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Critiques de Bénédicte Heim (20)
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Tu n’es plus ce bolide qui fonce dans le noir

Que peut on dire ou écrire des relations, de celles qui nous ont habitées, de celles de passage. Et peut être aussi celles que l'on regarde passer comme étranger à la relation, spectateur inaudible de scènes qui se suivent et qui ne se ressemblent pas.



Bénédicte Helm m'a perdue, retrouvée. Elle m'a emmenée loin, a fait bouger mes émotions, me ramenant à mes propres expériences. Elle écrit comme parfois on éructe ou alors comme on exalte. Il y a une forme de libération dans cet enchaînement de faits, d'histoires et de ces hommes. L'effet miroir m'a été difficile, période étrange de ma vie où tellement de choses semblent ne pas vouloir se mettre d'équerre... Il y a les vagues et les virages.



J'ai aimé cet ascenseur émotionnel, tout comme j'ai eu besoin de déposer le livre à d'autres moments. Ce mécanisme de défense pour ne pas lire, ne pas être transportée. J'ai été gênée, souvent, par le rythme et le passage parfois abrupt entre les pages. Et comme à chaque fois, j'ai apprécié d'être mise sous pression. J'ai aimé sentir que cela me réveillait, m'énervait et taraudait autant mon esprit.



Et il y a ces thèmes, ces relations, intenses, décousues, tristes ou révoltants. Il n'y a pas de relation parfaite, mais cela suscite aussi beaucoup de questionnement : quid de l'investissement de chacun ? Comment chacun perçoit la relation et son implication dedans ? Je crois que c'est la première fois où j'ai ressenti l'envie irrépressible de connaître l'avis de l'autre, entrer dans son esprit et le questionner, le comprendre. Où un point de vue ne me suffisait pas.



Bénédicte Heim use de la langue française en y déployant poésie, pique incisive et mélodie hypnotique. Mais par moments, le piège en est la lourdeur durant certains passages. Et il m'a fallu un peu de temps pour digérer certains passages. Il y a des livres qui, lorsqu'on les lit, font étrangement écho.



En bref : Période lourde et étrange, une lecture qui a été durant ce dernier mois une lecture "point d'étape", nécessaire. Un livre qui m'a retourné, fait réfléchir à la relation à l'autre, bercée par l'écriture poétique de Bénédicte Heim.
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L'Inamour

Le pouvoir du langage est au coeur de l'Inamour.

Roman d'apprentissage et d'émancipation, le livre glorifie le parler immature d'un enfant mal-aimé qui découvre pas à pas comme un tout libérateur le langage et le monde.



Le calvaire de l'enfant court sur cent-cinquante pages. Un monologue sans ponctuation, d'une audace magnifique.

De leur enfer privé — où la jeune soeur Mano est une autre victime —, le petit Constantin nous rapporte les foudres d'un père démesurément violent, absurdement converti en éleveur d'enfants. Tantôt appelé papa, tantôt « monstre », le père a un second : maman, la « femme de monstre » — mère faible, molle et passive, subordonnée au pire et à l'arrière-cuisine sans broncher. Tous deux, papa maman, comme une dualité improbable et pourtant… la maison détraquée est un champ de bataille, les mots fusent comme des balles — des salves en continu de « mots de guerre » abjects.

Au cours de ses invectives verbales, aucun mot n'est tabou ni suffisamment oppressif pour le père, sauvagement propulsé par ses valeurs viriles. Seule l'ainée, la belle Ambre, miraculeux modèle de perfection glacée, est représentative de l'enfant réussie. L'enfant martyr, lui, n'est qu'un enfant « raté ».



À ce monde de violence, le petit supplicié oppose son univers de fables et à force de candeur parvient à expurger cette anomalie effarante d'être né de deux monstres. le langage de l'enfant, foisonnant d'inventions, stupéfie par son exactitude et son intelligence. Dans son arbre protecteur ou derrière sa fenêtre, le petit Constantin enfante la beauté, fait entrer la lumière dans sa petite tête innocente, se repeuple en quantité d'amour et de princesses.

