Depuis qu’on y a installé des éoliennes, rien ne va plus à Windhoek.
Obsédé par le bruit lancinant et permanent de leurs pales, Herman Bracke, le boucher de la bourgade, en perd le sommeil. D’insomnie en insomnie, il en perd aussi la tête, oubliant ses commandes, quand il ne s’endort pas carrément dans le célébrissime Pâté Bracke dont il est en pleine confection.
Une aubaine pour Magda, une aigrie persuadée d’avoir raté sa vie aux côtés de Walter, le facteur du village, doux rêveur sans ambition qui ne jure que par sa fidèle bicyclette. Ayant renoncé au bonheur, elle se consacre dorénavant à guetter le malheur des autres. Et elle flaire chez les Bracke l’imminence d’un drame qui la met en joie ! La soudaine étourderie d’Herman, ses regards hébétés, ses incompréhensibles marmonnements… c’est sûr, il s’est mis à boire ! Cela fera les pieds à cette pimbêche de Claire qui pète plus haut que son c… et en met plein la vue avec la garde-robe chic et l’Audi acquises, et ce serait bon qu’elle s’en souvienne, en vendant des saucisses et des biftecks !
Comment cette situation a priori anodine, prêtant davantage à rire qu'à s'inquiéter, va dégénérer dans d'inimaginables proportions ? C'est ce que Bram Dehouck, avec cette farce macabre, va nous expliquer...
On vivait pourtant bien tranquille à Windhoeck, certes à peine un village, avec sa rue autour de laquelle s’agglutinent une centaine de maisons et son bus par heure, mais pourvu du minimum vital : un boucher (du moins pour l’instant), une épicerie, une pharmacie, et même un vétérinaire. Pour Saskia, qui ayant échappé à la férule d’un grand-père maltraitant, vient d’emménager avec son jeune cocker dans l’un des rares logements sociaux que compte la commune, c’est presque le paradis. Il ne lui reste plus qu’à trouver un travail. Pas facile quand on se considère comme une sous-merde… et ce n’est pas le pharmacien qui va la contredire. Il en a vu à la télé, des comme elle, qui n’ont pas le sou et se permettent d’avoir un animal, puis passent leur temps à se plaindre. Il n’a aucun doute sur la manière dont elle boucle ses fins de mois ; il manquait plus que la débauche arrive à Windhoek, et vienne le menacer jusque devant sa porte…
Ajoutez à ces quidams un vétérinaire agacé par l’ombre que les pales de ces satanées éoliennes font à son coquet jardin méridional et dont la magnifique épouse se livre à d’érotiques passe-temps, un adolescent prêt à tout pour séduire la belle du lycée, une vieille dame dont les maux exigent de complexes préparations pharmaceutiques…
Bram Dehouck est le maître d’un ballet drôle et féroce virant au jeu de massacre, dont la mise en scène repose sur une succession d’événements aux conséquences disproportionnées et incontrôlables et de quiproquos que les travers exacerbés de ses héros contribuent à transformer en tragédies.
Car derrière la farce, les images percutantes et l’enchaînement de situations cocasses qui font "d’Un été sans dormir" un texte réjouissant, émerge le portrait sans concession d’une petite communauté rurale, avec ses méchants et ses naïfs, ses paisibles et ses racistes, toute une palette de gens ordinaires que l’envie, la cruauté ou la malchance font soudain basculer dans le drame dont ils seront acteurs -volontaires ou non- ou victimes…
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