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Critiques de Christian Dorsan (7)
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Boutique Hôtel

Qui n'a pensé un jour "Je suis un résidu de notre couple, et je lutte contre ce vestige" ? Personne, et les étapes de renaissance que traverse le narrateur pourraient être les nôtres.



🏝Le pitch de Boutique hôtel ? Pour fuir le mariage de son ex-amant, le narrateur part pour une semaine sur une île, au Boutique Hôtel, parce que « dans le voyage, on est débarrassé de soi dans ses habitudes ». Mais comment se trouver soi-même quand tout fait surgir le souvenir de celui qui ne sera appelé que « Ex » ? Ça se fera, mais vraiment pas d’une manière prévisible…⠀



🏝« Ex » appartient à la classe moyenne et dominait donc socialement le narrateur, d’origine populaire, d’une manière dont le narrateur a toujours eu conscience. Dès lors, le fuir, c’est bien plus que tenter de se remettre d’un chagrin d’amour : c’est aussi préparer sa rupture avec son milieu d’origine.⠀



🏝Car il faut dire que pour un livre qui n’a pas été écrit par Annie Ernaux, la notion de « place » prend une… place singulièrement cruciale et envahissante. La place, c’est celle dont on ne peut pas bouger, celle du « Pater », prolétaire, et de son fils, qui a conscience qu’il « échappe à [sa] condition en ayant peur d’y replonger ». La place, c’est celle que prennent les autres, qui décident « à notre place ». Et puis c’est celle que le narrateur se fait voler dans l’avion à l’aller, tandis qu’au retour, il se dépêche de la rejoindre parce qu’il sait qu’elle l’attend. Plus qu’un symbole : une preuve que tout a bougé.⠀



🏝Comme moi, Christian Dorsan est un contributeur régulier pour 20 minutes : commenter son roman est donc un exercice délicat. Mais il fait dire à son personnage « Nous ne sommes jamais vraiment nous pour les autres, nous ne sommes que l'image qu'ils se font de nous » : dans l’image que je m’en suis faite, il y a cette possibilité d’un voyage hors de l'espace et du temps à la rencontre de soi-même, qui pourrait être aussi le vôtre.⠀
Lien : https://www.20minutes.fr/art..
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Boutique Hôtel

Ce récit intimiste nous fait suivre presque heure par heure un jeune homme, juste après la rupture avec son compagnon, au cours de ses brèves vacances dans une île ensoleillée. Il essaie alors de se reconstruire, malgré un fort sentiment de solitude et d'abandon, de suivre ses propres émotions et ses envies, de retrouver une autonomie loin du couple qu'il formait avec son ex, et de bâtir des relations avec les personnes qui l'attirent. Pour cela, il lui faut toutefois se pencher au plus près de ses blessures et des traces qu'elles ont laissées, et essayer de comprendre qui il est vraiment. L'écriture de l'auteur, juste et fluide, entraine l'empathie nécessaire pour nous faire partager les difficultés et les interrogations du héros, mais on ne tombe jamais dans une atmosphère trop sombre grâce à l'autodérision souvent présente, nous rendant le protagoniste proche et sympathique. Un texte réussi.
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Celui de nous deux qui part le premier

Ce court roman changera votre regard.

Un homme, notable et trentenaire, a toute sa vie « obéi » aux convenances de son milieu social, et il a toujours vécu dans le même lieu, qu’il a baptisé de façon humoristique « l’étuve ».

Il s’est marié et a eu un enfant.

Cela fait déjà trop longtemps qu’il marine dans son étuve quand un jour il retrouve par hasard celle qui fut sa « belle histoire ».

Soudain c’est comme si un fusible avait sauté et au lieu de se retrouver plongé dans le noir, la lumière surgit et donne un autre éclairage à sa vie.

La construction de ce roman en un minimum de page (moins de 100), avec peu de dialogues, un ton sec voire minimaliste, font d’un sujet profond : le sens que l’on donne à sa vie si toutefois on est libre de cette orientation, donc de cette réflexion philosophique un suspens inattendu et particulièrement réussi.

De façon très intimiste c’est une voix masculine qui s’élève.

Notre homme est à un moment de sa vie où l’esprit ne stimule plus son corps, où sa volonté est anéantie.

Qui d’entre nous ne s’est jamais senti être « un pantin » retenu par des ficelles qu’il ne peut rompre.

Lorsque le poids de l’éducation, des convenances, des diktats sociaux, nous entravent et que le désir n’est plus qu’un mot vide de sens et non plus le moteur de votre vie.

Est-ce rêver de vouloir combler le fossé entre l’apparence que nous donnons et ce que nous sommes réellement ?

