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Critiques de David Albahari (18)
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Mrak (Ténèbres)

Cet ouvrage de David Albahari ne m'a guère convaincu et, à la lumière de son propre parcours particulier, même plutôt déçu .



L'auteur est né en 1948 à Peć, dans l'actuel Kosovo, dans une famille serbe et juive. Lors du Siège de Sarajevo, il a aidé des Juifs à se réfugier à l'étranger, avant de partir lui-même, en 1994, pour le Canada et de s'installer à Calgary.



Si "Ténèbres " nous offre une idée de l'inquiétude qui a régné à Belgrade et dans l'ex-Yougoslavie à partir 1992 avec la sécession de la Slovénie et de la Croatie d'abord et la guerre ensuite en Bosnie-Herzégovine, ce climat d'inquiétude reste, à mon avis, un peu trop vague ou plus précisément trop littéraire.



Car cet ouvrage est par son style et langage incontestablement très littéraire et devient, malheureusement, à certains endroits un "discours abscons" pour employer ses propres termes.



Le monde du narrateur me paraît trop petit et clos pour pouvoir s'imaginer l'horreur de cette guerre menée par des criminels comme Slobodan Milosević, Radovan Karadzić, Ratko Mladić...et qui a fait près de 100.000 morts.



Ce monde se réduit en effet à son pote Slavko Radovanovitch et la belle épouse de celui-ci Merka, avec qui il a une liaison ; Svetlana Lazitch, une autre femme qui devient son aimante ; l'énigmatique Davor Miloche, agent du service de Sécurité de l'État ...



J'ai été aussi déçu de constater que ce récit manque le suspense qui caractérise son roman "Goetz et Meyer" que j'ai lu en 2011 et est aussi moins captivant que son "L'Homme de neige" que j'ai lu et commenté sur Babelio le 18 août 2017.



"Mrak" est paru en 1997 en Serbo-Croate et a été traduit en Français par Ljiljana Huibner-Fuzellier et Raymond Fuzellier.

Il compte 166 pages.

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L'Homme de neige

Grâce à Eliette Abecassis, une dame pour qui j'ai beaucoup d'estime, ayant lu la plupart de ses livres, j'ai découvert l'univers fascinant des juifs séfarades. J'avais déjà appris pas mal sur les juifs ashkénazes, d'Europe centrale et de l'est, mais des séfarades je savais juste que le grand philosophe Baruch de Spinoza appartenait à la communauté juive portugaise d'Amsterdam. Mais c'est en lisant "Sépharade" d'Abecassis que mon intérêt pour ce peuple a été éveillé. Un peuple chassé de l'île ibérique par la reine Isabelle la Catholique (que Dieu ait pitié de l'âme de cette catholique peu exemplaire), en 1492, la même année où un certain Christophe Colomb naviguait tranquillement vers l'Amérique. En hébreu le mot 'Sefarad' désigne d'ailleurs l'Espagne. Beaucoup de juifs ont alors traversé la Méditerranée pour s'installer en Afrique du Nord et de là voyager vers l'est, direction Constantinople, le Balkan et plus loin en Europe. Après Israël évidemment, la France compte le plus de séfarades (entre 300.000 et 400.000), dont Eliette Abecassis, née à Strasbourg.



C'est de descendants séfarades que David Albahari est né à Peć dans le Kosovo en 1948, pour vivre à Belgrade avant son grand départ pour Calgary au Canada, en 1994. de lui j'ai lu, il y a quelques années, son ouvrage "Goetz et Meyer". Ces Goetz et Meyer étaient, lors de la dernière tuerie mondiale, des officiers SS envoyés à la capitale serbe pour y gazer, à bord de leur camion spécialement équipé à cet effet, quelque 5000 vieillards, femmes et enfants séfarades.



'L'homme de neige" est le second ouvrage que j'ai lu de ses 8 romans et 8 recueils de nouvelles qu'il a écrits en serbe. Sur ma pile à lire, il y a "Ténèbres" et son dernier "Sangsues". David Albahari est membre non résident de l'Académie serbe des sciences et des arts . Dans son pays natal, il a reçu le Prix Andrić pour son ouvrage "Description de la mort". Un ouvrage dont le titre me décourage un peu !



