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Critiques de Charlotte McConaghy (70)
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Je pleure encore la beauté du monde

D'abord, il y a la couverture qui a retenu mon attention, la quatrième qui a confirmé que l'histoire parlait de loups, mais aussi d'Ecosse (ma prochaine destination de vacances) , de nature, de la difficulté de les réintégrer dans leur milieu naturel et de femmes complexes et passionnées ...

Et puis au cours de ma lecture, j'ai découvert des personnages ombrageux, cabossés, violents, délicats et exaltés.

J'ai été fascinée par les loups, Numéro 10, Cendre et la petite blanche chétive cascadeuse et déterminée, car les loups réintégrés à cette superbe terre de légendes que sont les Cairngorms sont bien les héros mythiques et sauvages de ce roman.

Et surtout, j'ai été happée par l'intrigue, les cadavres d'animaux ou d'hommes qui apparaissent ou disparaissent, sont retrouvés et enterrés ...

Enfin, parce qu'une histoire sans amour, sous toutes ses formes ne serait pas la vraie vie, Charlotte Mcconaghy a su justement doser les sentiments et les émotions de ses personnages, elle a rendu Inti si belle et si farouche, Duncan si secret et si patient et Aggie si forte et si fragile, les habitants et les paysans hostiles au projet plus vrais que nature et parfois attachants...

Vous l'aurez compris , j'ai tout aimé dans ce roman , une petite pépite qu'on ne voit pas assez sur les tables de librairie, que je vous invite instamment à découvrir et venez me dire ce que vous en avez pensé, ce que vous avez aimé ou pas....mais faites vite, j'ai hâte d'échanger !
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Je pleure encore la beauté du monde

Cinq loups stylisés se sont substitués en couverture au titre original « Once there were wolves », que remplace en français une citation du livre « Je pleure encore la beauté du monde ». La quatrième de couv' en fait plus en retombant dans d'anciens travers spoilers. La composante roman policier n'intervient en effet qu'après un bon tiers du récit. le thème général est un projet de réensauvagement des Highlands où ne subsistent que des lambeaux des anciennes forêts celtiques qu'ont décimées des hardes de chevreuils laissées sans prédateurs.

Si l'on excepte les éleveurs de bétail, les loups ont actuellement la cote dans le reste de la population, notamment auprès des pianistes. On pourrait de ce fait s'attendre à une narration convenue, un genre de nouveau western avec une flamboyante biologiste, une certaine Inti Flynn, responsable du projet d'un côté et des éleveurs hostiles à l'esprit bovin de l'autre, même si dans la région, on travaille plutôt sur du mouton. Mais l'examen du CV de l'autrice nous révèle qu'elle est scénariste avant même d'être romancière et de ce point de vue, elle n'a pas ménagé ses efforts pour imaginer un dispositif éminemment complexe : ladite biologiste souffre d'abord d'un syndrome qui lui fait éprouver dans sa chair la douleur de l'être qu'elle observe. Son personnage en outre se double d'une jumelle, autrefois polyglotte et aujourd'hui rendue muette quoique communicant par des signes. Le récit fera dès lors des allers et retours entre le présent et le passé pour nous en révéler la cause. Une intrigue secondaire – mais pas tant que ça – est centrée sur la violence faite aux femmes. On ajoute que les parents de cette doublette sont un père bûcheron repenti (et repentant) survivant désormais en autarcie dans la forêt au Canada, divorcé d'une mère commissaire de police opérant en Australie et déplorant la trop extrême sensibilité de sa fille.

Avec ça il y a de quoi faire et Charlotte McConaghy fait la démonstration d'un talent certain, même si de temps à autre, une barque aussi chargée a tendance à tanguer et que la densité des personnages secondaires en pâtit un peu, ce qui ne l'empêche pas de conduire son affaire avec brio, avec des morceaux de bravoure superbes comme l'approche du cheval sur le lac gelé et d'autres que je ne parviens pas à retrouver, mais qui ne vous échapperont pas, j'en suis certain. Avec des loups au rendez-vous pour tout ce qu'on peut attendre d'eux, depuis Romulus et Remus en passant par Jack London.

J'allais oublier de louer le très beau travail de la traductrice.

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Je pleure encore la beauté du monde

L'écrivaine australienne déploie son intrigue policière dans les forêts en souffrance des Highlands, en Ecosse.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Je pleure encore la beauté du monde

Attention, ceci est un coup de coeur, que je dois à mes chères libraires préférées, pour évoquer un sublime roman.

