Mais un poème doit-il être parfait ? Non, pas forcément, se dit-il. Au moins, ce poème-ci, avec ses imperfections, exprime bien ce que je ressens vis-à-vis de cette femme. À laquelle je pense constamment. Femme extraordinaire, au prénom qui dit aussitôt de quelle musique elle est faite : une chanson douce et courante, qui vous reste en tête et qui s’écoule, qui s’écoule, qui irrigue mes rêves et mes pensées.
Son prénom. Son noble prénom, Jugurtha en français, Yugurthen en berbère, lui venait de sa mère ; son père, quant à lui, juif et algérien berbère, lui avait légué ce nom des gens qui vivaient en Espagne, à Saragosse. Ce nom datait d’un temps où les Musulmans, les Juifs et les Chrétiens vivaient heureux ensemble.
Tout cela composait un très beau puzzle, avec malgré tous ses efforts un archipel de trous assez considérable. Puzzle usé, rien au milieu. Le corbeau et le renard, sans arbre ni fromage. Embêtant, très embêtant…
Dans le hall de l'aéroport déjà, en quittant le tunnel qui sortait de l'avion comme à l'hôpital un tuyau du flanc d'un enfant blessé, j'avais parlé à un chat et les gens m'avaient regardé. Ici les gens ne se parlaient pas, ou très peu, et certainement ils ne parlaient pas à d'autres êtres vivants. Peut-être le haut-parleur remplaçait-il les dialogues ? Mais je n'avais pas le temps de méditer sur ces questions j'étais venu en France pour des motifs importants et j'avais fait un long voyage.
on peut naître et renaître en sachant bien que la Loi est un ensemble d’indications, un corpus de prescriptions, mais que la servir est l’affaire de chaque croyant : nul ne doit y être contraint. L’Harmonie, ce n’est pas de servir une loi qui nous dépasse, mais de nous épanouir librement en tant qu’être spirituel. Si ensuite, en second lieu pourrait-on dire, nous voulons servir la Loi, libre à nous. Mais la Loi de Dieu n’est pas la loi des hommes.
Selon moi, si une personne se trouve sur votre route, ce n'est assurément pas par hasard. Nous les Jaïns ne croyons pas au hasard. Si une personne se trouve sur votre route, c'est qu'elle doit jouer un rôle dans votre vie, si minime soit-il, et vous dans la sienne. Il s'agit de l'Harmonie universelle. A fortiori, si cette personne devient votre ami ou amie, vous devez vous soucier de son sort exactement comme s'il s'agissait du vôtre.
Je souhaite qu'on me croie intelligent. Je fais un effort pour me rappeler nombre de choses : les gens croient qu'une bonne mémoire est un signe d'intelligence.
Les hommes se partagent les territoires du mieux qu’ils peuvent. Au temps jadis, il me suffisait de parler corse d’abord, puis français, puis italien. Mon père était corse. Ma mère était sicilienne. Je parlais avec ces gens. Beaucoup d’entre eux ne savaient pas lire. Aujourd’hui, ils savent presque tous lire, ils se servent de la toile mieux que des araignées, ils envoient des fax à Shanghai, à Moscou, à Astana.
Décidément, c’était encore une fois de la cornélienne tragédie, qui eût pu lui faire penser que les grands classiques ont été remplacés par les romans policiers. Non, absurde ! La tragédie, c’était du théâtre. Parfois du théâtre rimé, en vers et contre tous, de surcroît ! Mais là, pour le coup… espionner son frère, peut-être un jour prochain devoir le serrer, le livrer menotté à la justice ?
Comme elle était mignonne !
Des cheveux châtain foncé, bien lisses et tirés en arrière, mais avec quelque chose de flou, de floconneux… Des yeux vert d’eau soulignés d’un mascara sombre, des paupières un peu plissées, coquines. Un petit nez retroussé. Une bouche assez large, pulpeuse, faite pour le sourire et pour le baiser. Oh ! une… une femme ! Une belle femme !