AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782897603182
mediaspaul (12/08/2021)
2.67/5   3 notes
Résumé :
Imaginons une barque qui remonte le fleuve Saint-Laurent, entre ses rives escarpées, depuis Tadoussac et accoste à Québec le 1er août 1639 après une escale à l'île d'Orléans. Dans cette barque, éprouvées par trois mois de traversée depuis Dieppe, trois religieuses ursulines, dont l'une, ayant quitté son couvent de Tours, dotée d'un fort tempérament, aussi bien tournée vers l'action que vers la mystique, apparaît déjà comme une figure centrale : Marie de l'Incarnatio... >Voir plus
Que lire après La grande Marie ou le luxe de saintetéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Atypique, dense, original et rapide à lire (78 pages) , cet ouvrage de Carl Bergeron n'est pas seulement le portrait de Marie Guyart qui, au XVII siècle quitte la Touraine, implante les Ursulines au Québec, devient « mère de l'église canadienne » puis est canonisée sous le nom de « Sainte Marie de l'Incarnation »

C'est une réflexion sur son oeuvre littéraire, son message, sa transmission au fil des siècles, sa réception à notre époque et une interrogation sur la vocation du Canada et, pour le lecteur français, sur celle de notre pays.

Née en 1599 à Tours, Marie Guyart épouse vers 1618 Claude Martin maitre ouvrier en soie, accouche en avril 1619 d'un fils Claude, devient veuve et chef d'entreprise en quasi faillite l'année suivante. Elle prend en main les rênes de l'affaire, apure le passif, rejoint avec son fils ses parents et s'investit activement dans l'entreprise de transports fluvial de son beau frère.

A 32 ans, en 1631, elle devient religieuse dans la congrégation des Ursulines en Touraine et débarque à Québec , alors village de 300 âmes, en 1639 . Elle fonde une école pour les enfants des indiens et des colons et affronte de nombreuses difficultés y compris un incendie qui détruit la fondation en plein hiver 1650. Elle meurt le 30 avril 1672.

Cinq dans plus tard, son fils révèle ses écrits et publie dès 1677 la « Vie de la vénérable Mère Marie de l'Incarnation » puis en 1681 sa « correspondance » qui stupéfient les lecteurs par leur richesse.

En 1922 Henri Brémond renouvelle le regard porté sur son oeuvre puis Dom Guy-Marie Oury, bénédictin de Solesmes, consacre de nombreux travaux dans les années 1970 à « la grande Marie » et prépare la voie à sa béatification en 1980 puis à sa canonisation en 2014.

Carl Bergeron peint la femme, « la plus flamboyante amoureuse, peut-être, de son siècle », la mère, la veuve, la chef d'entreprises, la religieuse, la correspondante mystique et pragmatique dont l'oeuvre est de la trempe des Confessions de saint Augustin et du Château intérieur de Thérèse d'Ávila, avec une plume du XVIIe siècle qui ravissait La Rochefoucauld et nous offre des descriptions truculentes.

Un femme d'action qui frôle les icebergs, remonte un fleuve escortée par des Innus, connait plusieurs langues autochtones, combat contre les éléments adverses (voir la couverture du livre) et ne renonce jamais.

L'historien Louis-Guy Lemieux affirme que c'est elle, plus que Champlain, Hébert, Talon ou Jolliet, « qui incarne le mieux le courage et la ténacité des premiers Canadiens ».

L'auteur révèle ce que Jean le Moyne appelait le « luxe de sainteté », fruit d'une époque où tout n'était pas jugé à l'aune du matérialisme ambiant et s'interroge sur l'actualité et la trace de ce témoignage dans le contexte actuel où l'église est confrontée à de nombreux scandales. Il présente ainsi l'oeuvre de la Grande Marie comme « une recherche du temps perdu catholique ».

Cet ouvrage synthétique, mais d'une grande élévation de pensée, peut être une introduction à la biographie de six cents pages établie par Guy-Marie Oury, et séduira le lecteur curieux de connaitre cette femme exceptionnelle.
Commenter  J’apprécie          862


critiques presse (1)
Il s’agit d’un tout petit bouquin de 76 pages mais d’un très grand livre, magnifiquement écrit, absolument original, atypique et inclassable, qui bouleversera ses lecteurs.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Marie de l'Incarnation est témoin vers la fin de sa vie de la mue de la Nouvelle France, de comptoir au «vivre fort grossier» en «païs de peuplement» fertile et civilisé. Cent fois la petite colonie aurait pu sombrer, sous un raid iroquois ou à cause de la famine, cent fois Marie aurait pu plier bagages pour la France, notamment après le terrible incendie de 1650 (le monastère fût rebâti en 1652). Cent fois les denrées sont arrivées dans un mauvais état, la farine trempée par l'eau de la cale, cent fois les secours ont été perdus en pleine mer. Sait-on combien de fois elle a craint, en sondant le fleuve en septembre pour discerner un vaisseau qui n'arrivait pas, devoir entrer dans l'hiver dans la privation ? Le 15 septembre 1641 (elle a 42 ans), elle conclut sa lettre par un «Si nous vivons l'année prochaine» .
Commenter  J’apprécie          270
Marie de l'Incarnation et François de Laval furent canonisés en 2014, Kateri Tekakwitha en 2012, Marguerite d'Youville en 1990, Marguerite Bourgeoys en 1982, tandis que la belle Catherine de Saint Augustin, avec sa bouche en cœur et ses lèvres framboise, fut admise dans l'antichambre dorée de la sainteté en 1989 . Gerbe qui s'ajoute à la moisson déjà considérable des martyrs de la Huronie dans les années 1930. Le silence de l’intelligentsia sur cet héritage prodigieux apparaît comme un aveu d'impuissance quant à la possibilité d'introduire le transcendant dans la culture québécoise, et à se hisser en conscience jusqu'à lui à partir de celle-ci.
Commenter  J’apprécie          220
Marie n'est pas une «intellectuelle», et son génie n'est pas celui d'une surdouée de naissance. Elle est un véritable cas de «science infuse», et pour qui «la profondeur de toute science est cachée dans la divine essence qui la communique selon son bon plaisir». Pour elle, la science de l'être est dans l'image de Dieu qui loge au centre de l’âme. Je dis bien : science de l’être ou, pour le dire en ses propres mots, «grâce de sapience» (distinction du bon grain de l'ivraie, reconnaissance du vrai visage de l'amour), et non science de l'avoir (savoir prométhéen et volonté de puissance).
Commenter  J’apprécie          230

autres livres classés : religionVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1837 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}