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Citations de Delphine Gardey (60)


Une dispute de priorité intervient alors entre Fallope et Mateo Realdo Colombo, un autre disciple de Vésale. Colombo n’utilise pas le terme « clitoris » mais s’appuyant sur de nombreuses dissections (et manifestement sur d’autres formes d’expérience) décrit précisément cette partie comme « le principal siège du plaisir féminin quand elles font l’amour » précisant à l’attention de ses lecteurs : « si tu le touches, tu te rendras compte qu’il se durcit et s’allonge, présentant même l’apparence d’une sorte de membre viril ».
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Soyons claires : les « faits anatomiques » ne surgissent pas tout armés sous le scalpel du chirurgien, ils ne surgissent pas avec plus d’évidence ou de facilité que d’autres faits « naturels » – et le corps ne parle pas de lui-même. Dans la chirurgie de Mondino dei Luzzi et de Guy de Chauliac, à la fin du Moyen Âge, le clitoris est décrit avec une grande imprécision mais se voit doté d’une utilité, avec l’attribution d’un rôle de protection des corps étrangers similaire à celui joué par la luette dans la gorge.
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On peut imaginer qu’il existe de bonnes raisons pour que le siège du plaisir féminin disparaisse de la réalité et de la représentation savante de l’Occident chrétien. On doit pourtant prendre au sérieux les historien·n·es qui insistent sur le fait que dans un contexte où la science du corps est avant tout exégèse des textes anciens, nommer un organe est essentiel à son mode d’existence. Au-delà des premières dissections animales puis humaines qui se produisent à partir de la fin du xiiie siècle, l’anatomie demeure pour l’essentiel une « quête des mots »9. La toponymie des organes sexuels et reproducteurs fournit un exemple privilégié de l’amplitude des divergences qui peuvent se manifester d’un auteur à l’autre. Si cette instabilité des données anatomiques peut paraître inconciliable avec un système physiologique cohérent c’est aussi que la conception de la physiologie d’alors diffère de la conception qui émerge à partir du xixe siècle et qui nous est familière.
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Clitoris d’hier et d’aujourd’hui, clitoris savant et profane, clitoris d’Occident et d’Orient, clitoris hétéro ou lesbien, il est ici question de la façon dont les savoirs et les pratiques médicales façonnent et définissent l’expérience intime des femmes, dont la connaissance peut devenir un enjeu de lutte individuelle ou collective.
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Entre médecine, art et société, il s’agit de faire varier les facettes multiples d’un « clitoris » dénié, méconnu, minimisé, « objectifié » ou, au contraire, reconnu, redéfini, réinvesti, « agentifié ». S’ouvre alors la question des enjeux de pouvoir à l’œuvre dans les luttes pour la connaissance et la reconnaissance. Que nous apprend l’orientalisation du clitoris de la colonialité du désir ? Comment « être femme » avec ou sans clitoris dans un monde globalisé ? Quelle place pour celles et ceux qui « diffèrent » tant du point de vue morphologique que du point de vue des sexualités ?
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Comme autrefois « liberté », il s’agirait aujourd’hui, « clitoris », d’écrire ton nom ? Sur mes cahiers d’écolier, Sur mon pupitre et les arbres, Sur le sable sur la neige… Sur toutes les pages lues, Sur toutes les pages blanches… Dessiner, écrire, quelle est la stratégie de ces actrices et quelle peut être la nôtre ? S’agit-il seulement d’interpeller ou d’intervenir ? De réparer l’oubli, de corriger les erreurs, de parler à la première personne, dire « nous », ou bien faut-il, une fois encore, pour mieux comprendre, écouter ce qu’ils en dirent, entendre les mondes qu’elles et ils ont habités au fil du temps et des lieux, mesurer avec effroi ce qu’ils en firent, déployer ce qu’il en est – pour imaginer ce qui pourrait être ? Ce livre prend la forme d’une anatomie politique méthodique mais partielle et donc partiale.
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Que la question soit mise à l’ordre du jour en s’écrivant sur les trottoirs de nos villes est matière à réjouissance. L’interpellation est un acte salutaire. Elle est mise en acte du fait que nos corps sont politiques et suggère qu’ils pourraient être « notre » politique. Interpeller sur ce qu’il en est de la nature des choses c’est finalement questionner la politique des savoirs et prendre acte du fait, comme dirait Bruno Latour, que « les sciences sont la continuation de la politique par d’autres moyens ». L’adresse porte alors et aussi sur les savoirs et les pratiques que nous souhaitons ou non collectivement favoriser.
