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3.75/5 (sur 18 notes)

Né(e) à : Limoges , 1962
Biographie :

Catherine Bourzat, née à Limoges en 1962, est écrivain, ancienne élève de l'Ecole du Louvre, diplômée de chinois, d'histoire de l'art et d'archéologie. Sinologue et grande voyageuse, elle a passé plus de deux décennies à arpenter les routes d'Asie, particulièrement de Chine. Elle y glane rencontres, lieux et histoires, sème des livres, cultive des jardins et compose récits et contes. Pour le plaisir d'ouvrir les portes que la vie nous dérobe. Ses récits, conférences et ouvrages sont appréciés au-delà du territoire national. Elle a publié plusieurs guides et ouvrages sur l'Asie, parmi lesquels "Voyages aux sources du thé" avec des photographies de Laurence Mouton (Editions du Chêne, 2006) et "Mythologies et imaginaire du monde chinois" (Marabout, 2008). Son dernier ouvrage paru est : "L'arcane de la porcelaine. La fin d'un secret" (Limoges, 2009).

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Source : "Le thé, Histoire d'un art de vivre", musée royal de Mariemont ; http://www.ladepeche.fr/article/200
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Bibliographie de Catherine Bourzat   (16)Voir plus

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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Accroupi devant la bâche bleue, M. Seth scrute l'étal du poissonnier. Il jette son dévolu sur une alose et s'en saisit. Trop raide, elle n'est plus assez fraîche. Il se rabat sur une prise plus petite : une perche de mer, dont il écarte les ouïes ; rouge écarlate, parfait, le poisson est frais. M. Seth règle son achat et glisse son butin dans son cabas en plastique. Mission accomplie : il a assuré la substantifique moelle du déjeuner, l'achat du poisson, incontournable au menu d'un foyer bengali. En coupant à l'ombre de la halle de New Market, il salue un collègue, venu comme lui en quête de prise avant de se rendre au bureau. Il ne jette pas même un regard aux innombrables produits mis en vente dans ce ventre de la ville de Calcutta. Il n'a pas la moindre idée de la manière de choisir parmi les dizaines de variétés de légumes frais. Il ne les connaît qu'une fois accommodés par Mme Seth et servis dans son assiette. En sortant du marché, ses pas le dirigent tout droit vers sa pâtisserie préférée. Sa perche de mer est parfaite ; il a bien mérité de s'offrir un confit de lait. M. Seth déguste son mishti doi au comptoir, à même la coupelle de terre dans laquelle il a longuement cuit. D'un oeil vague et peu concerné, il balaie l'activité du marché à cette heure matinale. Mme Seth ne devrait pas tarder à arriver. Elle seule - ainsi que sa mère - sait comment opérer au bazar. Choisir le légume de saison approprié, juger de la qualité des variétés de pois chez le marchand de dal, ne pas se faire rouler dans la farine par le marchand de riz en vrac, renouveler le stock d'épices, autant de tâches dont les femmes ont le secret. Elles seules maîtrisent la cartographie des bazars de la ville. Même ici à Calcutta, on trouve rarement quelque chose qui ressemble aux supérettes, encore moins aux supermarchés, que M. Seth a découverts en rendant visite à leur fils aux Etats-Unis. Il y a bien une organisation de la vente par type de marchandises, mais, comme à Bombay, ces «rayons» sont dispersés à l'échelle de la cité. New Market pour les produits frais, Machua Bazar pour les fruits -tiens, il faudra qu'il vérifie auprès de Mme Seth, la saison des grenades est bientôt arrivée-, Bara Bazar pour tout le reste, pour tout ce qui est fabriqué. Pratiquement tout ce qui sert à la cuisine en provient : les plateaux, les assiettes, les gobelets. M. Seth, lui, n'est allé que deux fois à Bara Bazar. La première fois, c'était pour se faire faire des cartes de visite plastifiées. On lui a indiqué le secteur des vendeurs de papeterie et d'articles de bureau. Il y a découvert le gisement de cahiers de tous gabarits, avec lignages comme ci, colonnes comme ça, dont raffolent les services administratifs de son pays. Même avec l'arrivée des ordinateurs, les cols blancs indiens restent de redoutables papivores. L'autre fois, il cherchait un levier de vitesse ; le sien avait cassé. Il en a retrouvé un identique, avec un pommeau en Bakélite grise, au milieu de modèles en résine moins discrets, incrustés d'une rose artificielle ou d'une fleur de lotus. C'est vrai qu'on y déniche tout, mais il est difficile de s'y retrouver. On voit que c'est un bazar fréquenté par les femmes, avec tous ces marchands de chouchous, de barrettes, de hindi fantaisie à l'entrée. En fait, à Bara Bazar, M. Seth se sent quelque peu heurté dans sa fierté nationale.

