Je remercie les éditions Intervalles et Babelio pour l’envoi de ce livre.
Présenté comme un « premier roman », il est en réalité le carnet de voyage de l’auteure — qui se rebaptise Clémence pour l’occasion — partie au Mozambique pour réaliser un documentaire sur les exilés révolutionnaires chiliens accueillis dans ce pays dans les années 70 et 80. Clémence atteint seule Maputo, sans budget ni contacts, et sans vraie idée de scénario pour son projet.
La grande qualité de ce livre est son écriture extrêmement fluide qui, couplée à des chapitres très courts, nous offre un « page turner ». L’auteure arrive ainsi à nous intéresser aux plus petits détails de sa vie sur place, et à nous rendre compte de l’ambiance qui l’entoure.
Nous découvrons avec elle le délabrement des infrastructures, la chaleur, et surtout la corruption qui gangrène le pays, des forces de l’ordre aux administrations. J’ai été étonnée qu’aux premiers jours de sa présence dans ce pays, Clémence ne semble pas comprendre que les demandes des policiers sont des bakchichs, comme si elle avait encore la naïveté d’une Européenne. La jeune réalisatrice perd un temps fou à obtenir des autorisations qu’elle ne peut pas « payer », car elle n’a pas de soutien financier.
Elle arrive peu à peu à contacter des Chiliens, la plupart se montrant chaleureux, voire amicaux. J’ai été amusée de constater que ces anciens révolutionnaires aux convictions sincères avaient parfois des employés de maison ou des chauffeurs. Mais au détour de certaines conversations, perce la désillusion face à la montée de l’insécurité dans ce pays qu’ils ont voulu aider à construire, ou devant les engagements non tenus, comme ce professeur d’université qui attend le billet promis pour rentrer chez lui. En effet, ces déracinés aiment le Mozambique, mais certains désirent rentrer « chez eux ».
J’aurais aimé, toutefois, que l’auteur nous livre quelques réflexions sur la situation politique ou sociale dans le pays… car combien de lecteurs français connaissent le Mozambique ? C’est le principal regret que j’ai eu à la lecture de ce récit, j’aurais souhaité y apprendre des informations sur le contexte. Il faut faire des recherches sur internet pour apprendre que le Mozambique est l’un des pays les plus pauvres du monde. Cependant, à la fin du livre le sujet de la dérive totalitaire du début des années 80 est rapidement évoqué, Clémence se remémorant une interview qu’elle avait faite au Chili. Avec le témoignage précédent du vieux professeur bloqué dans le pays, c’est un moment fort du livre, mais fugace quand on comprend que les exilés chiliens préfèrent ne pas prendre position.
Il n’en reste pas moins que ce fut une lecture très agréable, qui donne envie de voir le documentaire que cette jeune auteure a réalisé malgré les embûches.
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