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3.89/5 (sur 14 notes)

Nationalité : Canada
Biographie :

Carl Bergeron est né en 1980. Il est l’auteur d’un essai, Un cynique chez les lyriques. Denys Arcand et le Québec, paru au Boréal en 2012.

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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Marie de l'Incarnation est témoin vers la fin de sa vie de la mue de la Nouvelle France, de comptoir au «vivre fort grossier» en «païs de peuplement» fertile et civilisé. Cent fois la petite colonie aurait pu sombrer, sous un raid iroquois ou à cause de la famine, cent fois Marie aurait pu plier bagages pour la France, notamment après le terrible incendie de 1650 (le monastère fût rebâti en 1652). Cent fois les denrées sont arrivées dans un mauvais état, la farine trempée par l'eau de la cale, cent fois les secours ont été perdus en pleine mer. Sait-on combien de fois elle a craint, en sondant le fleuve en septembre pour discerner un vaisseau qui n'arrivait pas, devoir entrer dans l'hiver dans la privation ? Le 15 septembre 1641 (elle a 42 ans), elle conclut sa lettre par un «Si nous vivons l'année prochaine» .
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Marie n'est pas une «intellectuelle», et son génie n'est pas celui d'une surdouée de naissance. Elle est un véritable cas de «science infuse», et pour qui «la profondeur de toute science est cachée dans la divine essence qui la communique selon son bon plaisir». Pour elle, la science de l'être est dans l'image de Dieu qui loge au centre de l’âme. Je dis bien : science de l’être ou, pour le dire en ses propres mots, «grâce de sapience» (distinction du bon grain de l'ivraie, reconnaissance du vrai visage de l'amour), et non science de l'avoir (savoir prométhéen et volonté de puissance).
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Marie de l'Incarnation et François de Laval furent canonisés en 2014, Kateri Tekakwitha en 2012, Marguerite d'Youville en 1990, Marguerite Bourgeoys en 1982, tandis que la belle Catherine de Saint Augustin, avec sa bouche en cœur et ses lèvres framboise, fut admise dans l'antichambre dorée de la sainteté en 1989 . Gerbe qui s'ajoute à la moisson déjà considérable des martyrs de la Huronie dans les années 1930. Le silence de l’intelligentsia sur cet héritage prodigieux apparaît comme un aveu d'impuissance quant à la possibilité d'introduire le transcendant dans la culture québécoise, et à se hisser en conscience jusqu'à lui à partir de celle-ci.
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« De quel « patriarcat », de quelle « oppression » si terrible nos grands-pères et arrière-grands-pères étaient-ils les défenseurs intraitables, eux qui avaient passé leur vie dans l’analphabétisme, entassés en ville dans les ghettos à pea soups, à se faire regarder de haut par des contremaîtres étrangers qui les méprisaient?? Socialement, l’homme canadien-français était un humilié. Les seuls hommes d’autorité étaient le curé (un homme en robe), le notaire (un clerc) et le médecin (un diplômé de latin égaré dans une science sans moyens). Les autres étaient des manœuvres au service d’intérêts extérieurs. «

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« Mon cœur – malgré la digue de mon stoïcisme – bondit à sa vue. Après les salutations de convenance, puissante bouffée de désir et de trouble, qui nous fige. Nos mots sortent de notre bouche avec difficulté, un à un, pressurisés par une passion contenue, comme autant d’artéfacts dérisoires d’une langue archaïque perdue. Bien sûr, ce n’est pas nous qui aimerions parler. Ce sont nos corps. Le plaisir n’est pas dans la tromperie (quel intérêt à faire du mal à quelqu’un??) mais dans la clandestinité. Là seul réside toute la volupté de l’adultère. La joie inavouable que celle de se cacher dans un monde qui se flatte tant d’être ouvert?! Plus la société légitime se dit transparente, plus la jouissance d’échapper à son radar est forte. C’est vrai pour la sexualité comme pour la pensée…. Je ne me rappelle pas la couleur de sa robe, mais je me souviens avec une netteté troublante de la sensation de ma main au creux de sa chute de reins. (Les premières expériences charnelles sont comme l’envers solaire d’une grave agression : elles marquent à vie et se détachent dans notre mémoire avec une fraîcheur que le temps n’entame pas. «
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Carl Bergeron
Gaston Miron : « Cet aventurier de la langue avait compris que la psychologie des Québécois était travaillée par deux impossibilités : le deuil de la langue française et la maîtrise politique de l’existence. Le sentiment de honte et d’impuissance, face à un génie français inégalable et à une réalité politique canadienne bloquée, est au fondement de ce qu’il faut bien appeler notre mythe national. »
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« Mes larmes, je les distille dans mon sourire?; je les fais s’écouler de l’intérieur, sous l’épiderme. Elles me donnent un teint doux et rosé……. »
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« Je suis de ces héritiers maudits, plus nombreux qu’on le croit, pour qui naître québécois, c’est faire deux fois l’expérience de la Chute, deux fois l’expérience de l’amputation. Je proviens de cette couche de la tribu qui n’était pas censée, jamais, apprendre à écrire et qui devait servir, pour l’éternité, de repoussoir pour les collabos de l’intérieur et les ennemis de l’extérieur. Mais voilà : l’improbable est arrivé et je suis là. Né de la honte, j’ai à vous parler, amis infâmes québécois, de la honte dans un langage qui n’est pas celui de la honte. «
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« Penser, c’est s’approprier, dévorer, transformer, créer. Et transpirer. Ceux qui, par moquerie, confinent l’activité intellectuelle dans les hauteurs éthérées de l’esprit ne comprennent pas, ou ne veulent pas comprendre, ce que l’activité de penser peut coûter au corps. De la culture, ils ne retiennent que le vernis et la poussière?; ils n’en voient pas la chair, le sang, la violence. «
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Carl Bergeron
Rappelle-toi que le dandysme ne consiste pas à se sentir supérieur à tout le monde mais à ne se sentir inférieur à personne ; non à proclamer la supériorité, mais à l’incarner. Il n’a pas d’abord pour vocation d’éblouir et d’enfumer les minettes mais de nous former, de nous élever et, ultimement, de nous sauver. » Voir le monde avec un chapeau
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