Sûrement que ce relativement court roman est largement autobiographique, puisque le protagoniste est un 'etranger' , nommé comme professeur à une université américaine. Seulement cette belle réussite sociale ne le rend pas heureux pour autant. Bien au contraire, il s'ennuie ferme. À ce point même qu'il m'a fait penser à un roman d'Alberto Moravia avec le titre révélateur "L'ennui" de 1960, où l'on assiste également aux difficultés d'un homme en crise dans ses rapports avec la réalité qui l'entoure. En somme, un isolement kafkaïen, jusqu'à ce que notre héros découvre dans le sous-sol de la maison qu'il a louée, une armoire fermée à clef, que bien entendu, il ouvre au bout de quelques réticences. Pour ne pas gêner les futurs lecteurs, je dois arrêter ici ce petit résumé.



Voilà donc 2 auteurs d'origine distincte : l'une, Eliette Abecassis, dont la famille vient du Maroc et qui vit en Alsace et un serbe qui vit au Canada. Deux mondes différents et qui malgré une approche fatalement différente, montre des similitudes dans leur façon d'observer l'individu dans son contexte quotidien : l'héritage séfarade ?



Avant l'indépendance des colonies françaises de l'Afrique du Nord, cette partie du globe comptait presque un demi-million de séfarades. La grande spécialiste des mouvements de ce peuple est bizarrement une jeune dame qui vient de Cracovie en Pologne, Ewa Tartakowski, docteur en sociologie, professeur à l'université de Paris/Nanterre et membre du Centre Weber, qui a écrit un ouvrage remarquable "Juifs et le Maghreb". À partir des livres publiés par des auteurs d'origine judéo-maghrébine, elle analyse les fonctions de la littérature d'exil. Une oeuvre peut-être hautement spécialisée, mais passionnante. Une autre dame qui s'est penchée sur la question est Maïtena Armagnague-Roucher avec son "Une jeunesse turque en France et en Allemagne", un ouvrage que je viens de me commander et duquel j'espère rédiger une critique bientôt.



Sur son site, David Albahari note : "La ligne qui sépare le monde réel du monde des rêves est très mince." Et ajoute : "Lorsque j'étais môme, j'avais peur que je ne fusse pas plus qu'une image dans le rêve de quelqu'un et que le soudain réveil de ce rêveur inconnu, signifierait la fin de ma vie." Ou bien l'auteur à vaincu sa peur, ou bien l'inconnu rêve toujours. En tout cas, David Albahari, adulte, n'a rien perdu de sa très riche imagination, qu'il sait traduire de faconn elegante dans une langue poétique.





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Goetz et Meyer

Parvenu à la cinquantaine, un professeur belgradois éprouve le besoin de de combler les vides de son arbre généalogique. Il ne s’est jamais marié, n’a pas d’enfants ; il "sait où la vie le mène, il ne lui reste plus qu’à savoir d’où il est sorti".

Ses parents ne lui ont pas parlé de leur passé et ses connaissances sur la Shoah se limitaient jusqu’alors aux informations générales diffusées par les manuels scolaires, les livres d’histoire, le cinéma ou la littérature, rien n’indiquant que cette histoire le concernait.



Or, presque toutes les membres de sa famille, du côté maternel comme paternel, ont péri lors de l’Holocauste : lui qui devrait pouvoir se vanter d’avoir soixante-sept parents proches n’en a plus que six. Hantant alors les archives et les bibliothèques, il découvre qu’ils sont probablement morts sur les routes de Belgrade, dans les camions conduits depuis le camp de la Foire des Expositions de Belgrade où avaient été parqués les juifs qui s’étaient fait recenser, vers le charnier de Jajinci.



Au volant des camions, les sergents chefs SS Goetz et Meyer, recrutés pour exterminer les femmes, enfants, et vieillards juifs de Serbie (les hommes furent fusillés). Une mission réalisée à l’aide de ces dušegupka inspirés des véhicules conçus pour le programme "Euthanasie" appliqué aux malades mentaux, le monoxyde de carbone pur ayant été remplacé par le gaz d’échappement du moteur. Une solution moins coûteuse et donnant à l’intérieur du camion un "air tout à fait innocent".



