Les épreuves laissent des marques profondes, telles des cicatrices, même si elles restent invisibles pour qui ne les a pas vécues.
Il a songé en particulier, aux autistes. En effet, notre monde n'est pas fait pour eux. Ils pensent différemment. Ils ne voient pas ce que l'on voit. Ils sont trop francs, trop honnêtes, trop doués dans ce qui accapare leur attention.
- Oh, cela suffit, finissait toujours par dire Patience, je commence à avoir mal à la tête. Persé, ta sœur a raison. Cesse de te donner des airs importants parce que tu prétends faire beaucoup de choses à la maison. Tu n’es pas en compétition avec Sassi. N’oublie pas que, dans la vie, nous sommes des alliées et chacune effectue la tâche pour laquelle elle est née.
- Alors, vous, Mère, que faites-vous exactement ? demanda narquoisement Persévérance.
- Ah, moi, je ne travaille plus. Je n’ai pas votre âge et, après tout, je vous ai déjà élevées.
Le cœur était le siège de l'amour et de la vérité.
Quand le dessein d'un humain était d'acquérir de la richesse sur le plan matériel, un lutin rose souhaitait vivre des riches expériences qu'il pouvait transmettre.
En apprenant des autres, on apprend aussi sur soi.
La Mère est, de par sa nature, un crocodile qui chercherait à dévorer sa progéniture si la loi du Père n'était là pour l'en empêcher.
- Si je comprends bien, conclut l'aînée des sorcières, les humains de vos époques vont maladivement obsédés par la laideur.
- Ce n'est pas le cas pour toi ici ?
Chiara Bosse éclata de rire.
- Là où je vis, on a inventé le "politiquement correct".
- Qu'est-ce donc ? demandèrent en chœur ses consœurs.
- C'est une façon de ne pas voir les choses telles qu'elles sont. Ainsi, personne n'osera dire que je suis proprement hideuse. On me prendra en pitié en me parlant de l'importance de la beauté intérieure. Mais, quoi qu'il en soit, personne n'osera me faire la moindre remarque sur mon physique disgracieux.
Ah, le devoir ! Voilà bien un mot magique qui permet au parent abusif d’exiger tout et n’importe quoi de son enfant pour l’indemniser de la corvée de l’avoir mis au monde. Et puis, elle travaillait tellement qu’elle ne prenait pas le temps de penser. Malgré elle, elle laissait donc à sa famille le soin de lui former ses opinions.
- Quand même, Mère, j’ai vingt ans, il me faudra bien un jour quitter la maison, répétait Persévérance avec lassitude.
- Oui, bien sûr, ma chérie, quand tu seras aussi accomplie que ta sœur. As-tu vu le délicieux col en dentelle qu’elle a réalisé pour madame Gentille des Prés ?
- Mais je travaille plus qu’elle et je vends plus de paniers qu’elle ne vend de dentelle.
- Certes, certes, mais la dentelle de ta sœur nous amène du beau monde à la maison. Tu pourras te vanter que tu connais la comtesse des Prés.