De sa jeunesse il fait un inventaire à la Prévert, cette période d’apprentissage est décrite à travers de beaux portraits en deux ou trois mots comme des coups de crayon appuyés. L’écriture se fait incisive, gratte où ça fait mal mais sans entamer l’épiderme.

La période adulte est dressée à travers trois portraits de femmes : Elle, Belle histoire et Inavouable.

Trois choix me direz-vous, pas sûr.

Il chemine à travers le portrait de « ses » trois femmes, en creux c’est son portrait d’homme qui se dessine.

S’il avait choisi Belle histoire, il lui aurait fallu sortir du cadre, le hors cadre demande de l’audace, écrire le hors champs de l’inventivité…

Et enfin, la question du désir envahit tout. Doit-on obéir à ses désirs ?

Se réapproprier son image, il se regarde dans le miroir, il fait à nouveau attention aux battements de son cœur…et beaucoup de petites choses émergent à nouveau, font éclore la vie, celle qui se construit sur des petits bonheurs, celui qui fait que l’on a conscience d’être soi c’est-à-dire quelqu’un d’unique.

Cultiver ses différences car ce sont des richesses.

Pour cela il faut faire fi du regard des autres, savoir doser ce qui est permis et jusqu’où pour ne pas nuire, mais surtout éviter de se fondre dans la masse.

Oscar Wilde n’a-t-il pas écrit « Soyez vous-mêmes, les autres sont déjà pris. »

Ce texte est un CRI .

Dans le silence qu’il déchire il est angoisse, colère, souffrance, densité et surprise, comme le premier cri du nouveau-né comme si celui-ci présentait que « Vivre est la chose la plus rare du monde. La plupart des gens ne font qu’exister. » OW

Ce livre est d’autant plus intéressant qu’il est réfléchi par un homme car ce sont les femmes qui larguent les amarres dans 75% des cas.

Réfléchissez « Celui de nous deux qui part le premier n’est pas forcément celui qui trahit. Il réagit à l’attente secrète de l’autre, de celui qui ne part pas, de celui qui n’ose pas. »

Lecture brève mais intense qui vous fera vaciller sur vos certitudes. Brillant.

©Chantal Lafon-Litteratum Amor 06 avril 2019.

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Marnage

Guérande de nos jours. La Bretagne, ses plages de sable fin caressé par l'air iodé, ses marais salants, la douceur provinciale couplée à la vie sans histoires de personnes authentiques. Ici, chacun, bercé par une languissante monotonie, s'épanouit dans le juste milieu. le temps passe au ralenti en toute simplicité. Stop… Oublions la rondeur pittoresque de ce coin d'Armorique, bien trop conforme à la carte postale tant prisée par les Parisiens en villégiature.

Loin du cliché habituel, ce roman nous plonge en effet dans l'envers du décor, il dévoile des ciels tourmentés par de gros cumulonimbus. L'orage prêt à déverser ses trombes d'eau.

Ce faisant, l'auteur répond d'une certaine façon à la question que les touristes sus-évoqués éludent le plus souvent : Comment vivent donc les gens du cru ?

On ne va pas tarder à le savoir du point de vue d'un jeune homme qui, d'après son prénom, Erwan, ayant pour meilleur pote un certain Loïc… est un pur produit du terroir.



Marnage raconte donc le parcours mouvementé d'Erwan, englué dans une vie sans perspective, à l'horizon bouché.

Décrit en quatrième de couverture comme « un jeune minable trop sûr de lui », Erwan est plutôt un paumé qui grenouille en rêvant d'ailleurs. Il refuse en effet de se faire exploiter par les autochtones qui n'ont pas le moindre scrupule à faire trimer leurs congénères dans la crêperie du coin pour un salaire de misère. Il est convaincu de valoir mieux que le sur-place auquel il est destiné, parce que stagner signifie généralement reculer. Rien de mal en soi à se chercher tout en cherchant sa voie. Après tout, la vie n'est que flux et reflux, à l'image des marées montantes et descendantes. Ce rythme quotidien.



On va suivre l'étrange trajectoire d'Erwan qui se veut libre et sans attaches. Ainsi que sa sortie de route. Abonné aux plans foireux, il a toutefois réussi à séduire une femme de caractère : l'impressionnante éditrice parisienne Marianne Delcourt dont l'odorat titillé par l'air salin l'a conduite à trouver un point d'ancrage sur la presqu'île. Avec ce personnage, une brèche s'entrouvre sur le milieu de l'édition, qui n'a rien d'un pays magique où fleurissent les arcs-en-ciels. La dame gère en effet ses affaires d'une main de fer et gare à ceux qui cherchent à la lui faire à l'envers.

