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Critiques de Colin Barrett (8)
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Jeunes loups

Une chronique de la vie des arrières petits-enfants des punks, ça vous dit ?



Ben oui, recomptez : quand depuis 1976 des gamins de 15 ans font des mômes à des gamines de 15 ans, sport national des classes défavorisées d'outre-Manche, on en est là. Et on y croise même quelques arrières-arrières petits-enfants, les tout jeunes bambins trimballés par quelques adolescentes de ce livre.



Le livre en question est constitué de sept nouvelles, qui nous parlent de jeunes laissés pour compte d'une petite ville d’Irlande. Le fait qu’il ne soient pas exactement britanniques ne se remarque que peu, on imagine que cela ressemble fortement au fond du Pays de Galles ou de l’Écosse. Ceux qui ont aimé La part des anges de Ken Loach ne seront pas dépaysés.



Sauf que là, littérature plutôt que cinéma, on est aussi plongés dans les pensées des protagonistes. Et c’est très fort et très beau. Ce sont finalement des gosses perdus, certains indifférents et d’autres essayant de s’en sortir, de s’ouvrir à d’autres aspirations. Mais en termes d’aspirations, ils n’ont finalement pas de références puisqu’ils sont issus de déshérités depuis de trop nombreuses générations. Et de familles trop décomposées et trop nombreuses pour que les allocs soient suffisantes. Ce qui n’empêche pas la vie de vouloir s’épanouir malgré tout.



Le résumé éditeur est d’ailleurs un peu exagéré, sensationnaliste : il y a certes un fond de rage et de violence, mais cette dernière n’affleure que rarement même si elle est alors bête, aveugle et injuste. Ces chroniques sont souvent seulement émouvantes à force de justesse.



Je ne sais pas d’où sort l’auteur, mais si ce n’est pas du vécu, c’est follement bien imité. Coup de cœur, donc, pour ces tranches de vie lâchées comme autant de témoignages d’une réalité sociale peu reluisante et des bribes d’humanité et d’espoir qui s’en échappent quand même.
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Jeunes loups

Il y a de la violence dans l’Eire !

Colin Barrett est un nouveau venu dans les lettres irlandaises. Je le découvre par ce recueil de sept nouvelles. Ce livre a obtenu le « Frank O'Connor Short Story Award » !

La vie dans la campagne irlandaise n’est plus ce qu’elle était !

« Le petit Clancy », deux amis, le narrateur, Jimmy, et Tug, un colosse, homme-enfant sous médicaments, boivent au pub du village. C’est le dimanche soir, Jimmy soigne sa gueule de bois, Tug, lui, obnubilé par l’affaire du petit Clancy, un enfant qui a disparu, sûrement kidnappé. Jimmy pense à Marlène avec qui il a fait l’amour et qui va se marier à un autre, père de son enfant…

« L’appât », un jeune homme et son cousin Matten qui entretient son chagrin d’amour ! Il a eu une aventure avec Sarah mais il ne s’en est pas remis. Couple formé suite à des délibérations entre les garçons et les filles de la bande sous fumette… Matten y a cru ; depuis il traîne sa déprime, il lui reste le billard. Mais il se passe des choses étranges le soir dans les bois !

« Dans sa peau ». Eamonn dit Bat, ce jeune est profondément marqué. Sa vie est devenue un enfer par la stupidité d’un taré, drogué et passablement éméché. Bat était au mauvais endroit au mauvais moment, et depuis il promène son visage ravagé malgré de nombreuses opérations. Un texte très fort sur la bêtise humaine !

« Le calme des chevaux », c’est l’histoire d’une vengeance tragique sur fond de viol, de trafic d’herbe et de problèmes familiaux. Un ancien boxeur, un de ses amis, des oncles paysans irlandais d’une autre époque, vieux garçons vivant dans une ferme délabrée. Mais ils ont laissé l’agriculture traditionnelle pour la culture de l’herbe et ont leurs propres dealers… Pas mal de morts au final !

« Diamants », un homme et une femme qui se rencontrent aux alcooliques anonymes, qui boivent ensemble, tentent de faire l’amour mais ne le peuvent pas. L’homme part quelques jours, boit et reboit encore, puis il rencontre une autre femme. Un texte d’une grande noirceur.

« Merci de m’oublier ». Deux hommes dans un bar doivent aller à l’enterrement d’une femme ; ils furent musiciens dans un orchestre courant après le succès. Ils furent les amants de cette femme, l’un après l’autre et aussi simultanément. L’un des deux l’épousa, le divorce vint vite. Puis le temps a passé inexorablement. Un beau texte plein de tristesse. La vie et ses aléas.

Des personnages pour la plupart tourmentés, des fous furieux comme Tansey le Nabe, des tontons flingueurs trafiquants de drogues, le videur d’une boîte de nuit et la fille de son employeur, des êtres violents, mais aussi des victimes. Mais tous ont des destins affligeants.

