Catherine Delorme

Dans l'intimité, si la femme n'entre pas dans son plaisir, elle entretient le machisme de l'homme. Si elle n'ose pas prendre sa place, elle favorise, à son corps défendant, le côté masculin de la sexualité. Cet aspect de la sexualité n'est pas à juger ni à renier, il lui manque simplement sa polarité opposée pour que le rapport sexuel se transforme en occasion d'être en amour. En honorant sa féminité dans ce qu'elle a de plus précieux, la femme peut insuffler petit à petit une nouvelle conscience, non par le féminisme ou par la compétition avec l'homme, mais par la célébration !

Lorsque, consciemment, le sexe est relié au coeur, le désir se transforme en amour et va orienter la sexualité vers une dimension plus subtile, plus intérieure, plus féminine. Chaque femme détient naturellement cette dimension féminine, mais elle est à explorer afin d'ouvrir totalement la voie vers le sacré. La sexualité, dans sa polarité masculine, est plus active, plus tonique, yang ou animale. Chaque polarité aura son rythme et chaque rythme aura sa place parce qu'il fait partie d'un mouvement fluide, d'une danse des corps et des sexes, non pas d'une volonté d'action issue du mental de l'un et de l'autre. C'est dans le laisser-faire, l'abandon et la relaxation que se trouvent l'extase, l'amour, la communion. Le mental nous met le plus souvent dans le devoir, la volonté, un but à atteindre et nous éloigne de cette dimension d'amour et de communion. Par contre, lorsque nous sommes dans l'abandon à ce qui se vit là, ici et maintenant, le devoir conjugal n'a plus aucun sens.

Passer d'une relation passionnelle à une relation passionnante est le fruit d'un processus de maturité affective. Dans la passion chacun se perd et souffre, cela peut devenir même extrêmement destructeur. Ce qui devient passionnant, c'est de savoir se rencontrer soi-même sans se perdre pour pouvoir rencontrer l'autre avec autant de fraîcheur, de désir, d'amour et d'intensité qu'au début de la relation. Le désir est fragile, a ses hauts et ses bas et, par ses fluctuations, il nous met dans le doute, l'insécurité, les remises en question, la peur de l'engagement. Lorsqu'il est relié à l'amour et à la conscience, il peut se vivre plus paisiblement et devenir source d'enseignement.

L'énergie sexuelle est reliée à notre corps émotionnel. Toute émotion négative fixe, fige, contracte certaines parties de notre corps. Ceci nous maintient dans des comportements qui nous emprisonnent, nous isolent, nous angoissent ou nous remettent continuellement dans les mêmes rails. Par exemple, dans nos relations amoureuses, nous changeons de partenaire, mais nous nous retrouvons avec les mêmes difficultés dans chaque nouvelle relation. Tant que l'énergie est bloquée à certains endroits de notre corps, le comportement qui y est lié est fixé et nous maintient dans un certain fonctionnement. Lorsque, par des exercices spécifiques, nous remettons en mouvement l'énergie dans ces parties du corps, celle-ci va laisser remonter à la surface ce qui est figé dans l'inconscient et le transformer. C'est un processus alchimique puissant qui transforme l'ombre en lumière.

Investir son énergie sexuelle avec conscience, c'est s'engager dans une voie d'éveil dans laquelle il est possible d'apprendre à élargir ses sensations corporelles, ses perceptions, ainsi que la capacité orgasmique et extatique de son corps. Pour l'homme comme pour la femme, c'est expérimenter le fait d'être présent à soi-même au lieu de se couler dans des savoir-faire limités à un seul but : atteindre l'orgasme, clé d'une relation sexuelle soi-disant réussie. Bien souvent, cette course à la réussite empêche la véritable rencontre, crée des frustrations, car elle ne nourrit que l'égo et non l'âme.

