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Critiques de Christel Périssé-Nasr (7)
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L'art du dressage

Ce texte d’une précision clinique, chirurgicale est une réflexion sur le bien et le mal.





Marceau tient à conserver un contrôle quasi absolu sur le devenir de ses deux garçons ; l’un deux est éprouvé dès le départ dans son corps, et devra renoncer à ses rêves d’aviation. Sa créativité, née d’un relâchement de la vigilance paternelle, est dévolue à un espoir plus tangible. Mais créativité ne veut pas dire réussite.

Quant à l’aîné, le futur objet de fierté, il oeuvre à concevoir des engins de guerre, concentré sur l’accomplissement de sa tâche, bien indifférent aux conséquences mortifères de son commerce.



Le père figure de l’autorité est digne d’un respect légitime et incontestable, à moins que des secrets révélés ne viennent fragiliser l’édifice.



Le ton particulier de la prose donne à ce récit des allures de texte sacré, de mythe d’un temps passé, mêlant le tribal à l’universel. Des histoires d’animaux domestiques à l’évocation de l’alchimie neurologique de l’empathie, la palette est large.





Récit atypique et remarquable, ce roman est impressionnant.





94 pages Sonneur 12 janvier 2023

Sélection POL 2023


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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L'art du dressage

Il va falloir resserrer la longe, tirer sur les rênes



Le second roman de Christel Périssé-Nasr décrit les ravages que peut provoquer une éducation virile. Sous couvert de passion, un père va inculquer à ses fils des principes qui finiront par les perdre.



C'est d'abord une histoire de passion. Celle de Marceau pour l'aéronautique qu'il traduit en mettant beaucoup de soin à sa collection de maquettes. Il est en particulier fier des avions de la Seconde Guerre mondiale, comme ces Junkers avec lesquels Hitler ambitionnait de s'imposer sur tous les champs de bataille.

Une passion qu'il transmet à son fils, qui ne peut intégrer l'armée, car il a perdu un œil. Il poursuivra donc son œuvre, tandis que Gilles, son second enfant, portera l'uniforme. Lorsque ce dernier accepte d'intégrer un collège militaire, il se dit que son éducation a payé. Mais à la fois le bizutage et les idées qui règnent du côté de Saint-Cyr auront raison de sa bonne volonté. Gilles jette l'éponge et entend oublier les militaires. Il va choisir de faire son service comme coopérant en Afrique. Puis croise Nour et décide rapidement d'en faire la femme de sa vie. Tandis que le couple s'installe et que la famille s'agrandit avec la naissance d'une fille, Mais tout aussi rapidement, les ennuis commencent et l'orage gronde. Alors Gilles et Nour se séparent, provoquant l'incompréhension d'un mari qui aura su grimper les échelons jusqu'à ce statut social qui lui est dû et qui devrait faire l'admiration de son épouse. C'est du moins ce qu'il pense. Mais peut-être lui a-t-il laissé trop de liberté, oubliant de serrer les rênes.

C'est ce système que dénonce subtilement ce livre. En s'appuyant sur les petites manies et les grands principes, la représentation du pouvoir et la domination des grands mâles. Ici tout tient dans les habitudes et les gestes sournois plutôt que dans les démonstrations de force. Pour être pernicieuse, la violence n'en est pas moins réelle.

Ce roman sur l'emprise, celle du père sur ses fils, celle du mari sur son épouse, pose aussi la question du statut de l'homme, bousculé dans sa virilité. On le sent ici fragilisé et déstabilisé. Alors il répond par la force et par le mépris. Un conte glaçant qui démontre combien le chemin vers une relation équilibrée et apaisée est encore long.




Lien : https://collectiondelivres.w..
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L'art du dressage

Marceau élève ses deux fils, le collectionneur et Gilles, selon des préceptes masculinistes, dans le culte de la puissance militaire et de l’honneur.



Le plus jeune, le collectionneur, est passionné d’avions de guerre. Malheureusement, aveugle d’un œil, il ne peut embrasser une carrière dans l’armée. C’est Gilles, l’aîné, qui fera un coup d’essai à l’armée mais qui abandonnera vite, suite aux brimades endurées. Il ne sera pas soldat, mais il fera de la vie professionnelle une arène, bien décidé a incarné ses valeurs de puissance et a prouvé qu’il est un mec.



Entre ces trois hommes, comme une lanière invisible mais bien présente qui les tient les uns les autres et les remet dans le droit chemin au moindre écart.



