A l'origine mécénat littéraire, l'académie Goncourt a été complètement détournée et récupérée par l'économie de marché. Le critère de la quantité a pris peu à peu le pas sur celui de la qualité. Le prix Goncourt s'est donc adapté et plié, au cours du siècle, aux mutations et impératifs nouveaux de la sphère littéraire. L'académie Goncourt s'est alors dotée d'une nouvelle fonction : consacrer une littérature déjà reconnue.
L'oeuvre primée par le Goncourt qui a réalisé la meilleure vente de l'histoire du prix est "Les Bienveillantes" de Jonathan Littell, sortie en 2006, qui trouve plus de 750 000 lecteurs ; vient ensuite "L'Amant" de Marguerite Duras, publié en 1984, qui s'écoule à plus de 700 000 exemplaires, suivie de très près par Jean-Marie Rouaud en 1990 avec 600 000 exemplaires vendus pour son roman "Les Champs d'honneur".
Il n'y a donc pas de mystère, Marie Ndiaye doit son Goncourt, en partie au simple fait qu'elle soit une femme et qu'il fallait en couronner une, et pour ses origines qui ont servi à l'académie Goncourt à démontrer qu'elle vit avec son temps. Il apparaît donc clairement qu'il s'agit d'un choix démagogique, choix fait aussi en partie, au nom de la diversité culturelle, sujet sociopolitique très en vogue depuis ces dernières années.
Le 23 juin 1882, Ernest d'Hervilly (journaliste au Bien Public de Dijon) publie dans le "Bien Public" le contenu du testament d'Edmond de Goncourt, rédigé huit années auparavant, faisant état du legs de ses biens et de sa fortune à une - future - société littéraire qui portera le nom de Goncourt et qui aura la charge de remettre chaque année un prix littéraire récompensant la meilleure oeuvre d'imagination en prose faisant preuve d'originalité. Afin de décerner ce prix, l'institution littéraire sera composée de dix membres…