Tantôt terre, tantôt frontière, elle n'indique aucune position, aucune localisation géographique précise.
Elle fluctue, libère ses contours, trace des lignes de partage dans les sables mouvants.
Aucune propriété, sinon celle de tous les éléments chimiques dont elle réalise la synthèse.
Depuis le temps, en elle, tout est si naturellement désencombré qu'un jour il ne lui restera que cette gravité d'hélium, cette matière plus ardente que les mots.
Seulement à ce moment, on pourra dire sans mentir qu'elle est là.
D'ici là, elle s'occupe, elle passe le temps à tabac, elle en fait des fumerolles.
Face aux infinis, elle creuse le vers. Elle le creuse, elle le creuse, en prolonge encore l'écho, elle y fore un puits, puis sa tombe.
Et elle rejailli en lui, incandescente, et jetant le poème par-dessus bord.
Elle sait peu de lui: il la hurle, elle n'en est que l'écho, le prlongement.
Elle incarne son excès.
Son langage.
Une ample voix océanique afflue, par brassées.
Cire dans les oreilles, chant des Sirènes dans son corps : un désir.
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Soif d'Ulysse d'embrasser le ventre de l'océan.
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