Cet essai retrace l'histoire de la République de Weimar. C'est, en quelque sorte, une histoire de la montée du nazisme du point de vue des institutions. (J'ai mis des citations du livre, pour vous mettre l'eau à la bouche.)
On y suit chaque élection, tant les législatives que les présidentielles, que les régionales et les municipales.
L'auteur s'attaque au mythe selon lequel "les nazis ont pris le pouvoir démocratiquement". C'est faux, et le vote n'a jamais penché en faveur des nazis. Ils ont même pris le pouvoir parce que, justement, ils perdaient des sièges.
La question n'est donc pas de savoir comment la démocratie a donné le pouvoir aux fascistes, mais plutôt comment a-t-elle échoué à les arrêter?
Et c'est ici que la leçon résonne jusqu'à nous. On y voit les partis traditionnels en perte de popularité qui préfèrent chercher des boucs émissaires, qui préfèrent changer les règles électorales plutôt que de se remettre en question.
On y voit les conservateurs qui n'ont aucune difficulté à embrasser le fascisme pour prendre le pouvoir en se disant "ils seront nos marionnettes, on doit juste leur apprendre à ne pas dire à voix haute ce à quoi on adhère silencieusement."
On y voit les libéraux qui préfèrent nettement le fascisme au spectre d'une augmentation d'impôts.
On y voit les communistes qui comprennent le fascisme comme une forme de capitalisme qui n'est ni pire ni mieux que les autres. Et qui n'est donc pas une menace qu'il vaut la peine d'affronter en faisant front commun.
On y voit les médias, souvent la propriété d'hommes influents dont l'idéologie concorde avec le fascisme. Ou plus simplement, qui savent que les faits divers racontant des histoires de juifs malhonnêtes, d'immigrants violents vendent de la copie, et ce n'est que par ricochet que cela profite aux nazis.
On y voit le pouvoir qui se centralise, au nom de l'efficacité, parce que perdre du temps à débattre avec l'opposition, aucun politicien n'aime cela.
M'enfin, toutes ces choses qui ont fait tomber la République de Weimar, et qui sont des erreurs qu'on ne refera évidemment plus jamais.
Non?
Commenter  J’apprécie         423