Je pleure encore la beauté du monde, déjà le titre est une invitation. La magnifique illustration sur la première de couverture, l'est aussi. Mais cela ne suffit pas. Alors ouvrons le livre et laissons-nous être emporté dans la canopée des pages.

Nous faisons la connaissance avec Inti Flynn, une jeune biologiste, arrivée en Écosse pour diriger une équipe de scientifiques chargés de conduire un programme de réinsertion du loup dans les Highlands écossais. Elle vit avec sa soeur jumelle Aggie, devenue muette. Plus tard, on le saura pourquoi et comment.

Elles forment toutes deux un duo émouvant.

Inti a la particularité d'être affectée d'un syndrome de « synesthésie visuo-tactile » qui lui fait ressentir dans sa chair toutes les sensations vécues par ceux qu'elle observe, animaux inclus. Peut-être surtout les animaux d'ailleurs... Cela nous vaut dès l'incipit la puissance d'une scène sidérante :

« On avait huit ans le jour où papa m'a coupée en deux, de la gorge jusqu'au bas du ventre. »

C'est ainsi qu'encore enfant et voyant son père dépecer un lapin sous ses yeux, Inti comprend cette anormalité et l'accueille comme un don autant qu'une malédiction, cette scène  lui infligeant, sans le savoir, la même souffrance physique que l'animal.

La synesthésie visuo-tactile qui touche la jeune biologiste sera alors pour elle l'anomalie bienveillante, cette différence capable de jeter des ponts vers la souffrance animale.

Forcément, les efforts d'Inti pour réensauvager la nature meurtrie se heurtent rapidement à l'hostilité des locaux, notamment des éleveurs inquiets pour leur sécurité et celle de leur bétail.

Mais l'introduction du loup était nécessaire à l'équilibre de l'écosystème, aujourd'hui menacé par la multiplication des herbivores qui réduisent la végétation. Alors, face aux incompréhensions, l'enjeu de cette bataille entre court et long terme devient aussi la toile de fond de ce roman. C'est la lutte d'un territoire sauvage qui se bat pour sa survie contre un monde totalement domestiqué et exploité par l'homme.

Bientôt un drame va survenir...

De l'Australie à l'Écosse en passant par la Colombie Britannique et l'Alaska, Charlotte McConaghy nous invite à un voyage entre nature writing et thriller. C'est une subtile oscillation entre drame intimiste, poème naturaliste et thriller écologique.

L'écriture est incroyablement belle, les personnages sont saisissants de vérité, profondément touchants, même ceux qui pourraient nous irriter le poil.

Ici, le territoire des Highlands écossais joue un rôle central, les forêts en souffrance aussi et les loups qui y trouvent refuge.

Une sensation vorace m'a englouti dans ce roman addictif. J'ai été happé dans la nasse du récit où est venu s'entremêler à ma lecture le hurlement poignant d'une louve qui appelle son compagnon disparu, bientôt imitée par toute la meute.

Ce livre nous parle de femmes, de soeurs, de loups, de prédateurs, de blessures indélébiles et peut-être surtout ce livre nous parle d'amour.

Usant des codes du thriller pour dénoncer les hommes qui malmènent la nature et les femmes, ce roman addictif peut aussi se lire comme un polar écoféministe assumé.

Je pleure encore la beauté du monde est un magnifique roman de violences, d'amour et de rédemption qui m'a traversé de part en part. Moi aussi j'ai envie de pleurer la beauté du monde après cette lecture.
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Je pleure encore la beauté du monde

"Je pleure encore la beauté du monde " un titre qui ne laisse pas indifférent et dont on attend beaucoup. Le roman est aussi beau que le titre : partant d'un sujet d'actualité qui est le dérèglement de la biodiversité, Charlotte McConaghy nous plonge dans les émois d'un personnage complexe. Inty est biologiste, jumelle atteinte de synesthésie, enfant cabossée et adulte en détresse. Elle vient en Écosse pour réintroduire des meutes de loups dans la forêt des Highlands. Cela va devenir un conflit avec les éleveurs mais également un combat contre la violence conjugale ainsi qu' avec elle même. Destruction, reconstruction est la thématique de ce roman à tous les niveaux : écologique, humain et personnel. Tout est une question d'équilibre.
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Je pleure encore la beauté du monde

Plongez au cœur des forêts écossaises au côté d'une naturaliste très particulière qui travaille à la réintroduction du loup. Son problème : les habitants des environs, peu enclins à accueillir un autre prédateur qu'eux sur leurs terres. Alors si le cadavre sur lequel elle tombe vient à être découvert, elle se dit que cela ne jouera pas en sa faveur.