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Les pionnières de la critique féministe des sciences ont montré comment le corps apparaît toujours signifié dans des contextes particuliers et suivant des perceptions et des interprétations traduites dans la langue et la culture d’une époque5.

Qu’il soit possible de dessiner à la craie un clitoris dont la forme diffère des représentations antérieures disponibles (tant profanes que savantes) témoigne des transformations intervenues depuis quelques décennies dans la sphère scientifique et médicale autant que dans la société.
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« Des milliards de personnes sont dotées d’un clitoris, mais cette partie du corps reste largement méconnue. Le clitoris est souvent considéré (…) comme une petite structure externe du corps. Nous souhaitons changer cela ». L’ensemble de l’organe clitoris « peut être cartographié et sa fonction peut être expliquée comme pour n’importe quel autre organe. Que vous ayez ou non un clitoris, il est temps de nous informer et d’informer les autres sur l’une des parties les plus sensibles du corps humain ». La page d’accueil du site arbore – clichés photographiques et vidéos à l’appui – moult clitoris urbains et trottoirs clitoricisés. La motivation de l’activiste ? Changer les représentations pour changer les expériences possibles de la sexualité. Dessiner pour informer, troubler, provoquer la discussion.
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...le clitoris complet « est méconnu autant des hommes que des femmes ». Et d’ajouter : « il est ignoré des manuels scolaires et même des cours d’éducation sexuelle ». Ici se situe le véritable outrage : l’ignorance d’un organe massif et de sa physiologie. La performance se veut pédagogique. Révéler aux yeux de toutes et de tous cette « réalité » du clitoris vise à briser les tabous qui entourent « la sexualité féminine », déjouer le mythe de « l’orgasme vaginal », tordre le coup à Freud et à sa conception de la sexualité de la « femme adulte », questionner les normes qui continuent de guider les conduites dans les chambres à coucher…
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les faits scientifiques ne sont pas donnés objectivement, mais créés collectivement
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C’est à ces différentes tâches d’inscription, de remémoration, de récapitulation, d’analyse, de prévision, de projection des actions/transactions toujours plus nombreuses que s’attellent ces multiples artisans de l’écriture et de calcul, enrôlés de plus en plus souvent dans des organisations manœuvrières qui en disent long sur le volume – et l’intensité – de ce qui est à produire.
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Après la féminisation massive des emplois de bureau qui intervient entre les deux guerres et qui s’accompagne de la popularisation relative des origines sociales de nombre de ces travailleurs et travailleuses, le critère national intervient comme un élément fort de discrimination sociale au sein des couches salariées.
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L’extraordinaire mobilité des cols blancs sur le marché du travail entre-deux-guerres est notable en ce qu’elle historicise cette construction récente de la relation salariale rendue caduque par la crise de l’emploi des années 1980-1990.
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Il est cependant particulièrement étonnant de constater à quel point la maîtrise d’une technique, véritable atout au début du XXe siècle et élément de différenciation entre employés, perd progressivement son intérêt pour devenir dans les années 1920 un élément déqualifiant : quoi de plus vulgaire qu’une ‘tapeuse’.
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Ainsi plutôt que d’invoquer des causes ou facteurs exogènes, il paraît plus intéressant de parler en termes de construction réciproque (autour ou non d’une technologie) d’un emploi et d’une identité féminine.
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En ce qui concerne la féminisation, il est ainsi question de décrire avec précision les mécanismes qui conduisent de l’introduction de quelques femmes dans ces différents espaces, professions ou entreprises à la généralisation de leur présence puis à l’assimilation des emplois de bureau au sexe féminin.
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une histoire neutre (ou masculiniste) du travail ou du social ne peut être qu’aveugle, amputée, incomplète et non pertinente
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seule une analyse qui croise l’appartenance de classe, de race/ethnicité et de genre, peut rendre compte des discriminations multiples…
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Elle (la politique) se présente partout dans les rapports sociaux, dans la construction des normes, des stéréotypes, des enjeux définis comme politiques ou non, ainsi que dans l’accès prioritaire des hommes aux espaces publics
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