On y sent encore trop le souvenir des années de pénurie. Quand il cherchait son levier de vitesse, on lui a proposé de le réparer plutôt que d'en acheter un neuf. Personne ne jette ce qui est cassé, il se trouvera toujours quelqu'un pour rafistoler, rapetasser, bricoler. Et tous ces objets en matériaux recyclés ! Toutes ces boîtes fabriquées avec des conserves et des bidons découpés, martelés, soudés, rivetés, équipés de glaces, de miroirs, de charnières, de crochets, de poignées ! Que de temps dépensé ! On voit bien qu'ici la main-d'oeuvre coûte moins cher que la matière première... Encore qu'il faille compter avec l'arrivée des produits «made in China». Mme Seth est très fière de sa toile cirée chinoise décorée de poissons rouges ; M. Seth regarde en coin son cabas en plastique rayé : un pur produit du recyclage de Bara Bazar. Ces marchands, quels génies quand même !, se dit-il, en récurant le pot de mishti doi avec sa cuillère. Même à ceux qui n'ont que de maigres revenus, ils trouvent le moyen de vendre ! Il paraît qu'ils gagnent des fortunes, roupie par roupie, avec leurs chapelets de lessive vendue en mini-doses.
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" Le Dao d'origine engendre l'un
L'Un engendre le Deux
Le Deux engendre le Trois
Le Trois produit les Dix-mille êtres
Les Dix-mille êtres s'adossent au Yin et embrassent le Yang
L'harmonie naît au souffle (Qi) médian"
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Les bazars sont les anthologies d'un niveau de vie chiche... le recyclage revisite la matière première à l'infini de ses possibilités.
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C'est la fin du voyage aux sources du thé. Nous aurions aimé qu'il s'achève sur un spectacle moins triste que tout ce thé maltraité pour des profits d'épiciers. Et nous nous félicitons d'avoir bravé les rumeurs et les humeurs des divinités pour gagner Nam Hsan à travers des contrées où l'on a conservé pour le thé égards et respect.
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La complexité aromatique du parfum des feuilles au nez était telle, qu'elle estompe les sensations de la première gorgée.
-On l’appelle aussi Belle de l'Orient en chinois, poursuit le connaisseur de beauté, mais on dit plutôt Dragon sombre à duvets blancs, ou thé Pom Fong, le thé des Éloges respectueux. Il est flétri, roulé et fermenté, exactement comme du thé noir, poursuit le patron. Sauf qu'on stoppe la fermentation à un moment particulier, comme pour tous les Oolong.
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Il faut bien cohabiter avec cette éternelle amertume: en ce pays on ne claque jamais la porte au nez du surnaturel. La vie au jour le jour est dictée par ses contingences, aussi fortes que celle de subvenir aux besoins de sa famille. Ajoutées aux vagues de rumeurs, elles placent ce pays dans le mouvement perpétuel d'une fabrique à légendes.
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Om name Shiva ! Gloire à toi Seigneur Shiva ! Pour toi, en offrande, une brassée de fleurs de Champa au parfum capiteux et les pieds déchaussés en signe d'humilité d'une femme qui a franchi le seuil de ton temple.
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