Cette fiction mêle avec habilité et intelligence divers sujets très actuels comme les violences conjugales, l'écologie et la relation avec la nature mais aussi aux autres et bien évidemment la question de la réintroduction du loup dans les espaces dont il a été chassé.



Une lecture aussi instructive que divertissante qui plaira à tous les amoureux de la nature.
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Migrations

Nous sommes demain. 80% des espèces animales sauvages ont disparu. Très peu de poissons subsistent au fond des océans et seules les sternes arctiques , ces oiseaux capables de parcourir des milliers de kilomètres lors de leurs migrations, semblent avoir survécu.

Par amour pour ces oiseaux, Franny Stone parvient à embarquer sur un bateau de pêche et faisant fi de ses convictions écologiques, propose un marché au capitaine du Saghani : les sternes les mèneront aux poissons et elle pourra les suivre dans leur périple.

Commence alors un double voyage : l'un sur mer en compagnie d'un équipage haut en couleurs , l'autre dans le temps qui nous permet de découvrir une héroïne marquée par un passé douloureux, par son amour de la mer et enfin par une irrépressible bougeotte qui la force à quitter ceux qu'elle aime.

Charlotte McConaghy sait nous tenir en haleine, tant dans son récit d'aventure maritime que dans la découverte des failles de son héroïne. On ressent parfaitement aussi son amour de la nature et les craintes que la sixième extinction annoncée génère chez ses personnages, personnages dont elle brosse le portrait avec beaucoup d'empathie. On frôle parfois le pathos mais la conclusion, juste parfaite offre une lueur d'espoir bienvenue. Un roman qui séduira tous les amoureux de la  nature.



Éditions  Lattès 2021





Traduit de l'anglais par Anne-Sophie Bigot
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Migrations

Dans un futur probablement très proche, des espèces entières d'animaux ont disparu par la faute de l'humain, parmi lesquelles les oiseaux. Au Groenland, Franny Stone cherche à embarquer sur un bateau de pêche pour suivre le plus loin possible la route de sternes arctiques qu'elles a équipées d'un émetteur, les tout derniers migrateurs. Elle parvient à convaincre Ennis, le capitaine du Saghani, et finit par entraîner un équipage entier dans sa quête folle.

Car Franny cache peut-être d'autres motivations et bien des douleurs : elle veut que son voyage soit le dernier, et c'est en haute mer qu'elle va toucher au plus près de ses démons : la quête de ses origines (mi-irlandaises mi-australiennes), le combat pour la sauvegarde de l'environnement mené conjointement avec son mari Niall auquel elle écrit pour raconter son périple, son passage en prison. Au milieu de tempêtes terribles où elle assistera et participera aux conditions de travail des pêcheurs de haute mer qui savent leur métier condamné puisqu'il n'y a plus de poisson à pêcher, Franny cherche la rédemption. Un personnage fascinant de femme brisée mais absolument déterminée (d'ailleurs en faisant quelques recherches j'ai noté qu'une adaptation cinématographique serait en projet, ce sera un rôle magnifique), un roman dont les dernières pages restent longtemps en mémoire.
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Migrations

Franny a une trentaine d'années et se décrit comme une ornithologue qui a décidé de suivre la dernière migration des Sternes arctiques, ces oiseaux qui migrent de l'Antarctique à L'Arctique avant de refaire le chemin inverse en moins d'un an. Ce sont les derniers de leur espèce, et bientôt il n'y en aura plus du tout. Comme tous les autres animaux qui ont déjà disparu de la surface de la planète, ravagée par l'humain. L'ambiance est post apocalyptique, on est sur une Terre où les ours polaires n'existent plus, les loups non plus, plus de fauves dans la savane, plus de singes dans les forêts tropicales. Et pourtant, ce n'est pas une ambiance de peur ou de danger permanent, c'est plus une résignation devant les dégâts irréversibles que l'humain a causé à toutes ces espèces qui devaient résister à l'évolution, mais n'ont pas pu lui résister à lui, ce mammifère qui a condamné la planète.