"Avouons qu’il est difficile de rester insensible à tant de prévenance."



Si sa démarche a d’abord pour but de redonner corps à ses aïeux disparus, le narrateur se prend très rapidement d’un intérêt obsessionnel pour Goetz et Meyer, éprouvant le besoin de rendre les bourreaux réels, palpables, pour se faire une idée juste de ses parents en redonnant à leur calvaire sa dimension concrète.



Seulement, et il le répète inlassablement, il ne les a jamais vus, alors il ne peut que les imaginer, les créer à partir de souvenirs aériens, de mémoires incertaines et de fragiles documents d’archives.



Il se lance ainsi dans une entreprise fantasmagorique et intime de reconstitution de ces deux figures qui se fondent en une entité commune. Il se représente des détails de leur vie privée, leur invente des rêves et des ambitions, des goûts et des manies. Il retranscrit les conversations menées à bord du camion, banales et anodines. Il imagine que l’un, dont les rêveries sont d’abord troublées par les bruits coups sourds et les cris étouffés qui leur parviennent lorsqu’ils ouvrent les fenêtres, finit par ne plus les entendre. Il les suppose de bonne humeur, dénués d’idées noires mais pourvus d’un bon appétit. Leurs nuits ne sont pas hantées de cauchemars, aucune crise de conscience ne les perturbe.



"…ils sont la preuve qu’Himmler avait raison en affirmant qu’un procédé plus humain de mise à mort atténuerait la tension psychologique ressentie par les membres des groupes d’intervention…"



La proximité que crée le narrateur avec ces figures qui deviennent si prégnantes qu’il finit par les voir et par dialoguer avec elles, instille chez le lecteur un troublant malaise, exhaussé par l’ironie cruelle et constante qui imprègne le texte, où s’insèrent données comptables et considérations mécaniques témoignant d’un pragmatisme de l’horreur (combien de temps faut-il, selon le diamètre d’un tuyau d’échappement, pour asphyxier une trentaine de juifs ?), et où il est admis que Goetz et Meyer, non, n’avaient rien à se reprocher : ils étaient très consciencieux…



L’obsession du héros pour les deux sergents chefs révèle de manière poignante la quête désespérée d’un sens sans lequel il devient impossible de continuer à vivre. Car quelle sorte d’homme est celui qui accepte d’accomplir un devoir qui implique la mise à mort de cinq à six-mille âmes ? Comment justifier l’existence même d’un système qui se consacre à déterminer les manières les plus rentables d’exterminer des individus sans jamais remettre en cause la légitimité du paradigme à l’origine de cet objectif ?



Dépositaire d’un deuil d’autant plus difficile à dépasser qu’il résulte de la manifestation inconcevable d’un mal pourtant bien réel, se perdant dans ses tentatives pour pénétrer le traumatisme personnel et familial au-delà des données collectives de l’Histoire, le héros glisse vers une forme de démence.



Convaincu qu’en cherchant le sens des points d’interrogation de son arbre, il trouverait le sens du point d’interrogation qu’il est devenu, il réalise n'être en réalité qu’une fin de lignée, "une pomme ridée au bout d’une branche fanée d’un arbre desséché", un homme brisé "fait d’une multitude de petits carrés vides où jamais aucun mot ne sera inscrit".



"Il y a des choses que l’on n’arrive jamais à comprendre, et mieux vaut peut-être qu’elles demeurent ainsi, que l’absurde soit leur seul sens. Par exemple un groupe de gens se met autour d’une table et prend la décision de détruire tout un peuple."



