AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Claire Frèches-Thory (5)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Les Nabis

Ce n'est pas une actualité Nabie qui me pousse à parler de ce livre. C'est peut-être la lecture du Portrait de Dorian Gray que je viens de faire. Les dernières années du XIXe siècle, moment où parut le roman, sont marquées par une grande effervescence artistique. Les interrogations sur l'art ou la beauté, qui parcourent le roman De Wilde, sont contemporaines de celles que soulève en France, dans le domaine des arts plastiques, la génération des Nabis.



Paru en 2003 ce livre porte une double invitation, connaître des artistes bien sûr mais aussi, découvrir le monde de la création artistique de la fin des années 1880 - de 1888, pour être précise, jusqu'en 1900 environ. Il est signé Claire Frèches-Thory, conservatrice au musée d'Orsay et Antoine Terrasse, spécialiste du post-impressionnisme. le mot Nabi vient de l'hébreu et de l'arabe Nebiim. Il signifie prophète, c'est un terme d'atelier que les artistes utilisèrent entre eux. Mais c'est sous l'appellation de "peintres impressionnistes et symbolistes" qu'ils exposeront à la galerie le Barc de Boutteville de 1891 à 1896. Plus que prophètes ils sont les messagers d'une transition esthétique qui connaît une furieuse accélération dans ces années là. C'est un livre lumineux.



Le groupe s'est constitué en 1888 autour de Paul Sérusier qui, rentrant de Pont-Aven, présente à ses amis de l'Académie Julian, Pierre Bonnard, Paul Ranson, Gabriel Ibels et Maurice Denis, une petite ébauche sur bois (27 x 22 cm) qu'il dit avoir peinte sous la dictée de Paul Gauguin et représentant un paysage de Pont-Aven, le Bois d'Amour. Ce que Paul Sérusier leur met sous les yeux, très différent de ce qu'il a fait jusqu'alors - une juxtaposition de couleurs aux formes presque dissoutes - les ébranle complètement. Elle deviendra ensuite leur talisman et, passant du statut d'ébauche à celui d'icône, elle restera au coeur de tous leurs questionnements. Maurice Denis (1870-1943), théoricien du groupe, à qui elle sera offerte, reviendra souvent sur cette leçon de Paul Gauguin à Paul Sérusier que les Nabis n'oublieront jamais.



Ces jeunes peintres enthousiastes (Denis le plus jeune a 18 ans, Ranson le plus âgé 27 ans) forment le noyau initial du groupe auxquels s'adjoignent d'autres artistes, Edouard Vuillard et Ker-Xavier Roussel élèves aux Beaux-Arts, Jan Verkade le hollandais, Georges Lacombe, Aristide Maillol, Félix Valloton, Mogens Ballin le danois et Joseph Rippl-Ronai le hongrois. Treize au total, d'une génération née entre 1861 et 1871, qui ont tous reçu une formation académique et naturaliste et sont fascinés en même temps par l'art japonais que l'Europe découvre à partir de 1868. Ils ne connaissaient pas encore la peinture impressionniste qui s'exposait toujours dans des galeries privées faute d'être reconnue (ils souhaiteront la dépasser par la suite).



En 1886 c'est Seurat ("Un dimanche après-midi sur l'île de la Grande Jatte") qui retenait leur attention mais surtout Gauguin dont ils virent "La vision après le sermon", au café Volpini en 1889, et Emile Bernard. Novateurs à plus d'un titre ; leur histoire est autant celle d'une rupture que celle d'une transmission. Rupture avec le contexte artistique contemporain car ils ont pris position contre l'académisme ambiant qui règnait majoritairement dans les salons officiels et transmission, via Gauguin, de l'héritage de Cézanne et Degas (pour la rigueur de la composition).



Ils mettent en avant le support plan de la toile (contre les illusions d'optiques créées depuis la Rennaissance) et conçoivent le tableau comme une oeuvre en soi. Ils vont définir non plus une nouvelle manière de peindre mais une manière nouvelle de penser la peinture. Pendant douze ans, ils produisent une peinture très audacieuse, se jouant des aplats de couleurs, du décentrement de l'espace, des cadrages, de l'oubli des perspectives, de la simplification des formes et vont réconcilier, ce que j'aime par-dessus tout chez eux, toutes les productions artistiques. Les arts graphiques, les arts décoratifs (vitrail, céramique, tapisserie, paravents) et surtout les grands ensembles décoratifs, sont remis à l'honneur (Vuillard, Denis, Bonnard), leur donnent les moyens de prouver combien reste artificielle la distinction arts majeurs/arts mineurs, la hiérarchie des genres. Si une chose les a bien réunis et distingués c'est leur propension à décloisonner les arts.