Je m'attendais à beaucoup plus de lourdeur écologique (certains ouvrages sont tellement peu subtils qu'ils coupent l'envie et la motivation des débutants de la conscience écologique, il faut l'avouer), on est vraiment sur un roman qui a des choses à dire, à dénoncer aussi mais au travers d'une histoire torturée qu'on découvre par l'aventure de Franny mêlée de flash backs qui installent les morceaux d'un puzzle flou et tragique. J'ai aimé avancer dans ce périple présent et en même temps dans le passé chaotique de cette anti héroïne. Ce monde perdu m'a aussi rendu très triste. Tant d'égoïsme chez tous ces "après moi le déluge". Clairement, on est aux antipodes du feel good avec ce roman mais c'est une littérature qui fait du bien à sa manière. Elle enfonce des portes dont on nie l'existence avec mauvaise foi, elle fait tomber des murs érigés pour cacher tout ce qu'on ne veut pas voir, pas savoir, et c'est à force de graines semées partout de cette façon qu'un jour, le monde ouvrira les bons yeux. Peut-être.

Je serais bien incapable de classer ce roman, il est extraordinaire et bien trop sorti des sentiers battus, mais ce que je peux vous assurer en revanche, c'est que je vous le conseille les yeux fermés. Une ôde à la nature et à la majesté de la Terre et tous ses occupants, sans exception.

Merci à NetGalley et aux éditions JCLattès de m'avoir fait confiance à nouveau, c'était un magnifique et poignant voyage.
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Migrations

Un premier roman magnifique d’une jeune autrice et scénariste australienne, déjà traduit dans plus de 20 pays.
Lien : https://www.lapresse.ca/arts..
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Migrations

Franny Stone s’est fixée un objectif : suivre la dernière migration des Sternes arctiques. Pour ce faire, elle embarque à bord d’un navire de pêche dirigé par Enny Malone. À travers le parcours de cette femme désespérée, l’auteure nous offre un roman talentueux qui nous parle de folie, d’obsession, d’emprisonnement mais aussi d’espoir et de résilience. Un roman qui questionne intelligemment notre rapport au monde et aux autres espèces !
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Migrations

Roman d'anticipation? Oui, mais avec l'impression que le futur décrit par Charlotte Mc Conaghy risque d'être vécu par tous les humains qui ont moins de moins de quarante ans en 2022. J'en ai 62 et je n'ai pas d'enfant, je ne devrais donc pas me sentir concerné. Et pourtant je ne comprends pas l'indifférence, l'ignorance, les calculs de bas étages de trop de mes contemporains. Sacrifier l'avenir parce que qu'on refuse d'admettre que les choses changent semble être la préférence de beaucoup trop de monde. Migrations est vraiment bien écrit (et bien traduit). On s'attache à Franny malgré touts ses défauts. La double histoire tragique, personnelle et écologique nous offre un roman passionnant qui se dévore. Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants, on s'attend presque à les retrouver pour une suite.
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Migrations

Nous sommes dans quelques années sans savoir précisément laquelle. La sixième extinction de masse a commencé. Exit les lions, les loups, les corbeaux. Régulièrement une espèce disparaît. Les poissons ont disparu des océans presque totalement. Les oiseaux ont déserté le ciel.

Pourtant il semble que l'oiseau migrateur le plus endurant résiste.  Il s'agit de la sterne arctique. Celle-ci migre tous les ans de l'Arctique aux confins de l'Antarctique en suivant les côtes africaines ou sud-américaines. Durant son périple elle engloutit des bancs de petits poissons.

Franny Stone est une jeune femme incapable de se fixer. D'Australie en Irlande, elle a toujours été subjuguée par la mer, les oiseaux. Un baûme sur les pertes qui ont bouleversé sa vie.

Sans en connaître la raison au début du roman, nous suivons Franny au Groenland où elle suivre la migration des serbes arctiques.

Elle convint Ennis,  patron d'un chalutier de l'emmener avec son équipage afin de suivre la migration des sternes. Pour les pêcheurs,  c'est tout bénéfice avec la promesse que les oiseaux les mèneront à des poissons devenant très rares.

Cette longue migration , vers le Sud sera l'occasion d'apprendre par bribes les aléas de la vie de Franny.

Migrations porte bien son pluriel.

Migration du monde en général,  qu'il soit animal ou humain. Mais les humains ne sont ils pas des animaux ?

