Je dois vous avouer quelque chose : j’ai commencé cette lecture en étant déjà conquise. Pourquoi ? Eh bien Le Château Ambulant est l’un de mes films Ghibli préférés, peut-être même un de mes films préférés tous genres confondus (j’en profite pour vous le recommander si vous ne l’avez pas encore vu. Regardez aussi Si tu tends l’oreille tant que vous y êtes !). Alors évidemment, quand j’ai su que le roman dont été tiré le film avait eu le droit à une réédition française (merci Ynnis Editions, vous avez sauvé la vie de beaucoup de monde), je l’ai tout de suite demandée pour Noël.
Nous suivons l’histoire de Sophie Chapelier, l’aînée de trois sœurs. A cause d’une croyance populaire, la plus âgée de la fratrie serait condamnée à une vie monotone à l’ombre des plus jeunes. Cela semble se confirmer à la mort de son père, quand sa belle-mère la garde comme apprentie à la chapellerie (sans la payer !) tandis que ses sœurs Lettie et Martha partent à la découverte du monde. Sophie semble se contenter de cette existence solitaire, ayant comme seule compagnie ses chapeaux à qui elle fait la causette. Jusqu’à ce soir particulier où la terrible sorcière des Steppes franchit la porte de sa modeste boutique…
Les premiers chapitres ressemblent beaucoup au début du film de Miyazaki. Mais une fois Sophie installée au château, la trame diffère. Le récit est plus complexe avec des personnages disparus dans l’adaptation (par exemple Sophie a deux sœurs ayant assez d’importance, contrairement à une seule avec un rôle anecdotique dans le film), des péripéties supplémentaires et surtout des thématiques différentes. Miyazaki adoucit le caractère de Sophie et Hurle (Hauru) et rajoute une dimension géopolitique avec un conflit entre différents pays (la guerre est un sujet récurent de son œuvre). Dans le roman, Hurle ne participe pas du tout à cela, mais est appelé à retrouver le prince Justin, disparu avant le début de l’histoire. Si les deux versions sont différentes, je les aime autant toutes les deux, chacune ayant leurs points forts à travers leurs particularités.
J’ai a-do-ré le personnage de Sophie. Elle ne se laissait pas faire dans le film, mais là c’est vraiment une fille au caractère bien trempée ! Habituellement rangée pour ne pas faire trop de bruit, sa frustration va se déverser avec sa malédiction. La vieille Sophie ne se laisse plus marcher sur les pieds et agit sur des coups de colère et de jalousie, quitte à tout casser, détruire les costumes de Hurle et lancer du désherbant à la figure. Franchement, cela fait du bien de suivre une héroïne aussi imparfaite qu’attachante, dont les répliques cinglantes m’ont régalée. En face, nous avons un Hurle tout aussi déjanté, une vraie drama queen un peu ridicule et pathétique. Il cumule tellement de défauts et pourtant on est obligés de tomber sous son charme. Autant vous dire que ce duo fait des étincelles. On est loin de l’histoire d’amour toute mignonne du film, mais franchement celle-ci est tout aussi géniale à sa façon !
J’ai beaucoup aimé le style de l’autrice, à la fois simple, immersif et merveilleux. Pour vous donner une idée, j’ai lu le roman en une journée, je ne pouvais pas le lâcher. Diana Wynne Jones a créé une atmosphère imprégnée des contes de fée, avec des personnages hauts en couleur et des éléments de magie sortant de l’ordinaire. Bien sûr, vous retrouverez l’ambiance du film, mais aussi un peu de la Passe-Miroir (après tout, j’ai toujours trouvé que l’œuvre de Christelle Dabos ressemblait au film de Miyazaki, donc la boucle est bouclée). J’aime beaucoup les indices parsemés au sein de l’histoire, les détails qui prennent toute leur importance à la fin, si bien qu’on se dit d’un air émerveillé « mais bien sûr ! tout est lié ! ».
Enfin, le roman propose des thématiques intéressantes, surtout autour des apparences puisque tout part d’une histoire de métamorphoses : Sophie et plusieurs personnages sont ensorcelés, Lettie et Martha échangent leur place grâce à la magie, Hurle accorde beaucoup trop d’importance à son physique… Mais cela recèle quelque chose en plus. La malédiction de Sophie reflète son conflit intérieur ce qui la rend si difficile à briser. Puisque la jeune femme manque de confiance en elle et se voit comme condamnée à une existence monotone pleine de ratés, cela explique pourquoi les meilleurs magiciens sont incapables de la sauver. Son apparence de vieille femme devient presque une excuse pour ne plus lutter contre le destin. L’héroïne va donc apprendre à s’aimer elle-même pour réussir à avancer… Une réécriture intéressante des contes de fées !
Le Château de Hurle est donc un coup de coeur que je vous conseille vivement. Il se dévore sans modération et vous plaira assurément si vous aimez déjà le film Le Château ambulant !
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