Ainsi le suivons-nous, subjugués de l'entendre égrener ses souffrances ou ses émerveillements.

Un livre d'un seul souffle. D'une insoutenable beauté.

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Tu n’es plus ce bolide qui fonce dans le noir

La force de ce livre singulier tient sans aucun doute à l’écriture de Bénédicte Heim. Un livre parlé. Une écriture polyphonique d’une violente beauté et une construction en alternance, rigoureuse et peu accueillante en apparence. Pas de chapitres, pas d’intertitres, mais de lancinants retours d’alinéas sur les dénommés « l’homme », « l’artiste », « ton père », « le garçon monté en graines », « elle », « la femme », « les enfants du désert », « lui », l’homme, surtout l’homme, « le cœur nucléaire » du désir, comme il est écrit en 4ème de couverture.

Une construction peu aimable au premier abord mais infiniment stimulante dès lors qu’on accepte l’effet d’apostrophe, de sommation qui est proposé, et sa composante érotique.

Cette injonction, qui s’adresse en réalité aux personnages, aux figures masculines, rebondit indéfiniment, et c’est là la grande maîtrise de cette construction, sur le lecteur lui-même, qui se sent assigné comme par ricochet dans une sorte de ronde identificatoire ininterrompue.



De quoi s’agit-il ? D’amour. Du thème séculaire de l’amour, du désir, de la figure paternelle, berceau du désir de la femme dans ce livre.

« Une femme regarde les hommes de sa vie », d’un regard bouleversant, sans concession, et, jaillie des tréfonds d’une seule voix, en tire une polyphonie. Cette parole, droite, crue, éminemment courageuse, procède ainsi d’une incarnation polymorphe qui, assignant les hommes du regard, les apostrophant, annexe tour à tour le corps de tel ou tel, puis s’empare de son souffle, de ses gestes, de sa sémantique personnelle jusqu’à l’étourdissement.

Le lecteur, lui, captif en cette spirale, bousculé au départ par les changements de registres, se trouve assez rapidement entraîné dans cette vertigineuse logorrhée avec une certaine euphorie.

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L'Inamour

Face à l'empire si sûr de lui du père abusif, l'émancipation paradoxale par la langue en flux continu, balayant tragiquement et tendrement les obstacles du qu'en-dira-t-on.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/01/03/note-de-lecture-linamour-benedicte-heim/



« On » le dit inadapté, craignant gravement le soleil sur sa peau qui provoque chez lui de dangereuses crises de convulsions, incapable de retenir ses leçons fournies à la maison – car l'école n'est pas pour lui, il y créerait trop de honte pour la famille -, lent à comprendre – lorsque cela arrive – ce qui est attendu de lui, maladroit dans ses paroles et dans ses regards. Pourtant, derrière son masque de silence fréquent et d'intériorité ferme, il saisit au plus haut point ce qui l'entoure – quand bien même la mécanique interprétative lui fait défaut -, voit tout, entend tout et n'en pense pas moins, à sa propre manière. Face au père dictatorial, imbu de ses prérogatives et de sa surface sociale, à la mère tendre mais si soumise, à la fille aînée brillante rêvant secrètement d'autres horizons et à la fille cadette de plus en plus déboussolée, son flux de pensée et de perception à haute intensité pourrait bien constituer in fine l'ultime ligne de défense d'un dysfonctionnement familial total pourtant socialement si facilement accepté – car la domination, patriarcale ou autre, a toujours et encore plus d'un tour dans son sac, tant que de nouvelles formes de « shaming » ne s'en mêlent pas.



Bénédicte Heim est certainement l'une des plus redoutables créatrices de langue ad hoc qui soient actuellement.



Comme en écho à l'Andréas Becker de « L'effrayable » (2012) ou de « Nébuleuses » (2013), ce « L'inamour », publié chez Quidam en octobre 2022, démontre à nouveau, et au plus haut point, après ses « Je suis l'autre moitié de ton péché » (2013) et « Hautes coutures » (2019), pour ne citer que deux de ses 24 textes (on ne saurait oublier aisément « une archère malhabile, une anémone qui pointe dans une marée d'étincelles »), comment la littérature peut construire en permanence – et en puissance – les conditions poétiques d'une émancipation politique, sans jamais s'installer dans la maladroite trace directe du prêche.



