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4.29/5 (sur 17 notes)

Nationalité : France
Biographie :

C'est dans le monde rural des terres de l'enfance, que l'imaginaire de Mireille Barbieri prend sa source d'écriture. Pour elle, l'écriture, le livre, sont avant tout le refuge permanent de tous les possibles. Elle s'attache à tracer la vie de gens simples dont les destins ne sont pourtant pas ordinaires. Ces ombres d'encre et de papier prennent corps, on chemine avec elles, on entend leurs voix, on pénètre dans leur monde qui est aussi le nôtre.

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Bibliographie de Mireille Barbieri   (6)Voir plus

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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Sur le pas de la porte qu’on n’ouvre jamais, je me dis qu’une journée ça peut être rien et immense à la fois.
Tout peut arriver en une journée : la vie, la mort, la pluie, le vent, je peux inventer des tas d’histoires, jouer à la balançoire, marcher dans l’eau du ruisseau, somnoler dans le pré, un garçon peut m’embrasser, une guerre peut éclater, la foudre tomber, un tremblement de terre se déclencher qui ouvrirait le sol et écraserait ma maison. Tout peut arriver.
Mais cette journée n’est rien si je pense au temps d’avant, avant nous, avant moi. Rien, même pas la durée d’un clin d’œil, moins qu’une goutte dans la mer, un courant d’air, une poussière, une paille, rien au milieu de ce temps dont je n’arrive pas à comprendre le début et la fin. Et moi, je suis là, au milieu de ce rien, bien vivante.
En fait ça m’est égal qu’un jour ce soit rien ou beaucoup, l’important c’est que ça existe. Je crois que les grands ont inventé les horloges pour que les enfants ne se posent pas de questions sur le temps. À l’entrée de mon village il y a une grosse horloge qui sonne toutes les heures et à midi une sirène hurle pour nous rappeler à l’ordre, pour ne pas perdre le temps.
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J'ai commencé à lâcher ma bande de copains pour des escapades à la bibliothèque, je leur cachais bien sûr l'objet de mes disparitions matinales (...), je faisais connaissance avec un monde autre, pourtant j'avais l'impression de renouer avec quelque chose qui m'appartenait, je me sentais chez moi. Personne ne pouvait m'empêcher de pénétrer dans les livres, plus rien n'existait, seulement ce qui m'attendait à chaque page. Au début, je furetais dans les rayonnages et j'ouvrais au hasard des livres sur n'importe quel sujet, je m'attardais sur les images, mais je ne savais pas par où commencer, j’entassais donc sur une table mon butin et je feuilletais. Au bout de quelques visites, la bibliothécaire est venue me voir et m'a expliqué que soit je devais lui rendre les livres que je sortais des rayons ou bien les remettre moi-même là où je les avais pris. Le rouge aux joues et l'air mauvais, j'avais bien dû lui dire que je ne me rappelais pas les avoir pris. Ce jour-là, elle m'a proposé de faire le tour de tous les rayons pour m'expliquer où se trouvait ce qui m'intéressait.
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Au fil du temps, p.25
Qui tient la pelote? Il faut bien que quelqu'un l'enroule, on ne peut pas laisser traîner le fil par terre, on se prendrait les pieds dedans. Ce n'est quand même pas le Bon Dieu qui tient la pelote, il a bien trop de choses à faire, bien trop de prières à écouter, de péchés à pardonner, il ne peut pas en plus tenir la boule de fil.
Moi j'aime bien démêler les fils de laine de maman. Elle, elle tricote près du poêle et moi je m'assois à ses pieds, pas sur le sol les carreaux sont trop froids, mais sur le petit tabouret en bois où d'habitude elle pose ses pieds. Je commence par enrouler la laine autour de trois de mes doigts, mais attention il faut les retirer assez vite sinon la boule serait ovale, et ça n'est absolument pas possible, une pelote doit être parfaitement ronde. Ensuite j'enroule méthodiquement, régulièrement, je fais attention de bien faire tourner ce qui commence à ressembler à une bille. Je croise et recroise, la boule grossit dans ma paume.
Ma pelote, elle a deux bouts, un début et une fin. Mais le temps, quand a-t-il commencé, le temps? Et est-ce qu'il va finir un jour le temps ? Maman m'a répondu de façon bizarre, d'habitude elle répond bien à mes questions. Elle m'a dit qu'on ne sait pas, que seul le Bon Dieu sait puisque c'est lui qui décide tout. J'ai bien essayé de lui expliquer que ce n'est pas possible parce que la pelote serait énorme, elle prendrait toute la place. Mais elle m'a dit que l'univers est infini, que le Bon Dieu crée toute la place qu'il veut. Moi je crois qu'il y a plusieurs pelotes de temps, comme dans le panier à tricoter de maman, et quand le Bon Dieu en a trop il les dépose dans le ciel et elles deviennent des planètes. Alors, peut-être qu'à l'intérieur de la terre il n'y a qu'un unique immense fil, et quelque part se trouve le bout mais c'est un secret que personne ne doit découvrir sinon la pelote pourrait se défaire et tout disparaîtrait.