Une lecture qui fait froid dans le dos. On se demande si de tels hommes existent dans la vraie vie. Les femmes sont au choix des « ornements » ou des « servantes », les petits animaux sont torturés et l’homophobie et le racisme pullulent au sein de cette famille d’hommes. Une lignée d’oppresseurs frustrés qui ne s’en prend qu’aux plus faibles.



J’ai été très vite happée par cette lecture aux allures de conte moderne dans lequel on retrouve Boucle d’Or ou un collectionneur borgne, personnages archétypaux mais qui ne tombent pas dans la caricature.



La plume est originale, faite de métaphores et souvent moqueuse. Christel Périssé-Nasr a réussi à me faire ressentir des émotions fortes, certes négatives, comme le rejet et la gêne. Je l’en remercie.



En creusant un peu, je découvre que le premier roman de l’autrice avait pour thème son père, prof d’extrême-droite, au verbe haut et provocateur. Un possible non-modèle de virilité toxique ?



Lisez ce roman… Aussi petit qu’édifiant !
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L'art du dressage

Un roman court 94 pages mais d une telle intensité qu il vous donne tout de suite envie de le relire.

Cette sensation et ce besoin j ai pu la rencontrer 2 fois chez ce même éditeur cette année.

Une grande plume un texte qui prend aux tripes.

Un drame familial.

Une critique sociale sur la masculinité et les rapports père fils.

Plaisir de lecture et de découverte 9/10

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L'art du dressage

Il était une fois un sexisme et un autoritarisme ordinaire…

Une histoire d’Hommes où les femmes, les enfants (petites filles), animaux sont transparents ou au service de l’Homme.



Marceau est un père autoritaire, qui entend bien transmettre ses idées d’honneur à ses deux fils. Faute d’être soldat comme son père, il est huissier de justice. Alors il se projette dans ses enfants. Le plus jeune est borgne et ne pourra donc pas rejoindre l’armée. Il aligne et range ses créations d’engins militaires sur ses étagères.

Le fils ainé, Gilles, doit donc sauver l’honneur de la famille. Il craque à Saint Cyr, harcelé par les étudiants à particules et finit par entrer dans une école d’aéronautique. Ouf ! Les principes de Marceau sont saufs, et Gilles travaillera dans cette branche.

Il va se marier avec Nour et aura une petite fille.



On pourrait penser qu’une fois marié, il va sortir de l’emprise de son père et échapper au formatage qu’il a subi. Non, il applique comme un gentil garçon, un fils obéissant, les préceptes de machisme, de condescendance envers sa femme, de maltraitance envers les plus faibles.

« Nour veut du temps et du silence autour d’elle pour peindre ses petites merdes en confort.(…) Offre lui ce confort. Tu la tiens par la pelote et on lui ploiera doucement l’échine. Elle apprendra à compenser son petit temps et son petit silence, à te les payer au prix fort. Tu l’auras, ta servante. »

Jusqu’au jour où….



Ce qui m’a intéressée, c’est la précision chirurgicale, froide des portraits tracés. Aucune empathie de la part du lecteur.

Presque un exercice de style : les portraits de Marceau et Gilles servent d’illustration au sexisme et au mépris de tout ce qui n’est pas Homme ou Soldat.



C’est le titre et la couverture qui m’ont attirée vers le roman. Et pour moi, c’est le seul bémol : quand on est cavalier, l’art du dressage consiste à faire AVEC le cheval et non pas contre, en le soumettant à sa petite volonté.



Livre lu dans le cadre du Prix Orange 2023.



https://commelaplume.blogspot.com/









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L'art du dressage

C’est toujours une joie pour moi de découvrir un nouveau titre des éditions du Sonneur, une maison d’édition chouchou ! J’y vais les yeux fermés et je me laisse surprendre.

Ce roman nous plonge dans une famille composée d’hommes, le père et ses deux fils. L’atmosphère est chargée de masculinité et peut déranger le lecteur ou la lectrice. Le père est huissier de justice. Il s’appelle Marceau. A défaut d’être un soldat comme son père, mort en plein vol en 1940, il transpose son rêve sur ses enfants.

D’abord sur le plus jeune, « le collectionneur » qui réalise et aligne de nombreuses maquettes d’engins militaires sur ses étagères. Mais l’armée française ne veut pas de lui. Il est aveugle d’un œil depuis la naissance.