Avec patience et acuité, par la création d'un regard hors normes, véritablement singulier jusque dans les moindres détails de son langage, Bénédicte Heim exhume ici toute la vacuité du discours méritocratique traditionnel (et de son nuage fumigène bourgeois), avec sa visée moralisatrice en réalité presque uniquement socio-économique. Utilisant avec un extrême brio, au coeur de sa tragédie qui n'est pas uniquement domestique, les rusées figures-relais d'un prêtre et d'une petite voisine vivant dans une famille qui n'est pas, elle, vouée à l'inamour, elle nous offre un poignant détricotage de ce qui est bien, au fond et depuis longtemps, « DÉJÀ MORT ».



On profitera de cette occasion pour noter à nouveau l’immense talent du concepteur graphique Hugues Vollant, à qui l’on doit une bonne partie des couvertures de Quidam éditeur depuis quelques années. Sa fusion de la photographie de Jason Rosewell et du dessin de Ernst Haeckel (que l’on avait pu découvrir dans le n°6 de la revue La Moitié du Fourbi, grâce à Hugues Leroy), dépassant la beauté fortuite des machines à coudre, des parapluies et des tables de dissection, est tout simplement extraordinaire.



La photographie de Bénédicte Heim, ci-dessous, est due au talent de Antoine de Kerversau.

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L'Inamour

La violence de l’accès au langage, de la compréhension du monde par un idiot magnifique, plus lucide que ceux qui lui en infligent souffrance et soumission. Dans une langue hachée comme les pensées en formations qu’elle restitue, comme la douloureuse préservation de la beauté qu’elle invente, L’inamour restitue le terrible naufrage d’une famille trop attaché à son prétendu prestige, à la domination culturelle qui en serait le vecteur premier. Dans une langue magnifiquement idiote, dans un souffle mais aussi dans le malheur d’être réduit à celui qui ne saurait parler, Bénédicte Heim donne à entendre non le handicap mental, mais l’exactitude de la perception, les différentes traductions de la folie domestique.
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Hautes coutures

Dans la vie, nous pouvons choisir de poser un regard sur les actions. Les êtres. Les objets. Les effleurer du regard. Les analyser. Les attribuer à quelqu'un. Pourquoi pas à une femme dont les faits et gestes démontrent une force. Une indépendance. Une lascivité?



Hautes coutures est le regard porté sur des personnes. Pas sur leur physique, mais, sur leur caractère. Leurs actes. Leurs rêves. Leurs pensées. Leur vie dans un environnement qui caractérise ou programme leur manière d'être. D'agir. De se souvenir. Un homme et une femme multiples. Uniquement variés. Unique être multiple en qui résonne le monde  et sa folie. Le monde et sa force. Ils vivent à travers leurs rencontres et analysent la vie autour d'eux.



Rêvent-ils ou cauchemardent -ils? La lecture a d'abord été hésitante. Puis, peu à peu, l'histoire s'est construite, fluidifiant cette lecture qui devient intrigante et addictive. Hautes coutures est une invitation à être des témoins. A regarder, de loin, des vies, des actes, des êtres. Comme à l'époque des films muets. Des films pas toujours en noir et blanc. Des films qui se déroulent dans des cinémas d'art. C'est un regard plein de tendresse sur des hommes et des femmes qui ressemblent à tout le monde. Un regard dont le voyeurisme est absent, mais, qui est émotionnellement fort. Tendre. Empathique.
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On a brûlé les ruches blanches

Deux femmes face à face. Face à elles-mêmes. Unies dans la confidence. Qui est cette femme qui se confie? Pourquoi cette confession? Chacune a quelque chose qui remplit sa vie. Quand j'ai refermé ce livre, j'ai eu le regard dans le vague pendant un long moment, perdue dans des souvenirs. Souvenirs d'enfants côtoyés dans mon ancienne vie de soignante. Des enfants que nous ne pouvions pas serrer dans nos bras en cas de gros chagrin. De peur de les briser. A cause d'une maladie rare: la maladie de verre. Une maladie décrite avec des mots si forts, si poétiques, que cela fait mal de les lire.

