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Critiques de Delphine Gardey (16)
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Politique du clitoris

Sans Con-plaisance, ni Con-cupiscence, et à cause du Con-finement, nous continuons nos télé-con-férences sur le clitoris! Et nous avons des experts, avec nous...



Nous précisons, que ce débat n'est pas pour les mineur/es et les personnes émotives. "Con" (pardon), qu'on se le dise!



Nous commençons "dard-dard" (ou clito-clito, pour les féministes).

-Oui, Mr Sigmund Freud?



- C'est clito-risible! Je reconnais le clitoris, comme zone érogène, mais "il est très important pour la petite fille que le clitoris cède cette sensibilité en faveur de l'entrée du vagin." D'où l'envie du pénis...



Un avis qui di-verge, celui de Karen Hornet (psychanalyste):.

- Je m'oppose à la conception freudienne et je suis contre ce dogme patriarcal, avec ma consoeur Mélanie Klein.



A l'époque, personne ne voulait de cet organe dédié uniquement au plaisir (8000 terminaisons nerveuses, alors que le pénis n'en a que 5000!)



- C'est moi, Realdo Colombo, qui ai mis "le doigt sur le clitoris", le premier en 1559 et non pas Mr Fallope!

"Un organe si joli et tellement utile."



Fallope ( "les trompes de Fallope") revendiqua cette "terrae incognito", 2 ans plus tard, et le nomma: L'amour de Vénus.

- Si tu le touches,...il se durcit et s'allonge, présentant même l'apparence d'un membre viril."



- Je pose alors la question, pourquoi ce n'est qu'en 2017 seulement, qu'on a représenté correctement le clitoris, dans les manuels SVT des écoliers ?

Pour éviter que les filles ne s'y intéressent ?



Nous passerons la parole aux sexologues Mr Kinsey/1953, puis Masters et Johnson /1966, et Mme Shere Hite /1972, à propos du plaisir féminin...

- Ah, Mme Julia Pétri, auteur du "gangduclito":



- La société a eu peur que les femmes ne s'émancipent. Avec l'orgasme féminin par le clitoris, la femme n'a pas besoin d'un homme ( Arrgh:-(). 85 % de filles de 15 ans ne savent rien du clitoris...



Le 29/05/2018, 2 féministes ont été verbalisées, pour avoir dessiné un clitoris géant, à la craie. (lecourrier.ch/un-clitoris-a-la-craie-leur-vaut-une-amende.")



Comme "liberté" autrefois, il s'agirait d'écrire "Clitoris", pour aider les femmes, dans leur long combat ( Droit de vote, avortement, tabous sexuels, excision, harcèlement...)



"J'écrirai ton nom,

Sur mes cahiers d'écolier/e

Sur le sable, sur la neige

Sur toutes les pages blanches "

Paul Eluard (pas Popaul...)



Le clitoris est mis à l'honneur, lors du "Festivulve, depuis 2018 à Montréal.

Célébration du corps féminin et de la liberté sexuelle😍.
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Les sciences du désir

Les Sciences du désir interroge la sexualité féminine d’un point de vue scientifique, avec une certaine résonnance sociale et politique. Du fait de sa structure sous forme d’articles, les approches sont multiples : historiennes, anthropologues, sociologues, philosophe, spécialistes de l’étude sociale des sciences et des études de genre se sont intéressé-e-s au désir sexuel, à la physiologie, et aux discours – savants notamment – sur la sexualité féminine. Nécessairement, apparaissent des schémas, des contradictions et des imaginaires sociaux parfois difficiles à contrecarrer. Nécessairement également, ça parle de plein d’autres choses difficiles à résumer.



J’ai trouvé dans cet ouvrage de nombreux grains à moudre pour alimenter ma réflexion. Sans compter tous ceux que j’ai laissés dans le coin de mon assiette parce qu’ils étaient trop pointus pour moi. Parce que forcément, discours scientifique oblige, j’ai parfois été perplexe de longues, très longues pages d’affilées, ne saisissant pas grand-chose de plus que le niveau intellectuel élevé des auteur-e-s. Autre écueil : sous couvert de science et d’une certaine exactitude scientifique, il est parfois difficile, surtout quand on a du mal cerner le propos, de distinguer ce qui est de l’ordre du fait ou des conclusions de l’auteur-e, et donc de se forger sa propre opinion. Et encore plus difficile : de la restituer. Dernier écueil : c’est pas très drôle.



