Une musique ou une chanson, même gaies, rendent triste si on les a écoutées avec une personne qui n'est plus là
Au fond il me reste peu de choses d'elle. Des flashs, des éclats de couleur. Les après-midi passés à rouler sur le lit au lieu de travailler, les coups de téléphone interminables, tout les soirs à 7 heures, et sa mère qui se fâchait, les baisers dans les toilettes des filles entre deux cours. Seules les choses les plus banales me sont restées. Mais c'est ce qui me manque le plus. Nos conversations idiotes, simplement pour le plaisir de parler, et ses caprices. Maintenant qu'elle n'est plus là, je m'aperçois que ce sont ces petits faits ordinaires qui remplissaient mes journées.
C'est dur de savoir que tu es dans cette partie du monde où la personne que tu aimes n'arrive plus à entrer. Cette fermeture devient un cercle vicieux : son éloignement finit par m'éloigner, moi aussi.
Connaître, c'est y mettre un peu du sien. Et ce qui fait la différence entre ce qui nous reste étranger et ce qui ne le reste pas, c'est cette part de soi que l'on met dans les choses." (p.101)
Le problème n'est pas de faire taire le silence. Le problème est de l'écouter. Peut-être, en mûrissant, apprendrons-nous à l'écouter si bien que nous ne l'entendrons plus.
C'est peut-être ça, devenir adulte : savoir écouter son silence jusqu'à ne plus l'entendre. Le dominer et l'enfermer. L'ensevelir au plus profond de soi. Ou peut-être certaines personnes ne l'ont-elles pas en elles, ce silence. Peut-être ne l'ont-elles jamais eu.
Je ne sais vraiment pas ce qui est préférable. (p.105)
On espère toujours que les personnes auxquelles on tient nous comprendront entièrement... (p.141)
On voit toujours ses parents comme des entités abstraites. Ce ne sont pas des personnes ni des individus, ce ne sont pas deux êtres distincts, mais des parents. Et malgré tout, c’est un point de repère qu’on ne voudrait jamais perdre. C’est difficile de se séparer d’une chose qui est entière au fond de soi.
Il faut de la clarté pour raconter, et la clarté, quand on a trop de choses en soi, disparaît. Alors il se tait, le vieux. Et toutce qu'il a en lui, il se le dit à lui tout seul. mais parfois quelque chose filtre dans son regard. Reflet de ce qu'il ne peut plus raconter. (p.139)
Les choses changent selon la manière dont on les regarde.