Charlène Law

Une seule nuit, une seule et unique nuit, quand je suis sorti de prison. J’étais seul, et après des années passées derrière les barreaux, elle a tout fait pour me séduire. Depuis que je suis entré dans ce milieu et que nous faisons équipe, elle n’a cessé de me faire du rentre-dedans. Je te jure que cela ne voulait rien dire.

Nos gestes sont en suspens tout comme le temps. Les yeux dans les yeux, nous exprimons nos ressentis en silence. Avec lui, je n’ai jamais eu besoin de parler. Tout passe par le regard. Enfin je le croyais.

L’adrénaline coule dans mes veines et me donne de la force pour les devancer. Je manque d’air. Je m’essouffle rapidement. Je cours, je cours sans réfléchir. Un dernier coup d’œil dans mon dos et je m’aperçois qu’ils m’ont vite rattrapée.

J’ai passé ma vie à te chercher. J’ai passé ma vie à soigner mon cœur de ton absence alors non je ne vais pas te quitter maintenant.

Ses yeux bleus me touchent en plein cœur. J’ai vraiment cette sensation, depuis le début, que je le connais. Mais c’est impossible. Si j’avais rencontré un type comme lui auparavant, je m’en souviendrais. Il faudrait être amnésique pour l’oublier.

Mon regard se baisse encore et le détaille sans aucune pudeur. Je ne me reconnais pas. Jamais auparavant, je ne me serais permis de violer un mec avec mes yeux. La peau encore humide, il déambule dans la pièce laissant des traces de pieds sur la moquette. Je devine sous cette maudite serviette ses jolies fesses rebondies. Bordel, il est à tomber. Je remarque malgré tout des cicatrices sur son flanc et dans son dos. Je me demande bien ce qui lui est arrivé pour avoir de telles marques sur le corps.

J’ai tellement eu de pression aujourd’hui qu’il me faut bien plus qu’une coupette pour me remettre de mes émotions. Mais je suis une femme civilisée et je ne vais pas finir cette soirée inoubliable à quatre pattes. Enfin la petite cochonne qui se cache au fond de mon corps et qui essaie de me dévergonder n’y voit pas d’inconvénient, mais pour d’autres raisons.

J’avoue que l’idée de me mettre au chaud et en sécurité dans une chambre où je pourrai poser mes fesses dans un fauteuil bien douillet me tente bien. Le problème est que je ne le connais pas. Si pour une raison ou une autre il s’imaginait qu’en acceptant son idée je lui laisse une porte ouverte… Et si, une fois là-haut enfermés dans la chambre d’hôtel, il me sautait dessus… Qu’est-ce que je ferais ? Vu sa carrure, impossible pour moi de me défendre.
Je réfléchis encore et encore. Mille questions me traversent l’esprit. Entre la raison et l’envie, il n’y a qu’un pas.

Il me sonde sans gêne. Je baisse les yeux, un brin réservée et timide. C’est la première fois qu’un mec me met dans cet état. Personne ne parle. Le silence s’installe. Il continue de me scanner. Que cherche-t-il à me détailler comme ça ? Je commence à être mal à l’aise. Par contre lui, cela semble l’amuser.

Ses yeux me bouleversent. Il a quelque chose en lui qui me touche. C’est comme si je le connaissais depuis toujours. Les secondes se figent un instant. Il est très séduisant. Son visage lumineux, ses yeux rieurs me frappent. Je n’y avais pas prêté attention jusqu’à présent, j’étais bien trop stressée et préoccupée avec cette histoire de vol.

Je dépose l’enveloppe dans le tiroir de la console à l’entrée où j’ai déjà rangé les autres. Pourquoi est-ce que je ne m’en débarrasse pas ? Je ne sais pas. Quelque chose en moi m’incite à les garder.
Elles pourront peut-être me servir de preuve au cas où mon mensonge me reviendrait à la gueule comme un boomerang.

Je sais juste qu’il écrit tellement bien qu’il peut faire monter la température de mon corps en quelques lignes. Peut-être qu’il réveille en moi les souvenirs d’un autre amour.

Ma vie ressemble à un calendrier. Peu importe où tu fais une croix, rien ne change. Les jours passent.

Je l’entends pousser des cris derrière la porte. Je la supplie de ne pas tout lire, mais elle est comme moi, bien trop intriguée pour arrêter la lecture avant la fin.

Je rêve de connaître un amour aussi passionné. Cet homme semble éperdument amoureux. Mais maintenant que j’ai ouvert cette lettre et vu son contenu je ne pourrai jamais regarder la destinataire dans les yeux : « Excusez-moi, je vous redonne votre courrier, il est ouvert, mais je mourais d’envie de lire la lettre. Pardonnez-moi si vous trouvez des traces de bave dessus, je n’ai pas pu résister ! »
C’est fichu, j’ai brisé un amour. Elle ne recevra jamais la lettre et elle pensera qu’il n’a pas répondu à la sienne.
Et si je la remettais dans une enveloppe neuve ? Faut-il encore que je trouve un magasin où acheter ces enveloppes rouges !

Je suis à bout de souffle quand enfin je finis de lire la lettre. Je pose les feuilles sur le canapé encore sous le choc. Qui aurait cru qu’il y avait une telle tension enfermée à l’intérieur de cette enveloppe ?
J’ai les jambes crispées et la culotte trempée. Je ne peux pas rester comme ça une journée entière. Je vais violer un homme si j’en croise un après ça !

Jamais je n’ai ressenti une telle excitation à la lecture d’une déclaration d’amour. C’est peut-être dû au fait que j’ai patienté avant de l’ouvrir ? Quoi qu’il en soit, je crois bien que je ne vais pas pouvoir résister à l’envie de me masturber.

Je passe mes nuits à imaginer l’odeur de ta peau. Je m’imagine blotti contre toi, caressant ton corps délicat jusqu’à te faire perdre la raison pour que tu me supplies de ta voix douce de te faire l’amour.
Oh, mon Dieu ! J’ai chaud tout à coup. C’est bien plus qu’une lettre d’amour. C’est une invitation sensuelle ! Je suis si captivée que je ne peux m’empêcher de lire la suite. Mes yeux glissent sur les mots et font défiler les phrases plus chaudes les unes que les autres.

Un homme sur dix a déjà eu un coup de foudre en regardant une femme sur le trottoir se prenant un réverbère alors pour booster mon destin, dorénavant je ne marcherai plus que sur des trottoirs où il y aura des lampadaires.

Ce matin est un jour pas comme les autres, un jour nouveau où j’ai devant moi un avenir plus carré qui me tend les bras. J’ai décidé de prendre ma vie en main pour trouver le grand amour. J’ai lu dans Cosmo que ce qui fait craquer les hommes chez nous ce n’est pas forcément ce que l’on croit.