Charlène Law

C’est bizarre cette sensation que j’ai quand je suis à deux doigts de tout foutre en l’air. Le soulagement, la liberté qui me gagnent doucement. Toutes mes craintes s’envolent comme par magie. À croire que la vie m’importe peu.

Tous mes fantasmes s’écroulent comme un château de cartes. En même temps, je le comprends. Après une nuit comme celle-ci, je ne sens pas la rose. Je me demande même comment il fait pour avoir encore envie de moi.

C’est dans tes yeux que je veux briller, pas dans les siens. Il n’y a que toi qui comptes et ça depuis toujours. Avec ce qu’on a vécu et le pacte qui nous lie, je ne vois même pas comment tu peux douter. C’est toi qui m’importes et tu le sais ?

L’amour peut faire autant de bien que de mal. Je n’ai aucune idée de qui il est devenu mais je suis sûre d’une chose : moi, je l’aime sans avoir besoin d’en savoir plus, sans aucune logique.

J’ai beau me coller à Aaron pour m’imprégner de sa chaleur, ça ne change rien. Je ne sens plus mes jambes ni mes bras. Je crois bien que j’ai perdu mes orteils en route. Je ne me soucie pas de la destination, je me concentre pour ne pas claquer de froid dans son dos. Encore une dizaine de kilomètres comme ça et il me retrouvera bleue et dure à l’arrivée.

J’étais prisonnière du noir et Aaron est réapparu pour couvrir mon âme de baisers et d’espoir. Je ne sais pas ce que la vie à ses côtés me réserve, mais je m’en fiche, je veux vivre avec lui, même si je dois courir toute ma vie.

Ma vie n’est pas faite pour toi. Mais tu ne me laisses pas le choix. Bordel ! Lucy… Tu as pris mon cœur en otage… Ça me rend malade de devoir t’emmener dans une vie qui ne te vaut pas. Mais je suis encore plus triste de t’abandonner seule. Je suis incapable de choisir pour toi.

Mon cœur me fait mal tellement il tambourine à l’intérieur de ma poitrine. Tous les souvenirs de mon adolescence reviennent à la surface. Ses lèvres effleurent ma bouche pendant que ses mains me maintiennent en place, pour que je ne puisse pas lui échapper. Je ferme les yeux et savoure la douceur de son contact sur ma peau. Il m’embrasse tendrement. Ses dents me mordillent la lèvre inférieure. Je le laisse faire. C’est divin. Je reste pendue à ses lèvres. Son baiser s’emballe. Il me mange et me dévore.

Ma langue tourne autour de son sexe, le léchant, le dévorant et l’engloutissant. De temps à autre, je laisse mes dents le titiller. Il recule légèrement, mais il aime ça.

C’est toujours lui qui venait à ma rencontre, c’est lui qui m’a embrassée la première fois, c’est lui qui a pris mon cœur et ma virginité. Même si nous avions le même âge, Aaron dégageait une assurance qui m’a toujours intimidée et rassurée. J’ai toujours su qu’il serait l’unique homme de ma vie. Il y a parfois des vies qui se croisent et qui ne se quittent jamais. Si la vie s’est acharnée à nous séparer, nos cœurs ne se sont jamais oubliés.

Sa bouche charnue parsème ma peau de délicieux baisers. Mon cœur se remplit de sang chaud et se contracte à chacun de ses contacts. Ses doigts s’entrelacent aux miens. Je me laisse aller en arrière contre son torse musclé. Doucement, il me fait reculer. Pieds nus, je fais machine arrière en saluant d’une révérence le saut de l’ange.

Un frisson doux parcourt mon corps. Il n’y a que dans ses bras que je me sens vivante. Il n’y a qu’à travers ses yeux que je veux exister. Si c’est impossible de vivre à ses côtés, à quoi bon continuer à exister ? Toute ma vie je l’ai attendu. Toute ma vie, j’ai cherché son reflet derrière moi. Dans la foule, mes yeux désespéraient de le revoir un jour.

Sache que toute ma vie, je l’ai passée à t’aimer. Tu es l’amour de ma vie et bien plus encore. J’emporte avec moi toutes ces sensations que mes sens ont pu recueillir de ton être tout entier. L’odeur de ta peau, la douceur de tes courbes, le son de ta voix lorsque tu as crié mon nom, ton regard qui se perd dans le mien quand tu cherches un point d’ancrage.

Mon cœur n’est plus. J’ai cru mourir en te voyant allongée dans ce lit, le flacon dans une main, ma lettre dans l’autre. Pardonne-moi. Je pensais bien faire en m’éloignant de toi. Si seulement je pouvais revenir en arrière, nos vies seraient tellement différentes.

La vie vaut la peine d’être vécue. Parfois c’est difficile, mais souvent une belle surprise vous attend au bout. Croyez en votre destin.
Tu parles d’un destin ! Je ne suis pas née sous une bonne étoile. Ma vie est douloureuse et pénible. J’ai passé ma vie à me battre contre mes souffrances internes. Ça fait longtemps que je n’ai plus de cœur. Pulvérisé et dispersé, mon cœur, je le ramasse à la petite cuillère et le traîne comme un fardeau.

Le désespoir se remet à table tranquillement, là où il s’était arrêté quelques jours plus tôt. Une larme coule le long de ma tempe allant s’échouer sur l’oreiller. La vie ne me fait donc aucune faveur. J’ai beau vouloir y mettre fin, elle est toujours là et s’accroche à moi comme une sangsue.

Peu importe. L’enfer ? Je connais déjà. Et puis Lucifer est plutôt pas mal à ce qu’on en dit. Il faut bien qu’il nous attire dans ses griffes. Un beau mâle, brun et ténébreux, le corps chauffé par les flammes de l’enfer avec des petites cornes sur la tête et sa longue queue de diablotin.

J’ai beau lutter, c’est trop tard. Les comprimés sont déjà dans mon sang à la recherche de mon cœur pour l’apaiser et lui rendre sa liberté. Je n’ai pas peur, bien au contraire. J’ai presque le sourire de savoir qu’enfin mon calvaire va prendre fin. Ma respiration est maintenant plus lente. Je sens le début de la fin me tendre la main.

Peu importe ce qu’il a fait, je veux vivre avec lui, auprès de lui, et respirer sa peau chaque seconde de ma vie. Je crie, de douleur cette fois. Je connais ce mal qui grignote la moindre partie de ton être jusqu’à ne plus rien te laisser. J’ai juré ne plus jamais vivre avec cette souffrance.

Mon cœur n’existe plus. Il vient de se faire pulvériser. J’ai envie de mourir. Je ne veux plus souffrir. J’en ai assez ! Je ne veux plus vivre avec cette douleur insupportable en moi. Le destin m’enlève chaque personne qui compte pour moi depuis que je suis jeune. Alors à quoi bon vivre seule et malheureuse ? Je ne veux plus ressentir cela. Non, je ne le supporte plus.