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4.5/5 (sur 9 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) à : Veyres-sous-Rances , 1948
Biographie :

Christophe Gallaz est né en 1948 en Suisse, dans le canton de
Vaud. Après des études inachevées de droit, il devient, en 1973,
journaliste au quotidien lausannois Le Matin, où il ne cessera
d'élargir son éventail d'activités, passant des tâches de stricte
information aux commentaires politiques ou culturels, puis à la
rédaction d'une chronique hebdomadaire dès 1980.
Plusieurs livres témoignent de son écriture à mi-distance du
journalisme et de la littérature : une vingtaine d'ouvrages pour les
enfants, en collaboration avec les dessinateurs Etienne Delessert et
Roberto Innocenti, auxquels s'ajoutent à titre personnel Une chambre
pleine d'oiseaux (L'Âge d'Homme, 1982), Lettre à Jeanne Hersch (Zoé,
1984) et les Chagrins magnifiques (Zoé, 1986).
Au Québec, quelques revues ont publié ou vont publier des textes
de Christophe Gallaz : Vice Versa, XYZ, Écrits du Canada français.
Marie José Thériault

Christophe Gallaz est né à Veyres-sous-Rances en 1948. Il a suivi des études de droit à l'université de Lausanne avant de devenir journaliste et de se consacrer à l'édition.

Il vit à Lausanne.
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Source : http://www.ricochet-jeunes.org/auteurs/recherche/1791-christophe-gallaz
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Interview de Christophe Gallaz, écrivain suisse


Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Et surtout, il considère le passage du temps d’une façon
parfaitement contraire à la vôtre. L’avenir, au sein de vos sociétés
humaines occidentales, c’est du temps placé devant vous. Vous
lui faites face et vous devez l’affronter – c’est le verbe que vous
employez souvent à son propos.

Et pourquoi devez-vous l’affronter ? Pour le conquérir, parce que
vous le définissez comme votre terrain d’exercice ou votre champ
de bataille. Et votre champ de victoires, si possible. Or pourriez-vous
conquérir ce que vous ne voyez pas ? Non, bien sûr.

C’est pourquoi vous avez placé le passé dans votre dos, comme
un paysage franchi dont vous conservez quelques souvenirs vous
inspirant peu.
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Christophe Gallaz
L’araignée, le rétroviseur et Michel Onfray. Par Christophe Gallaz, écrivain.

Une histoire m’est advenue. Son héroïne fut une araignée qui colonisa, voilà quelques mois, un rétroviseur latéral de mon automobile. Un matin j’aperçus sa toile, qui s’étendait du boîtier comportant le miroir jusqu’à la vitre de la portière. Une merveille technique remontée du fond des âges, puisque les formes de cet arthropode apparurent voilà 140 millions d’années. Pourtant je détruisis grossièrement cet ouvrage, aux fins de mieux surveiller mes arrières en pilotant mon vaisseau de tôle et de plastique. Or le voile de soie régna de nouveau le lendemain, que je défis tout autant. Ainsi de suite, une petite semaine, avant que mon comportement basculât dans un respect sacré face à cette merveille d’obstination tricoteuse. Il faut parfois s’agenouiller face à pareille expression de la vie qui nous dépasse et prime de loin celle de notre engeance autopropulsée jusqu’aux délires de la nocivité.

Plus tard je compris l’énigme. L’animal s’abritait durant le jour derrière le miroir du rétroviseur, dans sa loge sise entre le verre et les parois de son boîtier, avant d’en sortir à la nuit tombée puis de restaurer son piège élégantissime, et savourer quelques-unes de ses proies réputées pour leur jus. Ainsi vécûmes-nous côte à côte plusieurs semaines, au gré de cent routes et de mille chemins étirés de la ville à la campagne
– et qu’il plût ou fît soleil.

Or dans l’intervalle j’avais découvert autre chose. Une silhouette était apparue parmi les reflets du rétroviseur. C’était celle de Greta Thunberg, la jeune Suédoise qui grimpe sur toutes les tribunes publiques de l’Europe pour alerter nos foules gavées d’abrutissements obèses sur l’urgence de conjurer la dévastation climatique à l’échelle de la planète. Et là, du rétroviseur, elle dardait au loin le regard tenace des prophètes exacts.

Alors un philosophe hexagonal, devenu plus connard aujourd’hui qu’il avait été inspiré dans ses débuts, le Michel Onfray dont Wikipédia relate qu’il défend une vision du monde hédoniste, épicurienne autant qu’athée, la rejoignit dans le miroir pour lui beugler ce qu’il venait de vomir urbi et orbi sur son propre site internet.

À savoir que cette adolescente atteinte d’un autisme brillamment fonctionnel ressemble à «ce vers quoi l’Homme va» — évoquant pour lui, de manière étrangement cryptosexuelle, «ces poupées en silicone qui annoncent la fin de l’humain et l’avènement du post-humain». D’ailleurs, poursuit le connard en son libelle, que «dit ce corps qui est un anticorps?» «Cette chair qui n’a pas de matière, cette âme qui fait la grève de l’école, cette intelligence ventriloquée?» Avant d’ajouter: «Nous les enfants», dit-elle quand elle parle! Mais quelle civilisation a jamais pu se construire avec des enfants?»

