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Critiques de Denis Montebello (15)
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Fossile directeur

Fossile directeur..

Un titre original une pure découverte de lecture

Un roman qui commence un peu comme une enquête policière..

Une enquête archéologique finalement métaphysique parfois.

Sous formes de chapitres courts ressemblant à des saynètes.

L auteur nous fait voyager sourire réfléchir

On y croise un chien, David Lynch, Boucher de Perthes. Despentes..

Plaisir de lecture 9/10

Un roman que l on a envie de relire
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Comment écrire un livre qui fait du bien ?

Denis Montebello est un grand auteur

Ouvrage entre le roman et la chronique sûrement un peu autobiographique pour celui qui a traduit de nombreux textes en latin et grec

Souvent drôle et toujours percutant

Un livre qui doit être découvert par les passionnés de lecture
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Comment écrire un livre qui fait du bien ?

Dans ce guide décalé Denis Montebello vous donnera toutes les astuces pour écrire un livre qui cartonne. Surfant sur la vague du "feel good books" ou "livre qui fait du bien" il s'amuse à définir les quelques critères qui vous garantiront le succès dans les librairies, et même une adaptation au cinéma ! Entre humour et acidité l'auteur fait une très belle analyse de ce phénomène commercial, poussé par les éditeurs et exploité par les auteurs en quête de gloire et d'argent.



Denis Montebello glane un titre à rallonge en épiant une conversation sur le quai de la gare. le cadre de son récit est donné, il ne lui reste plus qu'à incorporer les ingrédients qui font mouche : citer une marque connue (Prada, Fiat...), choisir quelques personnages avec modération pour ne pas noyer le lecteur dans les noms propres, aborder la question du bonheur, survoler quelques sujets d'actualité...



Le tout donne un récit étonnant, entre le mode d'emploi, la recette de cuisine et l'autofiction, dans lequel on aborde moult sujets passionnants comme les rencontres d'auteurs, les ateliers d'écriture, les blagues carambar ou le suicide !

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Ce vide lui blesse la vue

Le titre surprend, et le sujet aussi. « Archéologue d’autoroute » selon ses propres termes, traducteur de Virgile et Pétrarque, Denis Montebello retrace, en quatre‐vingt pages, l’histoire d’une brique gallo‐romaine, conservée par l’obscur Louis‐Florimond Bonsergent, bibliothécaire et collectionneur pictavien, puis léguée au musée Sainte‐Croix. Le thème semblerait, à première vue, décalé, sinon rébarbatif : le genre de fascicule mal imprimé, édité par une association locale, vendu par l’office du tourisme, à la mairie, ou à la maison de la presse du coin, entre "Détective" et "La Nouvelle République". Sauf que le livre, publié par les soins de Vincent Dutois, est esthétiquement beau, et qu’il ne s’agit pas de n’importe quelle brique, d’un quelconque parpaing antique. Et d’ailleurs il ne s’agit que d’un fragment, une sorte de tesson recollé, et dont la photo est reproduite en couverture.

Découvert en 1861, lors du percement de la rue de l’Industrie (devenue rue Boncenne en 1900), l’objet évoque davantage un morceau de tuile, un débris. Tracés à la surface, en capitales, ces quelques mots latins ont de quoi surprendre le curieux, et offusquer le puritain : "ateuritus heuticae salutem hoc illei in cunno", soit, en français, littéralement, "ateuritus à heutica : salut ça pour elle, dans le con". Le tout est accompagné d’un phallus, grossièrement dessiné.

Qui a pu écrire, ou faire graver cela dans l’argile ? Enquêteur littéraire, Denis Montebello, à la suite de Bonsergent, estime qu’il s’agit d’un Gaulois, le nom Ateuritus étant typiquement celtique, et signifiant, par un curieux hasard «retrouvé». Quant à la demoiselle, à laquelle ces termes peu fleuris s’adressent, il s’agirait d’une courtisane, probablement une de ces prostituées exerçant dans les lupanars de Limonum, future ville de Poitiers. L’origine est‐elle orientale, grecque, comme semble le suggérer le patronyme Heutica ? S’agit-il de quelque belle Syrienne ramenée là par un maître romain ? D’une affranchie ? L’énigme demeure entière, mais prête lieu aux beaux développements dont l’auteur a le secret.



