Charlène Law

Si je ne trouve pas l’amour, c’est sans doute en partie à cause de mon job. Voudriez-vous d’une femme qui ne dort pas à la maison les nuits, les week-ends et qui passe son temps à servir des mecs bourrés ? Franchement, qui voudrait s’unir à ce genre de femmes.

Vêtue d’un jean moulant, d’un débardeur noir, d’une paire de baskets confortable et de ma nouvelle coupe de cheveux, je suis prête pour affronter tous les pauvres mecs de la région. Je ne pense pas trouver l’amour derrière mon comptoir. Cela fait maintenant dix ans que je travaille dans ce milieu et j’ai abandonné toute illusion à ce sujet. Je fais partie de ces filles qui espèrent en secret qu’un jour leur prince viendra les sortir de cet enfer.

C’est fou, comment la curiosité peut être mauvaise. Ça m’avancera à quoi de la lire ? Elle ne m’est pas destinée.

Regarde cette couleur lumineuse, aucune nana n’a le même blond. Il est si brillant et tous ces reflets te vont à ravir, ma jolie. Et tu as vu ? J’ai gardé ta longueur comme tu le voulais. Je suis la plus douée ! se vante-t-elle.

J’ai confiance en elle, mais à chaque fois j’ai peur. C’est plus fort que moi. Quand je vois qu’elle y va franchement et que des mèches de cheveux volent dans tous les sens, je serre les fesses.

De nos jours, les lettres se font rares. On envoie un SMS ou bien on passe un coup de fil pour donner de nos nouvelles, mais aucune trace ne reste, rien pour se souvenir du passé, des moments partagés, des mots écrits sur du papier choisi pour l’être aimé afin qu’il puisse lire et relire nos quelques lignes dévoilant notre cœur. Je me demande même si un jour j’ai reçu une lettre.

Ma petite Frenchie a des mains en or. Il n’y a pas une seule nana dans le quartier qui ne passe pas sous son coup de ciseau. En un rien de temps, elle vous transforme. Je l’ai surnommée ma bonne fée comme dans Cendrillon. D’un coup de ciseaux magiques, elle fait surgir la princesse qui sommeille au fond de nous toutes.

Je me regarde dans le miroir à la recherche de nouvelles marques de vieillesse. Je n’ai que 31 ans, mais j’observe que de petites rides de plus en plus nombreuses s’invitent sur mon visage. Ce reflet reste sans appel sur mon capital jeunesse, je serre les dents. Avant 30 ans, on peut se réveiller à côté d’un mec sans se poser de questions. Fraîche comme la rosée du matin. On ne risque pas de le faire fuir avec nos poches sous les yeux, nos cheveux en bataille et notre corps qui craque de partout comme une vieille machine d’antan