Déformation professionnelle oblige, j’ai été frappée par l’article sur la grammaire employée pour parler de la reproduction (au lycée notamment) et par celui sur les adolescentes qui « font genre », dans tous les sens du terme. Les autres forment un flou duquel émerge quelques idées et notions qui, je croise les doigts, feront sûrement échos à des lectures futures… Histoire que ces trois cents pages et quelques ne se perdent pas dans les limbes de mon cerveau.



Bref, c’était très intéressant et j’ai pas tout compris, encore moins tout retenu. Allez-y les yeux grands ouverts !
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MADAM : Manuel d'Auto-Défense A Méditer

Objet littéraire inclassable qui appelle à la réflexion :

Appel théâtral aux femmes pour espérer respecter 4 principes simples pour permettre de remettre les pendules à l'heure de l'identité féminine. Via une MADAM Manuel d'Auto-Défense A Méditer, commencer par le commencement, démasculiniser la langue,

Principe 1 : "parler des femmes au féminin, comme on parle des hommes au masculin." Autrice bon sang c'est pas si difficile à dire, il faut juste s'extraire des préjugés inculqués et figés.

Principe 2 : " évoquer les femmes aussi quand on parle de populations mixtes, au lieu de faire comme si le masculin valait pour les 2 sexes; par ex dire bonjour à toutes et à tous ou les lycéennes et les lycéens ont réussi leur bac."

Principe 3 : "recourir aux accords traditionnels au lieu de l'accord au masculin qui l'emporte." le masculin l'emporte sur le féminin même si on parle de 100 femmes et un homme mince alors, c'est quoi cette règle absurde !?!

Principe 4 :"éviter de parler de l'homme quand on veut parler de l'espèce humaine tout entière. Dire l'évolution de l'humain ou les droits humains." Y'a du boulot en commençant par la déclaration des droits de l'homme et du citoyen...Où sont les femmes ? Avec leurs rires plein de larmes ? Et les citoyennes ?



On pardonne les petits écueils partisans et clivants, il faut bien en passer par là pour se tourner vers l'autre qui.ne voit pas



Je remercie les éditions 2eme époque, écritures de spectacle et Masse Critique Babelio pour l'envoi de ce livre écrit par Hélène Soulié et de nombreuses femmes intéressantes, dérangeantes, différentes et personnalisantes.

En avant la réflexion.







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Politique du clitoris

Ce petit essai part d'un constat simple et criant de vérité : le clitoris est l'organe le moins connu, le plus malmené et le moins observé de l'anatomie des deux sexes ! Les différents scandales et prises de positions de certaines femmes et/ou artistes dans l'espace publique le prouve : l'image seule d'un clitoris met le monde en émoi, les autorités accusent une dégradation des biens publiques quand d'autres femmes et hommes d'ailleurs, découvrent que le sexe féminin est bien plus imposant qu'on ne le pense.



Il est depuis peu de notoriété publique que le clitoris n'est représenté que dans un manuel scolaire sur huit et que la plupart des jeunes filles de 15 ans ne savent pas qu'il est dévolu uniquement au plaisir. Il est aberrant qu'au 21eme siècle, à l'heure où les programmes scolaires sont de plus en plus complets, qu'aucune parenthèse sur cet organe n'est fait !



Ce manuel historique, scientifique et féministe se plaît à nous restituer l'histoire du clitoris depuis sa découverte, en passant par son enfouissement au profit du membre viril tout en allant vers les mutilations qu'on lui fait subir au nom d'une culture et d'une religion. Un essai fouillé, l'autrice a fait énormément de recherches et nous expose tout cela de façon claire, à l'aide de citations et d'exemples concrets. Une analyse sociétale, tout autant que géopolitique est faite et donne un texte complet et complexe qui décrit l'évolution du sexe féminin et son image dans l'espace publique différent suivant les régions du monde. Une place est avant tout laissée à la science, nous expliquant comment s'est faite la découverte de cet organe dont on oublie beaucoup trop souvent la présence.



