Devant le portail d'un manoir qu'on dit habité par un sorcier se regroupe une dizaine de crève-la-faim. Leur meneuse, qui se fait appeler Belle, dicte aux pauvres orphelins la marche à suivre : la gamine devra grimper par-dessus le mur d'enceinte et aller voler de l'argenterie à l'intérieur.
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Dehors les ruelles sont noires et les nuits froides. Le couvre-feu tombé c'est la maréchaussée qui veille et sévit face à la maraude...
Dedans, l'épais manteau de neige n'est pas assez dense pour masquer l'intrusion de la fillette. Deux colosses de porcelaine montent la garde et il s'en faut de peu pour que la petite ne se fasse déchiqueter : le sorcier ventripotent n'est pas bien loin et calme d'ardeur de ses fauves. Rapidement pris d'affection pour cette gosse des rues affamée et à la répartie désarçonnante, il l'invite à entrer dans sa demeure aux secrets.
Quant l'appétit va tout va !
Avec sa couverture au style Art déco prononcé (les illustrations de débuts de chapitres, sublimes et épurées, le sont encore plus) et son synopsis ma foi fort alléchant (une sombre histoire d'automates et d'un porcelainier misanthrope), Porcelaine attisait ma curiosité.
L'histoire a ce petit quelque chose qui séduit par l'entremêlement des genres. Le gang de pickpockets place d'emblée le récit dans l'évocation de l'univers d'Oliver Twist. On entre bien vite dans une autre thématique, celle des automates : un mélange de mécanique et de fantastique.
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On apprécie vite, dès son apparition, une certaine bonhomie à l'énigmatique porcelainier reclus dans sa misanthropie. Il fait le pont entre les époques et les genres, il appartient à la fois au passé (le monde extérieur, dans lequel il évolue) et au futur (symbolisé par l'Art déco qui caractérise sa demeure et par les automates qui l'entourent).
« Quand l'appétit va tout va » dit un adage gaulois. Pourtant, passée cette attrayante mise en bouche, la sensation est plus mitigée une fois le livre refermé : intéressant et plaisant certes... mais malheureusement peu surprenant.
On fait souvent au premier tome d'une série le reproche qu'il met en place la suite sans pour autant susciter l'enthousiasme d'une histoire complète. Mais ce n'est pas vraiment le défaut de Porcelaine, qui s'attarde quasi-exclusivement sur deux personnages et qui développe une intrigue complète (sur 80 pages tout de même).
Le grief que je lui porte réside dans sa trop grande rigidité scénaristique : le résumé de l'ouvrage laissait présager un scénario plus exigeant et surtout moins conventionnel. Je regrette surtout l'absence de surprise dans ma lecture (essayez d'interdire un lieu secret à un enfant curieux). Tout est très linéaire... et un peu surfait aussi !
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Chronique complète à lire sur BenDis... !
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