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4.04/5 (sur 35 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Caroline Bréhat est une autrice, psychothérapeuthe et psychanalyste française qui a travaillé quinze ans à l'ONU et dix ans comme journaliste à New York.

Elle est l'autrice d'un roman intitulé "Les Mal Aimées" qui porte sur les traumas transgénérationnels ; du roman autobiographique "J'ai aimé un manipulateur" (éditions des Arènes), ainsi que du témoignage "Mauvais Père" (Les Arènes). Elle y relate la façon qu'a eu son ex-mari de l'attaquer sciemment à travers la maltraitance ciblée de leur fille après sa demande de divorce suite à de premières violences. Elle a écrit avant cela deux autres romans, Kill, Kill, Kill, Crimes de guerre en Irak et Hot Dogs and Croissants, publiés sous son nom de journaliste, Natasha Saulnier.

Aujourd'hui divorcée, elle vit avec sa fille entre la Bretagne et la région parisienne et exerce près de Versailles en tant que psychothérapeute et psychanalyste.
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Source : https://www.youtube.com/watch?v=0HGBbq946g4
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Dans le cadre du colloque du 8 Octobre 2016 à Toulouse, "Danger en protection de l'enfance, dénis et instrumentalisation perverse", Caroline Bréhat, autrice du livre "Mauvais père", témoigne de son parcours socio-judiciaire entre les USA et la France où elle a été accusée de S.A.P. (Syndrome d'Aliénation Parentale) en cherchant à protéger sa fille.


Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Le narcissique ne connaît pas d’autres priorités que les siennes et se concentre sur l’assouvissement de ses propres besoins. Ses comportements sont marqués par la notion de droit. Il se comporte comme s’il avait une sorte de pouvoir absolu sur l’ensemble du monde. Les autres, leur amour, leur attention, leur énergie, leur temps, leur argent et leur devenir sont autant de biens qui lui sont dus. Que l’autre donne tout de façon inconditionnelle lui semble parfaitement normal, et il se rend rarement compte qu’il exige des autres ce qu’il est lui-même incapable d’offrir. Le narcissique est assoiffé d’attention, d’admiration, de respect, de tendresse et d’amour, mais il n’est pas en mesure de procurer la même chose à son partenaire. S’il donne, c’est dans l’inconstance : il alterne les comportements amoureux et la froideur. Il se complaît dans les emportements soudains, le dénigrement et l’indifférence.
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La poésie m’a permis d’acquérir une conscience environnementale. Elle m’a fait comprendre que les êtres humains appartiennent à une terre garantissant leur existence. Cela engage des droits, mais aussi des devoirs à l’égard de l’environnement. Je me sens bien, car je ne contribue pas à la détérioration de la planète.
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Tel un personnage de Molière, il était de plus en plus souvent incongru. Son comportement s’orientait vers l’emphase, et il semblait obsédé par son image. Lorsqu’il s’assoyait dans le métro, il cherchait le regard que les autres passagers posaient sur Gwendolyn, leur souriait, puis engageait la conversation et finissait par dire qu’il avait signé un contrat avec une maison de disques connue. Grâce à son charisme et à sa facilité d’élocution, il réussissait à dépeindre une situation idyllique et irréelle, et ses interlocuteurs le regardaient avec une admiration teintée d’envie. Lorsqu’il était seul avec moi, il ne cessait de se vanter de son physique, de son talent musical et poétique, de l’importance de son art, du travail extraordinaire qu’il avait réalisé dans l’appartement.
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C’était un artiste, et son matériau de base, c’était les émotions. Pas étonnant, donc, qu’il ait tant besoin d’exprimer les siennes.
Comme un potier, il les pétrissait, les malaxait, les triturait sans relâche. C’était le prix à payer pour être avec un artiste de sa stature. Il me demandait de lui prodiguer ce qui lui avait tant fait défaut pendant son enfance, et c’est justement cette pénurie affective qui provoquait en lui ces accès de colère et ces contrastes.
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Séparation

– Il arrive maman ! Je le vois ! Il traverse la route ! Oh non, maman, je ne veux pas aller avec daddy ! Sa voix est comme un gémissement, elle me serre la main à la broyer. Je tente de rester aussi calme que possible – mais au fond de moi, c’est la panique.

– Oui, moi aussi, je le vois. Respire bien fort, lentement : inspire et expire. Par le ventre. La peur va partir si tu respires bien par le…

Gwendolyn m’interrompt, et je sens la terreur qui lui brise la voix m’envahir à mon tour.

– Non, je ne peux pas… respirer par le ventre. J’ai trop peur… J’y arrive pas…

– Ça va aller, mon trésor. Calme-toi surtout.

