Dominique Cagnard, poète.
J'aimerais te donner:
Une herbe,
Une saison de lumière ,
Les champs qui conduisent à la mer,
Les blés,
Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel,
La transparence des feuilles,
Les trèfles,
La vie et son long poème,
L'orage sans le tonnerre,
L'espérance toute entière...
Merci au cheval aveugle
à la crinière musicale,
merci à la lenteur,
à l’oeil qui marche
sous nos draps,
merci à l'ensommeillement,
au cri de la colère,
merci aux âmes
qui chantent la mélancolie,
merci au miracle
du proche sur le lointain,
à l'école buissonnière,
merci au désert,
à cet amour qui renaîtra
comme un zeste de neige
sur notre embaumement
Une petite fille joue à la corde
avec ses rêves.
Chaque nuit elle escalade le visage du vent
Elle cultive des pensées
pour les papillons.
Immobile, elle danse dans le jardin
quand elle dort
elle garde toujours un oeil ouvert
qui l'empêche de vieillir.
( Printemps des poètes 2011)
Le Bonheur
Tous les hommes étaient devenus des saints,
Tous les saints des oiseaux,
Tous les oiseaux des enfants,
Personne n’y comprenait plus rien,
C’était presque comme au tout premier jour
De la création du monde.
Plus personne n’avait peur des sauterelles,
Chacun avait son vélo, son ballon rouge.
Il y avait partout des bus aériens,
Les mouches ne tournaient plus autour des vaches.
C’était presque le bonheur.
Elles s'enlisent parfois.
La nuit est si lente.
Qu'il neige ou qu'il vente
elles s'allongent
pour ne pas voir tourner les ombres.
Ils peuvent bien lancer des bombes
elle s'en fiche.
Il neige dans ses yeux.
Bulles
Si j’étais patron d’usine,
Je jouerais au cerf-volant.
J’aurais pu devenir directeur
D’une fabrique de savon.
J’aimais trop les nuages,
Et je dessinais un cœur
Avec les bulles du bonheur.
Les mots, c’est comme la neige,
Ils viennent quand on ne s’y attend pas.
La nuit, je fais du traîneau avec ma valise.
Rêve de Grenouille
Les grenouilles chantent
Pendant que les hommes
Vont à la chasse,
Ils n’ont pas faim,
Mais ils s’ennuient: les hommes.
Que cherchent-ils au fond
de leurs besaces pleines de trous ?
Au lieu d’écouter les rainettes
Et de regarder les étoiles ?
Les hommes qui s'ennuient
meublent le temps.
Les vaches n'ont pas d'autre meuble
que le vent.