D'une plume simple mais engagée, Delphine Gardey fait la part belle au clitoris, qui donne à la femme un pouvoir que l'histoire se plaît à enfouir ou décrier. Une fois ce texte lu, vous ne verrez plus votre corps de la même façon, prenez-en soin il est votre plus précieux allié...
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Politique du clitoris

Ouvrage qui nous rappelle comment le clitoris a pu être malmené depuis toujours sous des prétextes fallacieux. Cela en dit long sur la mentalité de l'être humain. Je n'avais déjà pas trop le moral quand j'ai ouvert ce livre, mais je peux vous assurer que je ne l'ai pas retrouvé en le fermant.
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L'invention du naturel

Le féminin et le masculin se constituent mutuellement. Ils sont en constante ré-élaboration



Ce livre est issu de deux journées d’études organisées par Delphine Gardey et Ilana Löwy au Centre de Recherche en Histoire des sciences et des Techniques (24 janvier et 24 avril 1997 à la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris).



Les auteur-e-s interrogent « les liens compliqués qu’entretiennent différentes formes de savoirs scientifiques avec la définition du féminin et du masculin » ; En introduction « Pour en finir avec la nature », Delphine Gardey et Llana Lowy nous rappellent, entre autres, que « ce sont bien les scientifiques « en société » qui élaborent et réélaborent les critères de la différenciation entre les sexes ».



L’ambition des textes est de faire apparaître « à quel point le corps est une notion historique », en opposition à l’invention récente d’un « corps stable, ahistorique et sexué » par la biologie.



Les auteures soulignent que pour beaucoup « la femme est le particulier (le sexe) alors que l’homme est le général », en citant Geneviève Fraisse.



Il s’agit donc de comprendre comment le « naturel » a été inventé et le rôle des scientifiques dans cette fabrication du « féminin » et du « masculin ». Et toujours poursuivre le travail de dénaturalisation des relations sociales.



« Penser la fabrication du féminin et du masculin, et le rôle des sciences dans cette affaire, c’est donc faire plus qu’une enquête descriptive sur des états variables des représentations proposées par les sciences. C’est rendre compte de l’historicité radicale des définitions de l’humain, pointer la place prise dans l’histoire occidentale par la construction de la binarité féminin/masculin comme processus de pensée dichotomique, ou encore signaler la puissance durable de l’opération qui consista à l’époque contemporaine à penser cette binarité sous la forme de l’altérité ».



Altérité, asymétrie, rapports de pouvoir, sous et grâce à la nature inventée, reproduction de la domination et remodelage de sa « justification »…



Quelques citations choisies subjectivement dans certains textes, comme incitation à questionnements, débats, approfondissements…



« L’idée selon laquelle le sexe biologique et le sexe social sont tous les deux des constructions sociales est en effet loin d’être acceptée universellement »



« Les interventions savantes ont ainsi produit des configurations diverses du naturel »



« Le corps est toujours un corps signifié »



« les faits scientifiques ne sont pas donnés objectivement, mais créés collectivement »



« Réintégrer l’histoire des femmes dans l’histoire, poser la question de la différence des sexes comme une interrogation majeure, c’est rendre l’histoire vraiment universelle, ou tendant vers l’universel, qui demeure aujourd’hui un objectif, non une réalité »



« Si l’association de la femme aux aléas capricieux de la passion est le lieu commun d’une tradition culturelle et religieuse ancienne, le statut qu’elle acquiert dans le cadre de la conceptualisation de l’État la situe au cœur de la définition et des enjeux du pouvoir légitime »



« L’idée selon laquelle les principes politiques modernes émergent d’une rupture avec la légitimité théocratique du pouvoir, idée qui n’a acquis le statut d’évidence que grâce à l’indisponibilité d’une grande partie de textes fondateurs, a durablement occulté l’élément nouveau sans lequel il est difficile de comprendre l’histoire politique des siècles : le déplacement de la légitimation du domaine religieux à celui de la nature »