A travers un jeu d'aller retour bien maîtrisé,  Charlotte McConaghy nous délivre un roman brutal et poignant.

Cette anticipation de quelques années n'est pas si loin de notre quotidien et nous interpelle fortement sur notre rapport au réchauffement climatique et à la transition écologique.

Quant à l'histoire de Franny que l'on découvre peu à peu, elle nous tient en haleine et par sa brutalité nous rappelle la brutalité de cette sixième extinction de masse qui n'est pas une fatalité

Dernière phrase du roman :

" Ma mère me disait toujours de guetter les indices.

Les indices de quoi ?

Les indices de la vie.  Ils sont partout "



Ps. Il s'agit d'un premier roman de très grande tenue que l'on ne lâche pas.
Lien : https://auventdesmots.wordpr..
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Migrations

Ce roman s’ouvre sur Franny, au milieu du Groenland :

« Voilà six jours que je suis seule au milieu de rien. J’ai perdu ma tente, hier. Le vent et la pluie me l’ont arrachée pour l’offrir à la mer. Mon visage et mes mains portent les coups de becs d’oiseaux réputés comme étant parmi les plus protecteurs du règne aviaire. Ma récompense, ce sont ces trois Sternes arctiques que j’ai réussi à baguer. Et puis, mes veines gorgées d’iode.

Je marque une pause sur la crête pour un dernier coup d’œil. Le vent me calme un instant. L’océan monochrome et l’horizon d’un gris indifférent encadrent une vaste étendue immaculée qui éblouit par contraste. Même au beau milieu de l’été, des éclats monumentaux de glace céruléenne flottent tranquillement. Des douzaines de Sternes arctiques noircissent les airs et la terre. Les toutes dernières, peut-être. S’il existe un endroit au monde où je serais capable de rester, ce pourrait être ici. Mais les oiseaux, eux, n’y resteront pas. Alors moi non plus. »



Après avoir lu cet extrait, je n’ai pas pu lâcher le roman avant la fin.

Dépaysement assuré : ça sent l’iode, le large, les oiseaux et la glace.



L’histoire se déroule dans un futur non daté, plus ou moins proche, où de nombreux animaux – qui sont en voie de disparition actuellement – ont totalement disparu. C’est une ode à la nature sauvage et plus particulièrement à ces oiseaux, les Sternes arctiques, qui effectuent la plus grande migration jamais vue jusqu’alors. En moins d’un an elles font l’aller-retour entre l’Arctique et l’Antarctique (environ 70 000 km me dit Wikipédia) et sachant qu’elles vivent entre 20 et 30 ans en moyenne, ça fait un sacré trajet parcouru sur toute une vie… Dans ce roman, ces Sternes sont les dernières encore en vie et Franny est persuadée qu’elles la mèneront vers la clé de leur survie… et de la sienne.



Ce roman est avant tout l’histoire de Franny, trentenaire, qui s’est fixé comme objectif de suivre ces dernières Sternes lors de leur migration, du Groenland jusqu’à l’Antarctique. C’est l’histoire d’une femme qui fait corps avec la nature et qui ne s’épanouit que lorsqu’elle s’immerge dans les eaux glacées des lacs et des océans. Ce n’est pas une histoire joyeuse car cette femme a vécu bien des tourments qui la hantent encore aujourd’hui. Une histoire sur les disparitions, sur les rencontres et sur ce qui lie l’humain à notre planète.



Malgré le fait que Franny cumule quand même beaucoup de choses tragiques, j’ai aimé être en mer dans la tempête avec elle. J’étais curieuse de suivre ces oiseaux que je ne connaissais pas avant ma lecture, et ravie de lire de nouveau un « nature writing ».



Récit psychologique sur fond de dépaysement glaciaire, parfait à lire bien au chaud au coin du feu ou sous la couette.

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Migrations

Superbe de pureté ! Ce livre nous projette dans le futur mais un futur qui nous parle !!! Un roman qui nous reconnecte avec la fragilité de la nature et les vrais sentiments humains, purs, sans faux semblants ! Bref, un livre qui fait beaucoup, beaucoup de bien !
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Migrations

BON j’ai terminé Migrations de Charlotte McConaghy eeeet c’était bien mais pas fou non plus. Forcément, en lisant que c’était super déprimant j’avais quelques attentes, et puis j’en ressors sans avoir versé une seule larme, c’est un peu raté.



