Les lieutenants restent à l’écart de ce rendez-vous au sommet. « Chacun a dirigé son secteur depuis onze ans », lance Bettoun/Hanin, glissant quelques mots d’arabe à un interlocuteur qu’il semble bien connaître. Et n’hésite pas à moquer gentiment : « Regarde, pendant la guerre d’Algérie vous étiez tous fellaghas, soi-disant… Toi et Larbi, fellaghas zarma ! Fellaghas à Paris ! » Malgré cette évidente moquerie qui fait allusion aux années noires du conflit en France, nombre de voyous algériens, souvent proxénètes, ont bel et bien travaillé pour le FLN. Volontairement ou pas.
Dans le film, après s’être assuré de la neutralité de chacun, on se tape dans les mains et c’est la réconciliation, ou du moins la coexistence pacifique. En repartant, le patriarche juif s’arrête même acheter une pâtisserie rue de la Goutte-d’Or, sous le regard incrédule du commissaire Duché (Jean-Louis Trintignant) : « Les Bettoun dans la Casbah ! » Le flic traque le clan juif sans relâche. « C’est un beau cadeau que vous nous faites, cette guerre entre les Arabes et les pieds-noirs », persifle l’intransigeant condé. « Si les Arabes ont pris le maquis, je suis le seul à pouvoir arrêter le massacre », réplique Hanin/Bettoun.
Le différend familial qui tourne mal, c'est le cas d'école pour nous, dit une femme policier. Une collègue gardien de la paix stagiaire s'est retrouvée dans une cité, devant une porte qui s'ouvrait avec un mec armé d'un fusil à pompe. Elle entend le crac caractéristique de l'arme qu'on charge, elle tire. Le mec est mort, elle s'est retrouvée en garde à vue dans son propre commissariat. La légitime défense a finalement été reconnue, mais elle a été interdite de voie publique.
Les épreuves sont nécessaires pour apprendre à se connaître en profondeur