Tendu entre passé et présent, le style de Denis Montebello se veut délibérément anachronique et digressif. Composé de briques sans ciment apparent, de chapitres en apparence dépareillés, le récit se développe dans les marges, en suivant plusieurs routes, par détours savants, formant un rêve de charpente, ou, si on préfère, "un rêve bien charpenté" (p. 66). Fort de son érudition, l’homme mêle ainsi l’histoire vraie, celle des manuels, des chercheurs, à l’actualité, avec un mélange de sérieux et de décontraction, non sans une pointe de grivoiserie. Ainsi, après avoir évoqué le funeste destin de Limonum, pillée par des Maternus et sa troupe au second siècle de notre ère, ou s’être interrogé sur le destin quelque peu bancal de Florimond Bonsergent, l’auteur évoque, avec les termes anglo‐saxons en vigueur, les nouvelles formes de pornographie, quand Internet a pris le pas sur les briques, ou que Facebook construit un mur autrement plus virtuel. Pornhub, YouPorn, les stars du sexe, côtoient ainsi le visage de nos lointains ancêtres, comme si rien n’avait changé, finalement, et que tout pouvait renaître, ou du moins subsister, par l’alchimie du verbe. À la fin, l’enquête n’aura pas trouvé son terme, ne sera pas résolue. Qu’en conclure, donc ? Eh bien, laissons la parole à l’intéressé (p. 17) : "Évitant un roman historique pour lequel je n’ai ni goût ni compétence, j’ai préféré m’embarquer avec Ateuritus pour une autre aventure. Plus intime et en même temps plus ambitieuse. Je laisse à d’autres le soin de qualifier l’entreprise. Je les écouterai quand ils m’auront lu."
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Mon secret



Né à Arezzo en 1304, Pétrarque occupera différentes fonctions officielles et connaîtra l’errance toute sa vie. Chantre de l’amour galant et adorateur de Laure, il reste avant tout pour ses contemporains un érudit découvrant des manuscrits, auteur de plusieurs études historiques (Rerum memorandum, 1344) et philosophiques (De vita solitaria, 1346-1356 ; De dio religiosorum). Adulé de son vivant[1], il fera l’objet d’un véritable culte après sa mort, en 1374 à Padoue, et particulièrement en France, puisque Maurice Scève et la Pléiade (Ronsard, Du Bellay…) le considéreront comme un maître incontesté. Aujourd’hui le pétrarquisme ne fait plus à proprement parler école. Néanmoins la beauté des Canzoniere et la richesse de réflexion du génie italien ont traversé les siècles : nombre de lecteurs continuent à apprécier une œuvre constamment retraduite et re-commentée, comme en témoigne l’essai de Denis Montebello, consacré au fameux Secretum.

En 1351, Pétrarque se trouve dans le Vaucluse. Éprouvé par les tourments de l’exil, par la mort de Laure, sa Muse, l’homme achève la rédaction de "Secretum meum", conversation imaginaire entre Saint Augustin et le poète lui-même, à l’instar de "La Consolation de la philosophie" de Boèce ou du "Banquet" de Dante, autre Florentin banni. Écrit en latin, riche d’une vaste culture antique, "Mon Secret" évoque à la fois le deuil amoureux, la révélation mystique et les doutes de l’humaniste, qui considère sa propre douleur comme une source d’enrichissement intérieur, en opposition à toute la tradition médiévale.