« La conséquence au niveau théorique en est que l’ethnologie se contente de décrire les variations culturelles dans la répartition du travail, productif ou éducatif, entre les sexes, mais ne s’est pas interrogée sur les rapports sociaux à l’œuvre dans la mise en place des divisions dites « sexuelles » »



« La question sociale devient alors : « comment réduire la supériorité sociale des hommes, afin de réduire l’infériorité sociale des femmes ? », ce qui est question beaucoup plus dérangeante »



« Le fait que le concept d’universel a souvent servi d’outil de répression n’invalide nullement l’idéal de promotion des valeurs, savoirs ou pratiques universels. … réfléchir à la possibilité de développer un concept de l’universel à même d’inclure le point de vue des dominés »



« Une « science située » peut ouvrir à une autre définition de l’objectivité et de l’universalité – définition qui inclut la passion, la critique, la solidarité et la responsabilité »



« La race et le sexe partagent en effet des caractéristiques sociales communes, à savoir l’alibi de la nature et l’« évidence » des apparences physiques…. »



Sommaire



Introduction : Pour en finir avec la nature (Delphine Gardey et Llana Lowy)



Première partie : Études féministes, Gender Studies, Questions d’ici et d’ailleurs

Au sujet des corps, des techniques et des féminismes (Nelly Oudshoorn)

Histoire d’une trajectoire de recherche. De la problématique « genre et sciences » au thème « langage et science » (Evelyn Fox Keller)

Chemins et problèmes de l’histoire des femmes en France (Michelle Perrot)

Les débuts de la critique féministe des sciences en France (1978-1988) (Jeanne Pfeiffer)



Deuxième partie : Les sciences humaines devant le sexe, la nature et le féminin

Naturalisation de la domination et pouvoir légitime dans la théorie politique classique (Eleni Varikas)

Les sexes et la « nature » chez les ethnologues et les ethnologisés (rappel historique) (Nicole-Claude Mathieu)

Sociologie contemporaine et re-naturalisation du féminin » (Anne-Marie Devreux)

Universalité de la science et connaissance « situées » (Ilana Löwy)



Troisième partie : Le biologique, le social et le genre

Nature et homosexualité (Brigitte Lhomond)

Sexe, hérédité et pathologies (Jean-Christophe Coffin)

La bicatégorisation par sexe à « l’épreuve de la science » (Cynthia Kraus)



A l’heure où les participant-e-s de la mal-nommée « manif pour tous » veulent réduire certains droits aux seuls couples composés d’une « femme » et d’un « homme », « complémentaires en nature », des textes à (re)lire.
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Le féminisme change-t-il nos vies ?

"Oui" répondent unanimement les auteurs. Mais pas de manière aussi "définitive" que les mouvements féministes l'ont souhaité.

Par définitive j'entends : sans que d'autres mécanismes de domination masculine ou patriarcale ne prennent à nouveau le dessus sur les avancées obtenues. Les gouvernements n'ont pas fait autant pour l'égalité que ce qu'ils pourraient ou devraient. Voire que ce qu'ils avaient promis.

Les frontières de la domination se sont déplacées, passant de toute la gente féminine aux plus pauvres, aux immigrées, révélant par là même que la décolonisation des esprits n'est pas achevée. Et qu'elle n'a pas été intégrée aux revendications féministes, celles-ci se basant majoritairement sur la vie des femmes blanches des classes moyennes, oubliant que la majorité des femmes de la planète vivent avec d'autres problématiques à résoudre.

Le féminisme oppose aussi les femmes des différentes classes sociales d'un même pays. Mais aussi les hommes de classes sociales différentes. Les apports du féminisme ont été plus ou moins intégrés par chacun, mais selon son niveau d'éducation, son environnement social. Certaines prises de position reproduisent les oppositions de classe : l'image de la femme au foyer rebute des femmes des classes supérieures qui ne se rendent pas compte qu'elles stigmatisent les femmes des classes populaires qui n'ont pas eu le choix.