À la surface de mon miroir emporté dans l’espace et le temps, la lucidité fraîche affrontait donc la sagesse cacadémique fate et pourrie – celle dont Schopenhauer écrivit qu’elle «délaisse complètement l’objet» et «dirige ses attaques sur la personne de l’adversaire» lorsqu’elle a perdu la partie. Il en résulta pour moi la vision synthétique d’un monde si condamné par ses rhétoriciens tordus que je devins brutalement terroriste. En commettant l’embardée qui projeta le connard sur le bitume surchauffé par l’horreur climatique, où ne resta bientôt plus que sa carcasse en train de frire. La toile de l’araignée s’en trouva sublime au jour du lendemain.
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Christophe Gallaz
AUTOPORTRAIT DE L'INDIFFERENT...



«Les temps sont modernes et je suis l'Européen moyen pétri d'images,et de renseignements électroniques, simulacres azurés d'une planète que je méconnais dans sa substance et sa durée. J'aimerais porter secours au million de réfugiés de l'Est rwandais qui cheminent dans la poussière et périssent parmi les miasmes et les mouches, mais je ne suis moi-même que leur frère inversé, le sans-patrie de la modernité, le désespéré sous la prospérité, l'écrasé par la toute-puissance de ses moyens, l'égaré par ses possibilités de connaissance, le défait jusqu'à la fibre, le cloué dans une terreur inavouable.»



«On m'appelle nomade du secteur tertiaire. Je suis le fondé de pouvoir habillé d'un costume gris ou la secrétaire en tailleur Chanel, ou quiconque retient ces figures-là comme une référence de ses ambitions. Je pianote sur mon ordinateur portable et je décoche partout d'incessantes communications téléphoniques sur mon combiné sans fil. Je n'ai pas de bureau fixe. Je suis en transit perpétuel entre les filiales de l'entreprise qui m'emploie, ou je vais la représenter dans des marchés vierges à conquérir infiniment. Ma cote professionnelle est directement liée à ma mobilité. Plus je circule vite et loin sans perdre de mon efficacité, plus ma position s'affirme et ma rémunération s'accroît.»

«La scène de mes jours est ordinaire au point d'être blanche et blanche au point de récuser tout visiteur étranger. Je suis sans âge et mon passé s'écrase en lui-même comme un paysage observé dans un téléobjectif. Je ne sais voyager que pour fortifier mon indifférence à l'endroit de mes congénères, que je vois mécaniquement théâtralisés dans le hall des gares et des aéroports. Je suis dépourvu de conscience idéologique et je n'admire les politiciens que lorsqu'ils nimbent de grâce esthétique le jeu pourri de leurs ambitions. J'aime mon corps en ce qu'il m'abrite du regard des autres et le mystifie. Et je suis fasciné par le téléphone, qui m'épargne toute présence physique d'interlocuteurs et m'offre la nuit de sa perfection technique pour la zébrer de conversations livides comme des cicatrices.»



«Je n'envisage la mort qu'irisée, pulvérisante et symétrique à la dépossession que mon existence aura constituée. J'aime l'avion parce qu'il me révèle l'ennui géologique du globe et l'indigo méprisant des espaces altiers. Je mange indépendamment de tout appétit biologique et de toute culture gourmande, parfois goulûment et parfois chichement, parfois lentement et parfois vite, pour arpenter à bouchées machinales le décor figé des arômes, des textures et des apprêts. Je contemple la mer comme la résultante ironique du vent, des vagues et des siècles. J'aime la prostitution des ordures sur les trottoirs. Je n'ai pas d'amis capables de s'absoudre au vertige du partage. J'entends toute parole d'autrui comme la convulsion morbide du savoir et du rêve. Je salue le miroir de ma salle de bains comme le lieu le plus sociable de ma propre réalité, et la musique de mes disques comme la plus magnifique impossibilité de récuser les chagrins du monde.»



«Je participe à la mécanique des modes et des contre-modes à l'instar de la truite qui s'établit dans les courants du torrent pour s'y faire voir à l'oeil innombrable, terroriste et rond de ses congénères. Je regarde les glissières d'autoroutes comme balises tranchantes et maternelles entre lesquelles je puis céder aux arrachements natifs de la vitesse. J'éprouve les déceptions qui m'adviennent comme les marques de mon progrès vers la désolation personnelle, c'est-à-dire comme celles de mon accoutumance au pire, c'est-à-dire de ma résistance idéale à l'adversité que mon existence représente.»



