I tell my husband about my childhood and he tells me about his but it isn't the same. We can never know each other as we were then. But I know you. I will see the child you were in the man you will become. So come to me. When you need me, come. When you are lost, when you are low: come. When the birds have stopped singing, or you have stopped hearing, because they never stop singing. They are birds.
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Nous attendîmes que le tumulte cesse à l'intérieur des verres, miracle d'un chaos qui s'ordonne de lui-même pour former un puits obscur couronné de mousse crémeuse - cruelle supercherie : l'ordre ne règne jamais, il redevient chaos dès la première gorgée. Un chaos si épouvantable que, le temps de se demander de quel côté se tourner pour le fuir, il est déjà trop tard. Le chaos est en vous. Telle est la nature de la pinte.
Tu te rappelles, ils étaient tous là-bas, à Dollymount Strand ? Des types d’âge adulte qui arpentaient la plage pendant des heures avec c’te perche bourdonnante, on aurait dit un coupe-bordure. Quelle bande de crétins, tous autant qu’ils étaient ! Enfin, je suppose que c’était ça ou les bookmakers. Mais dès qu’un de ces trucs se mettait à biper, on laissait tout en plan pour aller surveiller ce qu’ils déterraient vu que, l’espace d’un instant, ça aurait pu être une nouvelle Broche de Tara ou le prochain Calice d’Ardagh, là, dans le sable. Les gens cherchaient désespérément la fortune, à l’époque. Putain, on n’avait rien. Et en fin de compte, c’était toujours un caddie de supermarché, l’essieu d’une bagnole ou une merde du même genre ; on ne trouve pas beaucoup d’objets archéologiques sur une île qui s’est ensablée il y a seulement un siècle. Mais on peut pas s’empêcher d’espérer, pas vrai ? Voilà ce qui arrive quand on berce un peuple de contes comme la chasse au leprechaun et la quête de cruchons d’or. Après ça, il y a eu le Loto, on s’est tous lancés là-dedans et c’en était fini des détecteurs à métaux.
— Je savais qu’il y avait un trésor enterré quelque part dans le coin. Je le flairais, parfaitement. Et maintenant, je l’ai trouvé. Il était là, sous mon nez, pendant tout ce temps. La terre. Ou ce qu’elle devient quand un homme tel que moi en fait un bien immobilier. J’ai transformé un tas de boue en or.
Je le regardai. Il y croyait. Tous les hommes assis autour de la table de conférence y avaient cru, eux aussi. Ils s’imaginaient que la terre avait changé et qu’eux, membres du Cercle d’Or, étaient les agents de ce changement, que, sans trop savoir comment, en se donnant tous la main ou en montrant qu’ils avaient des couilles, ils avaient fait subir une transformation alchimique au sol irlandais. Le sourire aux lèvres, Hickey contemplait la route dégagée qui s’étendait sous nos yeux. Devant nous, tous les feux étaient passés au vert.
“How are you?” my friend asked then, and not in a casual way, not as a variation of hello but as a considered enquiry into my well-being inviting a considered response. His manner of emphasising certain words: How are you? It was such a lovely way he had, that ability of his to compress fondness into his voice. Some people have these qualities. Be one of them, Sailor. Have I told you this before? It bears repeating.
“How are you?” I could feel his eyes on me.
I am tired. I am lonely. I have found myself mired in resentment in this new life, become a person I don’t wish to be, feeling constant guilt for not feeling constant gratitude for the blessing that is my child. I do feel constant gratitude: I adore my child. But I am tired. I am lonely. I am lost.
“Ah, you know”, I shrugged. “How about you?”
He shrugged back. “Same.”
Hickey était très doué pour feindre l’enthousiasme :" T’en reprendras bien une, alleeez, oui !" Il pensait se rendre sympathique, lui, le drôle de numéro, le bon bougre. Et même s’il ne trompait personne, c’était assez attachant, ce côté lourdaud. Un chien dans un jeu de quilles et un ancien alcoolique sur le fil du rasoir… comment avons-nous pu aller aussi loin, tous les deux ?
La merveilleuse odeur de la bière brune envahit la cabine, me chatouilla les narines et me piqua les yeux. Si l'aventure a une odeur, si la promesse a une odeur, si la jeunesse a une odeur, c'est celle de la bière sous le soleil.
Comment ne pas être obnubilé par l'argent, par le manque d'argent, quand votre toit fuit, quand le plâtre des murs moisit et que les lattes du plancher cèdent sous vos pas ?