On a brûlé les ruches blanches est l'histoire d'un contraste entre le récit de deux femmes. L'une forte de fragilité et l'autre qui raconte des enfants fragiles dans leur force de vie. L'histoire du regard d'une femme sur des enfants espiègles qu'elle connait profondément. Sur des enfants auxquels elle s'est attachée. Un regard plein de tendresse, de douceur. Pas de pitié, mais de la compréhension. De la peur. Une peur qu'éprouvent tous ceux qui les côtoient: celle de rajouter une fracture à celles qui existent déjà. De faire mal. Des enfants comme les autres. Ou presque. Avec les mêmes rêves. Les mêmes éclats de rire. Les mêmes douleurs... Dans une ambiance feutrée, nous avançons dans ce récit à deux voix. L'une parle de force, d'avenir. Elle est une femme dont le corps se butine avec passion. Avec force. L'autre narre des destins incertains. Des destins hypothétiques. Des destins d'enfants mille fois brisés. Au propre comme au figuré. Des corps burinés par la maladie. Par l'innocence trop tôt perdue. Des enfants dont le corps s'érode dans la douleur. Dans le silence. Dans les larmes retenues. Dans une forte fragilité qui s'émiette au son des chocs et des craquements. Une douleur qui se brise. En silence.

Avec une écriture riche, forte, poétique, nous découvrons des vies. Des rêves. Des personnalités. Une écriture d'un grand réalisme. Les mots font battre le cœur et prennent aux tripes tant l'innocence de ces enfants est belle. Tant leur souffrance est présente. Oubliée. Tue. Annihilée par leurs rires d'enfant. Par leurs blagues. Leur humour d'enfants grandis trop vite. Responsables trop tôt. Bien portants. En apparence. Des mots qui nous font voyager avec force. Avec humour. Des mots qui nous parlent et nous font trembler dans cet univers de fragilité. Un univers où la normalité mendie sa place sans trop y croire. Des vies d'enfants particuliers. Au destin peut-être éphémère. Des vies racontées avec douceur. Avec acuité. Avec humour. En toute modestie. Un régal. Un vrai délice. Beaucoup d'émotions.
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Tu n’es plus ce bolide qui fonce dans le noir

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à remercier Babelio et son opération Masse critique, dans le cadre de laquelle j’ai reçu ce livre.



Les relations sont au coeur de ce roman : justement, la relation que j’ai entretenu avec celui-ci est plutôt courte et mauvaise. Si j’avais été emballé par la quatrième de couverture, j’ai rapidement déchanté. Je ne peux pas dire que cela soit mal écrit : on y sent effectivement un travail sur la langue, le son... J’ai dû me faire violence pour parvenir jusqu’à la centième page. La lecture est devenue corvée, et puis j’ai décidé d’arrêter de perdre mon temps. Bien que certaines phrases m’aient marqué, l’ensemble en lui-même est poétiquement inaccessible. Des phrases alambiquées, qui laissent le lecteur complètement en dehors de ce que le roman était venu raconter. Comme s’il s’agissait avant tout d’une thérapie personnelle propre à l’autrice, une sorte de journal non destiné à être lu.



En bref : pour moi, non merci... 2 étoiles pour la forme.
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Soleil cou coupé

Les amours d’adolescents sont souvent profondes. Violentes. Passionnées. Mais, que dire de l’amour d’une adolescente pour son professeur? Comment va t-elle s’y prendre pour interpeler l’objet de son amour? La fragilité humaine sera t-elle de la partie, donnant ainsi une tournure spécifique à cette adoration juvénile?