Un texte fort, original, désespérant.
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Der Bruder

Dans ce livre en deux parties, un narrateur inconnu relate en deux longs chapitres l'histoire que lui raconte son ami Filip. Filip est un auteur serbe, vivant à Belgrade et auteur du livre autobiographique "La vie d'un perdant", qui un jour reçoit une lettre recommandée, semble-t-il pour la première fois de sa vie. La lettre lui est adressée par son frère Robert, dont il n'a jamais entendu parlé auparavant. Dans la première partie du livre, Filip décrit sa réaction à la réception et la lecture de la lettre, pendant près de 60 pages. La seconde partie contient le récit de la rencontre et des évènement qui en ont découlé. Quasiment 120 pages poignantes où Filip nous livre à la fois ce qu'il s'est passé et ses impressions.

On sent dans le style de la narration que Filip est un personnage instable, facilement déboussolé. Il se laisse entraîner dans de nombreuses digressions au cours desquelles on en apprend plus sur sa famille et sa vie passée. Les phrases sont longues, pleines de subordonnées, et s'enchainent sans pause. Cela explique le peu de paragraphes du roman, j'ai compté jusqu'à 16 pages d'une traite !

Le suspense est complet jusqu'aux trois quarts du livre. On s'attend vraiment à tout et les possibilités sont écartées les unes après les autres. On sait juste au début de la seconde partie que quelque chose de terrible pour Filip s'est produit. Le frère est-il vraiment son frère ? Est-il fou ? A-t-il fait du mal à Filip ? Quand j'ai commencé à percevoir les causes de la tragédie annoncée, j'ai espéré un retournement de situation, un "happy ending" ou au moins une justice. Mais rien, l'histoire est glaçante et l'absence de réaction des personnes autour de Filip rend la conclusion encore plus terrible : personne ne s'en préoccupe.
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Goetz et Meyer

138 pages, d'un seul tenant,   à peine de la ponctuation, un point de temps en temps. J'en fais une lecture hachée, pour reprendre mon souffle. Le contraire d'un livre léger.



L'auteur enquête sur la disparition de la communauté juive de Belgrade en 1941-1942.  9500 Juifs se sont présentés au recensement. 4000 hommes furent fusillés, femmes, enfants et vieillards conduits au camp de la Foire des Expositions de Belgrade. Du camp, 5000 furent gazés dans un camion conduit par deux sous-officiers : Goetz et Meyer.



"De quelle sorte d'hommes étaient Goetz et Meyer? De quelle sorte d'hommes est celui qui, comme eux deux accepte d'accomplir un devoir qui implique la mise à mort de cinq ou six mille âmes? Moi, j'ai du mal à me décider à mettre une mauvaise note à un élève en fin de semestre en fin d'année scolaire n'en parlons pas, mais cette épreuve est dérisoire comparée à celle que devait subir Goetz et Meyer. Et que dire s'ils n'avaient nullement le sentiment d'endurer une épreuve quelconque."



Le narrateur, un professeur juif qui a survécu caché, reconstitue son arbre généalogique. Il recherche les survivants de sa famille, l'identité de ceux qui ont disparu. Mais surtout il s'interroge sur les mécanismes de leur élimination. Comment des gens ordinaires ont pu conduire à la mort des femmes et des enfants? Goetz et Meyer hantent les pensées du professeur peut être plus que les disparus.



Une lecture essentielle mais éprouvante.
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Goetz et Meyer

Un livre que l'on ouvre et on se retrouve en apnée jusqu'à la page finale ... pas de chapitre, pas de paragraphe.

Un livre qui nous parle d'un monde où "chaque individu est un univers particulier".

Un livre qui nous raconte une histoire où "neuf mille cinq cents univers passent de l'état solide à l'état gazeux".

Un livre qui évoque pour nous une dusegupka "littéralement, en serbe : "lieu où les âmes sont mises à mort", nom donné aux camions à gaz".

Un livre qui nous démontre calmement et froidement que le camion à gaz est l'outil le plus adapté, le plus économique, le plus conforme "au progrès de la pensée scientifique" .

Un livre où on découvre qu'on peut mourrir deux fois, une fois "dans les ténèbres d'un camion, ne désirant que de l'air pur", la seconde "sur un amoncellement de cadavres, ne désirant que le repos" en attendant d'être brûlés.

