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Critiques de David Adams Richards (7)
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La Malédiction Henderson

Je ne me souviens plus pourquoi j'ai acheté ce livre mais quelle bonne idée j'ai eu de le faire, le destin me direz-vous ? Oui peut-être et de destin il en est question dans ce roman.... C'est une vraie belle découverte d'une puissance inouïe sur les affres d'une famille, les Henderson, qui vit dans le New-Brunswick au nord ouest du Canada. Si comme moi vous avez aimé Les raisins de la colère de John Steinbeck ce roman est pour vous.



Mais n'allons pas trop vite... Tout commence en 1997 quand un homme de 25 ans, Lyle Henderson, frappe à la porte d'un ancien policier, Terrieux, qui sauva la vie en 1964 de Mathew Pit (Mat) et  lui reproche de ne pas l'avoir laissé mourir car sa vie et celle de sa famille aurait peut-être été toute autre. Après 7 années de recherches, de vérifications pour ce qu'il n'avait pas vécu lui-même, Lyle va raconter à Terrieux les conséquences de son sauvetage. Si Mat était mort ce jour de 1964 sa vie aurait-elle été plus heureuse ?



Et nous voilà partis pour un voyage de plus de vingt ans dans les Stumps, au bord du fleuve Miramichi, grouillant de saumons et d'éperlans, occupé il y a très longtemps par les Micmacs, vaste région encore sauvage, recouverte de forêts exploitées par de nombreux bûcherons réputés d'être violents et durs.....



Dans ce roman fleuve, la famille Henderson est marquée du sceau de la malédiction. Le sort s'acharnera sur eux, quoiqu'ils fassent, et le pire c'est qu'ils font du mieux qu'ils peuvent, jamais de violence, de vengeance, seulement de l'éducation et de l'amour mais peut-être parce que ce bonheur n'est pas supportable aux autres, tout ce retourne inévitablement contre eux. Il sera question d'empoisonnement des sols et de l'eau, de vol, d'agression, d'accident entraînant la mort, d'accusations mensongères, de rapports manichéens, de non-dits, de secrets.



"Tu ne comprends pas.... Aucune réussite ne triomphe du stigmate de la différence. (...) Ta différence n'est pas une différence acceptable. Elle est d'une autre nature, elle est plus grande. (p149)"



Deux familles s'affrontent : il y a les Pit avec ses membres toujours en recherche de coups tordus sur fond de jalousies et les Henderson avec une politique de non-violence, ils subissent sans jamais vouloir rendre coup pour coup car la vie elle-même ne leur fait pas de cadeaux mais est-ce vraiment la vie où n'y a-t-il pas derrière bien d'autres explications..... Et puis il y a les autres dont la famille des puissants : les Mc Vicer avec Leo à sa tête, le riche, le maître des vies de la région.



L'auteur décortique les âmes humaines dans ce qu'elles ont de plus beau et de plus sombre, de grandeur et de bassesse. Il y a de l'amour et de la haine, des revirements, de la beauté, de l'horreur, de la misère, de la noblesse de cœur et des vengeances monstrueuses le tout dans une écriture sèche, nette, implacable.



"Je venais d'apprendre que mon père avait raison. Chaque fois que quelqu'un fait du tort à un autre, ce tort lui est fait en retour ; et il n'y a qu'une façon d'atténuer les effets de cette règle : développer une "insensibilité" envers les autres humains. (p201)"



Quand le sort s'abat sur quelqu'un on parle de loi des séries mais pour les Henderson cela va bien plus loin. Il ne fait pas bon être différents, miséreux mais lettrés, intelligents, non violents. Cela attire convoitise, envie, jalousie, rancœur et s'il ne s'agissait que de cela...... Il y a ce que l'on croit et ce qui est et quand on cherche à comprendre le pourquoi du comment on découvre qu'il y a des liens que l'on n'aurait jamais imaginé entre les faits et les êtres....



Et puis un jour, à force de trop de douleurs on se rebelle, on bascule dans l'autre camp..... La frontière est ténue, il suffit de peu, de trop pour devenir ce que l'on a haï mais il y a toujours un prix à payer



Alors oui, dans ce roman noir, David Adams Richards prend le temps de dérouler le tapis, d'exposer les faits, un à un, pour en saisir toute l'importance puis les répercutions qu'elles ont eues sur le devenir de chaque famille. C'est sombre, fort, sans pitié ni concession.



C'est une lecture exigeante non par l'écriture mais par le sentiment parfois de plonger dans ce que l'humanité peut avoir de plus insoutenable, on se demande où le rouleau compresseur va s'arrêter pour ceux qui sont marqués par la malchance, le désespoir et l'honnêteté.



Il faut parfois avoir le courage d'affronter les âmes humaines, les regarder attaquer ou subir, dans un environnement où les plus riches et malins règnent en maîtres absolus, où la misère oblige les autres à choisir un camp, celui du bien ou du mal.