Alors Marceau se tourne vers l’aîné, Gilles. Il accepte la requête de son père : entrer dans la très renommée école militaire, Saint-Cyr. Mais il n’y tiendra pas longtemps face au harcèlement et à la violence des fils de bonnes familles, hautains et méprisants, qui ne voient pas d’un bon œil l’intégration de recrues sans particule.

Gilles rebondit et après le lycée civil, il trouve un moyen de satisfaire les ambitions de son père. Il intègre une école d’aéronautique. L’honneur est sauf.

Tout au long du roman, on sent l’emprise du père, comme des fils invisibles qui influencent les choix de ses enfants. Son éducation ressemble plutôt à une ode à la virilité, ou à un dressage comme le suggère le titre.

Ensuite on apprend que Gilles a une petite fille, « Boucle d’or » et une femme « exotique », Nour, une artiste qui vit à ses dépens. C’est lui qui subvient aux besoins de la famille.

Des événements de l’enfance resurgissent à certains moments du roman et font le parallèle avec ce que vit Gilles avec sa fille et sa femme, notamment sa relation avec les animaux de compagnie. Sans trop vouloir vous en révéler, la vie de famille n’est pas idyllique.

J’ai aimé l’écriture de l’autrice. L’histoire est originale et traitée comme une sorte de conte par moment. Elle aborde essentiellement le thème de la virilité. Les femmes, inférieures, sont toujours la cause du malheur des hommes, reléguées au rôle de servante. Un texte dérangeant, critique et qui fait très bien ressentir les émotions des personnages, souvent négatives.

Ce roman pose la question : Qu’est-ce qu’un homme ? Comment Gilles peut-il grandir avec un père toxique ? Quel homme deviendra-t-il ? Quel père deviendra-t-il ? A vous de le découvrir en lisant ce court et intense roman de 94 pages, plutôt glaçant ! Pas sûre qu’il plaise à tous les lecteurs, mais pour ma part je le trouve très réussi !
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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Il n'y a pas de grand soir

Quatrième titre d’une nouvelle collection de littérature française dirigée par l’écrivain Jean-Philippe Rossignol («Ce que je veux : un univers, un style.»), premier roman de l’auteure. Choc. Pourquoi brider son enthousiasme (de lecteur)? Première phrase, première page, et l’on est emporté, à une allure fulgurante. Alors : où est-ce que cela va casser, quand? Ça ne casse pas: 133e page, 55e séquence, 10e leçon du père, fin.

Retrouver son souffle. Dire que l’on vient de lire, en apnée, le portrait d’un père – ni hagiographie, ni règlement de comptes. Portrait par sa fille aînée (de quatre, en deux «nichées»), formidablement pénétrant, littérature à l’estomac. On n’aimait guère les phrases courtes? Exception, ici – où toutes ne le sont pas. Pas un mot de trop, ni à côté. Style? «Force de percussion» (pour dire comme Nathalie Sarraute) – sans affèterie ni complaisance, aucune. Ça frappe, «touché!» ainsi qu’à la bataille navale, et selon le mot de Marcel Proust (qui ne faisait pas que des phrases longues, cette bêtise!) Du droit-au-but, du sans-détours. Précise, incisive, juste, efficace, l’écriture. Le mot qui vient, immédiat : prodigieux (pourquoi brider...?)

Alors, ce père ? Vert Galant du baby-boom, Gascon exilé en Normandie, anti-gauchiste (Occident, occitan...) passé à l’ennemi, professeur d’Histoire, tribun au verbe compulsif («Il est préférable de choisir la langue comme mode de vie.»), joueur, séducteur, avec cette intelligence aiguë qui dispense de respecter les règles, de s’illusionner sur sa propre nature («Si vous croisez un homme comme moi, changez de trottoir»), autorise à jouer de toutes les provocations («L’enfant buté gesticule toujours en lui.»), à supporter tous les revirements («Le père est un jeune homme capable d’étranges flambées contre lui-même»)... Détaché des biens de ce monde, désordonné, dans ses amours, son intérieur, toute sa vie. Ne tirant de leçon de rien, pas même de ses propres expériences. Fréquentations: Villon, Voltaire, Molière – «La fortune est littéraire ou elle n’est pas » Dont acte.



Critique parue dans "Encres de Loire" n° 60, page 38, été 2012
Lien : http://www.paysdelaloire.fr/..
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