Maïa Mazaurette
L'Incotidien de mardi 12 janvier, rubrique "La conne du jour" (Tristan Nevis).
Parfois, on se dit qu’on exagère. Qu’on est soi-même un sale idéologue perclus de fausses certitudes. Que le monde des idées ne va pas si mal, qu’il reste suffisamment de bon sens en l’homme pour qu’il ne s’affranchisse pas totalement de toute moralité, de toute beauté et de toute probité. Parfois, on se dit qu’à force de pointer le mal, de souligner l’horizon des arrière-mondes, de relever les grimaces de la troupe médiatico-infibulée, on devient soi-même un pousse au crime, un pense-grognon, une caricature qui se répand en analyses postiches et en facilités vexatoires. Et puis on regarde « Quotidien ». Et puis on tombe sur Maïa Mazaurette, la chroniqueuse-sexologue qui conseille chaque vendredi les téléspectateurs perdus sur TMC. Et on est presque rassuré, tant le réel se joue à être plus grossier que nous. Mazaurette, on l’avait entre-aperçue déjà au « Quotidien » pendant le premier confinement : elle répondait depuis son loft new-yorkais aux interrogations des « français » sur cet épineux problème : que faire de sa sexualité au temps du COVID ? (la vraie réponse, c’est : « on s’en fout »). On se demandait bien comment faisait la petite blogueuse pour se payer un tel appart dans la Grosse Pomme, mais passons : en cette rentrée cathodique 2020, la fausse rousse a justement fait ses valises pour revenir en France et intégrer durablement l’équipe de Yann Barthès. Ah ! Celle qui se présente sur sa page Facebook comme « une sexpert muti-plateformes et multi-expatriée » (turbolol) a fait du bruit dès son premier jour en rappelant à Jonathan Cohen et à Marina Foïs que le sujet de leur film rentrait sous le coup de la loi (ils avaient eu l’outrecuidance de vendre un film où un type désirait faire un gosse dans le dos de sa femme…) C’était couru d’avance : la sexpert auto-proclamée n’est jamais qu’une flicaillonne de plus, une de ces kapos de la bienséance des détraqués, celle qui vous ordonne de vous entre-culer au sang menstruel mais dans le respect de l’autre et des distanciations sociales. Ce vendredi, elle répondait donc aux questions des spectateurs – qu’on soupçonne de faire partie de la famille, mais passons. Florilège : un ado à peine pubère se dit « perdu dans sa sexualité ». Que doit-il faire ? Mazaurette ne se démonte pas : en sorcière du progressisme pathogène, elle lui rétorque tout simplement que c’est bien, d’être perdu. Qu’on n’a pas à choisir, puisque Facebook ou Google vous proposent autant de genres que vous voulez lorsque vous ouvrez un compte Instagram. Comment ne pas y avoir pensé plus tôt ! Grâce aux choix multiples de Google, être perdu n’est plus un problème. Je peux assumer mon amour pour les oursins ou les flocages de camions-bennes… À ce niveau de conseil, autant appeler directement un tueur à gages pour mettre fin à ses souffrances… « Pour toi Vincent, conclura-t-elle, je propose l’application Feeld et ses propositions hyper inclusives comme objectum-sexuel, scolio-sexuel… » Je n’invente pas. Elle a dit ça. Cette espèce de baba yaga à tête de compostière ne fait rien d’autre que pousser les gosses à la pathologie, à ces perversions et à ces névroses qu’on voudrait nous faire passer pour d’aimables ajustements – tout en faisant au passage la pub de ces ignobles applications qui transforment les rencontres en ventes privées sur Sarenza. L’enfer absolu. Et le festival continue, tant et si bien que même Barthès a l’air gêné sur le plateau. « Elle va quand même trop loin, la chamelle arc-en ciel », qu’il doit se dire, le groom. À une auditrice qui trouve son compagnon trop dominant, Mazaurette lui suggère de devenir elle-même « castratrice » en mimant de concert le geste du sécateur. « On n’est jamais trop castratrice, rappelle la funeste michetonneuse, la preuve dans la pop culture on a Catwoman, Sharon Stone dans Basic Instinct, Uma Thurman dans Kill Bill… » Hein ??? Quoi ??? mais qu’est-ce qu’elle raconte cette verrue ???? Pourquoi pas : dans la vie on est jamais trop dégueulasse, la preuve dans la fiction il y a le Juge DeMort et Palpatine… On va de plus en plus loin dans la dégueulasserie inepte. Mais le summum est atteint quelques minutes plus tard, lorsqu’une spectatrice se plaint de la libido exacerbée de son homme. Attention, ça va être génial : « Tu n’as pas à te mettre à la disposition de ton satyre domestique, tu peux même déléguer le problème, d’où ma recommandation du jour : le couple ouvert. En cas de déséquilibre de libido, on le pousse vers d’autres partenaires, et pendant ce temps-là, toi, Helena, tu es tranquille ». Incitation à l’adultère donc. La consternation est totale, même sur le plateau. Mazaurette ne semble pas s’en rendre compte, elle nous livre son plus beau sourire pour parapher sa leçon d’ignominie. Et le tout passe comme une lettre à la poste auprès du CSA. Sexpert, Mazaurette ? Plutôt une maquerelle doublée d’une consultante en destruction massive.
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