Le féminisme est toujours d'actualité. Il doit se recomposer pour épouser les nouvelles problématiques, en prendre d'autres en compte. Mais pour cela, pour plus d'efficacité, il faut également que les pouvoirs publics acceptent de se pencher sur ces questions.
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Politique du clitoris

Delphine Gardey, historienne et sociologue, s’empare de l’histoire du clitoris à travers le temps et l’espace. Par son titre et la présence du mot « politique », la chercheuse décide de traiter des relations, du lien unissant les hommes et les femmes au sein de la société et comment les premiers ont défini la place des secondes en focalisant leur regard sur un organe en particulier, le clitoris. Delphine Gardey montre à quel point la femme a été reléguée au fil du temps à une place précise en raison de cet organe sexuel, projection de fantasmes masculins. Dans son livre riche d’informations et de perspectives, elle place l’importance qu’a cet organe féminin dans les sociétés occidentales, orientales ou encore africaines. À partir des mots employés et des représentations, admises ou non, fantasmées ou non, elle décortique tout l’enjeu qui pèse sur le clitoris. Elle pointe le tabou qu’il représente et qui enferme les femmes et, avec elles, toute la société. Du Moyen Âge à aujourd’hui, le clitoris est un objet de curiosité, de crainte et de remise en cause. C’est un enjeu pour les hommes de pouvoir le définir et le maîtriser. Par différents récits, faits et agissements, l’autrice indique les opérations, les raccourcis, les interprétations menées par le pouvoir patriarcal pour contrôler le clitoris, réduire la femme à cette partie du corps. On perçoit la persistance d’un tel tabou à travers les siècles et le poids accumulé sur les épaules d’esprits libres. Elle liste les carcans, politiques, biologiques ou freudiens qui se sont accumulés autour de cet organe, faisant de celui-ci un lieu de pouvoirs et d’enjeux. Quand elle regarde vers les sociétés non occidentales, Delphine Gardey éclaire intelligemment la question post coloniale et la confrontation entre les faits dits traditionnels et la liberté d’être femme. Là encore, le clitoris est au cœur d’un débat, d’une lutte de pouvoirs dont l’accumulation de faits montre l’absurdité. Delphine Gardey en réunissant des éléments biologiques, historiques, sociologiques ou encore linguistiques, tente de prendre du recul pour remettre à sa juste place le sujet de son livre. On comprend plus finement le rapport entre les hommes et les femmes par ce biais. La traversée est absolument passionnante et démontre les contraintes lourdes et embarrassantes héritées des siècles de regard masculin qui pèsent aujourd’hui sur la réévaluation d’un rapport plus juste et égalitaire entre les êtres.
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Le féminisme change-t-il nos vies ?

L’ouvrage démontre […] de manière convaincante que les féminismes sont des mouvements sociaux, des théories politiques et des cadres d’analyse scientifiques qui ont profondément affecté tant les pratiques sociales que les modalités de compréhension de notre monde social.
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La dactylographie et l'expéditionnaire

A la fin du XIXe siècle les employés, fraction très minoritaire d’un nouveau salariat, étaient majoritairement masculins. Avec le développement des bureaux, puis l’entrée massive des femmes dans le travail salarié (contrairement aux présentations sexistes, les femmes ont toujours travaillé), il convient de « sexuer » l’histoire sociale, de la dé-neutraliser « une histoire neutre (ou masculiniste) du travail ou du social ne peut être qu’aveugle, amputée, incomplète et non pertinente ».



A l’histoire tronquée des salarié-e-s, réduite souvent à celles des ouvriers, il est nécessaire de substituer une histoire plus complexe tant en termes de classe que de genre. La féminisation des emplois, des métiers n’est pas juste un changement dans le sexe des employé-e-s « En ce qui concerne la féminisation, il est ainsi question de décrire avec précision les mécanismes qui conduisent de l’introduction de quelques femmes dans ces différents espaces, professions ou entreprises à la généralisation de leur présence puis à l’assimilation des emplois de bureau au sexe féminin. »



Je ne présente que quelques éléments de cet ouvrage paru il y a une dizaine d’années.