«Il m'apparaît plus somptueux d'être objectivement seul que de l'être en présence de quiconque. J'aime la métaphysique des motels autoroutiers, leur similicuir unanimiste, leurs rideaux crevés, les criquets qui se frottent les élytres parmi les papiers gras alentour, ce précaire et ce minable bricolés au flanc des Niagara bitumineux où l'Europe des transitaires motorisés se pisse elle-même. J'aime le trafic des mots qui klaxonnent au carrefour citadin des discours majoritaires. Je pense aux mères comme à des cavernes où fermentent la fougère et le regret, et je savoure les scénarios cinématographiques comme les traces d'une illusion qui font danser celles de ma vie.»

«J'aime le marbre où chatoie le deuil et la danse des chats. J'aime le métal qui tranche les reflets et caresse les chairs. J'aime les nuages du soleil couchant qui vont et saignent le soir, et décorent le bal de l'indifférence cosmique où s'enfoncent mes douleurs. J'aime que la fin du siècle soit plus proche de moi que n'ont su demeurer mon enfance et celle du monde. J'aime que la violence des peuples tende à l'absolu sanguinaire, et se distingue aussi crûment des incantations que l'ordre politique ne cesse de fourguer aux peuples.»



«J'aime le million de réfugiés de l'Est rwandais qui cheminent dans la poussière et périssent parmi les miasmes et les mouches, leur cortège qui me rappelle la fusion suprême des destinées humaines, leur silhouette qui m'enseigne l'exigence de l'élégance en face de la mort, leur manière de me représenter l'extase des corps avant leur effondrement dernier. Il me faut les regarder chaque soir en enclenchant mon téléviseur. J'aime apercevoir ces hommes, ces femmes et ces enfants chargés d'un maigre bagage contenant tous leurs biens. Ils vont à pied dans un paysage désolé mais pourtant imprévisible, tant il est truffé de tribus adverses et de faux amis. J'aime les voir épuisés et sans courage tant ils ont quitté leur parenté, viennent de loin, ignorent où ils vont, ne mangent guère, boivent à peine, sont malades et n'osent pourtant s'arrêter.»



«Ces autres nomades me sont nécessaires comme une représentation de moi-même. Ils me viennent du cul du monde pour me rendre courage. Ils sont la part dévastée de ma chair. Ils sont mes frères en creux, en vide, en absence, en soupir. Ils sont les tremblements de mes gestes. Ils sont la défaite apaisante des réussites auxquelles je suis condamné pour exister dans ce monde. Ils sont la fenêtre de mon bagne. Ils me rappellent assez ma condition réelle pour que je me sente un peu moins solitaire, et me sont suffisamment dissemblables en apparence pour que je ne me sente pas anéanti comme eux le sont. Je les aime. J'aime le monde entier. Je suis la définition même de l'amour. Je n'aime rien».13 décembre 1996

Christophe Gallaz
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Or j'effraie votre espèce depuis la fin de 2019. J'apeure la population des villes et des campagnes, j'alerte les hôpitaux et je propulse les experts de toutes sortes sur les chaînes de la radio comme de la télévision. Je mobilise aussi les réseaux sociaux, j'enrichis l'industrie pharmaceutique et quelques secteurs des communautés civiles en précipitant les autres dans l'angoisse. Et je panique les politiciens au pouvoir qui convoquent aussitôt leurs armées administratives, policières et parfois militaires. (p. 10)
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Et quand je pense à tout cela, j'éprouve le besoin de rappeler la plus grande vertu que les scientifiques prêtent aux virus dont je suis : nous sommes les gardiens de la biodiversité. Sans celle-ci vous ne seriez rien, peut-être. Vous vous nourrissez du vivant, et vous respirez grâce à lui dans la mesure où des organismes marins ont fabriqué pendant des centaines de millions d'années l'oxygène qui vous est nécessaire. Un cycle entretenu par les plantes et le plancton.
Vous êtes le résultat de ces relations. De ces équilibres auxquels nous contribuons. Quand nous prenons pour hôtes les représentants d'une espèce devenue si puissante qu'elle écrase les autres, comme les humains le font aujourd'hui, nous rétablissons la balance. Nous affaiblissons les trop puissants en procurant plus d'espace à leurs victimes menacées de raréfaction. (p. 32)
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Si j'étais solennel, mes chers, je dirais que votre espèce devrait renoncer à ses comportements en vigueur depuis des millénaires. Devrait concevoir son existence autrement. Moins s'adonner aux pratiques de la conquête, de la croissance économique et financière, de la production industrielle excessive et des consommations illimitées dans tous les domaines. Et songer davantage aux dévastations dont elle accable la planète qui est la votre, la mienne et l'unique. (p. 16)
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Bonjour, chers jeunes des sociétés humaines actuelles et chers autres dont l'esprit reste agile. Je suis le virus. Le coronavirus. Celui de la pandémie, mot qui désigne une épidémie répandue sur toute la planète. Celui qui connait beaucoup de choses et vous adresse la parole. Dans les livres ont peut tout se permettre, comme dans la nature qui se réinvente à l'infini. (p. 9)
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