Mon cœur se serre en voyant Julian traverser avec allégresse la 30e Avenue à Astoria. Il porte des lunettes de soleil à verres miroir, ses joues ne sont pas rasées et il se dirige vers nous d’un pas allant sous un soleil de plomb. Sa peau mate, ses cheveux bouclés et son sourire d’acteur hollywoodien attirent les regards féminins, mais à moi, ils inspirent le malaise. Je détourne les yeux, réprimant à peine une grimace. Gwendolyn comprime ma main encore plus fort et murmure d’une voix quasiment inaudible : « Non, maman, non, maman, je ne veux pas y aller… » Son angoisse me transperce le ventre.

– Ça va aller, mon petit trésor. Pense à toutes les choses géniales qu’on va faire quand les vacances avec daddy seront finies. Sois forte. Sois courageuse.

Terrorisée, elle détourne la tête pour ne pas le voir. Se peut-il qu’il ne se rende pas compte de l’effet qu’il produit sur son enfant ?

Oui, c’est possible.
Julian regarde Gwendolyn en souriant comme si de rien n’était. Ce type est soit un robot, soit un acteur de grand talent doublé d’un sadique.

– Hey Boubou !

Il a l’air totalement décontracté. Gwendolyn hésite à aller vers lui, elle ne sourit pas. Elle se décide finalement à avancer.

– Hi dad ! répond-elle d’une voix faussement gaie.

Elle avance lentement vers lui et pose la tête sur son ventre quelques secondes en guise de « bonjour » sans me lâcher la main. Elle me regarde d’un air triste et résigné, et mon cœur se tord, comme essoré par l’angoisse.

Je le fixe intensément et, comme à chaque fois que je le regarde maintenant, je le trouve d’une laideur repoussante. Je me demande comment tant de femmes peuvent lui attribuer un « charme dévastateur ». Son nez aquilin et ses yeux rapprochés lui donnent un air féroce.

Chaque fois qu’elle doit retrouver son père, Gwendolyn a peur. Elle veut maîtriser l’imprévisible et connaître son emploi du temps.

– Est-ce que je vais voir ma copine Irene cet après-midi ?

– Je ne sais pas. Il fait une chaleur torride. On va certainement aller à la piscine.

Il a l’air ravi d’un enfant qui se voit déjà en train de barboter dans l’eau fraîche. J’ai la nausée.

– Super, tu vas retourner à la piscine aujourd’hui.

J’ai parlé d’une voix aussi enjouée que possible. Gwendolyn ne sourit pas. Elle me broie toujours la main. Machinalement, je serre un peu plus fort sa petite main potelée.

– Le chlore va rendre ses cheveux tout blonds…, murmure-t-il d’une voix caressante en regardant Gwendolyn d’un air émerveillé.

Sa réflexion me prend de court. Les yeux de Gwendolyn sont rivés au sol et le malaise m’envahit. Je le regarde toujours fixement, intensément, bien décidée à lui montrer la haine et l’écœurement qu’il m’inspire. Il doit le sentir car il semble vouloir déguerpir.

– OK, let’s go, Boubou, dit-il d’une voix trop forte qui nous fait sursauter et me donne la chair de poule.
Julian avance vers sa fille. Le corps de Gwendolyn se décolle du mien, elle fait elle aussi deux petits pas vers son père, dénoue sa main de la mienne, et je remarque que ses yeux sont humides. Elle s’éloigne, étouffe un sanglot, se retourne, revient vers moi, et m’étreint de nouveau avec toute la force de ses petits bras fluets.

– Non, maman, non ! Ne me laisse pas partir ! Je ne veux pas y aller ! Je t’en supplie !

Je me penche vers elle. Que dire ? Comment la rassurer ? Je lui embrasse les cheveux, je prends son petit visage inquiet dans mes mains et je sens bientôt ses larmes chatouiller mes paumes. Ses dents se mettent à claquer et quelque chose au fond de mon estomac me cisaille les entrailles. Je chavire, et les mots qui me viennent à l’esprit sont toujours les mêmes.

– Calme-toi, mon petit trésor… Calme-toi… Oh, calme-toi…

J’embrasse ses yeux mouillés, je lui caresse les cheveux. Je m’agenouille près d’elle, je la prends dans mes bras, je la câline, je la cajole. Toujours les mêmes mots, les seuls qui parviennent encore à mon cerveau bouleversé.
– Ça va aller… Je te le jure… Je te le jure… ça va aller… ça va bien se passer…