Un livre où nous faisons ke dernier voyage en accompagnant Adam, de son appartement que l'on quitte et où tout est bien rangé, pour partir en car vers la prochaine étape, le camp où s'instaurera la routine avant d'être "transféré" ou "traité" selon le vocabulaire de Goetz ou de Meyer.

Un livre où l'on apprend qu'il est préférable d'insuffler lentement et progressivement le gaz car alors les prisonniers meurent dans un demi sommeil, au lieu de subir des convulsions et d'expulser des vomissures et des excréments, ce qui compliquaient la tâche des nettoyeurs.

Un livre dont je suis sortie avec comme devoir pour demain ".. écrire une composition, "sur le thème : aujourd'hui je suis quelqu'un d'autre" à vous de choisir ... Adam, le commandant Andorfer, Goetz, Meyer ...

Un livre où on apprend que le suicide n'est pas un acte de lâcheté mais "le droit de choisir le dernier moment de sa vie".

Un livre qui souhaite répandre "la semence de mémoire", "une semence qui ne donnerait pas de fruit, mais qui, si elle était tombée sur un sol fertile, empêcherait du moins la croissance des mauvaises herbes de l'oubli".

Un livre qui fait mal ... très mal ... mais l'horreur doit être digérée et la mémoire ravivée aujourd'hui... demain et après demain.

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Mrak (Ténèbres)

Roman politique serbe pour compléter mon challenge, roman sur lequel il est précisé Thriller politique mais qui n'en est pas vraiment un...



Mrak, ce sont les ténèbres qui ont envahi la Yougoslavie ou "l'ex-pays", Mrak c'est le lieu où ère le narrateur en exil. Tout commence en Yougoslavie, avant 1985, le narrateur et héros y mène une vie paisible et rythmée par ses traductions, ses séances de footing quotidiennes et ses loisirs qui se partagent entre la lecture et le cinéma. Puis tout bascule peu à peu : la chute du mur de Berlin, l'effondrement du bloc communiste, les guerres d'indépendances du Kosovo, de la Serbie, de la Croatie, Slobodan Milošević, et tout ça.

Le roman commence sur le narrateur, exilé au Canada, dans une chambre d'hôtel, persuadé d'être suivi et surveillé. Entre quelques digressions d'écrivain, il va remonter le temps pour raconter au lecteur comment il en est arrivé là.

Déjà première chose, il ne s'agit pas vraiment d'un thriller tant l'histoire est hachée entre passé/présent et entre action et digressions (parfois un peu inutile je dois l'admettre). J'avoue que j'ai été également déçue que l'auteur ne soit pas plus explicite. On comprends mal son rôle dans l'histoire et dans l'Histoire, vu que je connais pas bien l'Histoire de ces pays. On rencontre un Davor Miloche dont on arrive jamais à déterminer dans quel camp il se trouve car rien n'est réellement nommé. On se doute que l'auteur va se retrouver du côté des rebelles (j'entends de ceux qui souhaitent l'indépendance) mais je n'en suis vraiment pas certaine. J'aurais vraiment aimé en apprendre plus sur ce pays, son histoire, par quelqu'un qui a vécu ça de l'intérieur.

L'intrigue vraiment intéressante va se passer au moment où il entamera une liaison avec la femme d'un "ami" soit disant emprisonné, et qui se soldera de façon tragique. Mais ce n'est pas continu. De plus, on ignore qui sont les personnes qui le traquent et si le héros est bel et bien poursuivi. Je ne suis pas contre un peu de ballotage et de mystères mais pas quand je lis un roman politico-historique, j'ai du mal à me détacher de la réalité et de la véracité des faits.