Tout est pertinemment composé et choisi dans cet ouvrage passionnant. le texte est limpide, l'iconographie généreuse et très belle. Images et propos s'équilibrent et se servent mutuellement qui permettent au lecteur d'apprécier les audaces et les libertés prises par les Nabis sans que l'analyse des courants esthétiques où elles s'inscrivent (symbolisme, synthétisme, cloisonnisme, néo-impresionnisme etc.), ne viennent jamais troubler la perception de leur originale beauté. Les éléments de la biographie et les oeuvres de chacun des artistes sont exposés en chapîtres successifs, puis le découpage devient thématique et les tendances développées au sein du groupe peuvent se déployer dans toutes leurs diversités. Ils exposeront ensemble pendant douze années de fièvre puis prendront chacun des voies différentes selon leurs tempéraments. On peut admirer le Talisman au musée d'Orsay qui l'a acquis en 1985.



Commenter  J’apprécie          120
Toulouse-Lautrec : Les lumières de la nuit

Un vrai bonheur cette lecture.

Acheté dans cette belle ville de Quimper cet été à l'issue de l'expo sur les affichistes du XIXème début XXème siècle.

Cette collection chez Gallimard remplit son rôle (Gallimard Découvertes ) ,fournir en format poche à un prix abordable l essentiel d'un sujet.

Les artistes et créateurs y tiennent un large place * .

Découvrir le peintre , son parcours ,ses amis fidèles mais aussi ses détracteurs hargneux et enfin les relations épistolaires avec sa famille et acheteurs ,tout y est .

Sa créativité débordante et son goût pour les lieux "mal fréquentés" du Paris by night

n'ont pas plu à la presse bourgeoise... mais il n'en n'avait cure...!

Lecture agréable , illustrations nombreuses et bien mises en page , enfin références précises sur les lieux où ses toiles et affiches sont visibles .Nul doute que lors d un passage à Albi je me ferai un plaisir de visiter le musée local.





*mais aussi sciences techniques histoire et patrimoine

le top revient à "l'Ecriture, mémoire des Hommes "



Commenter  J’apprécie          61
Gauguin - Catalogue Exposition Grand Palais..

L'exposition Gauguin a d'abord eu lieu à la National Gallery of Art de Washington du 1er mai au 31 juillet 1988 avant de voyager à l'Art Institute de Washington du 17 septembre au 11 décembre 1988; puis traverser l'Atlantique pour s'installer au Grand Palais à Paris du 10 janvier au 24 avril 1989 dans le cadre du Bicentenaire de la Révolution Française de 1789.



En fait, presque simultanément, trois expositions consacrées à Gauguin devaient avoir lieu. A Chicago, une présentation de l'oeuvre gravée, à Washington les oeuvres tahitiennes et à Paris l'école de Pont-Aven. Les trois musées décidèrent de faire converger leurs projets pour présenter une seule rétrospective de toute l'oeuvre de Gauguin.



Si les peintures des trois musées occupent une place importante, les céramiques et les sculptures étaient également présentées, ainsi que des manuscrits.
Commenter  J’apprécie          30
Toulouse-Lautrec : Les lumières de la nuit

Acheté pour préparer une visite au musée Toulouse-Lautrec d’Albi ( magnifique lieu !) ce petit livre a parfaitement rempli son office d’information sur la vie et l’œuvre du petit artiste-aristocrate qui hantait les nuits parisiennes et portait son regard lucide et empathique sur leurs habitants . L’iconographie est surabondante et l’organisation des pages originale. J’ai apprécié la dernière section qui contient des écrits et témoignages qui rendent encore plus vivant ce génie.
Commenter  J’apprécie          20
Toulouse-Lautrec : Les lumières de la nuit

Bon découverte Gallimard sur Toulouse Lautrec. Ce livre date (1991) mais est toujours d'actualité même si une nouvelle édition serait appréciable.

Ce livre nous dépeint un peintre talentueux à la vocation précoce, un homme qui malgré son infirmité aime les femmes, la vie, la fête, les spectacles.

Cet artiste qui n'appartient à aucun des "ismes" de l'époque fait son propre chemin dans le milieu de l'art. Son coup de crayon voit toujours juste et il crée des affiches qui sont rentrées dans notre culture visuelle collective. Personne ne peindra mieux le cirque que lui. Son départ précoce est une perte pour l'art.

Le livre se lit très bien. les illustrations sont nombreuses et toujours bien choisies. Ce livre est à classer parmi les bons de la collection.
Commenter  J’apprécie          10


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Claire Frèches-Thory (48)Voir plus

Quiz Voir plus

Stefan Zweig ou Thomas Mann

La Confusion des sentiments ?

Stefan Zweig
Thomas Mann

10 questions
56 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}