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Critiques de Charles Onana (6)
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Joséphine Baker contre Hitler : La star noire..



Si tout le monde connaît Joséphine Baker (1906-1975) comme chanteuse au Casino de Paris, l’interprète de "J’ai deux amours", sa ceinture de bananes et allure exotique, sa liaison avec Georges Simenon qu’elle avait recruté comme son secrétaire... en revanche, son rôle pendant la dernière guerre mondiale est nettement moins connu.

Je vais donc me limiter à son engagement pour la France Libre pendant l’Occupation, tout en signalant que "Les mémoires de Joséphine Baker" sont parues en 2006 aux Éditions Dilecta.



Mais d’abord un mot sur l’auteur. Charles Onana est un journaliste d’investigation et essayiste franco-camerounais né en 1964. Il a un doctorat en sciences politiques de l’université de Lyon et est surtout connu pour ses ouvrages sur le génocide au Rwanda et l’ancien président de la République centrafricaine Jean-Bedel Bokassa.



La position de Joséphine Baker a été très claire et sans la moindre ambiguïté ou équivoque dès le début de l’envahissement de la France. Tout de suite elle a décidé d’arrêter ses spectacles sur le territoire occupé, ce qui lui a valu des problèmes d’argent et un conflit avec Maurice Chevalier.



Sa décision et résolution ne s’expliquent pas seulement par la couleur de sa peau et la judéité de son mari, Jean Lion, ou la peur pour les persécutions des noirs et Juifs. Chez elle, il y a eu un véritable attachement au pays qui l’avait adopté et lui avait permis une carrière et un succès. Le texte de sa célèbre chanson était devenu : "J'ai deux amours, mon pays est Paris" (au lieu de "mon pays et Paris").



Charles Onana ne mentionne pas la date exacte où la jeune dame originaire de Saint-Louis dans le Missouri s’est présentée chez le capitaine Jacques Abtey (1906-1998), chef du contre-espionnage militaire à Paris, pour offrir ses services dans la lutte contre la peste brune, mais cela s’est passé en tout cas tout à fait au début.



Lorsque le capitaine Abtey n’obtenait pas de visa pour le Portugal afin d’y passer des informations vitales à son homologue anglais, Wilfred Dunderdale du "Secret Intelligence Service", entre autres relatives aux fortifications allemandes des côtes françaises, c'est Joséphine qui s’en est chargée. Elle a trimballé ces plans dessinés à l’encre invisible sur ses partitions musicales et d’autres papiers dans son corsage.



Par la suite, elle a minimalisé son courage et efforts en racontant qu’aux postes frontaliers les douaniers étaient surtout intéressés à obtenir un autographe de la vedette.



Jacques Abtey, qui a été son officier traitant pendant toute la guerre, a publié en 1948 "La guerre secrète de Joséphine Baker" aux Éditions Siboney.



À part ses pérégrinations en Afrique du Nord, au Maroc et en Algérie, pour des missions de renseignements militaires, la "Princesse Tam Tam" (titre d’un de ses films réalisé en 1935) a multiplié ses concerts bénévoles pour le moral des soldats alliés. Ce qui est d’autant plus appréciable que pendant toute une période elle a eu de sérieux problèmes de santé (lésions à la suite de fausses couches, péritonite...) et une assez longue hospitalisation à Casablanca.



Joséphine Baker, une gaulliste de la première heure a eu l’ambition de rejoindre Charles de Gaulle à Londres, mais certaines priorités l’ont décidé de se faire recruter dans la section de l’IPSA, infirmières Pilotes de l’Air, et c’est comme lieutenant de l’armée de l’air que notre Joséphine a débarqué à Marseille en octobre 1944.



À la libération Joséphine Baker a reçu la médaille de la France Libre avec rosette, la Croix de guerre avec palme et a été nommé chevalière de la Légion d'honneur.

Des reconnaissances officielles largement méritées pour son courage, initiatives et efforts continus.

Ses médailles et robes on peut aller admirer au Château de Milandes à Castelnaud-la-Chapelle en Dordogne, son ancienne demeure.



Ce bel hommage de Charles Onana, qui ne compte que 189 pages (notes de bas de page, bibliographie et annexes comprises), plus 8 pages de photos, se lit très vite.