Un amour vécu silencieusement. Secrètement. L’objet de cet amour phantasmé ignore toute incidence sur la vie d’une adolescence en perte de repères. Un amour vécu dans un délirant et douloureux silence. Qu’il est bon d’aduler l’être aimé, même à son insu. Qu’il est dur de le haïr car ignorant du sentiment déclenché à son égard. Un amour merveilleusement, profondément fantasmé. Tout est bon pour supposer un lien avec l’autre. Quel extase!



En lisant soleil cou coupé, j’ai eu une pensée pour Aimé Césaire. Cependant, la comparaison, s’arrête au titre. Nous accompagnons une adolescente qui, peu à peu, perd pied et s’enfonce dans sa propre folie. Une folie qui la pousse à imaginer son amour extatique comme le vecteur de sa descente aux enfers. Une descente douloureuse. Délirante. Alourdie de rancune. Qu’en sera t-il de cet amour virtuel?
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Tu ne mourras pas

L'histoire : Aude est étudiante en philosophie et vit avec Étienne. Pas vraiment amoureuse, elle observe sa vie avec détachement. Ses liens se délitent progressivement avec Étienne, avec ses amies. S'enfermant progressivement dans ce qui ressemble à une dépression profonde, elle se recroqueville sur son sentiment d'étrangeté au monde. Puis, elle répond à une petite annonce pour donner des cours et s'occuper d'un garçon de neuf ans, Corentin. Le premier contact avec la mère de Corentin est assez déstabilisant car celle-ci n'a pas de mots assez durs pour décrire et mépriser son fils. D'autant plus qu'il y a eu un "problème" avec la précédente étudiante en charge de Corentin. Pourtant le contact passe assez bien entre Aude et Corentin. Leur relation va se renforcer face au père de Corentin qui ne sait comment se positionner face à Aude, encombré de désirs et de non-dit. La relation avec Étienne tourne à l'incompréhension mutuelle, à l'incommunicabilité totale. Corentin, pour sa part se révèle un enfant à la maturité hors du commun, à l'intelligence aiguisée et à la solitude ahurissante. Leurs solitudes se font écho. Leur proximité face aux autres, leur compréhension mutuelle devient un rempart, devient une bulle. Jusqu'à l'indicible.





Le projet des auteurs est de montrer une histoire d'amour hors norme, illégale, pédophile.



Ce qu'il y a de terrible avec ce livre c'est que le savoir-faire des auteurs est manifeste : la langue de Bénédicte Heim est très réfléchie, très travaillée, le style induit très efficacement l'éloignement au monde de Aude. Cette langue se déploie comme une lente mélopée, sans respiration, une plongée un peu hypnotique, une musique textuelle dont l'effet est très efficace.

Je ne dirai pas que l'écriture est belle (ce n'est pas ce que j'ai ressenti) mais vraiment envoutante, au sens premier du terme. Le texte se lit d'une traite, captivé par une écriture maitrisée qui nous mène vers l'interdit, que je n'ai absolument pas vu venir

Le travail d'Edmond Baudoin tout en noir avec des réécritures graphiques du texte est très maitrisé et alimente le texte dans une dynamique similaire au Tamara Drew de Posy Simmonds où texte et images sont parallèles et complémentaires et non pas redondants l'un de l'autre. Très cru dans les scènes de sexe que Laure a avec un inconnu, le dessin devient métaphorique dans les scènes finales qui relèvent du tabou.



Et c'est là où le bât blesse : l'ouvrage, justement par son efficacité, met en œuvre ainsi toute la vulgate du discours pédophile en utilisant l'argument de l'amour de l'enfant (c'est lui qui est demandeur, déjà avec la première baby-sitter), de sa maturité (il est présenté comme artiste, il veut dessiner Aude en nu, il dessine très bien, forcément - projection de l'auteur ?), de la pureté de la relation (versus les amours adultes réelles et potentiels de Aude qui apparaissent soit insatisfaisantes soit implicitement sales / impurs : le personnage d’Étienne est vraiment désagréable, le père de Corentin apparait comme littéralement hanté de désirs non assumés, et la relation avec l'inconnu du métro est présentée avec une crudité charnelle glaçante) en dissimulant la gravité du crime par une langue poétique et métaphorique.

