Quel sens philosophique et politique porte la laïcité dans la France des années 2020, dans le prolongement de sa longue histoire ?
INTERVENANTE
Dominique SCHNAPPER, présidente du Conseil des Sages de la Laïcité depuis 2018, cette sociologue, directrice d'Études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, a été membre du Conseil constitutionnel de 2001 à 2010. Elle préside le Musée d'art et d'histoire du judaïsme et est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages consacrés aux migrations, à la nation, à la citoyenneté, comme de façon récente de la démocratie en France. République, nation, laïcité. (Odile Jacob, 2017).
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La désarroi causé par al situation de chômage se révèle par la vision apocalyptique de l'avenir et de la société.
L'assistance ne donne qu'une intégration au rabais. (P. 158)
Les exigences démocratiques et l'évolution propre à l'Etat providence conduisent tous les pays européens à adopter en fait une politique d'intégration en respectant les identités de chacun, tout en limitant ou contrôlant leurs manifestations dans l'espace public. (P. 204)
"[...] L'universalisme est un principe. Par-delà la constatation des différences, le principe universaliste affirme l'unité du genre humain. Il pose que tous les hommes, en tant qu'hommes, ont la même capacité ou potentialité intellectuelle et morale, même si l'on ne peut qu'observer les différences de leurs réalisations ; qu'ils ont la même aptitude, même si leurs performances sont inégales, parce qu'ils partagent la même raison et la même vocation à la liberté. Il pose que l'Autre est un autre soi-même. Il n'existe donc pas en principe de limite aux droits des hommes en tant qu'hommes, à la dignité de chacun d'entre eux et au respect qu'on doit lui manifester."
Dominique Schnapper, "La relation à l'autre. Au coeur de la pensée sociologique", éd. Gallimard, coll. "NRF Essais", 1998, p. 36.
On n'a pas le temps de s'embêter en ce moment avec toutes les démarches qu'il y a à faire et la bagarre à mener (...) On se bagarre pour la reprise, pour que ça remonte, il faut faire la démonstration que l'entreprise peut repartir. Alors on garde le contact avec la clientèle (...). Oui je n'ai pas honte, parce que je ne me sens absolument pas responsable de ma situation personnelle. Les responsables, c'est le gouvernement et le CNPF (patronat). Je considère qu'on me porte atteinte, puisqu'on me prive de travailler. Dans la Constitution, celle de 1958, il y a le droit de travail pour tous, alors c'est pas vrai. Moi je ne suis pas responsable. Je n'ai pas à avoir honte. Pas du tout.
Homme, 50 ans, marié, un enfant, ancien ouvrier devenu chef de service, Angoulême.
C'est de l'expérience d'une profession que les individus tirent l'estime de soi.
Résumons ces analyses consacrées au chômage total. Ennui, désocialisation, humiliation réactivée par les démarches du pointage et les échecs successifs dans la recherche d'un emploi, peur de l'avenir, sont liés à la désorganisation des rythmes collectifs réglés en fonction des nécessités de l'activité professionnelle, à la difficulté de trouver une référence à un statut de substitution, à l'incapacité, pour ceux qui ne sont pas des militants syndicaux, de comprendre leur condition, à une intégration sociale et familiale parfois faible.
Le chômeur a le sentiment que la société en général et ses amis se détournent de lui, que sa présence crée une gène et provoque, la crainte de ses interlocuteurs de se voir demander une forme d'aide.
L'intégration sociale créée par l'appartenance et la lutte syndicales, le combat mené pour le maintien de l'entreprise, qui constituent une substitution exaltante au travail professionnel, permettent, malgré l'inquiétude sur l'avenir, de ne pas vivre le chômage sur le mode le plus douloureux, puisque, d'une certaine façon, le combat politique mené au nom du droit au travail nie le chômage. Le militantisme politique se révèle ainsi un moyen privilégié pour ne pas connaître l'humiliation, l'ennui et la désocialisation, caractéristiques du chômage total.
La Fondation pour la mémoire de la Shoah fut créée en décembre 2000 par décret du gouvernement français, en accord avec le CRIF. Chargée de recevoir « les fonds des spoliations indûment conservés par les administrations de l’État et les établissements publics et privés », la Fondation, dont la première présidente fut Simone Veil, entreprit d’encourager les travaux de recherche sur la Shoah, mais aussi plus généralement sur tous les génocides, de susciter des initiatives pour transmettre la mémoire et aider les victimes.
Le non-travail continue à n'être que l'envers, le négatif du travail.