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Rwanda, la vérité sur l'opération Turquoise

En 2019, le journaliste et essayiste Charles Onana fait paraître Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise : quand les archives parlent enfin (L’Artilleur). Dans cet ouvrage, il est intéressant de constater que Charles Onana est l’un de ces personnages prolixes dans l’espace médiatique qui utilisent l’opération Turquoise comme un outil permettant de contrer, à l’instar d’autres historiens, une version falsifiée des événements communément rapportée.



Très logiquement il procède à une contextualisation historique des événements car ce qui se passa dans les années 1990 ne fut que le plus récent épisode d’une lutte immémoriale entre Hutus et Tutsis. Considérer la « tragédie rwandaise » avec les « lunettes du génocide » reviendrait ainsi à occulter « l’essentiel ». Un « essentiel » que Charles Onana entend replacer au cœur du récit en réintégrant dans celui-ci la conquête militaire du pouvoir menée par le FPR, les massacres de civils hutus auxquels ses troupes se livrèrent, l’exode massif de populations qu’elles provoquèrent, l’assassinat, le 6 avril 1994, du président Habyarimana et la reprise immédiate des hostilités par la rébellion.



Quant à la stratégie de communication déployée par l’organisation politico-militaire, elle est un élément non moins « essentiel » que l’auteur entend réintégrer au centre de l’analyse. Une fois ces éléments pris en compte une double évidence se fait jour : les tueries qui dévastèrent le Rwanda furent le fait des deux parties en conflit et, surtout, c’est le FPR qui fut manifestement, au regard d’un décorticage des faits, le véritable « responsable et planificateur » du génocide parce qu’il initia et poursuivit l’affrontement quoiqu’il arrive.



Il est alors aisé prendre la mesure de l’efficacité de la « campagne de diversion et de dissimulation » menée par le FPR en direction des médias et des organisations non gouvernementales. L’organisation s’attacha à imposer l’idée que le Gouvernement intérimaire rwandais (GIR), mis en place après l’attentat du 6 avril 1994, avait entrepris dans tout le pays un génocide contre la composante tutsie de la population. L’efficacité de cette intense action de lobbying fut telle que, sous l’effet de la charge émotionnelle, la qualification de génocide appliquée au massacre des Tutsis fut considérée par tous, Nations unies y compris, comme une évidence.



Le « génocide » et sa planification ayant envahi tout l’espace médiatique et social, ajoute l’auteur, une « chape de plomb » fut posée sur les massacres commis par le FPR contre les populations hutues. Ces crimes devinrent « invisibles ».



Il ne s’agissait pas seulement pour le FPR, écrit Charles Onana, d’occulter sa véritable nature et de détourner les regards des multiples crimes contre l’humanité qu’il perpétrait. Il fallait également dissimuler un complot ourdi par la rébellion et ses alliés occidentaux, dont les États-Unis : un plan d’invasion du Zaïre destiné à assurer à ceux-ci, en échange de leur soutien, le contrôle des ressources minières du Kivu. L’exode de quelque deux millions de Rwandais au mois de juin 1994 aurait ainsi été partie intégrante de la stratégie du FPR bien en amont du génocide : l’encerclement de la population à partir du nord et de l’est du pays provoquant sa fuite massive au Zaïre devait créer le prétexte qui serait invoqué par la suite pour une invasion programmée.



Selon Charles Onana, l’« escroquerie » au génocide eut une ultime fonction. Dès l’annonce de l’opération Turquoise, le FPR entama, rappelle-t-il, une virulente campagne médiatique accusant Paris de vouloir secourir les forces génocidaires et empêcher sa victoire. Diaboliser l’initiative française au moyen de l’accusation de complicité de génocide visait à empêcher le déploiement de troupes qui allaient constituer un obstacle sur la route de la rébellion vers le pouvoir. Lorsque ces troupes furent finalement déployées, et le commandement de Turquoise installé à Goma, porte d’entrée du Zaïre, il fallut tenter de neutraliser par le discrédit une force qui gênait l’afflux programmé de Rwandais dans ce pays.



La presse américaine, puis la presse française, accuse l’auteur, relayèrent la campagne du FPR, taisant son rôle dans la montée des tensions ainsi que ses crimes. Les médias français firent alliance avec les rebelles, ouvrant leurs colonnes à leurs thèses. Rédigés sans distance critique, sous l’emprise de l’émotion, s’exonérant de toute exigence déontologique, démontrant une méconnaissance totale de l’histoire politique du Rwanda, de nombreux articles accusèrent la France de complicité de génocide.



