La langue de bois est le parfait exemple d'une langue creuse à défaut d'être profonde.
C'est heureux qu'une langue soit plus qu'une suite de mots en vue d'un sens, d'un seul sens. Et pourtant, c'est ce que plusieurs voudraient : une langue simple, facile, ne permettant aucune confusion. C'est possible... pour une langue morte ou une langue artificielle comme l'espéranto, ou un jargon technique ou scientifique. A la limite, c'est la "novlangue" d'un gouvernement totalitaire décrit par Orwell dans son roman 1984. Une langue vivante permet l'interprétation, la projection individuelle par la place du mot dans son ensemble, par sa sonorité sa graphie, son symbole et son contexte. Plus encore, parler du langage au moyen du langage est un paradoxe auquel on ne peut échapper.
É-prouver une émotion, c'est passer une épreuve.
L'obscurité, c'est la privation de la lumière. L'obscurantisme de notre esprit, c'est le refus d'une lumière nouvelle. Quitte à fermer les yeux sur tout un pan de la réalité, nous préférons les explications qui sont "sûres et certaines".
L'expression "politiquement correct" est un anglicisme récent qui traduit bien notre hantise de la vertu. On investit le langage d'un pouvoir magique : en changeant le mot, on change la conception du réel !