Quoiqu'il en soit Mrak est très bien écrit et la plume poétique de David Albahari est parfois envoûtante
Lien : http://revoir1printemps.cana..
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Nouvelles de Serbie

Ce recueil de nouvelles est bien écrit mais les sujets sont parfois un peu farfelus :

1) Les Touloumbas (beignets) et la mort : une journaliste est enlevée pour une raison absurde

2) La femme de sa vie : étrange histoire d'amour

3) Mostar : une jeune femme interroge sa grand-mère sur les temps de guerre

4) Le bout du monde : observations et fin tragique d'un jeune coq de basse-cour (assez cocasse)

et deux autres nouvelles



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L'Homme de neige

un roman qui se lit d’un trait, car il n’y a pas de paragraphe, et décrit avec une puissance rare la lente descente de l’homme dans l’incompréhension. Cet homme, le narrateur, est un exilé, qui se heurte aux hommes de son nouveau pays qui se gargarisent d’avoir tout compris d’une situation qu’ils ne connaissent nullement, et lui imposent leurs jugements et vérités sans jamais écouter la sienne. 113 pages d’un cri silencieux, de l’homme qui à laissé son pays derrière lui, pays qui n’existe plus, pour ne trouver une terre d’accueil, une situation, mais aucune humanité. Ce récit nous rappelle qu’il n’existe aucun exil simple ou facile, même ceux qui peuvent paraître les plus aidés et organisés. Je recommande !
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Sangsues



« Il est vrai que l'absurde, lui, était devenu quelque chose de familier, de quotidien, avec quoi nous étions habitués à cohabiter depuis une dizaine d'années, vivant dans un État qui n'était pas un vrai État, participant à une guerre qui n'était pas une vraie guerre, nous soumettant à un pouvoir qui s'était investi lui-même du pouvoir, et nous transformant en une île qui dérivait, détachée du monde, telle une colonie de lépreux dont plus personne ne voulait se soucier. »



Déambulation dans Belgrade, peuplée d'hommes aux lunettes noires, de vieilles tricotant sur un banc, d'ombres qui disparaissent l'instant d'après, dont les ascenseurs sont souvent cassés et les entrés d'immeubles sales et sentent l'urine. Déambulation dans le labyrinthe des pensées, réflexions , émotions et interrogations du narrateur avide de signes, de sens et de digressions obsessionnelles, et qui se débat au sein d'un engrenage de questions sans réponses.



« Rien de plus ennuyeux qu'un récit morose où rien ne nous entraîne par moments dans une autre direction que celle du récit lui-même, pour nous distraire, nous égarer et, quand nous nous croyons totalement fourvoyés, ouvre la porte qui nous ramène là d'où nous étions partis. Même si nous ne nous sommes pas éloignés de la morosité, du moins avons-nous respiré un air frais, à pleins poumons , pendant un moment. »



Est-on dans le domaine du rêve, de l'hallucination nourrie de fumée de cannabis, du délire paranoïaque, de l'absurde ou dans un conte moderne mâtiné d'interprétation cabalistique et numérologique ? Le héros a t'il les pieds sur terre , pris dans la nasse d'un complot aux ramifications étranges, ou glose t'il sans fin sur de pseudo signes sans objet ?



« Mais un moment plus tard, je me demandais ce que j'étais en train de faire : le pays est en décomposition, les menaces de bombardements pèsent au-dessus de nos têtes comme des fruits trop mûrs, les gens se désarticulent comme s'ils étaient faits de cubes Légo, c'est tout juste si l'on n'élève pas la folie au rang d'état normal, et moi je fais joujou avec des mystères cabalistiques, des complots antisémites et je perds des heures et des jours pour découvrir qui a laissé dans la vase du fleuve des traces depuis longtemps effacées. »



Toujours est-il qu'il vit dans un monde de chaos, de contrainte, de peur, un univers à peine émergé d'une guerre pour tomber dans une « dictature qui se donnait pour une démocratie », « un pays tourmenté, ruiné, où ceux qui arrivaient à garder un semblant d'espoir étaient plus que rares », un terreau parfait pour l'émergence de la folie et de la haine : profanation de cimetière juif, graffitis antisémites, traques et passage à tabac émaillent son histoire.



Pris entre la rationalité moqueuse de son ami Marko, les élucubrations de trois vieux Juifs adeptes de la Cabale, les apparitions fugaces d'une jeune femme aux cuisses blanches, les intimidations d'un groupuscule nationaliste antisémite, et les manuscrits surnaturels, le narrateur est emporté sans pouvoir s'en défendre dans un diabolique tourbillon fantastico-réaliste. un « tourbillon qui engloutissait tout ».