Par un malencontreux concours de circonstances – dont on taira les tenants et aboutissants pour ne rien dévoiler de l'intrigue –, Erwan devra affronter les foudres de celle qu'on surnomme la « Reine Delcourt ». Si on se figure aisément qu'il n'y a rien de pire qu'une femme bafouée, un effort minimum d'imagination suffira pour se représenter une lettrée aux dents longues trahie par un blanc-bec. En gros : Erwan a du souci à se faire. Et comment ! C'est ce qu'on va voir au fil d'une plume fluide et addictive qui nous fait chercher de quelle façon Erwan va se sortir du guêpier (une mare aux crabes plus exactement), dans lequel il s'est fourré. Impossible de lâcher le livre avant de connaître le fin mot de l'histoire. En plus, l'ancrage régional est parfaitement rendu et le suspense tient la marée. Jusqu'à la dernière ligne.




Lien : http://scambiculturali.over-..
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Celui de nous deux qui part le premier

Celui de nous deux qui partira le premier est une belle et courte surprise. Dans une petite ville de province dont on parlera comme de Fleuve, se terre une vie paisible et ordonnée, où le narrateur sera Fils de, car avant tout fils du notaire et donc futur notaire lui-même, appelé à rester Fils de.



Il vit au dessus de l'étude familiale qui, de son étouffante rigueur deviendra dans le récit l'Étuve. C'est là qu'il s'installera avec Elle, celle qu'il a rencontré lors de ses études ratées de notaire mais avec qui il fondera un foyer puis une famille. Une vie feutrée, sans effusion, où notre narrateur répond aux injonctions familiales et à celles de la bonne société locale.



Dans ce quotidien ronronnant surgit pourtant Belle Histoire, celle qui dans l'adolescence avait su éveiller la flamme du désir et avec qui rien ne s'était jamais terminé. Son retour à Fleuve vient perturber cette vie effacée, mise en sommeil, et réveillera même le souvenir de ces caresses interdites et répétées avec Inavouable, un copain du club de tennis auquel son statut l'obligeait à participer dans l'adolescence.



Ce fut bref mais ce fut beau, c'est une agréable surprise que ce roman d'une centaine de pages, celui de l'éveil des sentiments puis de leur anesthésie lente et progressive, des regrets et de l'impression d'être passé à côté d'une autre vie qui aurait pu être possible. Un livre à découvrir, ainsi qu'une très belle plume.



Service de presse numérique adressé par l'auteur.
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Papa, c'est encore loin quand je serai gran..

Je m'attendais à quelque chose de plus philosophique. Ce livre n'a pas apporté d'eau à mon moulin...

Néanmoins j'ai relevé une citation dans laquelle je me retrouve: « Et puis, pour être heureux, il faut être tranquille d’esprit, alors entre mon travail à l’usine, mon travail dans les terres, et vous tous, tout ça n’était pas de tout repos.

Plus on vieillit plus on est sensible à tous un tas de stimuli qui nous entourent. On se satisfait d’en avoir un peu, c’est indispensable, mais on subit leur abondance.
Lien : https://j.joelle@outlook.fr
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Boutique Hôtel

Est-ce qu'on peut se reconstruire parce qu'on change d'horizon, de décor, d'ambiance, de personnes après une rupture ? Possible ? Complexe ? Difficile ? Périlleux ? Un projet en tout cas. C'est ce que fait "Je" le personnage proposé par Christian Dorsan dans ce nouveau roman, Boutique Hôtel, aux Editions Vibration. (sous la direction de Jean-Marc Collet) S'extraire, se projeter, tenter de donner du sens au présent parce que le passé a marqué, a blessé, a laissé des cicatrices encore douloureuses. Et se risquer à se projeter dans un futur, toujours incertain.

En outre, JE va se pro-jeter - non sans effort - dans de nouveaux échanges avec des inconnus, c'est souvent moins dangereux - pour rebondir, enfin tenter de rebondir, de recouvrer une certaine propension à goûter la vie. Il n'empêche, JE demeure souvent englué dans l'éducation en hauts et bas dont il a hérité. Mais JE semble être une "belle" personne et cette expérience sur l'île (un prétexte on n'en doute pas), lui permettra sûrement de se construire autrement à défaut de se re-construire. Quant aux personnages qu'il rencontrera ils sont souvent extraordinairement ordinaires ou ordinairement extraordinaires, parce que peut-être JE saura les percevoir autrement qu'à l'accoutumée. (en prenant du temps, dans une vraie empathie)

A lire, parce que JE c'est NOUS ! Souvent ? Non à chaque instant... de l'intime donc à l'universel !

CM
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