C’est l’histoire de Franny, une femme pas très stable qui, dans un futur plus ou moins proche où les animaux sont quasi disparus, décide d’intégrer coûte que coûte un bateau de pêcheurs (détestés par la population pour leur implication dans la disparition des animaux) pour pouvoir suivre la dernière migration des Sternes arctiques.



Et a mesure que l’on constate la fragilité de la nature et des animaux, on se rend compte que Frannie, ce drôle d’oiseau, est également au bord de la rupture.



C’est un beau livre, un récit intéressant, au fur et à mesure on commence à comprendre Frannie et son histoire, ce qui l’a mené ici et c’est assez touchant mais ça reste un personnage assez complexe et je ne sais pas trop quoi en penser une fois le livre terminé. C’est un livre assez poétique et mélancolique, mais il m’a manqué un vrai attachement aux personnages pour un peu plus d’émotions !
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Migrations

Pas emballé par ce premier roman encensé par Le Monde notamment. Si l’extinction – en cours – des espèces sauvages est angoissante, car ici on en est au dernier stade, il ne reste quasiment plus d’oiseaux ni de poissons, la quête de Franny, ornithologue amateur n’arrive pas à me captiver.

Celle-ci a la volonté insensée de suivre des sternes dans leur migration, qui les conduit de l’océan Arctique à l’Antarctique, ce qui en font les oiseaux les plus résistants. S’il s’avère que cette jeune femme est d’une ténacité incroyable, qu’elle quitte tout, y compris son mari, pour accomplir son périple, c’est pour la comparer à ces sternes, ultimes résistants de cette Terre qui se délite par la faute de l’homme. Et Franny va jusqu’à s’embarquer avec l’ennemi – un équipage de pêcheurs – pour les convaincre de suivre ces oiseaux, capables de dénicher les derniers harengs.

Le passé complexe de Franny émergera par bribes, de l’Australie à l’Irlande, à la recherche d’une famille dont chaque membre semble disparaître pour fuir les autres, avec des épisodes obscurs évoquant l’héroïne comme une meurtrière instable.

Rien à dire de l’écriture, brillante, mais le très lent accouchement des dessous de l’intrigue fait que j’ai finalement eu hâte d’en terminer avec ce livre. Reste que c’est important de signaler, encore et encore, que nous sommes les deux pieds dans l’anthropocène, en embarquant dans notre naufrage une grosse part de la faune et de la flore, et que le futur proche décrit ici est plus probable de jour en jour.

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Migrations

Franny est née sous l'étoile du tourment.

Sa vie entière n'est qu'une longue fuite en avant, aimantée par la mer.



Lorsque le récit commence, 80% de la faune sauvage a disparu de la surface de la terre.

Franny tente d'embarquer à bord d'un bateau de pêche pour suivre la migration des dernières sternes arctiques, puis mourir...



Un livre sombre, plein de colère et désespoir.

Une personnalité dont on découvre le triste parcours au fil des pages, terrassée par le chagrin et la culpabilité.

Heureusement, un final un brin plus optimiste.
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Migrations

« Les animaux meurent. Bientôt nous serons seuls ici-bas. » Ainsi s’ouvre « Migrations » de Charlotte McConaghy. Nous sommes bien sur terre, ou ce qu’il en reste. Peu à peu, celle-ci se vide de toutes les espèces animales qui la peuplaient autrefois. Une extinction de masse. Franny Stone est passionnée par les oiseaux, tout particulièrement les Sternes arctiques. Son objectif est de prouver que toutes les espèces animales ne sont pas éteintes et qu’il reste de l’espoir. « La Sterne est l’animal qui effectue la plus grande migration de tout le règne animal : elle fait l’aller-retour entre l’Arctique et l’Antarctique en moins d’un an. »



Franny embarque à bord du Saghani en persuadant son capitaine Ennis Malone de dévier de sa trajectoire pour suivre 3 Sternes qu’elle a précédemment baguées en lui promettant des bancs entiers de poissons à pêcher. Mais Franny n’est pas tout à fait la femme qu’elle laisse paraître. Au fond d’elle se cachent de lourds secrets que le lecteur découvre dans des apartés, sous forme de retour en arrière, 12 ans plus tôt, 4 ans plus tôt, sous d’autres cieux.



