Cette BD vaut surtout pour sa belle qualité graphique en noir et blanc, une belle réalisation de Bastien Sanchez, avec un joli jeu des lignes droites, obliques qui quadrillent une histoire traitant surtout des conditions du deal de drogue dans les cités, du danger des autres bandes, des petits bourgeois qui viennent s'approvisionner.
De nombreux dialogues sont exprimés dans un verlan basique qui ne parvient pas à donner l'ambiance de plusieurs histoires qui s'entrecoupent sans grande conviction.
Quelques belles pages sans texte soulagent finalement le lecteur qui peut concentrer son attention sur les planches souvent plus compréhensibles que les dialogues.
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Le sous titre: « on est là » fait penser à une chanson du performer Matt Pokora sortie en 2012. Comme dit, pour l'originalité, il faudra repasser.
Mais bon, cela signifie que les gens de la cité occupent les lieux et qu'il faut s'occuper d'eux en versant des milliards ce qui ne manquera pas de provoquer de houleux débats. En effet, ces quartiers sont subventionnés depuis pas mal d'années avec malheureusement beaucoup de destructions qui traduisent un malaise social au niveau de l'intégration des valeurs de la république.
Bref, l'idée est d'inciter les jeunes à s'intégrer dans notre société sans tomber dans la condescendance et en les respectant (comme eux respectent la société). On sait que les exclus peuvent se regrouper et former des émeutes pour manifester leurs frustrations. C'est souvent difficile pour eux de trouver un emploi digne de ce nom. Ils refusent les emplois payé à 1200€ en cravachant dur. D'où la drogue qui circulent dans ces cités. Avec cette BD, on va être plongé en plein dedans avec une lutte fratricide de clans.
Une œuvre qui permet de comprendre pourquoi il y a des balles perdues qui viennent toucher d'innocentes victimes. Cependant, il faudra aller au fond des choses pour se faire une idée. Il faut sans doute vivre dans ces quartiers pour comprendre.
Cette BD est une chronique sociologique assez ambitieuse qui peut tenir ses promesses. Mais bon, j'avoue aisément que je ne suis pas trop fan de ce genre de lecture avec les dialogues de la cité sur fond de rap à la NTM.
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Depuis que ses deux frères sont hors circuit, Modi a la main sur le trafic de drogue dans la cité des Fours. Mais il aurait besoin d’un lieutenant sûr, ce qui n’est pas facile à trouver…
Samir croit toujours que son rap aura un jour du succès. Mais même ses potes ne le supportent pas…
Samuel tente une vie « normale » avec un emploi, une copine étudiante. Mais il n’a pas les codes…
Les élus et candidats aux élections ne mettent les pieds dans ce quartier que lors des élections et font du clientélisme. Ça, ça n’a pas changé depuis le tome 1…
Les filles se font toujours traiter de putes quoi qu’elles fassent. Ça non plus ça ne change pas…
Quand un appartement abandonné et totalement insalubre transforme un immeuble en égout, c’est le problème de trop pour Mme Diarra, qui organise une réunion de copropriétaires dans le hall … qui n’est rien de moins que le principal lieu de vente de Modi.
Dans cette suite du tome 1 « On est là », chacun selon ses enjeux durcit sa position, et ne « bougera pas ». Le premier tome était axé sur le conflit entre dealers, celui-ci sur le conflit entre dealers et propriétaires. C’est bref, intense, explosif.
L’histoire est toujours un peu difficile à suivre, en l’absence de transition d’une scène à l’autre, et avec très peu de rappel des prénoms, mais on finit par bien reconnaître les personnages et il y a moins d’argot. Le graphisme me paraît un peu plus épuré et léché, et les visages toujours très expressifs. Il faut reconnaître que le parti pris très esthétique enlève une grande partie du réalisme. On devrait détester ces lieux délabrés.
Une suite cependant tout à fait à la hauteur.
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1er tome d’une série de 5, qui nous met au cœur d’une cité « sensible » d’aujourd’hui, tenue par un gang de dealer. Le frère ainé est en prison et tente de garder le contrôle à distance, l’un des frères, qui fait des études, gère le biz intelligemment, tandis que l’autre frère voudrait prendre son autonomie et se lance dans la drogue dure. Le conflit fratricide est inévitable.
Les femmes baissent la tête quand elles rentrent chez elles. Les politiques n’y mettent les pieds qu’en période électorale, et n’ont rien à proposer. On n’y vit pas, on y survit.