Elle me serre plus fort encore, enfonce sa tête dans mon ventre comme si elle voulait y retourner. Elle appuie trop fort, et j’ai mal. Je me rends compte que je tremble comme une feuille. Je murmure : « Je t’aime plus que tout au monde… » Et elle répond d’une voix soudain audible, infiniment douce : « Je sais, maman. » Alors je recommence à l’embrasser, lui caresse les cheveux, la serre un peu plus fort contre moi. Je voudrais ne jamais la lâcher, la cacher tout au fond de moi. Je l’embrasse encore. Ses joues. Ses yeux. Ses cheveux. Je bois ses larmes. Je voudrais avaler sa souffrance. Les mots se heurtent les uns aux autres dans ma tête, mais aucun ne semble sonner juste. Tant bien que mal, je réussis à en rassembler quelques-uns que je susurre maladroitement à son oreille : « Tu… tu es la petite fille douée… pour le bonheur… tu te souviens ? » Ses yeux mouillés se plongent dans les miens, elle hésite, puis elle semble se ressaisir – où trouve-t-elle la force ? « … Je sais, maman… »

elle pousse un long soupir, respire profondément en posant la main sur son estomac, mais elle est reprise de pleurs convulsifs. Mon affirmation m’apparaît alors dans toute sa cruelle absurdité, et je me déteste. Je déteste ce rôle que je suis forcée de jouer. Comment peut-on demander à un enfant de faire semblant d’être heureux alors qu’il est terrorisé ? Comment peut-on forcer une mère à croire que son enfant est heureux alors qu’il est désespéré ? Je l’embrasse de nouveau, éperdument, – comme pour lui forger une armure qui la protégerait de la souffrance : « Ça va… ça va passer vite, mon ange… Je te le promets… » Des phrases absurdes auxquelles je ne crois pas un instant.

Soudain, je pense à lui. Comment réagit-il à ce spectacle ? Je pressens qu’il est encore en train de sourire. Mon regard embué se tourne vers lui. Et je n’y crois pas. Je cligne des yeux car je n’en reviens pas. Imperturbable, Julian nous observe en souriant ! Je le fixe, incrédule. Il détourne finalement le regard, mais il sourit toujours, impassible, les yeux tournés vers l’horizon. Et soudain, je sais exactement ce qu’il pense, il le répète tout le temps à Gwendolyn : « Tout cela, c’est de la comédie. C’est ta mère qui te dit de jouer la comédie. Tu n’es pas vraiment triste. Tu ne peux pas être triste puisque tu vas avec ton père. Tu adores ton père. Je le sais. Ne dis pas le contraire. »

Je sens la rage gronder, et, bientôt, je ne peux plus contenir cette tornade. Cela fait trop d’années que je me tais. Les mots jaillissent de ma bouche par rafales.

– Tu souris ? Tu n’es même pas un peu triste en voyant ta fille dans cet état ? Tu n’as donc aucune empathie ? Tu n’as pas accès à cette émotion-là, hein ? Tu n’es pas un père normal !

Il lève le bras, fait un pas vers moi, mais je l’arrête aussitôt d’une voix tonitruante que je ne me connais pas : « Ne t’approche pas de moi ! Recule immédiatement ! »

Il recule instantanément, et je crois lire une expression de crainte infantile sur son visage. Mais Gwendolyn prend peur. Pas pour elle, pour moi. Lentement, difficilement, son corps se détache à nouveau du mien et j’ai l’impression que nos chairs se déchirent. Elle murmure d’une voix blanche que je ne lui connais pas :
« J’y vais, maman… J’y vais. » Il lui tend la main, elle s’approche d’un air craintif, lui donne lentement la sienne et me regarde en hoquetant, elle fait quelques pas, puis se retourne vers moi, et j’aperçois son petit visage bouffi par les larmes.

Le compte à rebours a commencé. Trente et un jours de « vacances » avec daddy. Trente et un jours de terreur et de résistance mentale pour une enfant de 7 ans, face à un père déterminé à effacer sa mère de son cœur et de son esprit, coûte que coûte. Gwendolyn s’écrie : « Maman, je t’aime ! Ne sois pas tris… » Le reste de sa phrase se perd dans un sanglot.
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Les éléments pourront se déchaîner contre nous – comme la mer contre le granit de cette roche –, rien ne pourra briser notre mariage ni détruire notre amour, a dit solennellement Julian en me broyant la main entre ses doigts puissants. Il m’a soulevée dans ses bras, puis m’a déposée contre une fontaine dont le sol était jonché de pièces de monnaie.
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"Je dédie ce livre à toutes celles et ceux qui luttent, dans l'ignorance et la solitude, pour comprendre pourquoi l'homme ou la femme qu'ils ou elles aiment les insulte, les menace et les violente, alors que, bizarrement, il ou elle charme et séduit le reste du monde".
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Ce n’était pas terrible mais, quand on me propose de chanter pour éduquer un peu les gamins des quartiers, je ne peux pas dire non. Si mes paroles touchent le cœur d’un seul d’entre eux, je suis fou de joie.
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Ce qui est extraordinaire, c’est que des hommes qu’on tient souvent pour misogynes puissent s’abandonner à la voix d’une femme et se transformer en marionnettes agitées par ses vibrations vocales.
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Je suis un être profondément blessé, alors, lorsque tu prononces des paroles, même sans importance, je les interprète comme des attaques, des tentatives de destruction, et je perds pied.
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