Colin Barrett perpétue la longue tradition des auteurs irlandais de nouvelles, des anciens comme James Joyce, Frank O’Connor ou Sean O’Faolain aux modernes comme Anne Devlin, Anne Enright ou Claire Keegan entre autres. La majorité des grands auteurs irlandais ont écrit des nouvelles, John McGahern, William Trevor, Edna O’Brien ou encore Colum McCann et Colm Toibin et je ne peux pas tous les citer.

Pour le reste, j’ai un avis mitigé sur ce recueil, c’est bien écrit, très sombre, noir parfois comme dans « Le calme des chevaux », (près de cent pages), nouvelle qui, pour moi, est la plus aboutie. J’ai trouvé que les textes s’amélioraient au fil des pages mais tous ont un parfum étrange que j’ai du mal à définir, souvent dérangeant. Un bon recueil malgré ces réserves.

À noter une très belle couverture !
Lien : http://eireann561.canalblog...
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Jeunes loups

Jeunes Loups est un recueil composé de sept nouvelles, ayant pour cadre une Irlande contemporaine rurale, paumée, violente et désabusée. De prime abord, c’est un bourbier de nuits alcoolisées, de désirs frustrés, passages à tabac et horizons bouchés.



Dès les premières pages j’ai été frappée par la qualité de l’écriture : déliée, vive, sans fioritures ; droit au but. Le talent. Pourtant, les premières nouvelles (Le petit Clancy, l’Appât et Sur la Lune) m’ont laissé une impression mitigée, vraiment très proche du mi bémol. Les personnages masculins centraux sont plus ou moins sympathiques et fréquentables, mais leurs amitiés sont profondes et solides, leur complexité et leurs fêlures intéressantes, voire même attachantes. A côté, les personnages féminins sont toutes gourdes ou salopes, profiteuses, manipulatrices, sans cœur, vides, baiseuses. Une fois ça passe, mais deux fois puis trois : le gros Gloups.



Heureusement, à la quatrième nouvelle (Dans sa Peau), ce déséquilibre bascule (page 58 sur 230) : les voix restent majoritairement masculines, mais les femmes prennent corps et cœur à part entière et sont dès lors tout autant que les hommes, frémissement, tourment, étincelles, espoir, profondeur, désillusion, victimes aussi bien que bourreaux. A partir de là, le plaisir de lecture devient total.



La cinquième nouvelle (Le Calme des Chevaux) est très longue – presque cent pages – et pourrait, sans forcer, faire l’objet d’un roman décapant. Les deux dernières (Diamants et Merci de m’oublier) sont juste brillantes.



Jeunes Loups est en fait plus qu’un simple recueil de nouvelles. C’est une fresque. On y retrouve quelques même personnages et lieux récurrents, Tansey le Nabe, complètement frappé, le pub Quillinan et ses frères jumeaux. On y hume la même campagne, le même éloignement, pas tant physique que culturel « Galway c’est pas loin, non, a concédé Martina, mais c’est pratiquement la lune, pour des gens comme toi » (Sur la Lune). On y subit la même perdition, la même violence qui fuse sans prévenir, et même parfois sans raison « Le prochain connard qui passe cette porte, je lui arrache la tronche, LA TRONCHE ! » (Dans sa Peau). Les désirs inassouvis, les lendemains qui déchantent, plombés par la gueule de bois.



Mais derrière tout cela couve un élan qui rend ce recueil surprenant et, je trouve, assez grandiose. Harper Lee disait que le vrai courage, c’est savoir que l’on part battu mais d’agir quand même, sans s’arrêter. Ici, tout va de mal en pis voire de traviole, les malentendus dégénèrent, les alcoolos replongent, même les enfants, joyaux de leurs parents, sont autistes… Mais ils y vont franco, à la Beckett*, et on y va avec eux, ils encaissent, ils ruent des quatre fers, ils tombent, ils saignent et meurent parfois, mais à la nouvelle suivante ils relèvent le poing et lancent des obscénités au destin. Et plus le recueil avance, plus on a cette impression d’une épiphanie à venir. Qu’un jour ils vont réussir et nous aussi, à trouver leur place, notre place, et pourquoi pas, peut-être trouver ce qu’on cherche dans la vie, la foi, l’amour, le bonheur ? Un jour. Quelque chose de grand, on espère, on verra bien. Et si c’est pas demain et ben ce sera un autre jour. Ou encore un autre.



Inutile de préciser que je vais guetter avec un grand intérêt les prochaines publications de Colin Barrett !



*Ever tried. Ever failed. No matter. Try Again. Fail again. Fail better.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Jeunes loups

Colin Barrett signe un saisissant recueil de nouvelles sur une jeunesse irlandaise tumultueuse.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Jeunes loups





Quel talent ce COLIN BARETT, jeune auteur Irlandais! Ceux d’entre vous qui aimez la littérature irlandaise seront comblés. Le lecteur est happé par la qualité de l’écriture de ces sept nouvelles! C est mordant, brutal, sombre, peuplé des anti-héros,chomeurs, dealeurs, ouvriers, fils de »bouseux aux manches toujours relevées», tous désabusés, passablement alcoolisés dans l’ Irlande rurale. Tous ont une propension à la désobéissance d’où des démêlées avec les forces de l’ordre !