Commenter pareil livre constitue une fameuse gageure. Denis Montebello s’y est attelé, a révélé les mécanismes propres à un texte souvent obscur pour le non-initié, entre conversation philosophico-théologique et autobiographie dialoguée. Traducteur de l’'Ascension du Mont Ventoux', et la Lettre à la postérité, l’auteur du Sentiment océanique se livre là à une belle exégèse, nous prend par la main pour s’aventurer dans la forêt du sens, débroussailler l’obscur maquis du texte, procédant d’une démarche rigoureuse, sans pour autant céder à la pesanteur ou au ton péremptoire de certains érudits. « Détective littéraire » pour reprendre l’expression d’Alberto Manguel[2], l’écrivain éclaire, ou tente d’éclairer les références historiques et/ou spirituelles, mais n’émet que des hypothèses, balise un chemin éventuel, non définitif ou figé. Reconstituant patiemment le parcours de Pétrarque à partir d’allusions, de non-dits, de clins d’œil, il justifie d’ailleurs son activité dans l’essai, et revendique la notion de jeu, soit la possibilité d’aborder la prose de Pétrarque de façon à la fois sérieuse et humoristique, dans une sorte de complicité bienveillante avec le lecteur, un rapport d’égal à égal : « Le poète est inspiré. Sa parole est oracle. Il faut un prêtre pour l’interpréter. Un truchement. Qui soit guide autant qu’interprète » (p. 23). La drôlerie, le parti pris ludique rendent ainsi Mon secret accessible, notamment lorsque D. Montebello évoque les « fils de pub » ou autres éléments contemporains, à côté de Cicéron ou de Virgile. Souple et imagée, parfois audacieuse, la langue du guide en question épouse les courbes de cet émouvant "Secret", écrit au XIVème siècle, et pourtant si actuel.



Article d'Etienne Ruhaud parue dans "Diérèse".
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Contes et légendes des animaux magiques

Lu dans le cadre du Autumn Pumpkin Challenge 2017. Menu Automne enchanteur, Légendes d'ici et d'ailleurs.



J'ai passé un agréable moment avec ces contes originaux et passionnants sur les animaux magiques.
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Tous les deux comme trois frères

Je referme Tous les deux comme trois frères avec l’image d’une mosaïque. Faite de petites touches, l’écriture de Montebello enchaîne les phrases courtes, donnant un rythme saccadé à la respiration du lecteur. Au point que si chaque phrase était ramenée à la ligne, il y aurait quelque chose du poème épique. Montebello, aussi traducteur du latin, cite volontiers Lucien ou Dante, qu’il ramène à Epinal par une conjonction étrange. Son écriture m’a parfois semblé proche de cette rythmique du monde romain. L’autre image de mosaïque, c’est l’histoire, la vie quotidienne, les repas, racontés par une multitude de petites pierres. Avec l’Italie au cœur de ce livre. Ou plutôt l’arrachement ; comment un italien peut vivre ailleurs, traînant avec lui le poids de la famille, et le poids de l’histoire millénaire.

Merci au Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes pour cette découverte.
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Le Titien à sa maman

Le Titien à sa maman

Lecture de Prisca Poiraudeau



Le chien est symbole de fidélité et d’amitié. Et il était aussi mon compagnon de voyage...Un petit chien, "une choupinette" qui me suit à la trace dans mes rêveries...Où j'aperçois sa queue comme celle d'un renard en la forêt, qui m'éclaire comme le fanal, un flambeau. Je ne me perds donc pas. Je ne l'appellerais pas par son diminutif : Chope. Je ne veux pas lui donner un ordre. Je veux que sa queue reste entière pour qu'il garde son équilibre comme les chats et "la parole" qu'un chien ne dit pas avec les mains mais avec la queue. Tous les textes se suivent bien...Touchée par les textes sur Kafka l'artiste de la faim qui est en flottaison. Le chien de la Brocante (un canin très frêle sur de grandes pattes à la semblance d'un Giacometti), le caniche de Schopenhauer Atma qui est plus élevé que "son humain", il est une âme: l’étymologie de son nom le dit...Denis aime enquêter sur le sens des mots par leur étymologie qui lui donne des clefs, ouvre des portes...J'ai aimé Le chien de Francisco de Goya en lien au tableau...On sent aussi son amour pour les animaux, sans en avoir l'air, il donne à réfléchir sur leurs conditions, leurs places... J'ai été triste et révoltée en lisant La Chienne Laïka asphyxiée dans l'espace et toujours seule.
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La maison de la gaieté