Je m’attarde un peu sur le deuxième chapitre « Redéfinir le groupe par son genre » de la première partie « Portrait de groupe avec dames »



L’auteure insiste sur les constructions réciproques, les co-développement des emplois et de leur féminisation. « Ainsi plutôt que d’invoquer des causes ou facteurs exogènes, il paraît plus intéressant de parler en termes de construction réciproque (autour ou non d’une technologie) d’un emploi et d’une identité féminine. » Elle indique aussi une tendance qui ira en se développement dans la seconde moitié du XXe siècle « Au final, c’est aussi parce ces métiers sont massivement définis comme féminins qu’ils perdent de leur ‘valeur’ et ce, indépendamment des tâches effectuées et de la maîtrise ou non de nouvelles technologies. »



Contre une vision déqualifiée et déqualifiante des emplois administratifs et du commerce, Delphine Gardey insiste sur la construction sociale de la qualification « On voit bien ici comment le concept de ‘qualification’, construite socialement, l’est aussi sur le critère de genre. » Elle souligne de surcroît « Il est cependant particulièrement étonnant de constater à quel point la maîtrise d’une technique, véritable atout au début du XXe siècle et élément de différenciation entre employés, perd progressivement son intérêt pour devenir dans les années 1920 un élément déqualifiant : quoi de plus vulgaire qu’une ‘tapeuse’. »



Sans m’attarder, j’attire l’attention sur le chapitre 4 « L’invention du bureau moderne » et les analyses sur l’ordre, les classement, les systèmes, la mécanisation et les rationalisations.



La seconde partie est une analyse détaillée des données d’une entreprise emblématique « Portrait d’une entreprise en col blanc Renault (1898 – 1930) ». Il ne faudrait, en effet pas oublier la profonde modification des procès de travail dans la production industrielle, la place de la bureaucratisation des procédures.



Trois éléments me semblent ressortir de ce « portrait » : la complexité des processus de féminisation, la mobilité des employé(e)s et la transformation sociale de ces travailleuses et travailleurs :



* « On saisit de nouveau le caractère complexe de tout processus de féminisation : la conquête des lieux, des métiers et des spécialités se réalise à la fois dans un mélange de sexes, contribuant à la mixité des espaces et des emplois, et dans de nouvelles formes de ségrégation entre les sexes, essentialisant des fonctions et des métiers. Ce double mouvement témoigne d’une incessante recomposition des barrières symboliques et matérielles entre le féminin et le masculin dans les lieux de travail et le social. »



* « L’extraordinaire mobilité des cols blancs sur le marché du travail entre-deux-guerres est notable en ce qu’elle historicise cette construction récente de la relation salariale rendue caduque par la crise de l’emploi des années 1980-1990. »



* « Après la féminisation massive des emplois de bureau qui intervient entre les deux guerres et qui s’accompagne de la popularisation relative des origines sociales de nombre de ces travailleurs et travailleuses, le critère national intervient comme un élément fort de discrimination sociale au sein des couches salariées. »



Le travail de questionnement de « l’existence collective ou identifiante du groupe par une étude de sa composition sexuée, de son comportement familial, de ses origines nationales et régionales, de son habitat » se révèle très fructueux.



En conclusion, Delphine Gardey revient sur les activités de ces travailleuses et travailleurs de des bureaux « C’est à ces différentes tâches d’inscription, de remémoration, de récapitulation, d’analyse, de prévision, de projection des actions/transactions toujours plus nombreuses que s’attellent ces multiples artisans de l’écriture et de calcul, enrôlés de plus en plus souvent dans des organisations manœuvrières qui en disent long sur le volume – et l’intensité – de ce qui est à produire. » Elle termine par ce qui pourrait être une évidence, si celle-ci n’était encore que trop oubliée « On n’a pas fini d’écrire l’histoire de cette contribution, discrète et essentielle, des femmes au XXe siècle. »
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MADAM : Manuel d'Auto-Défense A Méditer

Livre assez bien écrit relatant le quotidien patriarcal de quelques femmes auxquelles on peut facilement s'identifier. Il amène à une réflexion quant au féminisme décrit dans ce bouquin de manière assez subtile mais qui permet l'ouverture d'esprit et une meilleure compréhension du ressenti et du mal être que peuvent ressentir certaines femmes de notre époque.
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MADAM : Manuel d'Auto-Défense A Méditer

