Citations de Laurent Delcourt (25)
Contre les solutions technologiques des grandes firmes, vieilles recettes emballées dans une nouvelle rhétorique verte et transformiste, la société civile appelle à un changement radical de cap
Quels sont les profils de ces acteurs contestataires ? Sur quels enjeux se mobilisent-ils ? Quelle est la portée concrète de leurs luttes et quelles sont les contraintes à la fois internes et externes qui pèsent sur leur développement ? Telles sont les questions auxquelles s’efforcent de répondre les contributions nationales rassemblées dans cette livraison d’État des résistances dans le Sud
Promesse d’un monde décarboné, la transition énergétique n’est ni juste ni durable. Matériellement intensive, elle repousse les frontières de l’extractivisme, déplace le coût du verdissement des économies riches sur les pays en développement et tend à reproduire un rapport de type colonial. Une juste transition devra corriger les asymétries Nord-Sud et questionner le productivisme et le consumérisme à l’origine des déséquilibres mondiaux.
Mises en cause dans la flambée des prix, les grandes firmes de l’agrobusiness ont poursuivi leur expansion à l’échelle de la planète, imposant leurs modes de production standardisés, socialement excluants et écologiquement destructeurs
Davantage qu’un problème quantitatif, la faim – on le sait – est un problème de démocratie, de pauvreté et de (re)distribution
Or, loin d’être aussi propre et vertueuse que le veulent ses prophètes, cette mise au vert des économies réclame, pour se déployer et pour rencontrer les objectifs qui lui sont assignés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, des quantités faramineuses, et bientôt exponentielles, de métaux dits « rares », « critiques » ou encore « stratégiques »
Travail massif des enfants, trafic humain, exploitation sexuelle des femmes, brimades, intimidations et menaces constantes, extorsion, captation des revenus des mineurs par des représentants des autorités, des fonctionnaires, des policiers, des chefs de gangs, des notables, voire par des membres de la communauté ou de la famille, y sont quasi généralisés.
Derrière le mantra de la lutte contre le changement climatique, cette transition énergétique à forte intensité « matérielle », donne en outre un pouvoir inédit aux sociétés minières, aux géants du numérique et des greentechs, aux producteurs de batteries et aux constructeurs automobiles, tout en leur permettant de poursuivre, voire d’approfondir leurs stratégies d’accumulation aux dépens des États hôtes
La transition énergétique en Europe laisse entrevoir la possibilité d’un nouveau boom des commodities et d’une nouvelle hausse des prix sur les marchés internationaux, en raison de la demande croissante de ce que l’on appelle les « matières premières critiques », à savoir des métaux indispensables à la transition vers une économie « verte » et des systèmes énergétiques neutres sur le plan du climatique, comme le cuivre, le lithium, le cobalt
Le contrôle démocratique de la production, de la consommation d’énergie, de l’exploitation et de l’utilisation des ressources naturelles implique aussi d’organiser ces domaines centraux de la reproduction sociale de manière décentralisée, et de les orienter vers le bien-être public et non pas privé. Dans un contexte de crise climatique et d’accès inégal à l’énergie, la manière dont l’énergie est produite, distribuée et utilisée, par qui et dans quel but, doit être publiquement négociée
Croissance de la faim et de la malnutrition, dégradation de l’environnement, changement climatique et émergence de nouvelles maladies apparaissent comme les symptômes d’un dérèglement systémique qui appelle des réponses systémiques
À la fois « science » écologique appliquée à l’étude, à la conception et à la gestion d’« agroécosystèmes durables » et catalogue de pratiques, méthodes et techniques (agroforesterie, agriculture de conservation, polyculture, contrôle biologique des parasites) qui permettent d’optimiser les systèmes agricoles en imitant les « processus naturels », en réduisant les apports externes et en préservant les processus « immunitaires, métaboliques et régulateurs clés des agroécosystèmes », l’agroécologie prend le contre-pied de l’agriculture conventionnelle
Face à l’enchevêtrement des crises, il faut réinscrire les droits humains dans de nouveaux récits d’émancipation. Cela passe par la construction d’articulations avec les droits de la nature, par la mobilisation du registre des droits humains contre celui du droit des affaires et par la mise en cause des asymétries postcoloniales au sein de l’architecture institutionnelle des droits humains
Le mouvement Black Lives Matter, le collectif féministe chilien Las Tesis et leur performance El violador eres tú, la myriade de groupes qui soutiennent en Inde les travailleurs migrants au milieu de la pandémie, le mouvement de protestation des jeunes contre les industries détruisant la planète, les paysans et les producteurs autochtones de nourriture apportant des aliments aux pauvres des villes qui ont perdu leur revenu pendant le confinement, tous ces mouvements pour la dignité, pour la justice raciale, genrée, sociale et climatique sont des manifestations du fait que les luttes pour les droits humains sont bien vivantes et actives et qu’elles ont à jouer un rôle clé pour forger de nouvelles visions pour une gouvernance démocratique.
La construction de ces nouvelles visions demande, entre autres, d’enrichir la pensée des droits humains par des cosmovisions et des normes non européennes. L’intégration des droits humains, des lois environnementales et des droits de la nature est au cœur de la constitution d’institutions et de politiques s’attaquant réellement aux causes profondes de la destruction écologique.
L’intégration verticale et la consolidation à l’extrémité des chaînes d’exportation, au niveau des acheteurs, tend à renforcer le pouvoir de négociation des grandes entreprises agro-industrielles et des multinationales, leur permettant d’accaparer le pouvoir de décision des agriculteurs·trices et d’accroitre leur capacité à extraire la rente au détriment des petits fournisseurs généralement sous contrat
L’agroécologie offre aux petit·es producteur·rices l’approche innovante dont ils ont besoin : une agriculture qui respecte la nature et ses processus, dans le but d’encourager des pratiques de transformation du sol que la mise en place de bouquets technologiques, telle qu’envisagée par la révolution verte, rendrait impossibles. Ces pratiques se caractérisent notamment par l’aménagement de cultures vivrières mixtes sur un seul et même champ
La crise du covid a mis en évidence les impacts destructeurs de l’agriculture industrielle sur la nature et la santé humaine et révélé les opportunités offertes par l’agroécologie pour répondre aux défis futurs
Réforme de la législation pour renforcer la sécurité des investissements fonciers et la protection de la propriété intellectuelle sur les brevets, mise en œuvre de politiques incitatives et attractives, baisse des tarifs douaniers et des taxes à l’exportation, possibilités pour les investisseurs de rapatrier sans frais leurs bénéfices, poursuite des processus d’intégration régionale…
Et en privilégiant un modèle de production standardisé, industriel et chimisé, elles ont accentué la dépendance des petits producteurs aux fournisseurs d’intrants, appauvri la biodiversité, fait voler en éclat des agro-écosystèmes locaux à forte résilience, et aggravé finalement la vulnérabilité alimentaire des communautés rurales.
L’ensemble complexe des reconfigurations socio-environnementales, économiques et politiques impulsées par l’industrie agroalimentaire néolibérale exige d’être appréhendée et critiqué avec les instruments de l’écologie politique