BLEU EST UN CHEMIN D’AMBIANCE DANS LE ROUGE…
Bleu est un chemin d’ambiance dans le rouge
rouge est un chemin d’accès dans les matières
chaque ligne dessine un chemin de fer dans le cercle des visages.
Je lis à visage ouvert
entre les lignes de forces qui séparent les uns des autres.
Je stabilise mon horizon au centre
équerre de cristal dans une main de velours.
Quelqu’un demande
pourquoi aligner le texte au centre
Que le moindre hiatus me saute aux yeux.
Le texte est une colonne vertébrale qui est une échelle de Jacob.
L'art véritable, c'est de faire de son existence et de son être entier une oeuvre d'art où tout sera poésie, musique, lumière, harmonie des couleurs, des formes, des mouvements.
Tu regardais la mer...
Extrait 1
Tu regardais la mer, tu voyais que la mer, te regardait.
On ne sait jamais ce qui va vous atteindre dès lors que l’on lève les yeux sur le monde, quelle averse de lumière, quel champ de blé, quelle balle pure cherchant à se loger.
Ni pourquoi ce moment-là fut qui demeure seul vivant entre les morts.
Comme un chien orphelin survivant jusqu’à son maître avance distrait dans le jadis abstrait et calme.
Combien de vers iront ton chemin, combien d’âmes mortes, combien de reflets.
Dans le grain de tes yeux s’additionne tout ce qui se refuse, le nombre creux, la somme basse mordante de toutes les marées.
La mer devant s’agite comme un sang benêt s’épuise à se penser loi et reine.
Quand de grands végétaux mobiles, poursuivent leur chemin, et qu’une étoile souple, s’appuie contre ton dos.
Tu me dictes la rime au henné, et tu dors dans les parts, comme un qui n’est plus rivé à la forme….
La chèvre qui goélait autour des éclipses I par-dessus jetez I une mer de sentiments
Aux amants perdus. Aux corps percés fluides. Aux lèvres froides cernées de soupçons. Aux mains utiles clouées sur la croix. Chanson du vent plainte des fratries lointaines. Dessein des destins têtus au sort s’acharne. Par insistance les faits
Obsédaient les jours j’ai des doublets au fond des poches
Des marins de misaine m’ont jeté le pompon / de l’araignée aux flûtes de soie je fais mon deuil, l’avenir m’appartient / dès lors, les vestes se retournent
J’émousserai vos dards et les lames I coeur pointu I saigne comme l’épine I saisie à la pince I vous palperai I enfant I chaussé de sciure I persillé à carreaux tête I à l’étalage
Les langues dégorgent I des printemps de vertu
…
Vert, Livre 1, XII
FACE À FACE AVEC MES MAINS
De nouveau je me retrouvais face à face avec mes mains,
comme sur la table, lorsque je rentrais et que je m’asseyais,
et que ces deux organes sensibles
M’interrogeaient.
Dont on m’avait dit la veille qu’elles n’étaient ni assez
musclées pour être vouées au piano,
Ni assez charnues pour masser les corps.
Mais sans doute suffisamment fines
pour apprivoiser les distances ?
Et qui me questionnaient sur le sens,
Bavardes comme des langues dans le Verbe de l’espace.
Et leur chute. Geste clos, deux lèvres confrontées au silence….
Seul ce qui longe la mer n’est pas bordé…
Seul ce qui longe la mer n’est pas bordé.
Ce qui fascine le regard n’est pas bordé.
Le Verbe nulle part n’est bordé.
Ce qui n’est pas bordé n’est pas mathématiquement formulable.
Ni quantifiable.
La parole verticale, qui est pure expansion, n’a pas de bords.
Le poème nulle part n’est bordé.
Centre advenant du centre, il est partout centre.
IMAGINE QU'UN MATIN...
Imagine qu’un matin tu te réveilles, et que tu ne saches plus
Ni lire,
Ni écrire,
Ni parler,
Ni même prononcer mon nom,
Et que les hommes aient peur de toi,
Imagine cela de toutes tes forces, et pleure, et tords-toi
les mains, et ne dors plus.
NOUS VÉCÛMES…
Nous vécûmes.
Dans l’intermittente proximité de nos corps.
Les feux de fougères et les fânaisons.
Entre le débord et l’absence stricte.
Les premiers jours du mois d’août mirent fin à l’été
[…]
J’eus froid comme un soleil d’automne.