'atteignis le mât. Mon sac avait disparu. Je me désolais à l'idée qu'il était tombé à la mer, lorsque je le vis glisser sur le pont avant. Cramponné au garde-corps, je rampai jusqu'à la proue et finis par l'atteindre. Je le mis sur mon dos et au moment j'essayais de revenir en arrière, d'énormes vagues me prirent à revers en m’entraînèrent vers tribord.
De l'école au logis, du logis à l'école, sur les chemins tortueux de l'enseignement, j'étais seul, frêle épi cerné par les montagnes, assailli par les neiges et éclairé par la lune quand de noirs nuages ne venaient pas la masquer.
J'ai enfin terminé l'adaptation pour le théâtre de Morphine, de Boulgakov. J'ai hâte de voir Poliakov, le personnage principal, prendre vie sur scène ! Parce que Poliakov et moi, nous partageons une communauté de destin. Très jeunes nous avons commencé à exercer notre métier loin de tout, lui de médecin, moi d'instituteur, et vite nous avons sombré dans le désarroi, lui dans le désarroi et la morphine, moi dans un désarroi dont m'a tiré Morphine.
Quelles autres issues quand on se trouve dans pareille impasse ? Les livres chers au voyageur en déroute lui sont des chemins fertiles qui se ramifient à souhait.
Moi qui m'évertue à enseigner dans un village de montagne où les valeurs exaltées dans ces Lettres n'ont plus cours, j'ai l'intime conviction de ne m plus avoir ma place dans ce nouvel ordre mondial manipulé.
Vive la démocratie boiteuse !Et tant que nous y sommes, vive l'art amputé du modernisme, vive l'humanisme amputé de la vie ! On voudrait déboussoler les gens et semer la violence qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Pour forger demain, quel succédané d'identité ? p.95
Il y a bien longtemps, le diable était un ange qui, après Dieu, symbolisait le beau. Il vivait sur terre sous l'apparence d'un paon. Dans les maisons influencées par le yézidisme, on trouve toujours son effigie brodée sur les tapis de prière et les couvertures.
Le monologue littéraire peut seulement retarder l'effondrement psychique de son auteur en soulageant son malaise par un déchiffrage conscient.
l faudrait aussi écrire les "Lettres à l'ennemi universel...."