Oz, le scénariste, a fait appel à ses souvenirs, c’est donc absolument réaliste. La première lecture n’est pas forcément aisée. Accrochez-vous, vous n’aurez pas de décodeur. Oz nous laisse nous démerder dans cet univers dont nous comprenons plus ou moins la langue (selon notre âge et notre culture), les personnages ne se présentent pas, le rythme est rapide avec un zapping permanent, les infos sont très partielles. « Guider le lecteur ? Je vais le jeter dedans plutôt. S'il ne trouve pas l'énergie pour nager, c'est qu'il se fout de la fiction où on le jette ou que l'eau est tiède. »
Le graphisme de Bastien Sanchez est précis, esthétique, très contrasté mais suffisamment nuancé pour que l’on identifie bien les personnages et que l’on ait de la profondeur. Il a le sens de la posture des jeunes qui attendent et « tiennent le mur », et un rendu particulier pour les coups fulgurants. C’est propre, c’est carré, comme dit mon ado ;-)
Les tomes suivants changeront de point de vue, comme nous l’annonce DELCOURT : "Si le premier tome est une plongée dans un réseau d’une banlieue, le deuxième sera axé sur le combat des copropriétaires face aux nuisances, le troisième sur le remplacement de la prévention par la judiciarisation, le quatrième abordera le milieu hospitalier, le cinquième, enfin, l’éducation. Le tout, habité par des personnages traversant la série, dressant le portrait social d’une ville de banlieue, aujourd’hui, en France, et de ses habitants, décrits et racontés par l’un d’eux."
A suivre !
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- Anfaaaaaaaalsh ! Zek2zek, Propro et l'Abominable ! Ça fait un bail qu'ils ont pas fait d'album... Depuis Représailles vol. 2 je crois !
- Là c'est un premier tome en tout cas. Scenarisé par Oz et...
- La série ? Je comprends rien !
- C'est une nouvelle série, oui, mais...
Après cette introduction résumant par le biais d'une (lourde ?) série de quiproquos les deux références culturelles que la découverte de cette BD a convoqué en moi, passons au cœur du sujet.
La lecture se fait sans heurts, et si je n'étais pas fan du dessin de prime abord, il dégage une certaine froideur qui colle assez bien avec l'ambiance.
Une histoire de drogue, de quartier, de prison, de générations qui s'entrechoquent.
J'ai lu quelque part qu'il s'agirait d'un "The Wire à la française". Je souhaite à cette série BD d'arriver jusque là mais il y a encore du chemin. Même si, moi-même, j'ai pensé à la figure de Stringer Bell en voyant cet étudiant gérant son trafic - toute échelle de grandeur mise à part.
La présence de politicien.ne.s renforce aussi cette filiation, mais qu'il vaut mieux laisser de côté, dans l'intérêt de cette série !
Affaire à suivre !
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Premier volume assez prometteur d'une série graphique aux allures de The Wire. Chronique sociale perdue entre deux HLM de la banlieue, En Falsh est une chronique totalement immersive dans laquelle nous suivons le quotidien d'une poignée de banlieusards. Certain tentent de mener un business, d'autre croupissent en prison, d'autre se débattent avec leurs haines et leurs agressivités alors qu'en parallèle, la banlieue devient un terrain de jeu de pouvoir pour les politiciens et futurs maires.
Le scénariste Oz, qui a priori s'inspire un peu de sa jeunesse passé en banlieue, rend cette chronique véritablement immersive avec notamment l'utilisation du jargon de la rue qui règne sur chaque bulle. Malgré une petite confusion de prime abord, on s'attache très vite aux personnage qui peuplent cette banlieue dans laquelle se côtoie ambitieux, haineux et rêveurs. Jusque dans les arrières-plans, Oz par son écriture naturaliste donne vie au cadre jusque dans les moindre détails.
Chronique sociale avec une pointe de thriller urbain, En Falsh est une fiction menée sur un certain rythme frénétique assortie avec une morosité ambiante. C'est austère et le graphisme noir et blanc de Bastien Sanchez ( dont c'est le premier titre) accentue forcément l'atmosphère bouillante et tout en huit clos des HLM. Pour autant, le titre n'est pas graphiquement complaisant et il s'avère assez propre. La ligne est claire , les personnages sont assez fins , et l'atmosphère certes austère ne baigne pas non plus dans un contraste noir/blanc assez régressif et lourdingue. Il y a même une certaine luminosité dans les trames. C'est une chronique naturaliste propre, efficace et intense.
On peut parfois souligner un découpage un peu éclaté avec différents plans qui rendent l'intrigue un peu confuse, notamment à travers le fait que le titre enchaîne les points de vue sans de véritables transitions. Au premier abord, on se perd un peu dans cette cité mais on finit par s'y habituer.
Par son coté naturaliste, En falsh se place directement dans la lignée des représentations réussies et intenses de la banlieue. Ce premier volume est le début d'une chronique sociale à la fois intense et austère dans laquelle on s'attache vite aux nombreux personnages qui peuplent ce véritable monde en soi.
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Docu-fiction dans l'univers d'une citée de banlieue parisienne. Drogue, prison, violence physique et verbale, vocabulaire, barons et petites mains, ...
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