Transmis par la mémoire orale, les contes portent en eux la sagesse et le goût du merveilleux de ceux qui, au fil du temps, y ont déposé leurs plaisirs, leurs angoisses et leurs émotions.
À travers son histoire personnelle, l?auteur a cherché, dans ces pages, à transmettre la passion qui est la sienne pour ces histoires qui enchantent le quotidien et ouvrent au voyage à travers les diverses cultures du monde.
Par sa chaleureuse présence, le conte se découvre dans le partage, au sein de la vie familiale. Il donne à voir et surtout à entendre les conflits et les peurs qui agitent le psychisme de l?enfant. Mais en même temps il a un pouvoir réparateur, il est capable d?offrir un dépassement aux situations difficiles.
Les figures traditionnelles des contes, de Cendrillon à Vassilissa, de l?ogre à la Baba-Yaga sont évoquées tout au long de ce parcours. Grâce au recours à la magie, aux métamorphoses et aux sortilèges, l?imaginaire se déploie et fait oeuvre d?apaisement.
Bernard Chouvier est psychologue clinicien, psychanalyste, professeur émérite de psychopathologie clinique à l?Université de Lyon.
--- Fiche du livre : https://www.dunod.com/pouvoir-contes
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Rêvez tant que vous voudrez, petites filles, mais n’oubliez jamais, qu’après le rêve, vient la dure réalité
Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs d'enfance, les contes sont présents, comme un contrepoint à la vie ordinaire.
L'objet est une chose qui a trouvé un partenaire, une chose qui a trouvé une vie propre, une vie singulière, au sein d'une relation avec celui qui la voit, la pense ou la possède.
Dès que je m'approche d'une chose, dès que je porte sur elle un regard appuyé, dès que ma convoitise s'accroît, cette chose, inerte jusque-là, s'enflamme et devient belle. Le Graal n'est, au fond, qu'une affaire de passion et d'intense engagement dans l'action conquérante.
La vieille fut touchée par les larmes du grand loup noir. Derrière son image terrifiante se cachait un cœur blessé. Elle eut soudain une idée et se tourna vers l’aigle.
- Peut-être pourrais-tu me conduire au pied du château des rêves et me laisser là-bas trouver une solution pour sauver le loup…
- A ton aise, grand-mère, mais sache que je ne porterai que toi sur mon dos. Je ne ferai que te déposer dans cet étrange pays, dit l’aigle en arrondissant son dos.
La vieille l’enfourcha aussitôt et les voilà partis dans les airs, sans que le loup noir eut le temps de faire un geste.
L’aigle vole comme le vent
Passe vite, passe le temps
Jusqu’au dernier royaume
Jusqu’au bout du monde.
Plus l’aigle avance, plus il traverse de contrées et de mers, plus la vieille femme qu’il transporte sur son dos se sent rajeunir.
Lorsqu’elle arrive au château des rêves, elle est redevenue la jeune et belle bergère qu’elle était autrefois. Le grand oiseau replie ses ailes, dépose la jeune femme sur une tour et repart aussitôt.
Le château est immense. La belle traverse salles et cours, sans rencontrer personne. A la nuit, elle parvient dans une grande pièce éclairée de lustres de cristal et de mille flambeaux dans laquelle festoient de nobles seigneurs. Elle se dit que se tient là une grande fête et elle n’ose entrer. Mais bientôt deux bras puissants se saisissent d’elle et la conduisent, à travers la salle, jusqu’à la table du banquet.
Lucie s'évade dans son monde pour se protéger des agressions du monde extérieur et en particulier de la violence des adultes. Elle se construit une enveloppe de rêverie à l'intérieur de laquelle elle s'épanouit comme la grande fleur du dessin qu'elle réalise, pendant que sa mère expose les difficultés de sa fille et étale les griefs qu'elle a envers elle. Elle semble ainsi dire à sa mère et au psychologue: "Causez toujours, moi je n'en ai rien à faire, je me développe toute seule dans ma bulle et je n'ai besoin de personne."
Qu'il en ait conscience ou que cela demeure confus dans son esprit, l'artiste crée pour lui-même, pour satisfaire un désir ou, plus profondément pour se soumettre à une nécessité interne...
Sitôt qu'ils se mirent à couper des roseaux, deux mains sortirent de l'eau noire et les agrippèrent. Ils eurent beau hurler et se débattre, ils furent entrainés au fond du lac.
Soudain une voix se fit entendre en haut de l’arbre :
« Qui se plaint et pleure ainsi, m’empêchant de dormir ? »
Cadet se tut et vit devant lui une très vieille femme qui venait de descendre de la cabane qu’elle habitait dans les branches.
- Je suis perdu et je cherche mes frères qui ont disparu dans un souterrain…
- Je peux t’aider, dit la vieille, montre-moi le beau médaillon que tu portes autour du cou.
- C’est ma mère qui me l’a donné avant de mourir. Mes frères ont reçu le même.
- Si tu me promets de me donner ton médaillon et ceux de tes frères, tu les retrouveras sains et saufs.
Cadet promit ce qu’elle voulait à la vieille, tellement il était heureux à l’idée de retrouver ses frères. Elle s’approcha lentement de l’arbre et frappa trois coups de la main gauche sur le tronc en marmonnant quelques mots incompréhensibles. Une porte s’ouvrit qui plongeait dans le noir.
- Quand tu seras au bas de l’escalier, prends le souterrain de droite et continue le jusqu’au bout. Quoi qu’il arrive, mets en avant ton médaillon, il te portera chance.
Cadet remercia la vieille et s’engouffra dans le noir.
L'idéalisation extrême, on le constate va de pair avec la participation à des groupes extrémistes. Il est un fait que le besoin chez l'adolescent de refaire le monde est concomitant du besoin de se regrouper. Conscient de sa fragilité et des incertitudes qui pèsent sur son avenir, il est à la fois avide de certitude et de solidarité.