La malédiction Henderson est le genre de roman qui laisse une trace, indélébile, dont on garde une cicatrice par le regard sans complaisance que porte un auteur sur l'humanité.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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La Malédiction Henderson

Les Henderson vivent dans un petit village près de Chatham au Nouveau-Brunswick (une petite province canadienne).Sydney, le père est un homme bon qui refuse toute forme de violences car il s’est promis de ne jamais faire de mal aux autres, une décision individuelle qui entraîne sa famille dans le malheur et la pauvreté. Or Lyle, le fils aîné qui ne supporte plus les moqueries et les méchancetés des villageois décide que lui ne sera jamais un perdant comme son père. Poursuivie par la malchance, les regrets et les non-dits, on assiste impuissant aux différents destins des membres de cette famille. L’auteur va jusqu’au tréfonds des êtres, beaucoup sont tordus car empreint d’une méchanceté telle, qu’elle vous donne la nausée. Un roman sur la misère, l’injustice, la rumeur, une fresque qui évoque avec réalisme le problème du fatalisme, quand un individu veut briser les chaînes de sa destinée.
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Enquête dans la réserve

J'ai lu ce livre en anglais (titre : the incindents in the life of Markus Paul)



Par une belle journée en 1985, Hector Penniac, 17 ans, un garçon Micmac d’une réserve locale d’indiens Premières Nations* commence tout juste son premier job pour payer ses futures études à l’université. Docker au port, il doit charger du bois dans les cales d’un navire hollandais. A midi, Hector est mort. Et son voisin, une jeune homme blanc nommé Roger Savage, devient le principal suspect. Le décès d’Hector va venir bouleverser l’équilibre très fragile qui existe au sein de cette communauté très unie et ses relations toujours tendues entre la communauté blanche.

C’est en cherchant des romans dont l’action se situe au New Brunswick que j’ai découvert l’œuvre de David Adams Richards, romancier canadien prolifique et comparé aux plus grands au Canada. J’ai eu l’envie de lire ce roman car le thème m’intéresse particulièrement : une réserve indienne Mi’kmaq (Micmac) au Canada dont l’un des leurs, à l’avenir prometteur, est tué. Le roman est foisonnant, l’auteur canadien aborde de multiples thèmes : crime et punition, vengeance ou justice, pouvoir, vérité ou mensonges, le fil rouge étant l’enquête sur le crime ou le non crime (accident?) entourant Hector tout en offrant au lecteur un portrait d’une communauté indienne, qui peine à trouver ses repères dans une époque où le présent n’a pas encore soigné les plaies du passé.



Le Canada n’a pas réussi à « traiter » la question indienne – comme leur voisin américain, la question indienne reste en suspends. Les indiens ont été parqués dans des réserves et soigneusement oubliés. Ces derniers s’étaient réveillés dans les années 70 et 80 en organisant des manifestations. Les indiens Mi’kmaq sont répartis principalement sur les territoires du New Brunswick, de la Nouvelle-Ecosse, de l’Ile Saint-Édouard et une minorité au Québec. Victimes comme leurs cousins américains des mêmes maladies (varicelle et alcool), leur communauté a failli disparaitre avant d’atteindre aujourd’hui 20 000 personnes. Seule un tiers parle couramment leur langue (largement influencé par les colons français puis anglais, les Mi’Kmaq anglophones ont peine à comprendre les Mi’kmaq francophones). Mais revenons au roman !



Markus Paul était le petit-fils du chef de la tribu indienne. Enfant à l’époque des faits, il revient bien des années plus tard, décidé à élucider cette énigme qui a provoqué la lente désintégration de sa communauté et la mise à pied de son grand-père, autrefois respecté par son peuple mais dont la mort d’Hector Penniac lui a coûté sa position et bien plus. Richards a un talent incroyable, il sait comment montrer la lente et pernicieuse peur de l’autre qui va mener à la perte plusieurs personnages dont ceux qui servaient d’exemple à la communauté. Tous leurs repères sont bientôt perdus. D’un accident qui n’en est pas un, à la construction d’un centre culturel qui n’en finit pas, à la réapparition du demi-frère violent de la victime, tous ces éléments participent à la lente désintégration de cette communauté, autrefois paisible.



(suite sur mon blog)


Lien : http://www.tombeeduciel.com/..
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La Malédiction Henderson

un roman qui vous laisse sonné... pour longtemps.
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La Malédiction Henderson

La famille Henderson vit dans un village du Nouveau-Brunswick. Sidney tente de subvenir aux besoins de sa famille qui deviendra la risée de tout le village. Malgré ce mérpis et les malheurs qui accablent sa famille, Sidney refuse d'utiliser la violence pour se défendre et jure de ne pas faire de mal aux autres. Lyle, son fils refuse cette malédiction et ne partage pas la vision de son père.

Cette saga est un véritable roman coup de poing qui ne laisse pas indifférent. Toute cette misère, cette méchanceté, cette vie de malheur m'a fait vivre plein d'émotions. J'étais choquée envers ces gens qui méprisent, exploitent une famille qui ne demande qu'à vivre en paix, mais aussi envers Sidney qui ne se défend pas et se laisse manipuler. Ce roman est un véritable dilemme entre l'acharnement à rester non-violent et l'utilisation de la violence. En refermant le livre, on ne sait pas ce qui est mieux au fond, ça porte à réflexion.



Les personnages sont tous intéressants, l'auteur décrit leur souffrance, leur désarroi de façon remarquable. L'ambiance est lourde, sombre, dérangeante, c'est loin d'être une lecture légère et agréable, mais c'est une lecture qui laisse des marques. Et à cause de ça, une note parfaite est pleinemnt méritée!
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La Malédiction Henderson

histoire vraie
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Enquête dans la réserve

J'adore!! Ai découvert cet auteur en arrivant au Canada et honnêtement il fait partie de mon top 10 des plus grands écrivains/écrivaines que j'ai lus. Il écrit tout en finesse en subtilité et on se retrouve dans la peau des personnages; il me fait aimer encore davantage le Nouveau-Brunswick et les provinces maritimes, si particulières ainsi que la place ou plutôt la 'non place' des autochtones, les micmacs, dans une société oû le souvenir de la pauvreté, de la précarité est encore assez vivace. Un auteur à lire même si malheureusement toute son oeuvre n'est pas traduite en français
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