Œuvres éphémères, œuvres fragiles, soumises aux aléas de la Nature, au mépris des vivants, les manifestations d’art brut disparaissent généralement sans bruit. Quelques passionnés défendent parfois ces créations spontanées au moyen d’une pétition, d’une mobilisation aussi restreinte que désespérée. Et puis plus rien. Le jardin merveilleux s’efface, rongé par la forêt, pillé, ou tout simplement détruit. L’ensemble de sculptures termine à la décharge, et tout le monde oublie. De rares « grandes » réalisations se maintiennent, tel le Palais idéal du Facteur Cheval, dans la Drôme, ou l’étrange Villa des cent regards, à Montpellier. Maçons, poètes du dimanche, autodidactes, et autres originaux finissent généralement dans le brouillard, loin des institutions officielles.



C’est justement pour protester contre cet état de fait, et pour rendre un dernier hommage, que Denis Montebello célèbre aujourd’hui la maison de la Gaieté. Située à Chérac, en Charente Maritime, ornée de grandes mosaïques fleuries, de tessons, de cassons de vaisselle et de fragments, l’auberge appartint longtemps aux Villéger, père et fils, tenanciers avisés et artistes amateurs. Les anciens du village se souviennent des bal-musettes, des concerts ou des pièces de théâtre donnés là, avec une pointe de nostalgie. Soumis à la pression immobilière, trop cher à entretenir pour la nouvelle municipalité, l’établissement est en effet promis, à très court terme, à une démolition que rien ne peut entraver : ni la constitution d’une association de défense, ni la vidéo de présentation circulant sur YouTube, avec pour fond sonore les voix traînantes de Jean Gabin et de Damia, interprétant des airs de guinguette datant du Front Populaire.



"Descendu de mon rêve (interdit de jardin), je me demande si ces fragments constituent une œuvre. S’ils composent seulement un paysage. Qu’est-ce qu’ils signent, alors, nos deux artistes ? Imitent-ils Pierre Loti avec leur maison ?" s’interroge l’écrivain. « Archéologue d’autoroute » pour reprendre les termes d’un précédent volume, l’homme entend retracer l’histoire du lieu. La tâche n’est pas simple : car s’agit-il de parler de la maison, de ce qu’elle fut, ou de soi-même, de notre propre rapport à l’objet ? Texte mélangé, singulier, ce nouveau livre tient à la fois de l’essai, de la confession et de la promenade, d’une sorte d’errance délibérée, de vagabondage livresque. Évoquant le parcours des Villéger, le destin de leur étrange baraque, D. Montebello dévide le fil de ses propres souvenirs, de l’enfance lorraine, éden perdu, tel la maison, à la maturité, au milieu du Poitou. « L’instant biface du réveil », « Resséante et voyagère » : s’ensuit une série de chapitres au titre original, comme autant de digressions poétiques, comme les riches billets du blog « Cotojest », où se marient réminiscences, éruditions, conversations, fragments du présent et paysages vus en rêve. Loin des grosses machines littéraires de la rentrée, Denis Montebello poursuit ici un travail unique, inclassable, mélancolique et actuel.



Critique d'Etienne Ruhaud parue dans "Diérèse" 69.
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Tous les deux comme trois frères

Fort bien écrit au demeurant , cet ouvrage est un véritable puzzle où s'entremêlent les coutumes, l'exil, les recettes de cuisine, les langues, la nature , la campagne, l'Italie, une statue de Dante, l'héritage, les champignons......

On est parfois un peu perdu, on se demande à certains moments où l'auteur veut en venir (je pense même, compte tenu de son humour, qu'il le fait exprès !!) mais ,si on accepte de lâcher prise et qu'on se laisse embarquer, on passe un excellent moment. Ce fut mon cas!
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Mon secret

Pétrarque imagine un dialogue avec Saint Augustin pour débattre, selon les conceptions de celui-ci, du malheur humain et des passions qui l'assaillent, l'amour pour Laure bien entendu mais aussi la recherche de la gloire littéraire.

Augustin soutient qu'il ne tient qu'à Pétrarque de sortir de son malheur en abandonnant la satisfaction de ses désirs humains et en choisissant l'amour de Dieu à l'exclusion de tout autre.

Pétrarque se révèle plutôt facile à convaincre...



