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Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Bucarest , le 31/08/1960
Biographie :

Daniel Bănulescu, a une formation d’ingénieur de forage. Mais il s’intéressait plutôt aux gisements littéraires. Ses premiers poèmes paraissent en 1981 dans la revue Amfiteatru (Amphithéâtre), puis les débouchés de carburant littéraire se tarissent, pour lui comme pour presque tous les poètes.
Il a ensuite publié trois recueils de poèmes et deux anthologies : Je t’aimerai jusqu’au bout du lit (Prix de poésie de l’Union des écrivains de Roumanie, 1993), La Ballade de Daniel Bănulescu (1997), Daniel de la prière (2002) et, respectivement, La République fédérale Daniel Bănulescu (2000) et Comme c’est bien d’être Daniel Bănulescu (2010).
Il est également l’auteur de quatre romans et d’une pièce de théâtre.
Ses textes ont été traduits en français, anglais, allemand, slovène, bulgare et serbe.
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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Daniel Banulescu
Le jardin zoologique

Je porte une couronne de diable
Au-dessus de moi brille un ange vaurien
Tous les jours il descend boire son café chez moi
Il me fait des confessions et me remplit de haine

Son pouvoir bave sur moi comme un filet de salive
Ses mots se mêlent aux herpès de mes proches parmi mes mots

Avec le châtiment je me serre avec lui dans le même bus
Rein contre rein
Et je ne réussis pas à me débarrasser de mes élans
Et je ne peux pas m'arrêter de vivre

Il y eut des jours où j'étais doux et compatissant
Et où je n’aurais pas baissé ma culotte fût-ce pour une mouche

Il y eut des jours où des essaims de tentations apprivoisées voletaient autour de mon sceptre
Et j'avais l'air d'un roi figé sur son trône
Avec des bourgeons de tentations éclos entre les doigts
Mes envies n'avaient pas cassé le mur du
Jardin zoologique n’avaient pas encore saccagé
Le jardin botanique
Et aucun livre de classe
N'aurait réussi à tordre dans mon dos le bras de mes pensées

J'écrivais jusqu'à la crampe je priais sans savoir que je priais
Je descendais et j'allais acheter
Du pain du café cent cinquante grammes de saucisson
Je les mélangeais et cela m'aidait à vivre

Mais aujourd'hui mon corps s'est fait mon ennemi
Mais aujourd'hui ta cuisse mystérieuse est devenue mon ennemie
Ton cœur de femme
S'avère le plus mal famé de mes ennemis
Tes cheveux blonds sont le plus chevelu de mes ennemis
Or j’ai l'habitude de tourmenter mes ennemis

(p. 96-97 de « Comme dans un dessin de Escher, huit poètes roumains »)
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Daniel Banulescu
Je suis le plus beau de cette ville

Lorsque j'étais enfant les gens me trouvaient plus pur et meilleur
Simplement parce que me voyant petit
Ils croyaient que je me tenais à genoux et que j'allais prier pour eux
Mais je ne priais pas
Et je ne bougeais pas à longueur de journée rien que pour réussir à rendre fou un mur
Ils me trimbalaient ça et là parmi les ronces de leur logis
Ils m'amenaient jusque sous mes tempes tous leurs parents et leurs amis malades
Et me criaient : « Seigneur ! nous savons qu'en ce moment même Tu pries pour nous
Exorcise ! »
Or je n'exorcisais pas grand-chose
Mais il y en eut pourtant dans ma rue quelques-uns qui préférèrent rester des faibles des détraqués des nains
Par amour de leurs parents
Pour que leurs parents aient en tout temps
À leurs côtés quelqu'un de chétif de souffreteux de rabougri
Qui leur semblera toujours prier pour eux.

Tout le sang – de plus en plus et plus encore – que je sentais en branle en moi me donnait le tournis
Malgré mes efforts je grandissais sans cesse je m'imbibais et découvrais qu'un litre de sang
Ne tiendra jamais dans une bouteille de lait
Aussi longtemps qu'il ne voudra pas
Aussi longtemps qu'il ne voudra pas qu'il ne sera pas mort et pendouillant comme une mamelle de vache
Et mon sang ne pendouillait pas comme une mamelle de vache
Je grandissais posément et ils comprirent qu'ils avaient affaire à un exemplaire en bonne santé
Il y avait des livres que je n'aurais prêtés à personne
Il y avait des petites femmes que je n'aurais permis à personne de toucher

Et je les aimais de manière
Que personne ensuite ne puisse les toucher
Et ils ne les touchait pas
Et tout comme pour quiconque court après le tram le temps n'est pas encore venu de sauter sur le marchepied Pour moi non plus le temps n'est pas encore venu de me mettre à genoux devant qui que ce soit
Je bois je suis en colère je m'ébrèche
Et il y a des instants où je me rends compte
Que seul Dieu mériterait que je prie pour Lui