Dans ses dimensions énergétique et spirituelle, la sexualité nous invite à être créateurs de notre vie et, plus encore, au sein de nos relations amoureuses, d'être co-créateurs, avec notre partenaire, d'un espace de rencontre conscient qui nous élève.

Dans la dimension physique, la sexualité est source de créativité puisqu'elle permet de procréer. L'Église l'a d'ailleurs enfermée dans cet unique principe ; c'est pourquoi elle a perdu, au fil du temps, cet aspect sacré et sa capacité d'élever la conscience. Cet enfermement l'a petit à petit séparée de l'amour et d'une capacité de rencontre profonde entre deux êtres. Avec la soi-disant libération sexuelle, elle est devenue un bien de consommation comme un autre. Elle se retrouve cantonnée à un acte de performance, sans conscience et sans âme. Le résultat est que de plus en plus d'individus sont frustrés, les couples se séparent, au pire, les perversités augmentent (pornographie à outrance sur Internet, viols collectifs, pédophilie...).

Les femmes ont à retrouver le sens profond et la noblesse de la féminité, car dans la conscience collective, elle est associée à des rôles qui les emprisonnent dans des schémas très limitatifs. Lorsqu'elles auront compris et intégré la signification des polarités masculine et féminine en elles, ainsi que leur impact sur leur manière d'être et d'agir dans leur vie, elles se mettront à rayonner, s'ouvriront à la joie simple d'être présentes, développeront leur puissance créative, leur confiance en elles.

Notre pôle féminin passe par l'action, mais l'action qui nous connecte à notre monde intérieur. L'action étant le propre du pôle masculin, l'un ne va pas sans l'autre, ils sont faits pour s'enrichir mutuellement. Si le pôle masculin est séparé du féminin, c'est l'action froide, calculatrice, la rationalisation à outrance. Si le féminin est séparé du masculin, il devient passivité et son énergie s'épuise au bout d'un moment, car il n'y a plus de mouvement.

Notre pôle féminin passe par l'action, mais l'action qui nous connecte à notre monde intérieur. L'action étant le propre du pôle masculin, l'un ne va pas sans l'autre, ils sont faits pour s'enrichir mutuellement. Si le pôle masculin est séparé du féminin, c'est l'action froide, calculatrice, la rationalisation à outrance. Si le féminin est séparé du masculin, il devient passivité et son énergie s'épuise au bout d'un moment, car il n'y a plus de mouvement.

Notre société occidentale entretient un système dans lequel il faut être de plus en plus efficace, performant, produire et consommer. Le Faire et l'Avoir tiennent alors une grande place par rapport à l'être d'où de nombreux déséquilibres psychiques, des angoisses, des frustrations, de insatisfactions chroniques, un manque évident de joie de vivre.

L'égo est très fort pour résister aux changements que nous sommes prêts à mettre en place par un travail de développement personnel. Tant que nous luttons contre lui, il se renforce. Il s'agit de le reconnaître avec bienveillance et fermeté, de le sécuriser pour qu'il collabore et savoir remettre en question le travail sur soi, car il sait utiliser tous les stratagèmes pour nous faire croire que nous avons évolué. Tout est question d'équilibre. Si nous faisons à l'égo sa place, si nous nous désidentifions à cette personnalité construite, nous pourrons alors donner voix à notre être intérieur. Notre être intérieur prend sa source dans notre réceptivité, notre sens du discernement et notre humilité.

Ce que je nomme énergie vitale ou énergie sexuelle est pour moi la même chose. Lorsque nous enlevons les étiquettes, nous constatons que c'est exactement la même énergie. Nous n'avons pas à les différencier, à les comparer ou les qualifier différemment, elles sont UNE. Si je parle d'énergie sexuelle, c'est parce qu'elle prend sa source dans le 1er chakra, siège des organes génitaux et de la sexualité. Mon travail consiste à éveiller cette énergie sexuelle ou énergie vitale afin de transformer notre manière de vivre la sexualité et l'intimité. L'intimité ne se limite pas à la sexualité, elle détermine notre capacité à exprimer ce qui se passe au plus profond de nous et à le partager avec une autre personne. L'intimité s'apparente à nos fondations, ce sur quoi nous nous sommes bâtis pour survivre. En éveillant notre énergie vitale ou sexuelle, nous allons optimiser nos potentialités, non pas pour survivre, mais pour être pleinement vivant.