Par ailleurs, si l'adulte avait été un homme, le livre serait autrement condamné, alors que certains peuvent trouver cela normal, reprenant à l'envie le discours de la société contre l'amour, l'esprit bourgeois conservateur contre un amour tellement plus grand, plus fort, plus pur, que c'est forcément la société, castratrice, qui opprime un amour absolu. On croit rêver, à lire des arguments pareils qui font l'apologie d'un crime dont la pratique masculine est unanimement condamné et la pratique féminine reste ignorée.



Un livre très maitrisé, très réussi dans sa forme, et c'est bien là le problème car son parti-pris est, à mon sens, éminemment pervers, au sens littéral du terme.
Lien : http://leslecturesdecyril.bl..
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Soleil cou coupé

Un peu trop long, un peu excessif, bref, très adolescent, dans le verbiage comme dans la démesure...
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Tu n’es plus ce bolide qui fonce dans le noir

Réinventer les présences, masculines, leur langage, les sensations qui en naissent, les suspensions et désirs ainsi ouverts. Avec une écriture très riche, dense, portée souvent vers l'ailleurs des sons et des associations d'idées, Bénédicte Heim dessine des fragments d'hommes, de son père, de celle en elle qui écrit. Tu n'es plus ce bolide qui fonce dans le noir, un livre de vertige et d'écriture.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Tu n’es plus ce bolide qui fonce dans le noir

Tout d'abord je remercie l'opération masse critique et la maison d'édition: Et le bruit de ses talons pour l'envoie de ce livre.



A la fin de ma lecture, je me retrouve vraiment mitigée.



L'absence de chapitre et de partie m'a tellement chagriné. Je n'ai pas trouvé ma lecture fluide et agréable ce qui fait que j'ai mis énormément de temps à finir ce livre alors que d'habitude je suis plutôt rapide. Ce qui est vraiment dommage car je trouvais le résumé plutôt percutant. J'ai tout de même trouvé la plume de l'auteur très poétique, même si le vocabulaire est assez complexe par moment, et qu'il y a des passages assez lourd il y en a également des magnifiques.



Ce n'est dont pas un livre que je conseillerai à tout le monde.



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Tu ne mourras pas

Sans nul doute, le roman signé Bénédicte Heim est aussi puissant que dérangeant, aussi sensible que sensitif. Son adaptation en bande dessinée par Edmond Baudoin en souligne encore davantage la beauté, la profondeur et le trouble qui se dégage du récit.
Lien : http://www.bdgest.com/critiq..
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On a brûlé les ruches blanches

Une femme en colère, une autre très belle... A peine une histoire, plutôt un chant nourri d'images et de poésie.
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Et le corps blanc des amoureuses

Poésie charnelle, symphonie organique, cantique prophétique, cette oeuvre indéfinissable n'en finit pas depuis quinze ans de répandre son humble puissance.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Salle 113

Une jolie découverte que ce livre qui nous raconte une année scolaire dans une classe d'un collège. Les élèves y ont écrit des poèmes, des slams, du théâtre, etc...

En tout cas j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre.
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Je suis l'autre moitié de ton péché

Redoutable ambition que ce roman aigu et fascinant montre comme la poursuite d'une sorte d'absolu, cet endroit où tout converge, l'amour, le travail de l'artiste, la création de soi et de l'autre.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Tu ne mourras pas

Entre réussite stylistique et réflexions gênantes sur ce qu’il est permis de faire avec ses sentiments, Tu ne mourras pas provoque des sentiments contradictoires, mais c’est sans doute là sa première réussite.
Lien : http://www.actuabd.com/Tu-ne..
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Tu ne mourras pas

. Le dessin de Baudoin traduit avec justesse et émotion l’extrême fragilité de ces personnages à fleur-de-peau. Edmond Baudoin est un grand maître de la bande dessinée dont l’expression graphique ne peut laisser indifférent.



Tu ne mourras pas est un livre qui contribue immanquablement à donner ses lettres de noblesses au neuvième art. Sublime, c’est un très gros coup de cœur !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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