« Migrations » est un superbe voyage vers L’Antarctique, ce lieu un peu mythique qui ne s’atteint que par une solide volonté. Le voyage que propose l’auteur est semblable à un château de cartes qui s’écroulerait au gré de l’avancée. Le bateau fend les océans, et derrière lui, le monde s’effondre. Dans ce futur proche sans réelle datation, le réchauffement climatique a progressivement tué toute vie animale, transformant par extension celle des hommes. La plume de Charlotte McConaghy incarne à la fois ce monde en perdition, mais décrypte également une migration personnelle, un exode intime, une fuite introspective : celle de Franny. « Toute ma vie n’aura été qu’une longue migration sans destination, autant dire une migration qui n’avait aucun sens. Je pars toujours sans raison, juste pour être constamment en mouvement, et cela me brise le cœur en mille, dix mille morceaux. Quel soulagement d’avoir enfin un but. » Au gré des pages, Franny se raconte. Le lecteur sent bien qu’elle est en recherche de paix intérieure, mais pourquoi ? Sous sa mélancolie racontée lors des évènements du passé se cachent une forme d’acceptation, un renoncement assumé, une résignation qui touche à l’intime d’une vie et à l’intégralité de son existence sur terre. « Je m’étends sur le dos, plus perdue que jamais, parce que je n’ai pas le droit au mal du pays, je n’ai pas le droit de me languir des choses que j’ai si opiniâtrement laissées derrière moi. Ce n’est pas juste d’être parfaitement capable d’aimer, mais absolument incapable de rester. » Il y a entre Franny et la nature un attachement singulier. L’auteur décrit magistralement ce lien indéfectible qui la relie par exemple à l’océan ou à toute forme d’étendue d’eau en faisant d’elle une « selquie », une créature mi-humaine, mi-phoque capable de s’immerger dans les eaux les plus froides du globe, un rituel proche d’une purification de l’âme, dont les effets ralentissent les flux sanguins, et les pensées néfastes. Franny se cherche, Franny veut aller au bout du monde pour aller au bout d’elle-même, car Franny cherche la rédemption.



J’ai été profondément émue par cette femme résiliente, mais au fond si délicate, cherchant à faire la paix avec elle-même tout en déployant cette force tenace pour accepter son passé et ses démons, se raccrochant aux promesses qu’elle s’est faites à elle-même et aux autres. Malgré le maelstrom d’un monde qui s’écroule, elle conserve cette ardeur vitale pour arriver au bout du chemin fixé, au cœur d’une nature qui bataille pour préserver son aspect sauvage et indompté. « Pourtant, dans notre mégalomanie et notre quête obsessionnelle du “sens de la vie”, nous avons oublié l’essentiel : préserver la planète qui nous a tous vus naître. »



Sous le prétexte de suivre les Sternes arctiques, Charlotte McConaghy met en lumière quelque chose de plus viscéral, de plus instinctif, mais aussi de plus impérieux : « échapper à sa prison de peau pour enfin vivre libre. » Elle le fait remarquablement bien, en vaporisant, par petites touches, les combats et les émotions d’une femme qui fait le point sur sa vie. Happé par les émotions de Franny, l’avancée vers l’Antarctique et les digressions du passé, je n’ai pu qu’être réellement charmée par la force des mots et des idées qui sont développées ici. Malgré l’angoisse que peut représenter la thématique centrale, la disparition progressive de notre terre telle que nous l’avons connue, ce récit m’a apaisée, comme si, moi aussi, il m’avait été offert l’occasion de faire la paix avec moi-même. « Quand on se lance dans l’ultime migration, non seulement de sa vie, mais de toute son espèce, on ne rebrousse pas chemin au dernier obstacle. Peu importent la fatigue et la faim, peu importe que l’espoir ne soit plus qu’un vague souvenir. Il faut aller jusqu’au bout. »
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Migrations

Voilà un roman qui tranche agréablement avec toutes mes lectures actuelles et qui m’a apporté un vent de renouveau rafraîchissant aux odeurs d’embrun, aux clameurs des goélands et d’un océan déchaîné qui se brise sur la coque du chalutier. Pas seulement. Il y a aussi de ces nausées terribles provoquées par le bouillonnement des vagues, de la raideur de la collision avec ces icebergs. C’est un premier roman choc de l’auteure australienne Charlotte McConaghy, qui met au premier plan son attachement au monde animal, cette menace d’extinction qui pèse de plus en plus sur lui, ainsi que cette peur de tout voir basculer et disparaître irrémédiablement, tout en explorant le thème fort de l’ancrage familial à travers celui du voyage.