Je me suis souvent perdue dans les digressions ; la Cabale et les démonstrations mathématiques me sont restées hermétiques et je n'ai pas toujours compris grand chose de plus que le narrateur, et même plutôt moins... Mais :



« Il faut bien d'ailleurs que les mystères restent des mystères »



Cette course absurde après la valeur des mots, semée d'embûches et de fausses pistes, ce cri d'angoisse face à un monde obscur et rejetant, où l'âme devrait parvenir à nous sauver, n'en demeurent pas moins intrigants et troublants.





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Goetz et Meyer

Un roman bouleversant, qui parle de la seconde guerre mondiale sous un jour inhabituel, celui de l'occupation en Serbie. L'auteur cherche alors à brosser un portrait, mettre des traits sur le visage de deux inconnus, deux jeunes sergents-chefs S.S., deux bourreaux qui se sont consciencieusement occupés de la question juive en Serbie.
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Hitler à Chicago : Nouvelles canadiennes

Recueil de nouvelles comme je les aime, drôles et désopilantes, truffées de références littéraires et du mal de vivre d'un immigré.



Livre acheté et dédicacé par l'auteur à la médiathèque de St Lo
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Hitler à Chicago : Nouvelles canadiennes

Dans ce recueil de 16 nouvelles les personnages sont quasiment tous, comme l’auteur, des exilés de l’ex-Yougoslavie installés à Calgary, Canada.

Dans Hitler à Chicago, le narrateur, un écrivain originaire de l’ex-Yougoslavie, discute dans un avion avec sa voisine qui lui raconte comment elle a croisé Hitler à Chicago et comment cette histoire qu’elle a ensuite confiée à Isaac Bashevis Singer a inspiré ce dernier pour une de ses nouvelles. « Tout un chacun doit voir Hitler une fois dans sa vie (…). Il n’est pas nécessaire pour cela d’aller à Chicago ».



Dans L’autre langue, Zoran a quitté Belgrade pour Calgary. Il suit des cours d’anglais pour migrants. Il commence à rêver de Cindy, une de ses professeures, puis se met à la suivre dans la rue, jusqu’à chez elle.



Dans Sous la lumière d’une lune d’argent, le narrateur, Adam, exilé au Canada, essaie de faire de l’endroit où il vit un foyer. Alors qu’il neige il s’assied sur son balcon et ferme les yeux : « Je me suis assis sur la chaise, j’ai croisé les jambes, serré mon torse dans mes bras, fermé les yeux. Sous mes paupières baissées je me voyais marchant dans l’étendue blanche : je m’éloignais sans laisser la moindre trace derrière moi. J’ai tendu le bras, sans ouvrir les yeux, et j’ai tenté de trouver le bord de l’autre chaise. Je n’y suis pas parvenu. J’ai tendu aussi l’autre bras, encore une fois sans succès, et je suis resté assis ainsi, comme un aveugle, tandis qu’une voix dans l’étendue blanche criait des mots en différentes langues dont aucune n’était la mienne ».



Comme Adam tous les personnages souffrent de solitude et de difficultés à communiquer. Avec les habitants de leur pays d’accueil, du fait de la barrière de la langue, mais aussi avec leurs proches, leur famille : l’exil est un traumatisme. Quant à moi j’ai été souvent déconcertée par des chutes abruptes donnant une impression d’histoire inachevée. Comme celles des personnages ?
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Goetz et Meyer

Un roman passionnant sur le fond, l’Holocauste et le problème de la responsabilité, la question torturante du bien et du mal.

Un roman déroutant par sa forme qui flirte avec l’humour noir, une ironie dévastatrice et même le ridicule.



Un texte provocant chez le lecteur une quasi apnée, un quasi étouffement par la particularité de l’écriture et par le choix d’un paragraphe qui court sur plus de 100 pages.

Le roman se situe à Belgrade, dans un passé assez proche mais non daté.

Le narrateur un juif professeur de lettre dont pratiquement toute la famille a disparu dans les camps, est amené à faire des recherches sur son passé et celui de sa famille.