Tout ce dont l’opération Turquoise fut alors accusée, est en réalité dépourvu de fondement. Aucun document, aucune enquête ou témoignage crédible ne corroborent des allégations que, du reste, les faits démentent. Comment penser sérieusement, résume l’auteurl, que Paris, ayant entrepris une action de relations publiques visant à restaurer l’image de la France, ayant d’autre part pris le soin de faire accompagner à cet effet l’opération de nombreux journalistes, aurait pu délibérément se compromettre avec un gouvernement et des forces que tout le monde accusait de génocide ? De fait, conclut-il, aucun journaliste présent, aucune des organisations humanitaires présentes ne rendit compte, s’agissant de l’action de Turquoise, d’un appui aux Forces armées rwandaises (FAR) ou d’une esquisse d’entrave à la victoire du FPR.



Charles Onana a réalisé un travail appuyé sur dix années de travail scientifique, passées à interroger des témoins-clés et à « scruter » des hectomètres d’archives. Certes, le lecteur quelque peu familier du sujet n’apprendra que peu sur l’intervention des troupes françaises, car l’ensemble de l’argumentaire que déploie l’auteur est rebattu depuis des années dans de multiples écrits. Mais en revanche, il permet de mettre en exergue les politiques de déformation de l’Histoire que le monde connaît depuis près d’une centaine d’année, de saisie de nos capacités d’analyse individuelle au nom d’une bienpensance manœuvrière visant au « tout blanc ou tout noir ». Au sacre du vainqueur qui, même aujourd’hui, conserve des ambitions régionales hégémonistes.



L’auteur me parait faire preuve de beaucoup de discernement lorsqu’il rappelle que « Certes, les Tutsis sont massacrés, ciblés, mais ils ne sont pas les seuls », les massacres « ont concerné toutes les ethnies », Tutsis, Hutus et Twas confondus, et « il n’est pas non plus prouvé » que les premiers furent les plus décimés. Selon Charles Onana, le printemps 1994 au Rwanda vit deux forces armées s’affronter pour la domination du Rwanda, affrontement qui s’accompagna de massacres massifs de civils tutsis, hutus et twas. D’ailleurs, je pose la question : Que sont aujourd’hui devenus ces derniers ?



Le seul point qui m’a relativement déplu est le caractère assez itératif de certaines démonstrations qui rend lassant une partie de la lecture de ce document de valeur.

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Holocauste au Congo : L'Omerta de la commun..

S’il y eut, et c’est fort heureux, un Procès de Nuremberg du national-socialisme, un Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) , y-aura-t-il un jour un Tribunal pénal international pour la RDC ?

Apparemment, c’est une question difficile parce qu’il n’y a pas de volonté politique pour que cela se fasse.

En effet, Le silence autour du drame congolais semble bien organisé et personne ne veut le briser.

L’avenir des Congolais est entre leurs mains…

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Rwanda, la vérité sur l'opération Turquoise

Mais bien sûr.

Comme chacun le sait, les Tutsis se sont auto-genocides dans le seul but de saboter le processus de paix et d'embêter les Hutus et accessoirement le gouvernement français de l'époque.

Péan a déjà écrit à peu près la même chose

Malheureusement ce négationnisme là n'est pas puni par la loi.
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Enquêtes sur un attentat : Rwanda 6 avril 1994

Très bon ouvrage expliquant les manipulations des puissances internationales et de la justice en général qui ont d'année en année étouffées la vérité sur cet attentat. Pourquoi ? Peut-être pour ne pas dévoiler la vérité très dérangeante mettant en scène le président actuel du Rwanda, les États-Unis sous Clinton et la Grande-Bretagne sous Tony Blair...

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Holocauste au Congo : L'Omerta de la commun..

Ce livre présente une version falsifiée de l'histoire en niant le génocide de près d'un million de Tutsis et le massacre des Hutus modérés solidaires des Tutsis d'avril à juillet 1994 par les extrémistes Hutus. L'auteur décrit la fuite des Tutsis vers le Congo comme un "plan secret d'invasion" pour établir un "empire tutsi". Quel but sert ce négationnisme sinon masquer la réalité pour assurer l'impunité des génocidaires et de leurs complices en inversant les responsabilités ? Cela fait plus de vingt ans que le négationniste Charles Onana se joue de la vérité au grand dam des rescapés et des familles des victimes du génocide perpétré contre les Tutsis.
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