C’est un roman qui sonne comme un avertissement terrible avant que l’irréparable n’arrive, puisque l’auteure en a presque fait une dystopie : Nous sommes dans un monde ou presque tous les animaux sont sur le point de disparaître, le loup gris, par exemple, n’y est représenté que par un dernier individu miraculeusement découvert, les poissons ont été péchés massivement et ne sont guère visibles qu’à travers de rares bancs. C’est un monde, pas si dystopique au fond, qui s’apprête dangereusement à être le nôtre si nous continuons aveuglément dans la voie que nous avons prise. Charlotte McConaghy construit une histoire d’amour, celle de Franny et de son mari Niall, avec ses drames, les responsabilités de chacun au sein de ce monde en mauvaise posture. Et surtout, l’auteure australienne reconstitue une Franny, issue d’une famille déchirée entre Australie et Irlande, qui recherche désespérément des survivants, ce qui lui rester encore, car tous comme les oiseaux qu’elle va suivre, elle semble être la dernière représentante d’une famille anéantie par la vie et l’homme.



L’histoire de Franny est totalement liée à ces animaux qui disparaissent, mais encore plus aux oiseaux, car c’est à travers eux qu’elle a fait la connaissance de celui qui sera son mari, ornithologue de renom. Lui est un homme bien planté sur sa terre, sa nature à elle au contraire est semblable à ces oiseaux migrateurs, il faut qu’elle se déplace pour survivre, qu’elle voyage d’un bout à l’autre du monde, elle ne peut pas se fixer. Peut-être est-ce dû à son identité qu’elle partage entre ses ancêtres irlandais et cette Australie où elle a grandi, peut-être à l’éclatement de sa famille, Franny après la mort de sa mère est partie migrée à l’autre bout de la planète, peut-être est-ce sa nature profonde aussi. Comme ces Sternes arctiques qu’elle va poursuivre jusqu’en Antarctique.



C’est à rebours que nous prenons connaissance du drame de Franny, alors même qu’elle s’est mise en tête de poursuivre les déplacements migratoires des oiseaux, qu’elle a bagués en Arctique, au fur et à mesure de son périple en mer dans un bateau de pêche, ou elle a fini par se laisser accepter. Parmi les meilleures pages, on compte celles ou elle apprend à faire connaissance avec l’équipage de marins du Saghani, où elle s’initie à leur activité journalière sur le bateau, à nouer des relations presque intimes avec eux, à comprendre cet attachement avec la mer qui peut les pousser à prendre la semaine pendant de si longues semaines, et surtout elle qui combat contre l’extinction des animaux, ce qui les pousse eux à dépeupler les océans de ses derniers océans. Malgré une inimitié réciproque, Franny devient part entière de cet équipage en s’intégrant peu à peu dans cette drôle de vie de famille, l’intimité n’existe plus, ce qui pour une déracinée comme elle, est une nouvelle expérience.





Franny qui aime par-dessus tout bourlinguer, c’est un voyage initiatique qu’elle accomplit là, autant sur le plan physique que psychologique, s’initiant à une vie nouvelle. Celle qui prend la mer totalement éteinte est devenue une autre femme, assumant ses erreurs, en choisissant une direction dans sa vie, qui l’amène bien au-delà de ce qu’elle pensait arriver. En plus de vivre et respirer sur le pont du navire avec elle, nous nous prenons au jeu de cette course après les sternes arctiques, ou après cette pêche en or à laquelle rêve le Capitaine, qui portent finalement l’espoir d’un avenir encore possible pour le monde animal, pour l’humanité ou pour leur propre avenir.



Ce roman m’a apporté une bouffée d’oxygène salutaire, depuis ce Groenland glacial aux mers déchainées et solitaires, même si c’était là était tout sauf une croisière de plaisance qu’a effectué là la jeune femme irlandaise, qui a passé le filtre des tempêtes, icebergs et autres obstacles naturels, J’ai profité avec plaisir de ces paysages, de ces grands espaces, qu’a su décrire l’auteure, en même temps que j’ai appris à connaître Franny ainsi que les raisons profondes de sa propre migration. Même si les animaux sont en voie de disparition dans ce roman, tout n’est pas entièrement noir, et l’auteur nous laisse, ainsi que ses personnages, avec un dernier espoir, surement faible, néanmoins bien présent et tangible.
















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