Ses recherches dans les archives sont décevantes mais il a trouvé un petit fil rouge, deux SS envoyés d’Allemagne pour leur compétence particulière, conduire et faire fonctionner un camion transformé en chambre à gaz. Ils sont mutés à Belgrade pour leur « savoir faire »

Goetz et Meyer, deux SS que David Albahari transforme en une seule entité « Goetz et Meyer »



Le narrateur tente de comprendre ce qui s’est passé, de comprendre qui étaient ces deux hommes qui ont participé à l’élimination de sa famille et à celle de cinq mille juifs de Serbie.



Cette enquête tourne à l’obsession et le narrateur frôle parfois la folie par la difficulté a retrouver trace de sa famille et au fur et à mesure qu’il découvre les faits, les noms, les chiffres.

Pourquoi « Goetz et Meyer » ont-ils participé au Génocide ? Comment ont-ils fait pour supporter cela ? Voir des femmes, des enfants, des vieillards, monter dans ce camion, leur sourire, faire « comme si » il s’agissait d’un petit voyage anodin puis débarrasser le camion des corps, nettoyer le tout et … recommencer.

Sont ils inconscients ? Sont ils des modèles d’obéissance ? Sont-ils des monstres ?



A la lecture de tous les livres sur l’Holocauste, les questions lancinantes sont toujours les mêmes : pourquoi, quel homme peut faire cela, qu’est-ce qui me différencie de tels hommes, qu’aurais je fais dans les mêmes circonstances …

Que reste-t-il aux survivants ? J’ai pensé à plusieurs reprises au livre de W.G. Sebald Les émigrants, en lisant ce roman.

David Albahari livre ici un roman d’une très grande force qui ouvre la porte aux interrogations, à l’incompréhensible, à l’inhumain.



J’ai été bouleversée par ce roman. Tout d’abord parce qu’il évoque, ce que j’ignorais totalement, l’existence de camps en Serbie, et parce que quand on dit Holocauste on ne pense pas forcément à ce pays.

Un roman sombre bien entendu mais qui palpite pourtant de vie, une vie douloureuse certes mais la vie « malgré tout ».

Il plonge le lecteur dans un magma brûlant le contraignant à courir devant les coulées de lave qui déferlent.

Sa façon de transformer ces deux hommes en une seule entité « Goetz et Meyer » les liant définitivement car ils sont les « rouages d’un vaste mécanisme »



Les témoins de l’Holocauste sont en train de disparaitre et il est indispensable que des voix reprennent ce récit, empêchent l’oubli.



Un grand et beau roman qui date déjà de 2002, alors un grand merci à Passage à l’Est qui me l’a fait connaitre et qui a initié cette lecture commune avec Patrice.


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Ma femme

Un recueil de nouvelles surréalistes, drôles, émouvantes et étranges.
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L'Homme de neige

L'homme de neige présente beaucoup de similitudes avec son auteur puisqu'il s'agit d'un écrivain d'ex-Yougoslavie invité en résidence dans une université nord-américaine. Malgré l'excellent accueil matériel qui lui est réservé, le narrateur reste confronté à une forme d'incompréhension liée à une vision déformée de son pays que véhiculent les universitaires qui l'entourent. Avec une écriture minutieuse, dense et précise, David Albahari s'interroge, de façon presque fataliste, sur le sens de l'histoire, sur la géographie et sur leur enseignement.
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Nouvelles de Serbie

Ce livre m'a permis de découvrir 6 nouvelles écrites par des auteurs serbes nés au 20ème siècle et qui ont tous connu l'éclatement de la Yougoslavie.

Ces récits ne racontent pas la guerre, mais elle est parfois sous-jacente. Ils s'inscrivent au plus profond de la vie dans ces régions avec des différences culturelles qui s'entremêlent.

La nouvelle est un genre très populaire en Serbie. J'ai été séduit par les 6 ici présentées. Elles sont à la fois très différentes les unes des autres mais, en même temps, avec toujours une part importante réservée à l'imaginaire, au fantastique.
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L'Homme de neige

[...]l’écriture est belle, forte, puissante même… Mais ça ne suffit pas à capter mon attention[...]
Lien : http://www.readingintherain...
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