Pour les inconditionnels du poète, à qui son oeuvre poétique ne suffit pas. Je n'en fais pas partie.
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Fouaces et autres viandes célestes

Un livre sur un très beau papier, vraiment à dévorer. Il vous donnera envie de visiter la région différemment, que vous la connaissiez ou non (l'huître de Marennes ou le sel de l'île de Ré, vous en trouvez partout). Il manque quand même, je trouve, l'angélique ou encore le beurre d'Échiré, que j'ai évoqué au passage d'articles sur lesquels vous trouverez d'autres liens... tout en bas de l'article de mon blog pour le dernier cité. Mais c'est un livre à lire ABSOLUMENT ! Ou à découvrir chaque trimestre dans la revue L'actualité Poitou-Charentes...
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Archéologue d'autoroute

Une heure suffit pour lire ce livre qui m'a déçue. Je n'ai pas saisi comment, à la page 100, il passe, après une évasion, de l'atelier d'écriture au récit d'une fouille archéologique préventive, préalable à un chantier routier. Au passage, ça ne se passe plus du tout comme c'est narré ici... La réglementation de l'archéologie préventive n'est pas passionnante.

En revanche, la prison centrale de Saint-Martin-de-Ré mérite que l'on s'y arrête un peu. La citadelle fut utilisée, de 1873 à 1938, pour regrouper les prisonniers condamnés au bagne, à destination de Cayenne ou de la Nouvelle-Calédonie. Le capitaine Dreyfus et Guillaume Seznec ont transité par ces murs. Aujourd'hui, c'est une prison centrale réputée comme vétuste, où sont enfermés 400 prisonniers consacrés à de longues peine. Même si Ré n'est plus une île avec son pont, l'évasion en reste difficile. Saint-Martin-de-Ré fait partie du réseau de villes protégées au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des fortifications de Vauban. Une salle du musée Ernest-Cognacq évoque le départ des bagnards.
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Beaudésir

Un livre évaltonné : ainsi pourrions-nous qualifier ce nouveau petit volume, publié par le Réalgar, éditeur stéphanois. S’interrogeant sur l’origine même du qualificatif, le latiniste Denis Montebello consacre plusieurs pages à l’étymologie, de même façon que dans ses précédents livres (dont certains furent chroniqués dans « Diérèse »). Se définissant lui-même comme un « évaltonné », soit, pour résumer, comme une âme errante, flottante, quelque peu lyrique, l’auteur assume pleinement la digression en tant qu’art littéraire. « Beaudésir » se compose ainsi d’une série de textes, comme autant de billets du blog Cotojest, autant de poèmes en prose alternant portraits, paysages, refrains, souvenirs familiaux ou réminiscences livresques. La guinguette disparue qui donne son (magnifique) titre à l’opuscule appartient ainsi à cette mythologie personnelle : « De l’accordéon musette. Les mêmes airs qu’on passait au Stade Saint-Michel, à la mi-temps, qu’on servait avec les marrons, le vin chaud » (p. 12). Composite, de prime abord, « Beaudésir » forme évoque en réalité une autobiographie par fragments, par touches, par tableaux successifs. Résolu à suivre « le cadastre qui est la mémoire » (p. 52), D. Montebello s’égare volontiers dans les méandres d’un bois « où cueillir divers gros pieds, tontons ou polonais » (p. 37), ou encore « brimbelles « (idem), soit des myrtilles, en patois lorrain. Car la clairière, le lieu central, demeure vosgien. Né à Épinal, Denis Montebello évoque avec passion une « Lorraine largement italienne, une sorte de Texas français » (p. 53). Divers décors se succèdent, du lac d’Orta figurant en couverture à « la cité des images » (p. 46). S’y croisent plusieurs figures tutélaires, de Giulo, grand-père piémontais amateur de champignons, aux savants oubliés, aux écrivains locaux tel Jacques Grévin (1538-1570), au présentateur luxembourgeois Helmut (p. 51), ou encore à Nietzsche, amoureux transi, souffrant, de Lou-Andréas Salomé. Utilisée par l’auteur même, l’allégorie du Lego (créé en 1958), évoque assez cette « prose qui baguenaude, cet assemblage » (p. 51) en apparence hétéroclite, mais qui prend sens sous la plume élégante, stylée, de l’écrivain. Comme chez François Bon, une grande attention est également portée aux objets, « autant de traces demeurées vivaces dans la grande forêt des contes » (p. 11). Derrière l’apparente légèreté, la fantaisie, sourd une certaine mélancolie, une certaine nostalgie. Restent, pour se consoler, le goût de l’érudition et le beau désir d’exhumer puis de magnifier les remembrances, d’actualiser la page.