Derrière la colère se cache l'expression de besoins vitaux que la personne en colère ne perçoit pas toujours clairement. En général, il s'agit de sentiments d'insécurité, de peur de l'envahissement ou du rejet, d'un sentiment d'impuissance, etc. La colère est une réaction qui apparaît lorsque nous avons attendu trop longtemps avant de poser des limites ou avant d'avoir exposé ce que nous ressentons dans une situation qui ne nous convient pas. Elle apparaît également lorsque nous ne nous sentons pas entendu(e) ni compris(e), lorsque nous sommes dans la négation de nous-mêmes.

Dans certaines situations, dire non à l'autre signifie se dire oui à soi, se respecter, poser une limite juste et constructive. Cela va parfois jusqu'à dire OUI à la vie, se donner le droit de vivre, d'exister d'une manière qui nous correspond vraiment.
Il faut alors savoir à quoi ou pourquoi vous dites non, que vous le sentiez intérieurement, dans vos tripes, pas dans votre tête. Cela va vous demander d'être en lien avec votre intimité, afin de pouvoir exprimer de vrais oui et de vrais non en toute situation, y compris dans la sexualité.

Prendre soin de soi, c'est s'offrir des plages de repos et de bien-être dans ces moments où notre cycle hormonal change et où nous sommes plus vulnérables. Par exemple, après l'ovulation, nos hormones se modifient jusqu'aux règles et nous entrons dans une phase plus introvertie. Notre corps demande plus de douceur et d'attention car si nous avons tendance, dans ces moments-là, à être d'humeur dépressive, c'est parce qu'il ne supporte plus la pression que nous lui imposons. Pendant cette phase, notre corps a besoin que nous changions de rythme.

Plus vous serez à l'écoute de vos sensations et de vos émotions, plus vous retrouverez de l'énergie, car vous ne laisserez pas votre mental ressasser dans le vide. Toute émotion agréable ou désagréable a du sens. Il est facile de l'accueillir lorsqu'elle est agréable. Si vous cherchez à l'éliminer quand elle est désagréable, elle va persister car ce qu'elle a à dire est important.

La femme qui veut changer l'homme ne sait pas non plus investir totalement sa part féminine. Elle va projeter ce manque sur l'homme en lui demandant d'être dans un espace où elle n'est pas non plus capable d'aller. Elle va attendre de lui un amour réparateur qu'elle n'a pas conquis elle-même. Elle vit bien souvent une énorme colère contre l'homme, en général, qu'elle tente d'éviter en demandant à l'homme d'être un idéal d'amour et de compréhension. Elle ne saura donc pas l'accueillir dans son essence masculine car elle en a peur. Elle ne saura pas non plus le sécuriser émotionnellement pour qu'il entre dans sa vulnérabilité.

À mon sens, la fidélité primordiale est celle d'être constant(e) dans le choix de prendre soin de nos valeurs intérieures et de ne pas laisser s'installer ce qui ne nous satisfait pas dans la relation, en le camouflant par divers stratagèmes.

L'insécurité est également un moteur dans la relation, car la peur de perdre l'autre nous met aussi dans un mouvement d'attention et de vigilance pour soi-même et vis-à-vis de l'autre. Trop de sécurité et de confort provoquent souvent l'endormissement de la dynamique du couple. Ça ronronne... et ça dort ! L'engagement, c'est aussi être attentif à cette dynamique et si, malgré tout, le couple se sépare, l'engagement investi vis-à-vis de soi-même continue. Nous n'avons pas le sentiment d'avoir tout perdu parce que nous avons tout misé sur l'autre.