MADAM - Manuel d’auto-défense à méditer est une oeuvre assez difficilement genrable littérairement. Si vous cherchez une oeuvre féministe à part, pleine de rire, de rage, de poésie, de déconstruction des traditions, et le tout lié avec une pensée écologique et anticapitaliste, ce livre est fait pour vous.
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La dactylographie et l'expéditionnaire

Secrétaires
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Le féminisme change-t-il nos vies ?

Une série d'articles passe le féminisme au prisme de son histoire.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Le féminisme change-t-il nos vies ?

Ce livre est le fruit du travail collectif des membres de l’équipe des Études genre de l’université de Genève.



Delphine Gardey « Le féminisme change-t-il nos vies ? » nous rappelle les différentes luttes et souligne l’actualité et l’avenir des féminismes en indiquant le sens de l’ouvrage : « notre objectif est de donner à voir les atouts, les atours et la créativité des féminismes contemporains, ce qu’ils ont ouvert et contribuer à ouvrir tant en termes de pensée que d’action » ou « En redonnant sa place au féminisme en tant que mouvement social, il s’agit de rendre compte de son efficace et de sa force. L’enjeu est aussi de dire ce que le/les féminismes ont apporté de singulier et de spécifique, ce qu’ils ont déplacé et contribué à déplacer dans les multiples sphères de la vie sociale et politique, d’indiquer en quoi nos vies ont été changées par le féminisme, le sont, et le seront encore. Il s’agit d’articuler des espaces de pensée et des espaces de savoir, d’articuler science et politique. »



Les différents points abordés dans ce petit livre, le sont par des questions :



« Le féminisme a-t-il transformé la politique ? » (Isabelle Giraud)



« Le féminisme a-t-il déplacé les frontières du travail ? » (Rachel Vuagniaux)



« Le féminisme a-t-il redéfini les sexualités ? » (Lorena Parini)



« Le féminisme « décolonial est-il possible ? » (Julia Hasdeu)



« Le féminisme est-il soluble dans l’individu ? » (Laurence Bachmann)



« Le féminisme émancipera-t-il les homme ? » (Christian Schiess)



Certains chapitres me semblent nettement plus intéressants que d’autres. J’en souligne quelques points grâce à des citations et interroge quelques formulations des parties les moins convaincantes.



Isabelle Giraud souligne que « le féminisme a pour vocation de transformer à la fois les représentations de ce qui est politique et de qui est politique ». Son article est principalement construit autour du slogan « le privé est politique », puis de « la revendication d’accès à la prise de décisions ».



Un citation « Elle (la politique) se présente partout dans les rapports sociaux, dans la construction des normes, des stéréotypes, des enjeux définis comme politiques ou non, ainsi que dans l’accès prioritaire des hommes aux espaces publics. »



Rachel Vuagniaux, tout en rappelant que les inégalités sont toujours actuelles, indique les déplacements de frontières, de questionnements et propose de décentrer le travail mais « avec une perspective de genre ».



Quelques citations qui me semblent illustrer les problématiques :



« les contraintes liées au travail domestique, les enjeux d’autonomie financière ou encore la nécessité d’avoir un emploi ne sont pas reconnus de la même manière pour les femmes et les hommes »



« ce qui a permis de faire émerger des a priori auparavant invisibles de l’économie capitaliste et du patriarcat »



« L’ancrage de ce régime de relation entre les sexes dans l’ensemble des structures sociales contribue à nier son caractère historique et social, le processus de sa construction et de son imposition. Le caractère systémique des inégalités leur conférant une certaine ‘naturalité’, les discriminations envers le travail des femmes tendent à passer pour naturelles et universelles et ne sont pas considérées comme illégitimes. »



