Une bourrasque l'emporte dans le ciel. Elle aime tant tournoyer dans les airs! "Si je faisais partie du plumage d'un oiseau, je pourrais voler encore plus haut!"
Bronze était très seul.Tel un oiseau parcourant seul la solitude du ciel, un poisson parcourant seul la solitude du fleuve, un cheval parcourant seul la plaine déserte.
Mais une enfant était apparue.
Il savait que lorsqu’elle se réveillerait et ne le verrait pas, elle aurait peur, elle sangloterait. Mais il ne pouvait se résoudre à la sortir de ses rêves. Alors, il caressait doucement de ses mains rongées par le labeur sa joue tiède et délicate, puis poussait un soupir, prenait ses outils et fermait doucement la porte. Dans la faible clarté de l’aurore, il pensait à la petite tout en se dirigeant avec les autres vers le chantier. Quand en fin de journée le travail cessait, bien souvent les rayons lunaires baignaient déjà le marais. Aussi, durant ces longues journées, Tournesol évoluait seule. Elle se rendait près du bassin pour voir les poissons, à la cantine pour voir le cuisinier travailler, allait d’une rangée de maisons à une autre.
...face à lui elle paraissait toujours gaie , comme si l'espace entre le ciel et la terre était rempli de joie ..
C’était la fin de la saison des pluies. La petite Tournesol,
âgée de sept ans, se dirigeait vers le bord du fleuve. Le
soleil, que l’on n’avait guère vu pendant de nombreux
jours, se déversait à torrents dans le ciel, tout juste comme
une eau limpide. Et le ciel jusque-là sombre et bas se rengorgeait
soudain pour s’élever très haut, vaste et clair
L’herbe était mouillée. Les fleurs, le moulin à vent, les
maisons, les buffles, les oiseaux… absolument tout était
trempé.
Et grâce à l'apparition de Tournesol, Bronze sut ceci: en fait, il n'était pas l'enfant le plus seul au monde.