Le zéro est puissant parce qu'il est le le frère jumeau de l'infini. Ils sont égaux et opposés, Yin et Yang. Tous deux sont également paradoxaux et troublants. Les plus importantes questions en science et en religion se posent autour du rien et de l'éternité, du vide et de l'infini, du zéro et de l'infinité. Les désaccords autour du zéro ont mené à des batailles qui ébranlèrent les fondations de la philosophie, de la science, des mathématiques, de la religion. Derrière chaque révolution se cache un zéro - et un infini.
La nature dérangeante du zéro tient dans les étranges pouvoirs de l'infini, et il est possible de comprendre l'infini en étudiant le zéro. pour le savoir, les mathématiciens durent s'aventurer dans le monde de l'imaginaire, un monde étrange où les cercles sont des lignes, les lignes des cercles, et où l'infini et le zéro sont placés sur des pôles opposés.
Les Grecs virent bien l'utilité du zéro dans les calculs, mais le rejetèrent néanmoins. Ce n'est donc pas l'ignorance qui les conduisit à le rejeter. Ce fut la philosophie. Le zéro était en conflit avec les croyances philosophiques fondamentales, car deux des idées inhérentes au zéro étaient mortelles pour la doctrine occidentale. Ces concepts viendraient d'ailleurs à bout de la philosophie aristotélicienne, après son long règne. Ces idées dangereuses étaient le vide et l'infini.
Par ailleurs, Shiva incarnait aussi le rien. Un avatar du dieu Nishkala Shiva était littéralement Shiva "sans partie du corps". C'était le vide suprême, le rien absolu - l'absence de vie incarnée. Mais du vide était né l'univers comme l'infini. A l'inverse de l'univers occidental, le cosmos hindou s'étendait à l'infini; au-delà de notre univers, il y avait d'innombrables autres univers.
Si les moines médiévaux avaient connu le zéro, notre calendrier ne serait pas aussi confus. On ne peut reprocher aux moines leur ignorance. Au Moyen Age les seuls Occidentaux qui étudiaient les mathématiques étaient les moines chrétiens, les seuls à être instruits. Les moines avaient besoin des mathématiques pour deux choses : la prière et l'argent.
Selon la mécanique quantique et la relativité générale, la puissance du zéro est infinie. Aussi n'est'il pas surprenant que l'on essaie d'exploiter ce potentiel. Mais pour l'instant, il semble bien que rien ne sortira de rien.
A l'aube de la Renaissance, rien ne montrait que le zéro pourrait faire planer une quelconque menace sur l'Eglise. C'est comme outil artistique, un rien infini, qu'il fit son apparition au coeur des arts graphiques.
Tout ce que les scientifiques savent du cosmos c'est qu'il a surgi du néant, et qu'il retournera au néant de la même façon qu'il en est sort. L'univers commence et s'achève avec zéro.
O Seigneur, je pourrais être enfermé dans une coquille de noix et m'estimer roi d'un espace infini... William Shakespeare, Hamlet.