Chacun aimerait échapper à cette vie sans avenir.les pères sont peu présents.les femmes souvent seules. Parce qu’ils écument les bars tous ces paumés dans ce patelin où la seule distraction se trouve dans les pubs le vendredi soir ! çà sent bière, la bagarre, les filles aguicheuses !

Je trouve que les récits s’intensifient en qualité au fur et à mesure des pages..

la Nouvelle « Dans sa peau» est pour moi la meilleure. Le personnage de Bat est attachant, sa souffrance n’est pas que corporelle ;un ivrogne stupide lui a brisé le visage et fait éclater son existence, l’alcool lui permet de regarder les étoiles et d’oublier..

« le calme des chevaux « sur une centaine de pages relate une sombre histoire de vengeance, de vieux paysans sans foi ni loi qui sont passé de la culture du blé à celle de substances illicites et manient l’arme à feu sans problème en se baladant dans de vieilles guimbardes..

On trouve aussi deux anciens rockeurs ayant connu un succès éphémère, ils ont aimé la même chanteuse .Eux aussi oublient le désastre de leur vie dans la bière…

Mais tous ces éclopés savent rêver et sont avant tout plus victimes de ce monde sans perspective environné de violence et de pauvreté… Superbe roman noir ,les mots crépitent, cinglent. Portrait d’une génération en mal de vivre. A LIRE ABSOLUMENT !

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Jeunes loups

Les garçons ont des cous de taureaux, des coupes de cheveux ringardes, des visages tachetés de son. Ils sont plongeurs, videurs, manutentionnaires, au mieux champions de boxe ou de billard, dans leur coin de campagne. Les filles de quinze ans en paraissent vingt. Elles sont trop maquillées. Leurs mini jupes et leurs tops trop ajustés laissent entrevoir un ventre laiteux. Elles sont serveuses. Le prince charmant ne s’appellerait-il pas Dympna ou Killian ?



On est en Irlande, dans une petite ville trop loin de Dublin, trop loin même de Galway pour s’imaginer un avenir radieux. Avant, ici, on rêvait d’Amérique. Maintenant, on ne rêve plus. Le pub ne désemplit pas. Ça y sent la sueur et on y parle fort. Il fait froid dehors et il faut bien soigner sa gueule de bois de la veille. Se bagarrer un peu, entretenir sa réputation. Tout le monde se connaît mais on ne sait jamais. Peut-être que ce soir, elle viendra. Celle à la peau diaphane et aux boucles auburn, aux yeux de biche. Celle qui partira bientôt à Futéland faire des études et ne reviendra pas.

la suite ici : https://blackrosesforme.wordpress.com/2016/10/03/jeunes-loups-de-colin-barrett/
Lien : https://blackrosesforme.word..
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Jeunes loups

Bienvenu en Irlande ! Cette terre celte qui fait rêver tant de jeunes français curieux de visiter une image d’Épinal loin de la réalité... Au cœur de ces paysages verdoyants parsemés de moutons blancs, s'élèvent quelques bourgades pleines d'une jeunesse en mal d'avenir. Petits boulots, violence ordinaire et alcool hebdomadaire, le seul horizon c'est l'enseigne du pub en fin de semaine.

De 16 à 30 ans, chacun voudrait s'échapper de ce "trou", mais encore faut-il avoir quelques perspectives ou au mois un diplôme en poche...

Colin Barrett dépeint cette désespérance en 7 portraits affûtés et cinglants. Ça fleure bon l'Irlande du bas, la bagarre et le désespoir, bref du roman noir comme on l'aime: mordant et sans concessions. Ces jeunes loups se mangent entre eux, s'autodétruisent à petit feu. Ils sont tout autant victimes que bourreaux, et c'est ça qui nous plaît : rien n'est ni tout blanc, ni tout noir, surtout pas l'âme humaine!
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Jeunes loups

C'est dingue c'que ton cerveau trouve comme prises, ce sur quoi s'accrocher quand tu lis un roman. L'imagination qui fuse, tout ça.



C'était un peu trop facile de m'amadouer. Un titre qui résonne, dont l'histoire se déroule en Irlande et publié chez un éditeur dont j'ai rarement eu à me plaindre (NEVER).



Alors forcément tu penses à Ken Loach, tu penses même des fois aux films de Simon Pegg et Nick Frost. Autrement dit, ça part avec des bonbecs pleins les poches.



Le truc qu'il faut savoir avec Jeunes Loups c'est que ce sont surtout des nouvelles, des portraits de gueules cassées dans une Irlande à la fois moderne et restée bloquée dans un film des années 30. Où les pintes coulent à flots mais dont les effets sont moins romanesques que ceux d'avant, où le sordide se mêle à l'humour noir et aux poésies de Pubs rances qui sentent la sueur.



Et moi j'ai gobé ça comme un médecin qui me dirait "allez à la mer prendre un peu d'air frais, ça vous fera du bien". On entend les mômes gueuler et jeter des pierres sur l'idiot du village, les mafieux ventripotents capables de t'offrir un thé après t'avoir mis une balle dans le bide.



Bref, du bon, du succulent.



Saucisses, Lucky Charms et Guiness pour tous
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