Citations de Claude Larre (24)
L’homme supérieur initié de la Voie
La pratique de tout son cœur
L’homme ordinaire instruit de la Voie
En prend et en laisse
L’homme inférieur informé de la Voie
Eclate de rire
Sans ce rieur la Voie ne serait pas la Voie
Retournement
Mouvement de la Voie
Faiblesse
Son usage
Les Dix mille êtres du monde
Sont le produit de ce qui a
Mais ce qui a
Est produit de ce qui n’a pas
Honneurs sur honneurs ne rend pas honorable
Il ne faut pas vouloir scintiller comme jade
Non plus que résonner comme pierre musicale
Musique et mets choisis
Arrêtent en chemin un quelconque passant
Mais la Voie qui sort d’une bouche humaine
Comme elle paraît fade et sans goût
On a beau regarder elle n’offre pas à voir
On a beau écouter elle n’offre pas à entendre
Oui mais à qui en use elle s’offre inépuisable
Connaître autrui est un savoir-faire
Se connaître soi c’est l’illumination
L’emporter sur autrui est la force
L’emporter sur soi c’est la puissance
Se contenter de peu c’est la richesse
Agir puissamment c’est s’accomplir
Conserver ses moyens est durer
Mourir sans périr c’est la Longévité
La Voie
Toujours sans nom et sans nature
Malgré son insignifiance
Nul au monde ne peut l’asservir
Si seulement barons et princes savaient la tenir
Les Dix mille êtres viendraient à l’hommage
Ciel et Terre uniraient leur influx
Et descendraient la douce rosée
Le peuple sans qu’on le lui commande
S’ordonnerait de lui-même
Mais on a commencé la taille
On a eu des noms
Et les noms se sont multipliés
Il faudrait arrêter le savoir
Savoir s’arrêter
Ce serait le salut
La Voie dans le monde
Se compare au Fleuve et à l’Océan
Pour les rivières et les ruisseaux
Bien aller ne laisse pas de traces
Bien parler est net et sans défaut
Bien compter ne se sert pas de marques
Bien fermer ne pose ni verrou ni barre
Sans qu’on puisse ouvrir
Bien lier ne noue pas de corde
Sans qu’on puisse délier
Pour cette raison les Saints
S’appliquaient à secourir les humains
Sans rejeter personne
S’appliquaient à secourir les êtres
Sans en rejeter aucun
C’est ce qu’on appelle
Répandre à son tour la Lumière
L’homme bon est le maître du méchant
Le méchant sert de matière à l’homme bon
Si l’un ne révère pas son maître
Et l’autre n’aime pas sa matière
Nul savoir-faire ne préviendra l’égarement
C’est cela
La Merveille essentielle
Les gens sont tous hilares
Comme s’ils festoyaient au sacrifice du bœuf
Comme s’ils montaient aux belvédères du printemps
Et moi je me tiens là l’esprit vacant
Comme le nouveau-né encore sans expression
Laissé dans mon coin, n’ayant où aller
Les gens ont tout le superflu
Et moi je suis de tout démuni
J’ai tous les traits de l’idiot
Je suis l’abruti le parfait abruti
Les autres sont resplendissants
Et moi je suis crépusculaire
Les autres s’affairent fébrilement
Et moi je traîne mon oisiveté
Abandonné au mouvement de la mer
Tourbillonnant au gré du vent
Les gens savent ce qu’ils veulent
Je préfère être un imbécile heureux
Moi qui ne suis pas comme eux
Moi qui ai choisi de téter ma Mère
Parvenus à l’extrême du Vide
Fermement ancrés dans la Quiétude
Tandis que Dix mille êtres d’un seul élan éclosent
Nous contemplons le Retour
Les êtres prospèrent à l’envi
Mais chacun fait retour à sa racine
Revenir à sa racine c’est la Quiétude
C’est accomplir son destin
Accomplir son destin c’est cela le Constant
Atteindre le Constant c’est l’Illumination
Ne pas le connaître c’est courir follement au désastre
Atteindre le Constant donne accès à l’Infini
Par l’Infini à l’Universel
Par l’Universel au pouvoir royal