« La délimitation de ce que l’on considère aujourd’hui comme du travail émerge au XIXe siècle, avec l’introduction du mode de production industriel et l’essor du capitalisme qui imposent une nouvelle définition du travail. Le travail non rémunéré, inséparable de l’organisation actuelle du travail, se caractérise par le fait qu’il n’est pas considéré comme du travail ni comptabilisé comme ‘activité économique’, ainsi que par sa valorisation sociale mineure et sa réalisation de manière gratuite et invisible au sein de la sphère privée, majoritairement par des femmes. »



« Remettre en question l’accord social sur l’exclusion du travail domestique de l’activité, le faire advenir comme véritable objet de recherches et de politiques ainsi que comme coût social et producteur de valeur permettrait d’engager de multiples transformations sociales. »



L’auteure, à très juste titre, souligne « le potentiel émancipateur d’une réduction généralisée du temps de travail » et insiste sur les mécanismes de domination genrés.



En complément possible, je renvoie sur ce sujet à ma lecture des Nouveaux Cahiers du socialisme N°4 et en particulier à l’article de Mélissa Blais et Isabelle Courcy



Je n’évoque l’article de Lorena Parini que par une citation « Considérer l’intimité, le corps, le plaisir comme des question politiques a été un pas crucial pour repenser ces pratiques (sexualités), pour déconstruire la manière dont elles sont profondément marquées par les rapports de pouvoir. »



Si Julia Hasdeu souligne que « seule une analyse qui croise l’appartenance de classe, de race/ethnicité et de genre, peut rendre compte des discriminations multiples… », elle semble accepter de « renoncer à un féminisme universaliste ». Or, c’est une chose de déconstruire la conception étriquée du faux universalisme (cf Christine Delphy Un universalisme particulier. Féminisme et exception française (1980-2010), Editions Syllepse, Paris 2010)

ou de « désapprendre nos privilèges et mesurer les silences et l’amnésie de la répression », c’en est une autre de ne pas historiciser les rapports coloniaux, néo-coloniaux ou ‘postcoloniaux’ (le terme me semble inapproprié), de ne pas rechercher les dimensions et/ou les convergences universelles des combats pour l’émancipation.



L’abus de la notion (mythique) de classe moyenne, de surcroît définie par les ressources en diplômes, donne une tonalité trop loin de mes compréhensions, pour que je puisse rendre compte des analyses de Laurence Bachmann sur l’individu-e.



Christian Schiess s’essaye à donner des pistes sur ce que le féminisme pourrait apporter aux hommes. Il indique « Si les homme résistent, c’est donc bien qu’ils ont des privilèges à défendre, et ces privilèges ne sont pas que de nature symbolique : ils sont bien matériels ». Il s’appuie, et cela est suffisamment rare pour être souligné sur les travaux de Léo Thiers-Vidal : De « L’Ennemi principal » aux principaux ennemis. Position vécue, subjectivité et conscience masculines de domination (Editions L’Harmattan, Paris 2010) et je partage sa conclusion sur les conditions de l’avènement d’une société non-sexiste et sa stricte dépendance au « rapport de force que les féministes sont parvenues et parviendront à instaurer » ; ce qui ne saurait exonérer les hommes, et en particulier ceux qui se réclament du féminisme, à avoir conscience d’être malgré tout bénéficiaire de l’oppression exercée sur les femmes et à renoncer à la totalité de ces bénéfices. Comme je l’indiquais dans la note de lecture citée « Chaque homme se raconte des histoires pour faire ou ne pas faire, mais ces auto-justifications communes font système, font partie intégrante de l’asymétrie et de l’oppression ».



En guise de conclusion Delphine Gardey dans « Définir les vies possibles, penser le monde commun » restreint les horizons des compréhensions et des actions, en s’appuyant trop sur Michel Foucault et son invitation à penser depuis les marges.



Un livre qui interroge et offre des pistes pour aborder de manière critique les apports du/des féminismes.

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Le féminisme change-t-il nos vies ?

Le féminisme change-t-il nos vies ? Telle est la question essentielle que pose l'ouvrage collectif, dirigé et publié par Delphine Gardey. La réponse apportée par les divers articles est claire : c'est oui. Oui, le féminisme a changé nos vies, mais on ne le dit pas assez, et on l'enseigne encore moins.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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