ETIENNE RUHAUD
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Comment écrire un livre qui fait du bien ?

"Tous les deux comme trois frères", "Le cactus car il capte", "Ce vide lui blesse la vue"… Il semble décidément que Denis Montebello ait la magie des titres. Délibérément racoleur, ou plutôt ironique, celui‐ci évoquerait davantage la grosse artillerie littéraire, l’un de ces volumes didactiques publiés chez First ("L’Histoire de France pour les nuls", etc.), qu’un ouvrage subtil, sensible, publié au Temps qu’il fait. L’auteur s’en explique, assume son choix dès le second chapitre, pour nous offrir une liste glanée sur Internet, généralement de respectables livres de gare, parmi lesquels "Le philosophe qui n’était pas sage". Parmi eux, essentiellement des livres "à l’effet feel‐good garanti" (p.9), soit "des récits pour vous évader, vous aérer l’esprit sans sortir de chez vous" (idem).



Loin de constituer un manuel de creative writing, avec des recettes pour générer des ventes, "Comment écrire un livre qui fait du bien ?" aurait de quoi déconcerter l’amateur de thrillers ou de romans sentimentaux. Ce dernier serait en droit de protester, de hurler à la tromperie, d’exiger un remboursement. Nulle histoire de tueurs en série, de flic incorruptible ou de périple amoureux en Asie, ici, mais bien plusieurs récits qui s’entrecroisent, selon un art de la fugue propre à l’écrivain, qui enchaîne diverses pistes, comme s’il voulait se perdre, et nous perdre, dans la forêt de sa mémoire. Diverses réminiscences affluent ainsi : des voyages en TGV, des rencontres avec d’autres prosateurs, ou tout simplement des souvenirs livresques et cinématographiques qui s’entremêlent au fil de chapitres eux‐mêmes élégamment titrés : «Un roman d’une longueur raisonnable», «Le rôle de la titrisation dans la contagion de la crise financière», etc.



Conscient de sa propre difficulté à élaguer l’arbre textuel, l’homme évoque en filigrane un mystérieux feuillu, de ceux dont les branches donnent envie de s’y pendre, et qui, comme le flux de pensées, envahissent l’espace, le cerveau, la maison. Comment, dès lors, dégraisser, aller à l’essentiel, au menu, pour paraphraser un autre titre ? Faut‐il faire appel à ces deux professionnels, roués bûcherons, qui surfacturent avec le sourire, et vous laissent avec un végétal tout aussi encombrant ? Faut‐il se perdre sur Google, à Gourgues, en Belgique, dans je ne sais quelle géographie imaginaire ? Ou faut‐il tout simplement s’en remettre à Denis Montebello, féru d’étymologie, adepte de la digression, mélancolique humoriste ? Nous opterons pour cette dernière option. Nous n’avons pas le choix, de toute manière. Il nous faut accepter de suivre ces « chemins qui ne mènent nulle part », chers à Heidegger. Et peut‐être que la poésie est là, dans ces mauvaises herbes qui encombrent l’intrigue. Qu’il nous faut accepter, sans jalouser ni mépriser les faiseurs de best‐sellers, l’autre voie originale que nous propose le guide, en nous laissant porter par les impressions de voyage, les nouvelles en germe, les anecdotes. Car, comme l’admet notre Lapin blanc (p. 83) : "Pour prévenir votre fuite, j’ai de belles histoires à raconter. Elles vous feront trouver belle la route. Elles la rendront émouvante ou drôle, comme vous voudrez, et surtout plus légère."
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