Par la Royauté au Ciel
Et par le Ciel à la Voie
La Voie à la vie qui demeure
Et la fin de votre vie ne sera pas la destruction
On regarde mais sans voir on l’appelle Invisible
On écoute sans entendre on l’appelle Inaudible
On cherche à le toucher on l’appelle Impalpable
Voilà trois choses ineffables
Qui confondues font l’Unité
Trente rayons se joignent en un moyeu unique
Ce vide dans le char en permet l’usage
D’une motte de glaise on façonne un vase
Ce vide dans le vase en permet l’usage
On ménage des portes et des fenêtres pour une pièce
Ce vide dans la pièce en permet l’usage
L’avoir fait l’avantage
Et non avoir l’usage
L’œuvre accomplie
Se retirer
C’est cela la Voie du Ciel
« Le Ciel dure et la Terre demeure »
Oui le Ciel Terre dure et demeure
Mais c’est parce qu’il ne vit pas pour lui-même
Qu’il peut jouir d’une vie qui ne finit pas
Le Saint lui
En se mettant à la dernière place
Se retrouve au premier rang
Insoucieux de sa vie
Il se maintient vivant
N’est-ce pas le désintéressement
Qui réalise en lui son accomplissement ?
Quand les dignités ne vont plus au talent
Les gens cessent de s’affronter
Quand les objets rares ne sont plus appréciés
Les gens cessent de dérober
Quand ce qui excite les désirs n’est plus étalé
Les gens ne sont plus troublés dans leur cœur
Les Saints eux
Vidaient les cœurs
Emplissaient les ventres
Endurcissaient les os
Le peuple maintenu sans science et sans désir
Les habiles se gardaient de s’agiter
Œuvrant par le non agir
Rien n’échappait à leur conduite.
Pour qui se suffit de ce qui suffit, il y aura toujours assez.
C’est en son cœur, et non pas à l’extérieur,
Que l’on trouve la vraie connaissance.
Engageons-nous donc sur la Voie du non savoir.
Souriant, demeurons accueillant à tout ce qui est
Et suspendons l’usage de nos sens.
Méfions-nous, non de la vie, mais de l’avidité.
Laissons être. Aider et présider à la vie,
Là est l’essentiel.
Regardons pour être illuminé, aimons ce qui est faible.
Que de malheurs s’épargnerait-on
Par une vraie connaissance de la vie.
Approfondissant la Vertu en soi-même, on élargit sa puissance,
Car l’Empire se régit comme on règle son cœur.
[A propos du nombre de chapitres du Tao Te King]
Ainsi le nombre 81 est 9² et 9 est 3². Or le Trois représente la puissance des souffles (la Voie – la Vertu – les Saints ou bien le Ciel – la Terre – l’Homme, par exemple) ; le Neuf est pour leur organisation ; et 81 pour la totalité vivante, où la diversité s’exprime dans l’unité.
[introduction]
A ce livre, je souhaite des lecteurs simples et honnêtes, ennemis acharnés des idées toutes faites.
[présentation, Claude Larre]
Se laisser conduire par sa nature propre,
C'est cela le Tao ;
Et assumer pleinement cette nature reçue du Ciel,
C'est cela la Vertu.
Quand cette nature fut perdue,
On donna de la valeur à l'Humanité
Et quand le Tao fut perdu, au Respect des devoirs.
Hunanité et Devoirs une fois établis,
Ni le Tao ni sa Vertu ne se retrouvent plus.
Rites et Musique n'étant plus que parade,
La Pureté et le Brut disparaissent.
On détermine le vrai et le faux
Et les Cent familles s'y perdent.
Le grand cas que l'on fait des perles et du jade
Dresse les uns contre les autres les êtres sous le Ciel.
Voilà en quatre points
Ce que produit un siècle de décadence,
Les pratiques d'un monde sur son déclin.
Il n'y a pire malheur que l'insatiabilité
Pire malédiction que le désir de posséder
Connaitre autrui est un savoir faire
Se connaitre soi c'est l'illumination
L'emporter sur autrui est la force
L'emporter sur soi c'est la puissance