(traduit du roumain par Alain Paruit)
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Daniel Banulescu
Tu te ratatineras
tu seras un fruit exotique

Je n'ai pas besoin de t'oublier
Car dès que je m'endors pour moi tu n'existes plus

Tu n'as pas besoin de bouger ou de gémir
De te débourrer l'étoupe de tes cellules
Car dès que je commence à m'endormir
Pour moi tu n'existes même plus
Retourne à ton lèche-vitrine à ta lèchefrite
Sois digne gaie avec tes amis distinguée dans la bonne société
Fais comme si
Tu ne savais pas que demain seul le vent troussera encore ton jupon
Et que seule la terre jetée à la pelle te rendra une partie de ce que tu as perdu
Sois raisonnable
Tu as des mains si belles qu'elles n'ont même pas commencé
Et qu'elles ne commenceront jamais
Tu as des lèvres que ne connaîtra pas le grutier des pensées qu'ignorait le charpentier
Et des seins dont ne saura rien le fossoyeur

Qui fermera tes paupières
Qui fera ta toilette et t'habillera
Qui t'enfouira dans mes poches
Où est ton âme
Où est-elle ta sueur
La vitre s'est embuée devant le grand magasin
Et j'enverrai un fou pour te retourner d'un doigt
Alors tu n'embêteras plus aucune vitre
Moi tu m'embêtes
Tu n'es qu'une plante naine née de mon imagination une grille
Derrière laquelle mes bourdes te regardent comme une girafe
Tu te maquilles de chantilly de chair de robes
Mais dès que je commence à m'endormir pour moi tu n'existes plus
Tu es juste un signe que m'a fait quelqu'un
Qui passait sa vie à boire avec moi
Tu n'es qu'une pensée de mes chaussettes archipleines de mes pieds
Comme une poitrine de chômeur emplie de chants prolétariens

(traduit du roumain par Alain Paruit)
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Daniel Banulescu
Vitre

Ils se tenaient au bord d'un étang et y jetaient des cailloux
Et ils disaient : « Nous nous tenons au bord d'un étang
Et nous y jetons des cailloux
Parce que nous nous ennuyons
Et que nous avons justement attrapé des cailloux
Qui ne nous font aucun plaisir »

Autour il y avait deux champs
L'un de pois chiches et clairsemés
Où l'on aurait pu voir venir quelqu'un
Et l'autre de journaux
Des trognons des lambeaux et des tortillons de journaux

« Ferme la fenêtre - dit l'ange -
et étendez les eaux ! »

Et ils les tuèrent là sur les eaux
comme des mouches sur une vitre

(traduit du roumain par Alain Paruit)
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Daniel Banulescu
Prologue

Je fais partie des vingt ou trente individus qui dirigent le monde
Timides inconnus désespérés
À leurs postes de commandement dans des bureaux renversés
Au fond de la sacoche du diable
Pêle-mêle parmi ses rouleaux de scotch ses nuages et ses quittances
Veillant au fragile équilibre de la langue du monde
Et priant sans cesse
Dieu de les compter au nombre de ceux
Pour lesquels il pardonne à une ville

J'ai rentré mes mains et mes pieds dans ma prière
Je suis sorti du monde comme je me serais arraché à un viol
Où je débondais ma virilité
Tout en tenant la jeune fille
Et où rien qu'en passant à cet instant-là dans la rue
Je devenais coupable pour la troisième fois de suite

J'ai posé le front
Contre la vitre fraîche de mes prières
Je me suis rappelé que :
« Quiconque invoquera le nom de Dieu
sera sauvé. »
J'ai invoqué le nom de Jéhovah et j'ai attendu

La mort habite dans ma rue
Elle fout des coups de pied à tous ceux qui habitent dans ma rue
La mort habite dans mon lit
La mort patauge dans mes chaussettes
Dans le gazon du sexe de ma maîtresse la mort bondit tel un essaim de criquets

Si j'ouvre la bouche la mort sort sur mes lèvres
Mais si je ne l'ouvre pas
La mort continue de courir en moi
Comme sur un super mur de la mort
La mort me murmure ses mots
Et la mort encore me prescrit ses grands traitements sanitaires
J'ai peur de la mort et pourtant je cours chaque jour vers la mort
La braguette ouverte par tant et tant de crocs de petites femmes
Et je le fais en dansant

À présent ma mort est montée vers moi
Elle a posé ses pattes de devant sur mes épaules
Elle me renifle mais de mon côté je ne cesse de prier

