Je précise avant tout que si j'ai pu lire cette belle BD, c'est encore une fois grâce à Babelio et ses opérations Masse Critique, et donc pour celle-ci les éditions Delcourt, que je remercie grandement.
Et pourtant, je vais tout de suite liquider ce qui m'a fait tiquer dans la présentation de cette BD - à savoir principalement la 4ème de couv', qui effectue un raccourci un peu brutal et inexact sur le début du récit : certes, Gamine subit la violence de la rue et le froid de Snowy City, mais c'est pourtant
bien par sa désignation par la chef de sa bande de petits voleurs et sous la menace qu'elle va oser passer de l'autre côté du mur du "sorcier", personnage sur qui court les rumeurs les plus folles, et qui s'avère être un porcelainier créateur d'automates, solitaire mais bienveillant...
On y évoque aussi les univers de Charles Dickens (là je suis plutôt d'accord, étant donné ce qu'on voit et devine de la grande misère, de la dureté et des inégalités sociales de cette ville impitoyable - mais cela ne devient très vite qu'un décor secondaire en toile de fond) et de Lewis Carroll (là je suis déjà moins d'accord : certes, il y a une échappée dans l'imaginaire et des touches de fantastique et de loufoque, mais ce n'est pas vraiment comparable), j'ajouterais qu'on pense aussi forcément au mythe de Barbe Bleue, qui se révèle parfaitement pertinent - et enfin, la préface même du scénariste nous donne le choix entre "roman graphique" et "bande dessinée", ce qui à mes yeux est une aberration tellement le "roman graphique" est un style bien à part et nettement distinct d'une bande dessinée, aussi riche et travaillé que soit le scénario de celle-ci.
C'est absolument tout ce que j'ai relevé de... même pas vraiment négatif, disons discutable, de cette BD : autant dire des points très secondaires et subjectifs !
Pour tout le reste, j'ai beaucoup apprécié cette belle et longue lecture, avec un univers et des
personnages bien plantés, parfois aussi imprévisibles que s'ils étaient réels, et les nombreux thèmes qu'ils déroulent avec l'intrigue - notamment la difficulté du deuil, les illusions et subterfuges par lesquels on s'enferme soi-même par quête de protection contre une réalité brute trop dure à apprivoiser, la solitude inexorable des cages dorées, les relations entre deux êtres qui n'auraient jamais dû se rencontrer et qui se surprennent, qui ne se comprennent qu'à moitié mais cherchent à tout prix à combler leurs lacunes par le besoin d'avoir (et de garder) quelqu'un de réellement bienveillant et fiable à leurs côtés...
Le conte est beau et cruel, comme il se doit.
Sa conclusion est une magistrale fin en elle-même, tout autant qu'elle donne très envie de découvrir la suite !
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