Il paraît qu'il y a aussi un fil pour la pensée. Maman a dit l'autre jour : "j'ai perdu le fil de ma pensée". Je crois qu'elle se trompe, on pense tout le temps, ça ne s'arrête pas. Moi, dans ma tête, il y a une machine qui fabrique des pensées. Parfois ça me fatigue et je voudrais du silence à la place. Même au moment où je m'endors, ça continue de marcher dans ma tête, c'est une autre pelote qui se déroule, celle des rêves, mais je ne suis pas certaine que c'est un seul fil parce qu'il y a les rêves doux et les cauchemars. Ou bien, c'est comme le tricot que tricote ma mère, c'est un tricot jacquard avec plusieurs fils de couleurs différentes. C'est ça, j'ai trouvé, le temps c'est pareil, c'est plein de fils de couleurs différentes pour tricoter l'univers.
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Sache d’abord que la magie de ta mallette a opéré et une envie un peu folle d’écrire s’est fait jour. Sous la toile du couvercle, un prénom était inscrit et depuis une semaine, Desolina, ou Dina - c’est le diminutif que je lui donne - fait partie de mes nuits, de mes rêves et je crois même qu’elle accompagne mes journées à la boutique. Mes clients me surprennent parfois tant je suis rêveuse. Je ne pense qu’au moment où je vais coucher sur la feuille ce que cette silhouette impalpable mais de plus en plus précise, ne cesse de me glisser à l’oreille. Les autres m’importunent. Leur agitation m’ennuie et m’éloigne de ce qui se dessine dans cet espace indéfini où tout prend forme avant d’être révélé à la page. Mon seul désir est de m’extraire du monde. Rien d’autre n’a d’importance que de chercher les mots, en trouver le juste poids pour donner vie à des êtres qui ne sont qu’ébauches. J’ai choisi d’écrire à l’encre violette dans les cahiers de la mallette, une teinte pâle pour ne pas brutaliser la couleur passée du papier. Tout est prêt. Mes soirées ne laissent rien espérer, mes nuits s’étirent laissant peu de place au sommeil, le champ est donc libre pour ce qui se trame dans ma tête. Je vais franchir enfin le pas et peut-être libérer cette parole qui se terre en moi. C’est comme si depuis des années, j’avais engrangé des fragments de vies, des histoires à la croisée de la mienne, de mes aïeux, de toi et des tiens, et qu’enfin tout cela allait prendre corps.
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Les jours glissent imperceptiblement vers l'hiver et le soleil, pris de remords, diffuse une lumière aux reflets de miel. Je me gorge de ces instants. Des oiseaux tiennent conseil sur des fils électriques. Les feuillages, qui n'étaient que rougeoiements voilà quelques jours, virent au roux, la forêt infuse sa dernière tisane avant d'entrer en dormance. Ce village n'est pas un cul-de-sac comme Angèle se plaît à le dire. C'est une porte. Derrière, s'offre à moi la Nature.
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Je n'aime pas l'hiver, p.44
Dans le four, il y a deux grosses pierres orangées, on dirait deux pains à la croûte craquante. Je ne sais pas d'où viennent ces cailloux, je n'en ai jamais vu de pareils. Peut-être que ce sont des bouts d'étoiles tombés du ciel dans mon jardin. Ce soir, maman va les glisser bien chauds au fond de mon lit entre les draps gelés. Je dormirai les pieds posés sur des morceaux d'étoiles chaudes et je pourrai rêver tranquille.
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Les choses vues et pensées du profond de la nuit sont toujours plus évidentes que celles du grand jour. On voit les gens, les faits, avec une grande acuité que l'on perd aussitôt le jour venu, on est à la fois acteur, observateur et témoin de ce qui se déroule, vision globale parfaite de la situation. On essaie de faire ensuite avec les bribes de lucidité qui nous restent de cette clairvoyance nocturne.
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À l’encre violette p. 212
Je te dirai que peu importe la terre où tu poses ton sac, ce que tu cherches ne se trouve pas plus à San Vitalo qu'ailleurs. Tout est en toi. Comme tout est en moi. L'essentiel est de saisir l'instant, de fixer sa poussière d'éternité, son fragment d'émotion. Là est le vivant, le vrai.
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Cet endroit était un peu baroque. Un amoncellement hétéroclite d'objets, de meubles dépareillés qui tranchaient avec la personne de Matthias. Lui, était très différent, habillé simplement. Mais tout autour de lui, un vrai Capharnaüm ! Une pendule dorée avec un balancier fainéant qui s'arrêtait quand il voulait et se remettait à son travail de façon impromptue. Un canapé à volutes avec l'assise défoncée par endroits. Une grand table moderne, pas du tout assortie à l'imposant buffet en bois foncé dont les portes cachaient d'innombrables trésors, petits verres et petites assiettes finement décorés qu'il me prêtait gentiment pou jouer à la dînette avec mes poupées, car évidemment ma tribu, avec mon ours en tête, était désormais invitée à écouter le musicien.
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Enfant, j'écrivais la confiance, je vivais chaque jour comme une conquête. Aujourd'hui, je tente de renouer avec cet état, d'en faire mon crédo, de bâtir ainsi ma nature d'homme. Là est toute l'aventure à laquelle je veux m'ouvrir, même si je suis là pour rien, y être pleinement.
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