Le Journal Intime de Georgia Nicolson, film 2008 - Bande Annonce
Ce chat est gravement givré. Je l’ai trouvé à Loch Lomond en Ecosse dans le jardin de la pension de famille où on passait nos vacances avec les parents. La pension s’appelait « Au bon coin », c’est vous dire le style de vacances.
Le jour où il a massacré mon pull quand je l’ai pris dans mes bras, j’aurais dû me douter qu’au rayon chat tout ne tournait pas rond. Mais il était tellement mignon comme chaton, tout tigré avec des poils longs et d’immenses yeux jaunes. Déjà petit, on aurait dit un bébé chien. J’ai supplié mon père de me laisser le ramener à la maison.
— S’il reste ici, il mourra. Il a pas de papa et il a pas de maman.
A quoi il a répondu :
— C’est probablement parce qu’il les a mangés.
16h18. Nom de Dieu de nom de Dieu !!!! Robbie était à la grille… sûrement à attendre sa fiancée. J’ai fait comme si je ne l’avais pas vu. Mais il m’a lancé :
— Sont charmants tes copains.
Là évidemment, obligée de marquer le coup. J’étais super blême. J’ai cherché un truc méga intelligent à lui dire qui soit en même temps blessant et plein d’esprit. Quelque chose qui lui fasse comprendre que j’étais un être délicat.
— Je crois que tu me confonds avec quelqu’un qui s’intéresserait à ce que tu dis.
Et hop, je l’ai planté là.

- Je peux te parler une seconde, Georgia ?
- Oui, bien sûr ...
Il n'avait pas très à l'aise non plus.
- Écoute, s'il s'agit de Jas et de Tom, je suis désolée de t'avoir contrarié... Je trouve Tom super et Jas l'adore.
- Tant mieux, mais il ne s'agit pas d'eux. Voilà, je voulais juste te donner ça...
Et pof, il m'embrasse !!! Je ne vous raconte pas l'état de liquéfaction de la fille, une vraie méduse. C'était trop bien. Un baiser style vingt sur dix. J'ai tout eu, les feux d'artifice, les orchestres, les vagues qui s'écrasent contre les rochers. la totale... je ne sais pas combien de temps ça a duré. J'étais limite pâmoison.
Quand on est revenu sur terre, il m'a fait :
- Ça fait trop longtemps que j'en ai envie mais je sais que c'est pas bien.
J'ai voulu lui répondre mais j'avais perdu l'usage de la parole, ça sortait tout en désordre :
- Ng ng... ça va. Mais ng ng, c'est bien. Ce que je veux dire c'est que, je, ce que, toi et, toujours même quand je ng.
Il m'a regardée comme si je parlais chinois. Mais je ne parlais pas le chinois, je parlais le n'importe quoi.
— Vous allez à quel collège ?
Je m’apprêtais à lui répondre… quand Super-Canon est sorti de l’arrière-boutique.
Je vous jure qu’il est tellement beau qu’on ne peut pas s’empêcher de cligner des yeux et de rester la bouche ouverte comme un poisson hors de l’eau. Il était très grand, avec de longs cheveux noirs, des yeux bleu foncé super intenses et une grande bouche. Et il était tout en noir. (C’est tout ce dont je me souviens, monsieur l’Inspecteur.) Il était venu apporter une tasse de thé à Tom qui lui a dit merci. Puis Super-Canon s’est exprimé :
— Je ne peux quand même pas laisser mon petit frère s’éreinter à servir des pommes à deux jolies filles sans même lui offrir une tasse de thé.
Puis il a FAIT UN CLIN D’ŒIL à Tom et il m’a SOURI avant de s’en retourner d’où il venait.
Je suis restée plantée là, les bras ballants, à contempler l’espace où S-C se trouvait quelques secondes plus tôt. En tripotant sauvagement mes pommes.
En partance pour le rassemblement de clownomobiles dans le véhicule de forte longueur quand un gros 5x5 nous dépasse, permettant à tout un chacun de lire l’autocollant apposé sur sa vitre arrière qui dit comme ça : « Si vous voyez les jumeaux tomber, klaxonnez ! » De mon point de vue perso, sehr sehr le riant.
Moi à Vati :
- On pourrait en avoir un : « Si vous voyez oncle Eddie tomber, ne pas klaxonner ! »
Mutti :
- Ne sois pas si insolente.
Dimanche 30 août.
11h. Merci mon Dieu, ils sont partis. Enfin ! C’est quoi toutes ces foutaises de famille heureuse ? Tous ces « On devrait faire des choses ensemble » ?
Comme je l’ai fait remarquer à papa :
— On a déjà pas de bol de se retrouver coincés tous les quatre dans la même baraque, alors pourquoi faudrait-il se pourrir la vie encore plus en allant traîner tous ensemble dans une jardinerie ?

Mercredi 28 juillet
15h35. Je suis la copine d'un Super-Canon mais je ne laisserai pas ce nouveau statut entamer mon naturel naturel.
Coup de fil à Jas.
- Quand j'aurai des tas d'amis super intéressants et classieux, je te garderai toujours comme copine. Parce qu'on est des vraies amies et que ce n'est pas un garçon qui pourra nous séparer.
Réponse de Jas :
- Tom m'a dit qu'il allait m'offrir un faux tatouage. J'ai l'intention de me le mettre sur la fesse gauche et de ne plus la laver jusqu'à son retour.
- Dis donc, Jas, ce serait trop de te demander de laisser ton derrière en dehors de la conversation ?
Vendredi 30 juillet
17h00. C'est moi qui ai préparé le dîner pour Mutti et Libby. Purée de pommes de terre et saucisses. J'ai cru que Mutti allait fondre en larmes.
22h00. Tôt couchées, tôt levées, font les ...
Bref, fait la Georgia hors de portée de sa maman qui a piqué une méga crise en voyant l'état de la cuisine.
22h15. Pourquoi faut-il qu'on s'en prenne toujours à moi, même pour des broutilles ? Honnêtement, est-ce que c'est vraiment ma faute si deux poêles ont pris feu ? Je les ai planquées dans le jardin.
Quoi qu'il en soit, je refuse d'être indisposée par ce remue-ménage. Je garderai donc mon calme sous mon masque à l'œuf et à l'huile d'olive.
En ce moment, on apprend le Japon en géo et pour agacer Œil-de-Lynx, j’ai mémorisé tous les noms des îles : Hokkaidò, Honshù… euh… presque tous. L’an dernier, j’avais fait la même chose avec les fleuves français (grâce au système mnémotechnique dit du GROS LARD : Gironde, Rhône, Oise, Seine, Loire, Aude, Rhin, Doubs). Je vous garantis que ça fait un effet bœuf quand vous les débitez à toute allure au moment où le prof vient de vous reprocher de ne pas être attentive.
On part faire la fête en bande. Mon père tient absolument à venir me chercher à minuit. Inutile de discuter, tout ce que j’obtiens de lui, c’est : « Tu as bien de la chance. De mon temps… bla bla bla. » Et là, on est reparti pour le Moyen Âge qui d’après lui s’appelle les années soixante-dix.
.....L'amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l'âme ; et voilà pourquoi l'ailé Cupidon est peint aveugle.
En dessous, de façon presque illisible, il a ajouté : Je sais que tu aimes bien ce genre de trucs. À plus.