Et presque chaque chose terrienne et réelle
Est une poupée éborgnée égorgée
Vautrée entre les pattes ironiques de la mort

Ma prière sort par la fenêtre
Du premier étage de l'immeuble où je prie
Elle coupe l'ancre qui arrimait mon immeuble à la terre
Et l'immeuble se met à monter au ciel suivi de mon âme

Qui laisse au loin
Les jours où ma vie coltinait des ordures
Et qui constate non sans surprise que ma prière
S'autorise des privautés avec les anges
Et pénètre jusque dans le dix-neuvième ciel
Là où n'étant plus aussi fort que la mort
Unit sa voix à la voix de mes prières

Pénétrant plus avant
À travers les havres des justes
À travers les montagnes de pilaf des braves gens dégoûtés du pilaf
À travers les cœurs ardents des paillassons
Parmi lesquelles je vis avec lesquels je me couvre sous lesquels je chante
Je demeure suspendu à mes prières
Et je rentre mes mains et mes pieds à l'intérieur de mes prières

Empli d'une joie sauvage
Je prie sans cesse
Mon Dieu de me compter au nombre de ceux
Qui ne dansent qu'en ayant à l'esprit le Nom de leur Dieu
Et pour lesquels Dieu pardonne à une ville

(traduit du roumain par Alain Paruit)
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Daniel Banulescu
Le jour où l’on m’a publié

Moi-même posant les mains sur moi et me bénissant
Étendant les paumes au-dessus de la revue littéraire dans laquelle on
m’a publié
Et la bénissant
Puis les clés et le stylo la machine à écrire et les chaussettes
Que j’avais achetées déjà hier pour toi mais que je n’avais pas encore bénies
En responsable grandiose et d’un élan créateur pareillement grandiose
Je sors une feuille de papier d’une épaisse pile et je note :
« Ce fut une belle journée folâtre
Le soleil brillait ragaillardi
De vous jusqu’à toi usine
De toi jusqu’à moi un lit »
Moi qui me balance tout près de ta nuque rose
Où je trace habilement des lignes folâtres
Jusqu’à ce que me réussisse une maison un échafaudage un soleil
Le portrait d’une femme délicieuse
Que j’aborde ardemment
Et commence à estimer
Ces jours-là voluptueux et souples
Où je mis une partie de mes livres l’un sur l’autre
Obtenant une pile de ta hauteur
Je m’asseyais en silence et fumais
M’approchais et sortais prudemment ici et là un livre
Obtenant en quelque sorte ta forme
Tes seins cuisses chevelure et épaules – évidemment grossièrement
contrefaits
De façon que je me précipitais à la cuisine et t’apportais un café
Que je plaçais sur ta tête pour te donner un air heureux et sublime
Puis les jours où nous sortions en ville
Toi dans un paquet énergique et souple
Un sac en nylon qui révélait tes formes provoquant une intense joie
spirituelle
Tu te penchais contre mon épaule
Je t’ajustais de mon mieux à mon épaule
Et nous voilà partis
Une fois arrivés au centre nous voulions nous rapprocher de nos
contemporains
Témoignant et chantant avec eux :
« Je me suis enduit d’une substance fortement adhésive »
Nous entrions – contre ta volonté – dans des librairies pour que je puisse,
Après tant d’années passées ensemble, t’ajouter un morceau de hanche
Une cuisse légèrement engraissée même si j’ai l’impression que je
n’arriverai jamais à te parfaire
Je me promenais dans la maison dans mon pyjama quelque peu rayé
Je me promenais seulement le temps que je croyais nécessaire
Te croisant t’écoutant te caressant
Puis terrifié et ennuyé sursaturé et placide
Chantant moi aussi avec la radio encore et encore :
« Je me suis enduit d’une substance fortement adhésive »
Des journées entières où je me surprends à penser à toi
Comme à l’espace dont Dieu se rapproche ouvertement
Comme à l’esprit de tous les livres à la maison
Un temps où je n’aurais plus supporté un tressaillement une chance
Un espace où chaque grand verset s’écrit laborieusement
Avec une femme dans chaque main
Dressant la table de vaisselle bordée d’or de verres de guirlandes
de couverts
Et mangeant des lettres
Nous avons chanté ce qu’il y avait à chanter fixé au sol ce qu’il y avait
à fixer
Nous avons rapproché nos joues l’une de l’autre attendant
N’importe quoi mais surtout la sensualité d’un tremblement de terre
Pendant lequel les couples trouveraient la position d’accouplement parfaite
Ce qui conduit à un grand soulagement au sein d’une natalité en
chute libre
Aucun geste juste un désir fort de l’extérieur

(traduit du roumain par JAN H. MYSJKIN)
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